Take Me Home

[Colorado springs, 18 avril, 15 heures]

Cela faisait trois semaines que Nadja était partie pour sa mission sur Atlantis et elle lui manquait. Beaucoup. Zander n'avait pas réalisé à quel point il tenait à elle jusqu'à maintenant. Le pire, c'était l'absence de nouvelles, de ne pas savoir ce qu'elle advenait et comment se déroulait leur mission. Et il ne pourrait se faire aucune idée avant la date théorique de leur retour à la fin du mois. Et cela était légèrement angoissant. Mais il n'avait pas trop le temps d'y penser depuis une dizaine de jours. Il n'avait plus une minute à lui et ses journées étaient particulièrement chargées et intenses.

Avec le rappel des personnels de plusieurs pays, le SDT était revenu à la charge concernant la formation de pilote. Ils avaient un besoin urgent de trouver du personnel qualifié pour pallier les départs, le temps de trouver des remplaçants. Et comme il avait besoin de s'occuper, il avait accepté. Cependant, il ne s'était pas attendu à passer l'examen de qualification pour le F-311, mais c'était ce qui s'était passé. Il faisait tout au pied levé, sans quasiment aucune révision ou préparation et sans avoir touché un appareil ou le simulateur depuis plus de six mois. Mais il réussissait, et plutôt très bien au vu des circonstances,t au grand dam des formateurs qui s'étaient attendu à ce qu'il échoue lamentablement. Le revers de la médaille, c'est qu'il devait faire tout cela tout en continuant à assurer son service, à s'entraîner et en suivant sa formation d'infirmier, vu que là aussi, le personnel manquait.

Il venait tout juste de réviser un chapitre sur les tactiques de combat spatial pour la deuxième partie pratique de sa qualification qui devait avoir lieu le surlendemain. Il repoussa le livre et fouilla sur son bureau pour en prendre un autre, car il n'avait pas fini. Il devait encore se pencher sur celui d'infirmier qui portait sur l'obstétrique et plus précisément les soins au nouveau-né juste après la naissance. La plupart de ses leçons était généralement lié à un patient qu'il suivait de bout en bout. Et il y avait quelques jours, il s'était occupé d'une militaire canadienne enceinte de six mois. Il avait été ensuite décidé qu'il resterait sur son cas jusqu'à l'accouchement auquel il devrait assister. C'était une belle opportunité pour découvrir ce champ d'activité et il était plutôt content de ce changement. Mais les blagues et les allusions sur le sujet n'avaient pas tardé à pleuvoir depuis, lui rappelant cruellement l'absence de Nadja.

Il ouvrit le livre en soupirant. Il avait mal à la tête et il aurait préféré aller profiter du soleil qui brillait dehors. C'est peut-être ce qu'il devrait faire pour se changer les idées avant de continuer. Il prit sa tasse de café qui se révéla vide et soupira encore une fois. Tant pis, il s'en passerait. Il ouvrit le livre et bâilla. Une petite heure de révision puis ensuite il mangerait et s'il avait le temps, il irait faire une tour avant de se coucher tôt dans l'espoir de grappiller une ou deux de sommeil en plus.

*Peut-être…* se dit-il en regardant dehors avant de bâiller une nouvelle fois.

Demain, il devrait essayer de négocier pour finir son service un peu plus tôt pour pouvoir se reposer un minimum avant son examen final, histoire d'être un minimum réveillé et réactif pour l'épreuve de combat.

[HRP : Take me home, country roads par John Denver ]

En sortant du local de téléportation, à Colorado Springs, Nadja prit une profonde inspiration. Même en ayant passé la majeure partie de sa vie dans une atmosphère confinée, elle avait rapidement pris gout à l’air frais de la Terre. Sa longue mission à bord du Lorion ne lui avait laissé que peu de répit et si elle avait espéré profiter d’Atlantis, elle en avait été pour ses frais, n’y ayant séjourné que quelques minutes.

Si elle était honnête avec elle-même, elle était ravie que cela soit terminé. La mission de livraison et formation du personnel n’aurait dû être qu’une formalité. Elle s’était avéré être un cauchemar dont ils n’étaient sortis en vie que par miracle. Poser enfin les pied sur Terre lui enlevait un poids colossal des épaules. Être premier officier temporaire dans une mission d’entrainement est une chose. Exercer cette fonction en temps de guerre en était une autre et elle n’était pas sure d’avoir apprécier l’exercice.
L’ex marine salua quelques voisins en marchant le long de la route qui la menait chez elle et fit tourner la clé dans la serrure. Zander devait être à la maison, le salon était allumé. Son mari n’était cependant nulle part en vue. Elle ne put s’empêcher de songer à tous ses militaires qui rentraient chez eux sans s’être annoncé et trouvé leur mari ou leur femme dans les bras d’un autre. Un haussement d’épaule plus tard, elle montait à l'étage pour y déposer ses affaires. Elle n’avait aucun doute la fidélité de son mari et ne fut donc pas surprit de le trouver dans le bureau, seul, et endormis.

