Desperate Housewife

« - Noooooooon. »

Elle eut beau crier, rien n’y fit ! Sous ses yeux horrifiés, la viande se carbonisa à une vitesse normalement réservé aux croiseurs de combat, emportant avec elle les légumes patiemment émincés et probablement le fond de la casserole avec.

En contemplant les dégats, Nadja jura tant qu’elle le put, oubliant la centrifugeuse en marche derrière elle. Le couvercle, sans doute mal vissé, sauta dans les airs, accompagné par le mélange de jus de fruits et de lait et de glaçon qu’elle y avait mis à mixer. Instinctivement, elle se protégea le visage de l’explosion, oubliant au passage qu’elle tenait toujours la casserole pleine de ragoût. Celle-ci balaya le plan de travail et finit par heurter la cafetière, pleine évidement, qui se brisa en mille morceaux.

En quelques secondes d’inattention, une cuisine neuve et parfaitement fonctionnelle venait de se transformer en zone de combat.

Zander devait revenir de son stage au site alpha aujourd’hui et elle avait voulu lui faire la surprise de préparer leur premier repas sur Terre dans leur nouvelle maison, fraîchement aménagé par les services généraux du SDT. Elle avait trouvé des recettes simple, simpliste même, mais qui lui permettrait de combattre sa malédiction de cauchemar en cuisine.  Mais il fallait se rendre à l’évidence, une divinité mesquine semblait s’etre penchée sur son berceau et décidé de l’empêcher de préparer à peu près n’importe quoi d’autre que des toasts.

« - Merde, les toasts !!!! »

Trop tard ! Le pain acheté le matin même avait définitivement pris la même couleur que la viande. Abattue, Nadja se laissa glisser par terre, dos au mur en soupirant profondément. Zander allait rentrer dans quelques minutes, rien n’était près et la cuisine n’était plus praticable. Tu parles d’une première soirée.

Zander se tenait devant la porte de la maison de Nadja. Enfin de leur maison, mais cela, il n'arrivait pas à vraiment l'intégrer et à le réaliser. Stella était son chez lui depuis plus de dix ans maintenant et cela lui semblait étrange d'en changer. L'idée d'entrer le rendait d'ailleurs bien plus nerveux que le passage de ses examens pour sa qualification médicale, qu'il venait de terminer avec brio.

Il avait été complètement absorbé par sa formation et ses révisions au cours du mois écoulé au point qu'il avait dû renoncer à son service à l'infirmerie pendant cette période. Son instructeur avait d'ailleurs mis les bouchées doubles dès le mois d'avril en ajoutant un entraînement physique intensif dirigé par Ethan. Ces deux-là semblaient s'être ligués contre lui pour lui en faire voir de toutes les couleurs et il n'avait pas eu beaucoup de temps à consacrer à Nadja et à sa quête de maison, ce qu'il regrettait. La dernière semaine avait été consacrée à une évaluation sur le terrain sur le site alpha avec d'autres militaires au cours de laquelle il en avait aussi bavé. Il était rentré quelques heures plus tôt avec les résultats définitifs, l'insigne qui marquait sa réussite, ainsi que une nouvelle veste d'uniforme, noire, avec les écussons correspondants en plus de ceux de JP-1, et trois jours de congés bien mérités.

Son sac ne contenait que quelques affaires, car il n'avait pour le moment pas le droit de rester en permanence sur Terre et qu'il devrait faire des allers-retours. Il devait se contenter de trois nuits par semaine selon des horaires stricts en fonction de son service, plus sa journée de repos, à condition que Nadja soit avec lui. C'était toujours mieux que rien et cela lui donnerait le temps de se faire progressivement à cette nouvelle situation. Il allait désormais devoir entamer le long processus pour obtenir des papiers terriens officiels, démarche qu'il avait repoussée jusque-là.

Il s'apprêtait à frapper quand il entendit le cri de Nadja suivi d'un fracas indescriptible puis d'une alarme qui se déclencha. Il n'avait pas besoin d'être devin pour comprendre qu'elle avait dû essayer de faire à manger. Il admirait sa persévérance dans ce domaine et espérait qu'un jour, cela paierait.

« Nadja ? Tu es là ? Est-ce que tu vas bien ? » lança-t-il après être entré sans s'annoncer. Il observa les lieux à la recherche de la cuisine, qui ne fut pas difficile à localiser.

Il décida de faire fi du désastre qui avait ravagé cette partie de la maison et s'abstint de tout commentaire, sachant le sujet plutôt sensible. Elle était assise par terre, l'air désemparé. Il s'agenouilla devant elle avec un sourire.

