Il faisait beau et chaud ce jour à Berlin et la température était aux alentour de vingt degré. Vingt degré d’amplitude thermique, on attrape des rhumes pour moins que ac.
L’appartement de Gruber était au troisième étage d’une banlieue miteuse. Pas la ou on s’attendrait à trouver un ingénieur qui a travaillé sur un programme spatial. Elles étaient apparue en face de l’immeuble dans une ruelle sordide. De loin un vieux clochard les regardaient, les yeux amplis de surprise et de terreur. Il finit par reprendre une large gorgée de la bouteille qu’il avait en main et ne se préoccupa plus d’elles.
Aynira ne lui en voulait visiblement pas mais lui conseilla de parler au lieu de cogner, la prochaine fois. Plume grimaça en guise d''excuse et écouta les grommellements de Jones au sujet de leur prochaine cible. Ce Gruber ne semblait pas avoir gagné le prix de camaraderie. Mais la jeune femme aurait été bien en peine de lui en faire le reproche. Elle-même n'était pas des plus agréables en société.
Les deux femmes furent téléportées en Allemagne et la différence de température fut marquante. Plume retint un frisson. Il ne faisait pas très froid mais l'écart était important avec le désert. La ruelle était obscure et nauséabonde. Un homme était présent et les regardait avec de grands yeux mais, très vite, il reporta son attention sur sa bouteille, laissant les deux femmes tranquilles.
Nathalie les informa que l'appartement de Martin était dans l'immeuble d'en face. Plume s'approcha du bout de la ruelle et jeta un regard méfiant aux alentours. Personne ne faisait attention à elles et elles purent traverser sans soucis et entrer dans l'immeuble.
"Ce n'est pas le quartier chic, …"
N'ayant pas confiance en un éventuel ascenseur, la jeune femme se dirigea vers le troisième étage où se trouvait l'appartement.
Il faisait doux à Berlin, plus doux que le désert sec et aride où étaient les deux femmes quelques secondes plus tôt. Elle étaient devant l'immeuble de Gruber et... pour faire simple, disons que ce n'était pas le quartier le plus huppé de la ville, loin de là. Un sans-abri aperçu la téléportation, regardant avec de grands yeux la scène qu'il venait de voir et sans doute s'imaginant s'il voyait bien ce qu'il avait vu ou si c'était peut-être le bon jour pour arrêter de boire :
"Ah les Terriens. Un potentiel tellement énorme dont ils s'évertuent de gâcher à chaque seconde. Parfois je me dis qu'il faudrait un bon électrochoc pour les secouer un peu. Pas la troisième guerre mondiale quand même, mais quelque chose d'aussi "énorme". Peut-être prendre un vaisseau et l'amener au dessus d'une grosse ville histoire de dire à tout le monde "Coucou ! Vous pourriez arrêter vos bêtises maintenant ?""
Elle n'avait pas parler très fort, juste assez pour que Plume comprennent. Ça serait assez bête d'attirer l'attention comme ça. Mais au fond, c'est vrai que le Premier Contact "officiel" avec des extraterrestres pourrait déclencher un déclic et inciter les Terriens à se remettre en question et trouver des solutions concrètes pour régler leurs problèmes, mais ça c'était uniquement si les gouvernements ne se croyaient pas dans un film hollywoodien où les aliens viendraient envahir la planète pour X raisons... on leur a dit que la Terre était une planète "moyenne" par rapport aux autres ?
Bref, les deux femmes entrèrent dans le hall qui ressemblait à une exposition pour graffeurs et se mirent d'accord pour emprunter l'escalier plutôt que de prendre l'ascenseur qui, vue la vétusté des lieux, devait être tout sauf fiable. Trois étages plus haut, elles arrivèrent en vue de la destination et Plume demanda si elles étaient sûr que leur cible était là :
"Bonne question... Natalie ? On peut avoir un coup de scanner sur l'appart de notre ami ? Histoire de voir s'il est là... et tout seul..."
S'il y avait personne, elles pourraient peut-être entrer en quête d'informations. S'il était là et seul, elles pourraient poser quelques questions. S'ils étaient plusieurs là dedans... ça serait pas un bon signe...