Le découvrir au milieu de révision l’étonna bien plus. Pourquoi cet intérêt soudain pour les chasseurs Terrien ? Sa mémoire lui renvoya l’escadrille de Bolger en train de décoller du Lorion. Combien était revenue ? Elle détestait le voir prendre des risques et son estomac se tordit en l’imaginant dans un cockpit en flamme.
Ce qui était sans doute injuste au vu des risques qu’elle prenait elle-même très régulièrement.

Sans bruit, elle posa son sac, se changea et redescendit se faire couler un café. Tout en lisant les quelques lettres qui lui étaient destiné, elle se rendit compte que sa main tremblait. A quel point était-elle épuisée pour en arriver là ?

Nadja finit par trouver la force de remonter et s'installa sur le fauteuil en face du bureau, une couverture sur les genoux et s’enfonça dans un sommeil agité aux rêves plein de combat spatiaux désespérés.

Pas vraiment le retour qu’elle aurait espéré.

Zander ouvrit les yeux et grimaça. Il s'était endormi sur son livre avant même d'avoir lu une ligne. Pas vraiment la position idéale pour se reposer et qui risquait au contraire de lui valoir quelques raideurs quand il allait se lever. Cela arrivait rarement et lui montrait à quel point il était fatigué. Il avait décidément besoin d'une tasse de café et d'aller prendre l'air. Et de manger. Peut-être qu'après il pourrait envisager de lire quelques pages d'obstétrique. Ou pas et il irait directement se coucher. Il s'étira et tourna la tête pour regarder par la fenêtre.

Et il se figea. La dernière personne qu'il s'attendait à voir à ce moment-là mais dont il espérait le retour était là, en train de dormir dans le fauteuil à côté. Il lui fallut un instant pendant lequel il se demanda s'il était toujours en train de rêver avant d'y croire. Elle était rentrée. Enfin. Sans prévenir. Et elle l'avait même pas réveillé. Il prit une grande inspiration pour contenir la vague d'émotion mélangeant soulagement qu'elle soit là et joie de la revoir qui menaçait de le submerger. Des papillons se mirent à danser dans son ventre et pour un peu, il se serait mis à pleurer. Que lui arrivait-il donc ?

Puis il dut réprimer sa réaction instinctive d'aller la prendre dans ses bras et de l'embrasser. La connaissant, cela lui aurait probablement valu un bon vol plané à travers la pièce ou une bonne clé. Surprendre une ex-marine pendant qu'elle dormait était toujours une très, très mauvaise idée qui se révélait souvent très douloureuse. Il s'interrogea ensuite sur son absence de réaction à son arrivée. Se serait-il réveillé s'il s'était agi de n'importe qui d'autre ? Il l'espérait. Mais Stella l'aurait certainement averti dans ce cas-là ou s'il avait couru un quelconque danger. Et il ne lui avait pas spécifiquement demander de l'avertir de son retour et elle s'en était bien abstenu.

Il observa Nadja quelques instants. Il ne savait pas ce qui lui passait par la tête, mais quoi que cela puisse être, ce n'était pas quelque chose de calme vu son agitation. Peut-être était-ce lié à sa mission ? Quelque chose avait mal tourné ce qui expliquait ce retour précoce ? Mais cela n'avait aucune importance pour le moment. Ce qui comptait, c'est qu'elle était rentrée à la maison, saine et sauve. Il finit par arriver à bouger pour se rapprocher d'elle.

« Bonjour, belle brune. » dit-il doucement après s'être agenouillé devant elle. Il ne posa qu'ensuite ses mains sur ses genoux alors qu'un sourire éclatant impossible à retenir fleurissait sur son visage.

Non, Nadja ne faisait pas des rêves agréable. Comme à chaque nuit depuis la bataille pres d’Atlantis, elle revoyait le combat, encore et encore, et contemplait la destruction de l’Héphaïstos. Intellectuellement, elle savait que s’en vouloir ne servait à rien et qu’elle avait fait ce qu’elle avait pu… mais l’intellect n’avait jamais été son fort.

Un équipage entier était mort à cause des plans qu’elle avait élaborés, à cause de son inexpérience et de sa détermination à combattre. Ses souvenirs se bousculaient et s’entremêlaient dans son sommeil, rendant ses périodes de repos… épuisantes.

Elle se réveilla quasi instantanément quand Zander l’appela doucement. Elle sursauta et aurait sans doute eut un mauvais réflexe s’il s’était tenu trop prés. Au lieu de ça, il attendit un instant avant de lui prendre les mains. Le sourire lumineux fut communicatif et elle fut dans ses bras un instant plus tard. Elle s’était jurée un peu plus tot de ne pas pleurer mais l’émotion (couplée au cauchemar qu’elle venait de subir) fut trop forte et la marine dure a cuire fut incapable de retenir ses larmes.

Après une bonne minute passée sur l’épaule du pilote elle se recula, confuse et s’essuya les yeux.

« - Sinon toi ça va ? »

Un peu plus maîtresse de ses émotions, elle se rapprocha à nouveau et l’embrassa doucement, profitant enfin de ces retrouvailles.