« Bonsoir, belle brune. Tu n'as rien au moins ? » lui demanda-t-il, légèrement inquiet qu'elle ait pu se blesser d'une manière ou d'une autre au cours de cette débâcle culinaire.

Perdue dans ses pensées et son auto apitoiement, Nadja entendit la porte s’ouvrir. Un réflexe ancré profondément lui fit lever la tête pour identifier la menace. Elle se détendit immédiatement en reconnaissant celui qui venait d’entrer, malgré le rouge aux joues qui montait. Elle avait espéré une soirée parfaite et elle avait seulement réussit une catastrophe parfaite.

Il ne dit rien, évidement, bien trop poli pour ça mais elle avait l’impression d’entendre ses reproches silencieux aussi fort que si le sergent Kubrick les lui avait hurlés à la figure. C’était peut-être son imagination évidemment

« - Salut beau gosse… J’ai encore merdé en beauté, je suis désolée. Non, je suis pas blessée évidemment. Pas comme si j’avais droit à ce genre d’excuses. La casserole m’a agressée, le mixer s’est rebellé… C’est la révolte des robots ménagers ! Fuyez cuisinières en détresse. Non, y a que mon ego qui a souffert, je suppose. »

Elle se pencha en avant pour déposer un baiser sur ses lèvres en essayant de sourire. Elle voulait tellement bien faire. Pas être juste une brute simplement capable de tuer son prochain de quarante-sept façons différentes.

« - Bienvenue ici au fait. Tu m’as manqué. Tout c’est bien passé pour toi ? Tu as validé ta formation ? »

Le frigo n’avait pas été touché par sa maladresse cataclysmique. Et une bouteille de champagne était au frais pour célébrer leur installation et son succès.

L'inquiétude de Zander s'envola et il sourit en entendant qu'elle n'avait rien.

« Tant mieux. Les accidents domestiques sont un véritable fléau, tu sais. Et oui, je vois ça. La rébellion m'a l'air d'avoir été pour le moins... violente. » fit-il en regardant le désastre environnant.

« Je suis sûr que ton égo va s'en remettre. En tout cas, je vais tout faire pour. Et j'apprécie beaucoup l'intention. » dit-il en lui rendant son baiser.

Il se releva et s'assura que tous les électroménagers rebelles étaient bien éteints avant de revenir s'asseoir à côté d'elle et de lui passer un bras autour des épaules pour la réconforter, car il voyait bien qu'elle se entait honteuse pour cette catastrophe. Le nettoyage des dégâts allait attendre un peu. Il sourit lorsqu'elle finit par lui souhaiter la bienvenue.

« Merci. Tu m'as manqué aussi et je suis content d'être rentré. Il va falloir que tu me fasses visiter les lieux. Et oui, je les ai réussis haut la main et j'aurais été pour le moins navré si tu avais été ma première patiente officielle. » répondit-il.

Enfin, il n'aurait pas pu faire grand-chose étant donné qu'il n'avait pas reçu ses trousses médicales. Mais celles-ci devraient être disponibles à la fin de sa permission. Il secoua la tête et se mit à rire doucement en réalisant qu'il utilisait la terminologie militaire.

« Mais c'était fatiguant. Franchement, je n'arrive pas à comprendre quel est l'intérêt de courir je ne sais combien de kilomètres en pleine nuit avec un paquetage de vingt kilos sur le dos et une arme dans les mains. Je veux dire, après tout, je ne suis pas militaire, moi, juste un pauvre pilote civil qui voulait être capable de dispenser les premiers soins pour être utile sur le terrain lorsqu'il est cloué au sol... Mais visiblement, on s'efforce de me transformer en l'un d'entre vous. » se plaignit-il faussement pour la taquiner, tout en affichant un grand sourire, et même s'il n'était pas vraiment fan de ce genre de marche.

Le baiser lui fit du bien. Elle était toujours vexée comme un poux mais saurait laisser ca derrière elle. Elle sourit quand il lui annonça son succès, sincèrement ravie pour lui.

« - Bravo. Me voilà entre de bonnes mains à présent. Je vais pouvoir ravager la cuisine sans arrière-pensées pour ma propre sécurité. »

Elle se releva et constata que son Tshirt était maculé d’un certain nombre de substances hérité de sa tentative culinaire. Sans pudeur (mais pourquoi en aurtait elle avec lui ?) elle fit passer le vêtement par-dessus ses épaules et l’envoya sur le sol détrempé derrière le bar.

« - Viens, je vais te montrer l’étage. »

En l’écoutant râler sur les crapahutages à la mode militaire, elle l’attira à l’étage où se trouvait la chambre et la salle de bain.