Les deux femmes arrivèrent devant l’appartement. Nathalie leur confirma qu’il n’y avait personne à l’intérieur et elle purent rentrer, moyennant une petite effraction. A l’intérieur, une odeur les informa de ce qu’elles allaient découvrir avant de tomber sur le corps. Le corps de Gruber était devant son bureau, mort sans doute depuis plusieurs jours. L’appartement avait visiblement été fouillé et l’ordinateur éventré. Inutile d’être fort en technologie terrienne pour voir qu’il manquait des morceaux, sans doute le disque dur.
D'après Davis, il n'y avait personne à l'intérieur. D'un côté, cela signifiait que les deux femmes allaient pouvoir fouiller tranquillement. D'un autre, ce n'était pas maintenant qu'elles mettraient la main sur ce Grubber. Plume laissa Aynira forcer l'entrer de l'appartement en surveillant, elle-même, les environs et entra derrière elle. Tout de suite, l'odeur horrible qui agressa ses narines lui fit froncer le nez. C'était encore pire qu'à l'extérieur. Cette odeur était caractéristique. Quelque chose était en train de pourrir dans l'appartement. Quelque chose de gros.
Il ne leur fallut pas longtemps pour découvrir martin, devant son bureau. Bien que ce ne soit pas la spécialité de Plume, l'état du corps laissait fortement supposer qu'il était mort depuis plusieurs jours. L'appartement était sans dessus-dessous et il manquait des pièces à l'ordinateur. La jeune femme n'y connaissait rien mais se doutait que la pièce manquante devait être celle qui contenait des informations.
"Il est mort."
Elle avait parlé pour Nathalie qui n'avait pas de visuel sur l'intérieur de l'appartement. En s'approchant un peu, la cause de la mort lui paru évidente.
"On lui a tranché la gorge."
Une légère grimace étira ses lèvres et elle se détourna de la scène.
"Est-ce qu'il y a des caméras dans le coin ? On a un moyen de savoir qui est venu ici ?"
Elle y croyait peu. Il devait y avoir tout un tas de gens qui entraient et sortaient de cet immeuble tous les jours. Et à moins qu'il y ait des caméras à chaque étage - ce qui, étant donné le standing des lieux serait très surprenant - trouver un suspect serait très compliqué.
"Ca pourrait être les chinois tu crois ?"
La jeune femme s'était tournée vers Aynira, stoppant momentanément sa fouille des lieux, à la recherche d'un éléments qui aurait échappé aux précédents visiteurs. Puis, elle repris son inspection, laissant son regard trainer sur toutes les photos et décorations quelconques, changeant de pièce pour faire un trou complet du propriétaire.
La porte ouverte via un petit crochetage, il faut dire que l'appartement, comme le reste de l'immeuble n'était pas le nec plus ultra en matière de sécurité, les deux femmes entrèrent chez Gruber où elle furent accueillit par une effluve toute aussi violente que caractéristique, celle d'une charogne. La Narisienne, à l'odorat affiné, lâcha un soupir de dégoût face à ce bouquet d'odeurs lui chatouillant les narines chercha du coin du regard la position de l'émetteur de cette odeur, observant par ailleurs que l'appartement avait été entièrement retourné :
"Fais gaffe, on est peut-être pas seule"
L'arme au poing, elle fit le tour des lieux pour s'assurer qu'il n'y ait personne. Ce fut Plume qui trouva Gruber en premier, ou plutôt ce qu'il restait. Ce n'était pas une surprise vue l'odeur. Il devait même être là depuis un moment. Son bureau avait aussi été fouillé et l'ordinateur mit en pièce. Apparemment, il n'y avait pas de traître, juste une victime judicieusement choisit. En bonne enquêtrice, elle déduisit la cause de la mort et se demanda s'il n'y avait pas une caméra dans les parages :
"Dans l'immeuble je pense pas. Peut-être que Gruber en a cacher une ici au cas où, mais on aura de la chance s'ils l'ont pas détruite ou embarquée avec eux."
"Eux". pour l'instant difficilement de mettre un autre mot sur les responsables. Pas de traces, pas d'indices, rien du tout. Celui qui voulait ces boucliers savaient ce qu'ils faisaient :
"Natalie ? Tu peux essayer de voir s'il y a des choses dans sa boîte mail ou sur son téléphone ? Tout ce qui est en ligne ne disparaît jamais"
L'ordinateur était peut-être en miettes, mais tout ce qui passait par un serveur était archivé et donc accessible si on savait s'y prendre. C'est même le B-A ba du hacking. Plume demanda si les Chinois étaient responsables :
"Je ne sais pas... L'attaque sur l'île n'avait sans doute rien à voir avec notre problème, mais on ne peut rien écarter..."
Elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre et vit le clochard qui les avaient vus "apparaître" dans la ruelle. C'était sans doute son coin habituel. Donc il savait peut-être beaucoup de chose intéressante sur ce qui se passait dans le coin :
"J'ai peut-être quelqu'un qui peut échanger des infos... Il y a de la nourriture dans le frigo ?"
Il ne fallut pas longtemps à Plume pour découvrir une caméra dans une étagère du salon (il y en avait une autre dans la chambre face au lit, mais elle préféra ignorer ce qu’elle avait bien put enregistrer.
Pendant que l’informaticienne cherchait des informations Ayni n’eut aucun mal à se connecter à la carte SD de la caméra et en lire les données. Elle put assister ainsi au meurtre en direct. Gruber connaissait visiblement son visiteur. Il donnait visiblement des explications sur ce qu’il avait pu trouver et l’autre en profiter pour lui trancher la gorge avant d’arracher le disque du de l’ordinateur.
« - J’ai trouvé un truc bizarre, fit soudain Nathalie. Il s’est apparemment pas mal renseigné sur Diego Garcia et comment s’y rendre. Il a du également trouver des plans, des affectations... »
Ce qui correspondait bien a ce que venait de voir Ayni, vu que l’agresseur n’était autre que Ted Morgan.
Il y avait des caméras dans l'appartement et aussitôt, Plume les signala à Aynira et Nathalie. La première réussit à se lancer les enregistrements de la caméra du salon. On y voyait Martin qui discutait avec un homme à la silhouette connue de la jeune femme. Il s'agissait du père biologique d'Emy. Plume fronça les sourcils.
"Qu'est-ce qu'il fait là ?"
Tout cela ne lui plaisait pas du tout. Et voir Ted égorger Gruber sans hésiter avant de lui voler son disque dur n'était pas pour améliorer les sentiments déjà pas très flatteurs qu'elle avait à son égard. Mais lorsque Davis les informa que ce que l'allemand cherchait, et avait très certainement trouvé et fourni à Morgan, étaient tout ce qu'il fallait pour accéder à Diego Garcia, elle tourna son regard vers Aynira.
"Il est mêlé à cette histoire d'une manière ou d'une autre. Et il m'a menti ! Il faut prévenir la zone 52 de le surveiller et de le mettre en cellule ! Et probablement aussi tous les autres ! Il n'est sans doute pas tout seul !"
Elle fixa la narisienne, attendant son avis. Etait-elle encore une fois totalement parano ou cette histoire était réellement un très mauvais signe ?
Natalie exerça son art du pianotage de clavier et trouva rapidement quelques informations : Apparemment, Gruber s'était pas mal renseigné sur Diego Garcia. Il informait ses nouveaux amis de la position de ses anciens collègues ? Sans doute, mais avec la découverte de son cadavre, soit les nouveaux amis en question n'avait pas l'intention de voir leur amitié sur le long terme, soit peut-être que Gruber n'était pas si coupable que ça et qu'il essayait au contraire de prévenir ses anciens collègues qu'un gros truc allait leur tomber sur le coin du nez.
Les images de la vidéosurveillance furent fructueuse et révélèrent le meurtre en direct ainsi que le coupable... l'homme qui les avaient accueillit sur la Zone 51. Plume réagit immédiatement en demandant à ce qu'on le mette aux arrêts :
"On a le coupable : Ted Morgan à la Zone 51. Tu peux passer le mot et prévenir la base. Il est peut-être armé et dangereux... Et... ça reste entre nous. Tu peux vérifier si le timecode de la vidéo correspond à une absence de Morgan de la base ? "
Une méthode qui avait marché sur l'Achilles quand ils cherchaient un saboteur parmi l'ensemble de l'équipage. Attendant la réponse de Natalie, elle discuta avec Plume de manière discrète :
"Je doute que des gens aussi bien préparé ait négligemment laissé la caméra et la bande vidéo. Soit ils sont pas très malin, soit ils s'en foutaient d'être vue. Ce qui sous-entend que ce n'est peut-être pas la vérité qu'on voit là. Il y avait eut un rapport du SGC parlant d'une technologie permettant aux gens de changer d'apparence pour se faire passer pour quelqu'un d'autre. Si Natalie découvre que Ted était à deux endroits en même temps, on aura notre réponse.