Zander sourit intérieurement. Il avait eu raison d'être prudent en la réveillant. Il la serra dans ses bras et attendit. Cela faisait un bien fou. Lui non plus ne put retenir quelques larmes, malgré ses efforts. Il continua de sourire quand elle s'écarta.

« Beaucoup mieux depuis que tu es là. » répondit-il.

Il avait l'impression que sa fatigue s'était soudain envolée. Il savait que ce n'était pas vrai, mais il s'en fichait. Quand à ses révisions et tout le reste, il les oublia.

« Si j'avais su que tu rentrais, j'aurais pu t'accueillir bien plus dignement qu'endormi à mon bureau. » fit-il avant de lui rendre son baiser. Qu'est-ce que ça faisait du bien...

Il aurait vraiment aimé pouvoir organiser quelque chose pour fêter son retour. Là, cela allait s'avérer compliqué. Il n'avait pas grand-chose dans les placards. Il devait justement faire les courses avant de finir par manquer de certaines denrées. Au final, ce n'était pas bien grave, il improviserait, mais ce n'était pas ce qu'il avait en tête à la base.

« Tu m'as manqué. Je suis content que tu sois rentré en un seul morceau. » dit-il doucement.

Il restait surpris de sa propre réaction. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'ils étaient séparés. Sauf que la toute la première, ils subissaient encore les effets du bracelets et en avait beaucoup souffert en raison de sa propre mission qui avait déraillé. Et à ce moment-là, il ne savait pas non plus ce qui venait vraiment de lui ou du bracelet. Puis la deuxième fois, il y avait quelques mois, n'avait pas impliqué de mission. Il était simplement parti de son côté pour faire ce deuil qu'elle lui avait fait affronté. Alors peut-être était-ce bien la toute première fois qu'ils étaient séparés aussi longtemps par une mission et qu'il devait l'attendre à la maison pour ainsi dire.

« Et toi, ça va ? »

Si elle ne voulait pas discuter de la mission, il ne l'y forcerait pas ni ne lui poserait de question dessus. Il aurait aimé être du voyage pour voir la Cité mythique des Anciens dont tout le monde parlait et dont ils trouvaient des vestiges au cours de leur exploration, voir même tombaient sur certains de leur laboratoires ou autres expériences peu reluisantes, Mais il n'avait pas pu, l'infirmerie ne pouvant se passer d'aucun de ses membres aussi longtemps.

« - Je me disais bien, s’amusa Nadja pour cacher son émotion. »

Peine perdue évidemment, la dignité de ces retrouvailles était toute relative.

« - Ça me va très bien comme accueil, dit-elle simplement en essuyant une larme qui lui coulait le long de la joue. Dire que j’ai presque eu peur que tu m’aie oubliée. »

Ca n’était pas tout a fait vrai bien sur mais elle n’avait jamais été très sure d’elle sur le sujet. Finalement, elle se leva et déploya sa carcasse et fit rouler ses épaules endolorie.

« - Oui ça va…. Moi ça va… Tous le monde n’a pas eu cette chance. L’Héphaïstos a été perdu au combat avec la majorité de son équipage. »

Le ton était sec et factuel mais sa voix suffisamment hanté pour qu’il comprenne à quel point cela l’affectait. En quelque phrase, elle lui résuma l’essentiel de la mission, l’arrivée dans cette nouvelle Galaxie, la flotte des vaisseaux Hybrides, le siège d’Atlantis et la lutte désespérée pour que la cité ne tombe pas entre de mauvaises mains, puis la fuite et le dernier combat.

« - C’est pour ça qu’on est arrivé plus tôt. Il n’y a plus rien pour nous la bas. »

Nadja inspira profondément avant de reprendre d’un ton qu’elle espérait plus détachée.

« - Et toi ? Tu n’as pas été inactif non plus apparemment ? Stella ne te suffit plus ? »

Zander sourit doucement lorsqu'elle essuya une larme. Ils avaient l'air beau tous les deux à pleurer dans les bras de l'autre. Et puis depuis quand se mettait-il à pleurer comme ça ? C'était bien une première.

« T'oublier ? Non, ça c'est pas possible. Aucun risque que ça arrive, peu importe la durée de ton absence. Comment pourrais-je oublier celle avec qui je dois bientôt me marier ? » répondit-il en l'embrassant.

Il écouta ensuite le récit de la mission, qui sonnait plutôt comme un rapport. Non, les choses ne s'étaient pas bien passées. Pas bien du tout, même. Et il pouvait entendre que cela lui pesait, même si elle n'avait rien dit de personnel. Quand elle eut terminé, il se contenta de la serrer dans ses bras encore une fois. Il avait beau être content qu'elle soit rentrée plus tôt, il aurait préféré que cela se fasse dans de meilleures circonstances.

Mais il n'allait certainement pas lui débiter des banalités face à l'horreur de cette mission censément tranquille auxquelles elle ne croirait pas. Il la jugerait encore moins, car il n'avait pas été là et qu'il ne s'était jamais retrouvé à faire ce qu'elle avait fait. Il allait simplement attendre un peu pour voir si elle parlerait d'elle-même ou s'il devrait ou non lui tirer les vers du nez si cela lui empoisonnait trop la vie. Entre temps, il se contenterait de la réconforter et d'être là si elle en avait besoin.