« - Même un pauvre pilote civil doit pouvoir porter ses affaires. Sinon il faudrait qu’on les porte pour toi et ça poserait un souci. Et puis te faire un peu de muscle et d’endurance ne te fera pas de mal. »

Elle cacha son sourire à cette remarque en pénétrant dans la chambre et en choisissant un nouveau vêtement, un simple débardeur vert sombre qu’elle utilisait pour faire de l’exercice.
« - Tu l’as vu quand on est venue visiter, dehors il y a un jardin, de quoi faire des grillades et manger. Je pense qu’on sera pas trop mal ici. »

Elle se retourna vers lui et l’attira contre elle pour l’embrasser plus longuement une boule au ventre en réalisant qu’ils étaient chez eux… pas dans la cabine ou le vaisseau de l’un ou l’autre… chez eux !

Zander retint une grimace au dernier commentaire de Nadja. Il allait finir par s'inquiéter à chaque fois qu'il ne serait pas là s'il lui prenait l'envie de cuisiner. Et il ne pouvait pas compter sur Stella pour garder un œil sur elle et intervenir quand elle s'y risquerait. Mais il se retint d'exprimer cela à voix haute.

« Il va falloir que je prévois de toujours avoir une trousse médicale à la maison dans ce cas. Ou alors que je trimballe mon barda médical à chaque fois que je rentre. Mais je préfèrerais ne pas avoir à m'en servir. » lui répondit-il en souriant.

Il se leva et sourit largement tout en l'admirant tandis qu'elle retirerait son haut maculé de nourriture puis il la suivit à l'étage. Il émit une protestation de principe à sa remarque.

« Je suis parfaitement capable de porter mon paquetage habituel tout seul ! Mais celui-là, c'était un barda d'infirmier militaire complet et ça n'avait rien à voir. C'était deux fois plus lourd ! Et j'ai quand même la nette impression d'être le seul civil soumis à un tel régime. Les militaires ont l'air de me considérer comme l'un des leurs et qu'il leur faut donc absolument me mettre à leur niveau... Et qu'est-ce qu'ils ont mes muscles, d'abord ? Ils ne te plaisent pas ? » lui demanda-t-il, sur un air faussement outré.

Ethan l'avait fait souffrir pendant presque deux mois pour le mettre dans une condition physique qu'il avait jugé à peine acceptable pour qu'il puisse survivre à sa semaine d'examen que les deux instructeurs avaient visiblement planifiée à l'avance. Et il lui avait clairement fait comprendre qu'il n'en avait pas fini avec lui, même s'il réussissait. Il commençait à regretter amèrement de s'être lié d'amitié avec le sergent en fin de compte.

Il observa la chambre puis sourit à l'évocation du jardin. Voilà qui allait vraiment lui faire un grand changement. Il se souvenait effectivement d'avoir visité la maison vide il y avait un mois, mais il avait la tête ailleurs à ce moment-là et c'était elle qui avait ensuite tout gérer.

« Ah oui, c'est vrai. J'ai d'ailleurs hâte d'essayer le barbecue et de pouvoir profiter du jardin et de la piscine aussi... Tu sais, je n'arrive pas à me faire à l'idée que je vais habiter sur une planète. Ça fait dix ans que je vis dans mon vaisseau à vadrouiller dans la galaxie. C'est étrange de me dire que je pourrais vraiment aller respirer de l'air frais à l'extérieur lorsque j'aurai fini de travailler. Mais je vais avoir du mal réaliser complètement tant que je ne pourrais pas vivre ici en permanence et me déplacer à ma guise. » dit-il, sans préciser que le fait de partager tout cela avec quelqu'un lui semblait tout aussi irréel.

Il la regarda enfiler un nouveau T-shirt avant de lui rendre son baiser et de la garder dans ses bras pour profiter du moment. Non, il n'avait vraiment pas de quoi se plaindre.

« Quand à mon endurance, je te montrerai plus tard à quel point elle s'est améliorée. Et tu n'avais vraiment pas besoin de te rhabiller, tu sais. » murmura-t-il en l'embrassant à nouveau.

« Mais je crois qu'il faudrait qu'on aille s'occuper de la cuisine et de manger d'abord, non ? » dit-il, pas du tout certain que c'était vraiment ce qu'ils allaient faire tout de suite.

« - T’es chez toi, laisse ce que tu veux ici, marmonna-t-elle d’un ton faussement vexé. J’ai bien accroché ma mitrailleuse au premier. »

Elle connaissait assez sa maladresse domestique pour savoir qu’ils auraient besoin de matériel de soin un jour ou l’autre. Elle n’allait pas lui en vouloir de prendre des précautions. Et puis se faire chouchouter n’avait rien de désagréable.