Pour l'instant on va jouer le jeu et faire comme si Ted est le seul coupable. Si c'est le cas on va avoir une longue discussion avec lui. Sinon ceux qui ont essayés de brouiller les pistes penseront avoir réussit leur coup et seront moins suspicieux..."
Quitte ou double. Encore faudrait-il que Natalie découvre cette fameuse preuve...
De mieux en mieux ! Ted avait disparu et le JPS était attaqué ! Depuis que la communication avec Davis avait été coupée, Plume et Aynira avaient tenté plusieurs fois de rétablir le contact sans succès.
"Et maintenant on fait quoi ?!"
Aucun moyen de savoir ce qu'il se passait ni de se rendre sur place. La seule solution qu'il leur restait était de joindre la zone 51 mais allaient-ils répondre ? Plume sortit son communicateur et sélectionna le contact "Zone 51" avant d'appuyer sur le bouton d'appel, espérant que ça fonctionne. Elle activa le haut parleur afin qu'Aynira puisse savoir ce qu'il se passait. Lorsque quelqu'un répondit, la jeune femme ne perdit pas de temps.
"Il faut localiser Ted Morgan et envoyer du soutient au JPS. Ils sont attaqués !"
Elle se sentait impuissante. Depuis Berlin, elles ne pouvaient rien faire.
"Et vous pouvez nous envoyez quelqu'un ? On est bloquée à Berlin !"
Elle jeta un regard à Aynira. Peut-être que la narisienne avait de meilleures idées qu'elle. Pour l'instant, elles ne pouvaient qu'attendre et rester ainsi loin de l'action ne plaisait pas du tout à Plume. Où était Silver ? Est-ce qu'il était en sécurité ?
Les nouvelles n'étaient pas bonne et pas uniquement pour la chasse au tueur. Le JPS était attaqué et la liaison fut rompue. Les deux femmes étaient bloquées à Berlin sans possibilité de retour à la station spatiale.
Toutefois elles n'étaient pas isolées et parvinrent à contacter la Zone 51 où Plume fit un rapide résumé de la situation tout en demandant un moyen de venir les récupérer :
"Avec la traque de Morgan, l'aide risque de ne pas venir tout de suite... Surtout si la Terre est attaquée. L'Allemagne est toujours un pays membre du SDT. Par chance on est dans la capitale avec toutes les ambassades et les consulats. On va aller à l'ambassade américaine et de là contacter le SDT. En espérant que ce ne soit pas trop la galère pour aller là-bas. Par contre c'est en plein centre-ville, mais on n'a pas vraiment le choix..."
Plume n'aimait pas les zones peuplées, même si elle avait moins de difficultés à se promener dans des rues bondées depuis leurs petits entraînements dans des endroits plus ou moins noir de monde. La bonne nouvelle était que se repérer dans Berlin ou parler l'allemand n'était pas un souci. Par contre elles allaient devoir se débrouiller à pied : elles n'avaient pas d'argent pour payer les transports en communs ou un taxi... du moins pas d'euros et pas le temps de faire du change de monnaie...
Il ne fallait plus que quitter l'appartement, mais pas avant d'avoir effacée les traces de leurs passages. La dernière chose dont elles avaient besoin était que l'enquête du crime de Gruber remontent jusqu'à elles... et dans ce contexte géopolitique troublée, bonne chance pour discuter calmement avec la polizei face à ce qui semblait être à leurs yeux à une opération spéciale américaine... Surtout qu'en plus elles étaient parfaitement sacrifiable pour le SDT. C'est même la raison de leurs présences sur cette mission non ?
Les nouvelles n'étaient pas bonnes mais, de là où elles étaient les deux femmes ne pouvaient rien faire. Plume regarda Aynira nettoyer toute trace de leur passage dans l'appartement avant de sortir. Aller à l'ambassade, qui avait semblé une bonne idée, était désormais obsolète. Un envoyé du SDT les attendrait à l'aéroport dans deux heures. Elles savaient donc quoi faire en attendant. Trouver une carte et un itinéraire et se rendre là-bas sans tarder.
Elle faisait confiance à Aynira pour lui dire dans quelle direction se rendre. La distance ne lui faisait pas peur, d'autant que la narisienne lui assura qu'il s'agissait d'une distance d'environ dix kilomètres. Avec ses footing quotidiens, Plume parcourait souvent bien plus de distance en bien moins de temps. Elle pouvait aisément se mettre à courir s'il le fallait et elle savait que la forme physique d'Aynira ne serait pas plus un problème que la sienne.