« Oh ça… dit-il en soupirant quand elle désigna le manuel de pilotage. Stella me suffit amplement, je te rassure. C'est à cause du rappel du personnel qui a eu lieu pas longtemps après ton départ. Est-ce que tu es au courant de ça ? »

Il n'avait aucune idée de si la nouvelle leur était parvenue ou non, ou si elle en avait reçu une, étant donnée qu'elle avait la nationalité américaine. C'était une question importante, mais ce n'est pas qui l'avait vraiment préoccupé à ce moment-là. Il se doutait qu'elle allait continuer à servir le SDT. Qu'aurait-elle pu faire d'autre, d'ailleurs ?

« Le SDT est revenu à la charge par rapport à la formation de pilotage que j'ai interrompue. Ils sont sur les dents et essaient de récupérer un maximum de pilotes le plus rapidement possible. J'ai fini par céder pour m'occuper un peu. Je croyais que j'allais simplement reprendre l'entraînement pendant quelques semaines, le temps qu'ils regarnissent leur rang, puis que je pourrais arrêter de nouveau, pour de bon cette fois. Sauf que ce n'est pas vraiment ce qu'ils avaient en tête. Ils m'ont balancé directement dans les examens de qualifications sans aucune préparation et alors que ça fait six mois que je n'ai pas touché un de leur appareils. Et tu sais quoi ? J'ai réussi. Et bien même, à leur grande surprise. Et un peu à la mienne, j'avoue. J'ai le dernier examen de combat après-demain. Je ne suis pas certain de m'en sortir aussi bien… »

Mais il avait toujours été bon et s'en sortait toujours bien aux moments les plus inattendus… Cependant, il allait devoir une discussion très sérieuse avec eux s'il décrochait le brevet de pilote de F-311. Il allait devoir faire un choix concernant ses affectations et donner ses priorités. Et il était à peu près certain que ce qu'il allait leur dire n'allait pas leur plaire du tout.

Nadja avait bien entendu parler de cette histoire de rappel. Ça aurait d’ailleurs pu la concerner vu sa nationalité officiellement américaine. Mais l’officier qui avait tenté de venir lui en parler dans son bureau avait faillit traverser la cloison au bout de quelques secondes. Du coup, plus personne n’était revenu à la charge.

« - Je ne peux pas dire que te savoir dans un cockpit au milieu d’une bataille me ravisse, mais je suis contente que tu es réussi ta qualification cela dit. Faut fêter ça. Personnellement, ça ne m’étonne pas une seconde que tu es réussi ces examens avec brio. Tu pilotes Stella depuis des années. Passer à un vaisseau du moyen âge, ca doit presque être des vacances. »

A présent bien réveillée, elle l’entraina vers le salon et récupéra deux bières dans le frigo qui ne contenait d’ailleurs quasiment plus que ça.
« - Tu t’es nourri au self pendant tout ce temps, s’amusa-t-elle ?"

L’ex marine déboucha sa bouteille et trinqua avec son mari.

« - Aux retrouvailles, beau gosse. Et à ta qualification. J’espère que tu m’emmèneras en balade un de ces jours. »

S’il commençait à savoir piloter des chasseurs humains, il pourrait sans doute le faire avec ces petits avions de tourisme qui survolaient la campagne régulièrement. Voila qui ferait une sortie intéressante.

« - Je suis sure qu’en fait, tu trouve ça très drôle de piloter ces coucous. Pas d’assistances d’IA ou autre. Juste un moteur, des canons et un siège perché dessus. »

Il était plutôt fier de lui et ça faisait vraiment plaisir à voir. La suite la fit par contre un peu tiquer.

« - ils te remettent seul dans le cockpit après six mois d’arrêt ? Ca c’est dangereux par contre. Pas que je doute de tes capacité mais en tant qu’instructrice, ca me paraît un peu… hasardeux ? J’aurai pas fait renfiler une armure Goliath à un marine après six mois d’absence. »

Consciente qu’il connaissait son boulot et qu’elle le maternait sans doute trop, elle s’arrêta la, d’autant que savoir qu’il ne comptait pas intégrer une escadrille de chasse lui convenait très bien.

Elle s’amusa avec lui du frigo vide, sachant pertinemment qu’elle n’avait pas fait mieux quand il était parti plusieurs semaine l’an dernier. Enfin, il n’avait pas fait brûler la cuisine, lui.

Elle trinqua, l’attira à lui pour un baiser plus long et appuyé cette fois, avant de se réinstaller dans le canapé et de rire.

« - Un tour en F311, oui pourquoi pas mais je pensais surtout aux avions locaux, un peu comme sur Hebrida. Si tu maîtrises la technologie terrienne a ce point, tu n’aura aucun mal à piloter leur avions, non ? »

Un CD posé prés d’elle attira son attention et la fit glousser.