Elle ne put s’empêcher de rire quand elle comprit que ces collègues lui menaient la vie dure. Elle avait une petite idée du pourquoi.
« - Je pense qu’ils savent qui est ta femme. Donc oui, du coup, tu fais partie de la famille… va falloir assumer. Attend d’en avoir à diner. Tu sais qu’on ne refuse jamais un verre que t’offre un commando, hein ? »

Nadja partageait avec Zander cet étonnement constant de se retrouver à vivre sur une planète. Ca lui plaisait, bien sûr, mais elle s’était rendue compte que le ronronnement des moteurs et des systèmes de survies lui manquait, parfois, au cœur de la nuit. Ca l’avait réveillé plusieurs fois les nuits précédente, mais quelques bouffée d’air frais avait chassé son malaise illico.

« - On va travailler sur tes autorisations. Ça sera l’affaire de quelques semaines j’espère. »

Trop obnubilé par l’incident, elle n’avait pas spécialement fait attention à ses regards qui s’attardait sur elle. Son commentaire la fit rougir et un frisson d’excitation l’a parcouru soudain. Elle n’acheva pas de remettre le vêtement quand il revint l’embrasser.

« - Dans tes rêves ! feula-t-elle quand il lui proposa d’aller manger.»

Elle le repoussa sur le lit sans ménagement et y monta à son tour avec un regard de panthère affamée. Même après six mois, les bracelets fonctionnaient toujours à plein dans ces circonstances. Parce que c’était bien les bracelets, hein ?

Zander rit à la mention de la mitrailleuse au premier étage. Il ne serait pas surpris que ce soit effectivement le cas, pour peu que cela soit autorisé par le règlement.

« Tu t'occupes de la sécurité et moi des bobos. Ça me va. » fit-il en souriant.

Il leva les yeux au ciel en entendant son explication pour justifier le comportement des autres militaires à son égard. Il y avait probablement une part de vrai dans ses propos.

« Je n'ai rien demandé, moi... ma petite vie tranquille de civil me convenait parfaitement... » rouspéta-t-il, toujours pour la forme.

Cependant, il était aussi dans leur intérêt de s'assurer qu'il soit capable de suivre leur rythme et de travailler avec eux, puisque c'était lui qui était chargé de les garder en vie en cas de blessure. Et le traiter comme l'un des leurs était certainement beaucoup plus efficace que de le traiter avec condescendance comme un vulgaire civil incapable de faire quoi que ce soit par lui-même. Et mine de rien, il appréciait d'être traiter comme cela, sans compter que ce qu'il découvrait à travailler avec les militaires était très loin de ce qu'il avait pu vivre à l'académie où il n'avait été habitué ni à cet esprit de camaraderie et de corps ni à fonctionner au sein d'un groupe de ce genre.

Il ne partageait pas son optimisme concernant l'obtention de ses autorisations, bien au contraire. Vu comme c'était parti et avec ses antécédents, il allait avoir droit à une période de probation plus ou moins longue pour pouvoir ne serait-ce que venir ici à sa guise et sans supervision... alors des papiers d'identité officiels, il n'y croyait pas dans l'immédiat. Peut-être qu'à la fin de l'année, une fois débarrassé de son bracelet et s'il se tenait à carreau d'ici là, les choses iraient mieux et seraient plus faciles.

Et comme il s'en doutait, le repas allait être reporté à plus tard, le temps de satisfaire un autre genre d'appétit, ce qui n'était vraiment pas du tout pour lui déplaire.

********

Il resta allongé un bon moment à écouter les bruits autour pour s'imprégner de l'ambiance des lieux, un sourire aux lèvres. Il finit par se lever et alla prendre une douche rapide. C'était du moins l'idée de départ. Il finit par ressortir vêtu d'un short et d'un t-shirt sans manches puis descendit. Il fit rapidement le tour des lieux en évitant la cuisine où Nadja était en train de nettoyer les dégâts.

Il sortit dans le jardin et s'assit sur l'une des chaises pendant quelques minutes pour observer les alentours et profiter du calme avant que son estomac ne se rappelle à lui. Après une semaine de rations de combat, il rêvait d'un vrai repas.

Il jeta un coup d'œil au barbecue puis retourna à l'intérieur et cette fois, il alla droit dans la cuisine.

« Est-ce qu'il y a de quoi faire un barbecue ici ? Sinon, je dois avoir ce qu'il faut sur Stella... » demanda-t-il en ouvrant le frigo.