Le plus difficile serait certainement de trouver un itinéraire qui leur permettent la course. S'il fallait passer par des zones très fréquentées, cela allait certainement les ralentir.
"Y a pas de temps à perdre ! Direction l'aéroport !"
Elle suivit alors la narisienne, calant son allure sur celle qu'imposait le brune devant elle.
Morgan avait faussé compagnie et était introuvable. L'avantage de la Zone 51 est qu'elle était au milieu de nulle part dans un des endroits les plus hostile de la planète. Sans eau ou véhicule, il n'irait pas bien loin et une base aussi sécurisée devait avoir des caméras partout et des puces de suivit sur tout les véhicules. Le souci est que la Zone 51 a également un téléporteur et que Morgan pouvait donc se retrouvait à peu près n'importe où sur Terre ou en orbite. Mais normalement, il est possible de retrouver sa trace en pistant sa puce de localisation... s'il n'avait pas eut l'idée de s'en débarrasser une fois partit...
Mais pour l'instant, les deux femmes avaient fort à faire. L'idée de l'ambassade fut abandonnée quand on leur annonça qu'une personne les attendaient à l'aéroport international de Berlin. Le souci ? Il était littéralement à l'autre bout de la ville. Une ville de 3.5 millions d'habitants et ce, sans possibilité d'emprunter les transports en commun faute de liquidités adéquates. La seule solution était donc la marche... ou plutôt la course pour parcourir les 10 kilomètres le plus rapidement possible. Avec la forme physique des deux femmes, ce n'était pas un problème en soi. Le truc c'était surtout qu'il ne se passe rien de grave sur le chemin de leur footing forcé.
Sans perdre de temps, les deux femmes se mirent donc à courir à travers la ville en suivant le plan directement affiché sur la rétine de la Narisienne. La banlieue fut traversée assez rapidement, mais plus elles s'approchaient du centre-ville, plus la foule et la circulation les ralentissaient. Au moins elles purent éviter les axes les plus congestionnés sans faire de gros détours. Une heure et demi plus tard, le terminal était en vue. Il ne restait plus qu'à trouver leur contact et de quitter l'Allemagne en espérant qu'il ne soit pas trop tard...
Il fallut un peu plus d’une heure aux deux jeune femmes pour parcourir la distance qui les séparait de l’aéroport. Il est probable qu’elles donnèrent un spectacle assez étrange dans cette banlieue peu reluisante mais personnage ne vint leur chercher de noises pendant leur traversée.
Une fois à destination, il leur fallut attendre de longues minutes avant qu’une jeune homme dans un costume impeccable et à l’accent londonien particulièrement épais viennent à leur rencontre.
« - Madame Leyva, madame Plume, je suis Ewan, votre pilote. Voici vos papiers d’identités. Si vous voulez bien me suivre. »
Il les conduisit vers une porte siglée VIP puis a travers plusieurs contrôles avant qu’il ne débouche directement sur le tarmac ou les attendait un petit avion à réaction.
« - Je vous emmène à notre bureau de Londres. En raison des affrontements entre les états unis et la Russie, les vol intercontinentaux sont impossibles. Nous avons perdu également tout contact avec la station mais je pense que madame Karlsson voudra un rapport sur vos activités ici."
Rien ne vint perturber la course des deux femmes qui parvinrent à destination avec presque une heure d'avance. Plume, essoufflée, regardait autour d'elle afin de savoir où se rendre ensuite. On leur avait dit d'aller à l'aéroport mais elles n'avaient pas plus de précision et, maintenant qu'elles étaient rendues à destination, difficile de savoir quoi faire, à part attendre.
"Tu crois qu'on doit faire quoi maintenant ?"
Aynira avait peut-être plus d'idée qu'elle. Dans un premier temps, il leur fallait reprendre leur souffle et Plume s'y attela en se forçant à respirer profondément et à calmer son rythme cardiaque. De longues minutes plus tard, elle y était à peut près parvenue et un homme en costume impeccable s'approcha d'elles. La jeune femme fronça les sourcils, vigilante. Il pouvait s'agir de leur contact ou d'un éventuel problème. Mais l'homme se présenta comme leur pilote et leur tendit des papiers d'identité. Plume saisit les sien et les consulta rapidement. On pouvait y lire qu'elle s'appelait Amy Feather, l'identité terrienne qu'elle endossait depuis son arrivée au SDT. Un coup d'oeil à Aynira plus tard, elle suivait l'homme vers le tarmac. Elle dut se soumettre à des contrôles de sécurité et se retint de réagir agressivement en serrant les mâchoires. Puis, elle grimpa dans un petit avion en grimaçant. Elle n'aimait pas être enfermée dans un endroit aussi réduit, surtout lorsque le pilotage était donné à quelqu'un d'autre mais elle n'avait pas le choix.