« - Tien j’ai entendu parler de ce groupe par un cuistot du vaisseau. Il arrêtait pas de me dire que je ressemble à leur chanteuse. Je sais pas si c’était une façon de me draguer ou s’il prenait ses désirs pour des réalités. Sérieux, c’est ridicule, non ? »

Zander sourit.

« Ça représente un certain défi, c'est sûr. Sur Hébrida, les modèles d'entraînement n'ont pas d'IA. Tu apprends à piloter avec une IA active que lorsque les formateurs sont certains que tu peux piloter sans assistance. Parce que les risques de défaillance ou de se retrouver face à un ennemi capable de neutraliser ton ordinateur de bord existe. »

Il hocha la tête. Il était en partie d'accord avec ce qu'elle disait. Mais les instructeurs n'Auraient pas pris ce risque s'ils ne le pensaient pas capable de s'en sortir.

« Je ne suis pas complètement absent. Je continue à piloter, mais pas un appareil de chasse. J'aurais quand même apprécié quelques heures d'entraînement avant. S'ils avaient eu le moindre doute sur ma capacité à piloter au pied levé, ils ne l'auraient jamais fait. Et je crois que ça faisait justement parti du test. Après tout, si j'ai ma qualification, rien ne dit que je ne serai pas amené à prendre les commandes d'un appareil dans des circonstances similaires, même si j'aurais probablement des quota d'entraînement à effectuer de manière régulière. »

Il se doutait que comme partout, il devrait effectuer un certain nombre d'heures de vol par an pour conserver sa licence de pilote de chasse. Et si ce n'était pas le cas, il demanderait lui-même à piloter sur une base régulière.

Il aurait bien voulu prolongé son baiser et il se dit qu'à ce rythme-là, ils n'étaient pas prêt de s'occuper des courses ou de manger tout court. Sa réponse par rapport au F-311 le prit un peu au dépourvu.

« Oh mon dieu, je n'avais même pas pensé à cette possibilité. Mais c'est une excellente idée. Il faudra que je me renseigne. J'aurais probablement besoin de passer un autre brevet et que j'apprenne encore des règles terriennes, mais rien de bien compliqué je pense, dit-il avec le sourire avant de se rembrunir. Tu sais que maintenant mes autorisations de sortie sur le territoire américain doivent être approuvées par les autorités américaines ? Je suppose que la prochaine étape c'est m'imposer un de leurs propres agents pour m'escorter et s'assurer que je ne fais rien d'autre que ce que j'ai prévu de faire… Et je ne serai même pas surpris qu'ils me fassent suivre à chaque fois que je sors. » finit-il d'expliquer, tout en essayant de dissimuler sa colère.

Il éclata de rire quand elle parla du disque posée un peu plus loin. C'était la mécanicienne en charge du F-311 qu'il avait piloté qui le lui avait donné après sa qualification. Il était de notoriété publique qu'il cherchait à parfaire sa connaissance de la culture terrienne en matière de musique, cinéma et autre et il arrivait régulièrement que des membres du personnel avec qui il travaillait lui fassent des recommandations ou lui passe carrément un DVD ou un livre.

« Tu sais, celle qui me l'a passé m'a fait le même réflexion. Elle vient du même pays que ce groupe. Et vu comme elle vénère la chanteuse, je ne serai pas surpris qu'Elle ait aussi le béguin pour toi. Selon elle, c'est une déesse du chant pour ce type de musique. Mais je n'ai pas encore eu l'occasion de l'écouter, donc je n'ai pas d'avis sur la question. Et c'est vrai qu'il y a un petit air entre vous deux... » la taquina-t-il en souriant.

Pour une fois, il n'avait pas été abordé par quelqu'un qui voulait lui faire du charme, en dépit de son statut marital. C'était rafraîchissant et la discussion s'était révélée enrichissante à plusieurs niveaux.

Nadja leva les yeux au ciel quand il se rendit compte de la possibilité de piloter des avions et sans doute d’autres engins volants terriens. Par contre la suite lui fit grincer sérieusement des dents.

« - Il y a des jours, je me demande si ces gens méritent vraiment qu’on les aide. Je verrai si je peux être ton chaperon, mais vu mes rapports avec l’administration, j’ai un sérieux doute que ça fonctionne. »

Et s’ils se retrouvaient avec un étrange accroché à leur baskets, elle le plaignait de tous son cœur.

La conversation prit un tour inattendu avec cette histoire de musique. C’était sans doute flatteur d’être comparé une rock star mais quand même franchement ridicule.

« - Un petit air ? Sérieusement ? T’as vue la longueur de ses cheveux ? Et comment elle s’habille ? Est ce que je met du cuir moi ? »

Consciente de sa mauvaise foi, elle éclata finalement de rire et se leva pour mettre le CD en place. Pourquoi ne pas écouter après tout ? La musique s’éleva dans le salon et elle dut admettre que c’était plutôt pas mal.

« - En tout cas j’ai pas sa voix, ça c’est sur ! »

Plus amusée qu’elle ne voulait bien l’avouer, elle se leva pour attraper une autre bière au frais tout en faisant onduler son postérieur.

« - je me ferais facilement à cette musique, je suppose. »

Zander haussa les épaules. Il était frustré par la situation et il avait appris à se faire une raison, même si chaque nouvelle restriction à sa liberté de mouvement était dure à avaler.

« Je ne crois pas que ça fonctionnera. Ils veulent mettre quelqu'un d'extérieur au SDT faisant partie de leurs forces de sécurité pour m'escorter. Mais c'est pas grave, il y a plein d'autres pays sur la planète et je suis sûr qu'ils finiront par en trouver un qui voudra bien m'accueillir et dans lequel je pourrais vivre normalement sans toutes ces… contraintes. En attendant, c'est très embêtant pour le quotidien, car je ne peux plus sortir faire les courses ou aller me balader en ville. Mais l'administration du SDT essaie de négocier pour assouplir les choses et que je puisse au moins aller en ville librement. Mais il faudra peut-être faire des concessions, comme être escorté par quelqu'un de la sécurité, autre que toi, j'en ai peur. »

Cela ne l'empêcherait pas de se renseigner pour piloter. Il pouvait faire ça à partir d'une autre base du SDT. Voilà qui offrait des perspectives d'activités intéressantes.

Il ne put s'empêcher de pouffer quand elle se mit à dénigrer la coupe et la tenue de la chanteuse à laquelle elle était comparée.

« Si je me souviens bien, lors de notre premier rendez-vous, tu portais une robe de cuir qui t'allais drôlement bien. » lui fit-il remarquer, sachant pertinemment qu'elle le faisait exprès.

Il s'en souvenait parfaitement, ainsi que de la tournure des événements. Une catastrophe qui avait débouché sur quelque chose d'incroyable et d'inattendu... Quand elle mit le CD, il écouta avec attention, intrigué. La mécanicienne n'avait pas menti sur les qualités vocales de la chanteuse. Il sourit largement quand elle annonça ne pas chanter comme elle.

« Non ? Tu es sûre que même avec un peu d'entraînement, tu n'y arriverais pas ? Dommage… » la taquina-t-il.

Ses propres talents en chant étaient aussi limités que ceux en danse, alors il n'allait certainement pas insister sur le sujet. Il la regarda aller chercher une nouvelle bière puis secoua la tête quand elle se mit à danser.

« J'avoue que j'aime bien aussi. C'est un mélange de genres intéressant. Bon, sinon tu veux manger quoi ? Parce que moi, je commence à avoir faim et il va falloir se décider. Je ne sais pas toi, mais je n'ai pas forcément envie d'Aller au réfectoire et de déguster leur délicieuse nourriture. »

Il se leva pour aller chercher les menus des différents restaurants qui livraient, car il doutait qu'il allait faire les courses ce soir ou cuisiner. Ce repas-là devrait attendre le lendemain. Une autre chanson commença et il s'arrêta quelques secondes, impressionné par ce qu'il entendait. Puis il enlaça Nadja qui se trémoussait toujours. Il fallait dire que la musique se prêtait fort bien à un slow pour l'instant. Il se laissa ensuite porter par la musique et les changements de rythme. Il aimait vraiment énormément, les dernières notes lui donnant même des frissons.

Mis à part quelques jurons fleuris, Nadja n’avait pas grand-chose à répondre. Tout ça l’agaçait au plus haut point et lui donnait juste envie de partir vivre sur une autre planète. Un jour…

Le souvenir de leur première rencontre la fit un peu rougir. Elle était dans ses petits souliers ce soir-là, sachant pertinemment autour de quoi tournerait la discussion. Inconsciemment, elle avait choisi des vêtements pratiques mais surtout rassurant.

« - Je me souviens qu’elle ne te déplaisait pas, en effet, s’amusa-t-elle. »

Elle ne se souvenait pas de comment elle l’avait enlevé par contre, mais ça avait du être suffisamment violent pour que la moitié des boutons pressions soient arrachés.
Elle soupira quand il évoqua un possible entrainement au chant.

« - Il y a deux choses que je ne serai jamais, chérie : Scientifique et chanteuse. Je ne sais pas celle que je regrette le plus, à vrai dire mais je consciente de mes limites. »

Elle n’avait aucune envie de se retrouver au réfectoire non plus et accueillit les menus avec plaisir. Elle n’eut pas le temps de se décider qu’il la prit dans ses bras pour quelques pas de dance, ce qu’elle accepta volontiers. La fin lui envoya une décharge d’énergie dans le ventre et elle en oublia le repas pour se concentrer sur autre chose, sans même prendre le temps de remonter dans la chambre.

« - Ok, je crois que j’aime bien cette musique, fit Nadja un peu plus tard, mais je persiste à dire que je ressemble pas à cette nana. »

Zander éclata de rire quand elle lui répondit le plus sérieusement du monde sur le chant.

« Et je ne serai jamais un chanteur non plus, ni même un grand danseur. Et crois bien que je regrette ce deuxième point. »

La chanson ne se termina pas tout à fait comme il l'avait prévu et ils ne commandèrent pas à manger, mais il n'allait certainement pas se plaindre de la conclusion, bien au contraire.