Ewan les informa qu'ils les conduisait à Londres. En Angleterre. C'était loin du JPS et de leurs installations.
"La base est attaquée ! Il ne faut pas perdre de temps !"
La jeune femme enrageait d'être coincée ici sans aucun moyen d'action alors qu'un danger menaçait le JPS. Elle se sentait totalement inutile. Elle s'affala dans un siège, ne pouvant empêcher sa jambe de tressauter sur un rythme rapide trahissant son anxiété.
"Est-ce qu'on peut au moins avoir à manger ? S'il vous plaît ?"
Quitte à attendre, autant en profiter pour reprendre des forces. A défaut de pouvoir prendre une douche après la course forcée, elle pouvait au moins se remplir l'estomac. Pour ce qui était de la diplomatie, elle laissait l'experte s'en charger. Aynira serait nettement plus efficace qu'elle pour s'adresser à la présidente du SDT.
Leur petite course s'était bien passée malgré la circulation, la foule et les quelques imprévues sur le parcours comme les chantiers. Elles arrivèrent en vue de l'aéroport et entrèrent dans le terminal où Plume demanda la suite du programme :
"Je sais pas... On devrait voir si personne ne nous cherche avec un carton avec notre nom ou quelque chose comme ça !"
Après tout, elles pouvaient être juste des touristes en retard venant prendre un vol ou chercher quelqu'un. Heureusement, elle n'eut pas longtemps à attendre. Un homme vint les aborder, c'était apparemment leur pilote et il leur donna leurs papiers d'identité :
"On a de la chance. Un peu plus et on aurait ratées le vol !"
Il fallait coller un peu à la peau du personnage, surtout dans un lieu bondé de monde avec des yeux et des oreilles partout. Le pilote leur fit passer la zone VIP et donna plusieurs indications. C'était officielle, la 3ème Guerre Mondiale était déclenchée. D'ici peu, la normalité de la scène au niveau de l'aéroport allait drastiquement changée. Déjà, il y avait une foule s'amassant aux points d'accueil. Une histoire de vol annulé avec une liste toujours plus longue annoncée par les hauts-parleurs en allemands et en anglais.
Elles allaient donc à l'antenne du SDT à Londres à bord d'un jet privé. La situation aurait put être appréciable dans d'autres circonstances. Ewan confirma également que le JPS était attaqué et qu'il n'y avait aucun moyen de les contacter. Enfin, la grande patronne, madame Karlsson, voulait leur parler pour avoir leur rapport.
Tout le monde grimpa dans l'avion qui ne perdit pas son temps à s'engager sur la piste et décoller. Le vol vers Londres n'allait pas durer très longtemps. Un peu moins de deux heures d'après Internet. De quoi souffler un peu pour récupérer de leur course, mais la journée était loin d'être finit. Plume s'agitait, elle n'était pas du genre patiente de base, mais là avec l'attaque de la station spatiale en cours et sans possibilité d'aider, elle devait se sentir comme un lion en cage en train de tourner en rond.
La Narisienne ne perdit pas de temps et après avoir avalée un club sandwich avant que l'altitude ne dénature son goût, elle fit son rapport à Karlsson en omettant aucun détail. La mission à Diego Garcia, le petit interlude à la Zone 51 avant de repartir pour Berlin dans l'appartement d'un cadavre, apparemment tué par Ted Morgan. Elle rajouta également ce qu'elles savaient sur les disparitions des ex-scientifiques du SDT qui travaillaient ensemble à la conception d'un générateur de boucliers pouvant équipés de "petits" véhicules et du potentiel stratégique indéniable si un des pays embarqués dans la guerre ou une autre organisation se retrouvait avec des chars ou des avions de combat dotés de champs de force capable d'encaisser à peu près tout ce que l'attirail conventionnel terrien avait à opposer.
Une fois son rapport finit, elle attendit la réaction de Karlsson en buvant un grand verre de champagne. Quoi ? Elle était dans un jet privé après tout...