« J'aime vraiment beaucoup aussi, surtout les chansons doivent régulièrement se finir comme ça… Et qui tu lui ressembles ou pas n'a aucune importance. Tu es la plus des belles des deux et c'est toi que j'aime. Et tu seras toujours ma préférée, que tu chantes ou non. » dit-il doucement en souriant.

Il était détendu et heureux. Ses soucis et ses révisions étaient oubliés, au moins pour le reste de la soirée et il s'en fichait royalement.

« Par contre, je suis vraiment affamé maintenant… Alors ? On commande quoi ? Indien ? Ça te va ? Je me charge du dessert. » annonça-t-il joyeusement, ayant une idée derrière la tête pour la fin du repas.

Ça faisait un moment qu'il n'en avait pas mangé et il voulait éviter les pizzas qui faisaient un peu trop habituel et bas de gamme. Il voulait quelque chose d'un peu plus exotique. La décision prise, ils passèrent quelques minutes à choisir leurs plats avant de téléphoner. Ils allaient devoir attendre au moins une trentaine de minutes avant d'être livré, voir un peu plus, le restaurant n'étant pas tout prêt.

« Faut que j'aille prendre rapidement une douche. Seul ! » lança-t-il en riant avant de monter.

Moins de dix minutes plus tard, il était dans la cuisine en train de fouiller dans les placards. Depuis la petite fête fin février, il faisait toujours en sorte d'avoir de quoi cuisiner rapidement un gâteau dans les placards. Il dénicha du chocolat, de la farine, du beurre, du sucre et sourit quand il vit qu'il lui restait de la crème dans le frigo. Il savait qu'elle allait se plaindre, mais tant pis, car elle adorait. Le temps que leur commande arrive, il avait fait une chantilly maison tandis que les gâteaux, des cœurs coulants au chocolat, attendaient la dernière minute pour passer les dix minutes requises au four.

Quand aux boissons, il leur restait toujours plusieurs bouteilles offertes pendant la crémaillère. Il semblait que c'était le cadeau par défaut lorsque les gens ne savaient pas quoi offrir. Ils avaient donc un certain stock de rouge, de blanc, de rosé et même deux bouteilles de champagne, sans compter les alcools forts.

Ce n'était pas le repas qu'il avait rêvé de lui préparer pour son retour, mais l'ambiance était parfaite. Le reste de la soirée se passa tranquillement et ils finirent par aller se coucher. Même s'il ne travaillait pas aux aurores le lendemain, il avait tout de même deux ou trois choses à faire en fin de matinée.

Si Zander aurait voulu faire mieux pour son retour, Nadja n’y prit pas garde. Elle avait ce qu’elle voulait. De la douceur, un repas chaud et agréable, un peu de musique et surtout du calme. Personne pour venir lui poser des questions ou un nouvel incident pour animer sa soirée. En se couchant, elle se blotti contre son mari et ne bougea plus, avec l’impression persistante de voler des moments à un univers qui généralement ne lui voulait pas du bien.

La lumière du casque d’Emy balaye un couloir. Elle a peur, elle court. Il y a un sas devant elle mais loin, si loin. Le couloir central du Romanov ne lui a jamais paru aussi long. Au moment où elle passe, un choc dans son dos manque de la renverser. Quelque chose sort de sa poitrine et dégoute lentement un liquide écarlate sur le sol métallique. Toutes les alarmes de support vital de l’armure hurlent, elle ne sent plus rien.

Les yeux de l’ex marine s’ouvrent sur un plafond immaculé. Elle ne sent toujours rien sauf un gout horrible dans sa bouche. Elle essaye de bouger mais son corps ne lui obéit pas. Il y a des machines au-dessus d’elle qui s’affairent sur son corps détruit, tellement de machines…

Nadja se réveilla en hurlant, une douleur insupportable dans la poitrine. Elle n’eut que le temps de se précipiter dans al salle de bain avant de vomir un flot de sang mêlé aux reste de son repas avant que s on corps ne la lâche complètement et qu’elle s’effondre au sol, tremblante comme prise d’une crise d’épilepsie.

Zander s'était endormi rapidement, contrairement aux nuits précédentes où son cerveau tournait en rond en ressassant les événements de la journée, ses révisions ou tout simplement parce qu'il était seul.

Il fut tiré de son sommeil par le hurlement de Nadja et son départ brutal. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, mais c'était probablement la plus violente. Il attendit un peu qu'elle sorte et se recouche, décidé à lui en toucher deux mots. Il se redressa en ne la voyant pas revenir. Voilà qui était inhabituel. Il finit par se lever et frappa à la porte.

« Nadja ? Est-ce que ça va ? »

En l'absence de réponse, il décida d'entrer. Peu lui importait de la trouver dans une position peu élégante. Mais quand il poussa la porte et la vit étendue en train de convulser sur le sol, une poussée d'angoisse l'envahit, aggravé par la vue du sang.

« Nadja ! »

Il n'y avait pas si longtemps, il aurait probablement complètement paniqué face à la situation, mais plus maintenant. Les automatismes acquis par des heures de formation et de pratique à l'infirmerie prirent le dessus. Il s'agenouilla auprès d'elle et s'assura qu'il n'y avait aucun objet dangereux autour avec lequel elle pourrait se blesser. Il attrapa le peignoir accroché là, le plia et lui posa la tête dessus, tout cela sans cesser de lui parler sur un ton rassurant. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre que la crise passe, même s'il aurait voulu la prendre dans ses bras. Une observation rapide ne révéla aucune blessure visible, ce qui ne voulait pas dire grand-chose.

« Hé... Est-ce que tu m'entends, belle brune ? Parle-moi, s'il te plaît… » demanda-t-il, avec une pointe d'inquiétude dans la voix qu'il ne put dissimuler lorsque les tremblements cessèrent.

Ce n'était pas la première fois qu'elle se réveillait ainsi en pleine nuit. Il l'avait entendu des dizaines de fois, mais n'avait rien dit, espérant qu'elle lui finirait par venir lui parler un jour des cauchemars qui la perturbait de la sorte. Il se doutait que tout cela était lié à son passé et à la violence inhérente aux combats qu'elle avait menés avant d'arriver à leur époque, mais il ne l'avait jamais interrogé sur le sujet, préférant attendre qu'elle se sente prête à l'aborder d'elle-même. Mais là, il n'était plus question de se montrer patient. Cela prenait des proportions trop inquiétantes.

« J'appelle le Dr Teoh. » fit-il sur un ton indiquant qu'il n'était pas vraiment ouvert à la discussion sur ce point.

Il ne savait pas ce qu'il venait de se passer, mais il était certain qu'elle devait voir un médecin.

La voix de Zander la tira peu à peu de son hébétude. Elle l’entendait au loin, au départ et ne comprenait pas ce qu’il disait. Seul son ton rassurant comptait et elle se fixa dessus pour remonter la pente. Finalement, elle s’adossa comme elle pu au mur et respira profondément. La douleur dans son sternum s’était évanouie, remplacée par d’autres, sas doute musculaires. Son corps avait été mis à rude épreuve. Elle lui accrocha le poignet et le fixa de ses yeux bleus.

« - Reste-la, croassa-t-elle. Si tu la préviens, je vais me retrouver à l’hosto, avec des machines accrochée un peu partout et j’ai vraiment pas besoin de ça maintenant. Ça va aller… C’était juste un cauchemar, c’est pas grave. »

Tu parles d’un cauchemar… Elle savait parfaitement que c’était bien plus que ça mais le souvenir de l’autre hôpital l’avait terrifié.

« - Aide moi à me lever, que je boive un peu...J’ai l’impression d’avoir embrassé une limace spatiale. »

Après s’être rincé la bouche, elle revint sur le lit et s’y installa. Ses forces lui revenait rapidement et ses mains ne tremblaient déjà plus.

« - Tu vois ? Pas de raison de s’inquiéter, c’était juste un sale rêve... »

Malgré ses paroles bravaches, sa voix restait blanche et elle ne pouvait s’empêcher de frotter son plexus, la ou la chose l’avait transpercé.

Zander était inquiet. Agacé également et il avait sans doute raison. Non seulement sa formation lui permettait de comprendre la gravité de son état mais leur proximité faisait qu’il connaissait parfaitement sa tendance à ne pas s’écouter et minimiser son propre état.

« - Je sais bien que ça empire, répondit Nadja d’une voix piteuse. Ça me fiche une trouille bleue. Je peux pas lutter contre ça, je peux pas tirer dessus. »

Mei savait déjà que quelque chose ne tournait pas rond chez elle et la surveillait régulièrement. Mais si elle apprenait son effondrement de cette nuit…

« - Quand je fais ce cauchemar, je suis terrifiée. Un peu comme quand on était devant ce monstre dans l’aquarium, le mois dernier, tu te souviens ? Je suis sur le Romanov, quelque chose me court après et finit par me rattraper et me blesser. Toutes les alarmes d’Emy se mettent à hurler. En général je me réveillait la mais la c’est allé un peu plus loin. J’ai vu un hôpital, des machines au dessus de moi qui me maintienne en vie. »

Elle secoua la tete en frissonnant, la terreur toujours fichée dans ses entrailles.

« - J’en ai déjà aprlé à Mei. Elle m’a parlé de souvenirs réprimés, un truc comme ça. Mais ça colle pas. Je n’ai jamais été blessé à ce point, et jamais quand j’étais à bord du Romanov. Quand il a été détruit, j’ai été éjecté dans l’espace et passé plusieurs heures en animation suspendue dans l’armure avant d’être récupérée. Mais rien a voir avec un monstre de l’espace… Putain j’y comprend rien. »

Elle se réfugia dans ses bras et resta niché au creux de son épaule un long moment pour laisser refluer ses émotions qui se bousculaient.

« - J’irai la voir demain matin, ok ? Première heure... »

Il faudrait bien qu’elle s’y résolve de toute façon. Et avec un peu de chance, il faudrait résoudre une nouvelle crise. Et puis une autre…