S’ils n’étrennèrent pas la cuisine ce jour-là, au moins profitèrent-il de la chambre, ce qui permit à Nadja d’oublier l’incident de la cuisine et de retrouver sa bonne humeur.
Elle passa dans la salle de bain pour se doucher un peu plus tard, délaissant la baignoire. Elle avait tenté de s’y immerger le jour de son arrivée mais c’était senti parfaitement ridicule au milieu de cette mousse. Et légèrement à l’étroit…

Elle se rhabilla ensuite et redescendit nettoyer ses bêtises. La cafetière neuve partie à la poubelle, ainsi que sa tentative de repas. La casserole était, elle, encore utilisable, même si un de ces bord était à présent parfaitement plat.

Elle avait fini de trier ce qui était récupérable quand Zander redescendit. Il eut la délicatesse de ne faire aucunes remarques sur ses activités et elle el regarda sortir et aller faire quelques minutes de relaxation sur une chaise longue. Elle avait fait de même en début de matinée et y serait bien rester si sa peau toujours pas habitué au soleil n’avait menacée de roussir à toute vitesse.

Elle terminait de rendre la cuisine praticable lorsqu’il revint pour lui parler de repas et de barbecue. A la base elle avait prévu d’en faire ce soir, mais il fallait manger quelque chose.

« - Tu as de quoi dans le frigo. Sers-toi. »

Elle le laissa piocher la viande acheté la veille et ressortir. Quelques minutes plus tard, elle terminait son nettoyage et sortit sur la terrasse, chapeau fermement vissé sur le crâne et deux bière mexicaine à la main.

« - Tien, dit-elle en tendant une des bouteilles. Alors ça cuit ? J’ai pas osé démarrer ce truc de peur de cramer tous le quartier. »

Zander sourit en voyant que Nadja avait prévu de faire un barbecue à un moment donné. Ou plutôt qu'ils se servent du barbecue. Il ne voulait pas la vexer, mais il estimait que mieux valait qu'elle n'y touche pas vu les catastrophes qu'elle déclenchait à chaque fois qu'elle tentait de se servir un appareil de cuisine.

Il prit un assortiment de brochettes en se demandant ce qu'il pourrait faire en guise d'accompagnement quand il avisa un sac de pommes de terre. Il en prit quatre qu'il posa sur le plan de travail.

« Est-ce que tu peux les trancher dans la longueur puis les badigeonner d'huile d'olive et les parsemer de thym, s'il te plaît ? Et s'il y a de la salade, ce serait bien aussi, non ? Et il y a quelque chose pour le dessert ? » lui demanda-t-il avant de ressortir s'occuper de mettre le barbecue en marche.

Elle n'était pas capable de faire cuire quoi que ce soit, mais elle maniait le couteau à merveille et s'en sortait très bien tant qu'il s'agissait de préparer les choses. Et ça tombait bien, car lui n'aimait pas vraiment la phase de préparation, surtout lorsqu'il y avait des légumes. Et c'était aussi un bon moyen de la faire participer.

« Je crois que c'était une sage décision. » répondit-il sérieusement en souriant avant de prendre la bouteille de bière qu'elle lui tendait quand elle lui dit qu'elle avait préféré ne pas allumer l'appareil. Au moins, elle était parfaitement consciente de ses difficultés et des risques que cela créait. Il n'osait imaginer ce qu'il se passerait si ce n'était pas le cas.

« Merci. Et oui, ça cuit. » ajouta-t-il tout en continuant de surveiller la viande et en rajoutant les pommes de terre.

C'était la première fois qu'il se servait d'un barbecue et il n'était pas à l'abri d'un désastre lui aussi s'il ne faisait pas attention. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai car Ethan l'avait initié à cet art subtil que devait maîtriser tout bon américain qui se respectait. Du moins, selon les dires de l'instructeur.

Un quart d'heure plus tard, ils étaient assis à table en train de profiter de leur premier repas chez eux.

« Il y a quelque chose de prévu cet après-midi ? J'ai la permission de quitter le périmètre si je suis accompagné. Cadeau de mes instructeurs. » fit-il avant de secouer la tête en réalisant qu'il avait encore utilisé du jargon militaire. Décidément, l'armée avait un peu trop déteint sur lui pendant ce stage.

Nadja se retrouva avec des pommes de terres sur la table et un couteau dans la main.

« - Tu sais, s’amusa-t-elle, j’ai lu quelque part que l’épluchage de patate était une punition chez les militaires. Dois-je comprendre que tu n’es pas satisfait de quelque chose ? »

Elle souriait de toute ces temps en le taquinant, le couteau allant et venant sur les légumes avec dextérité. Une odeur de viandes grillées emplissait à présent le petit jardin et son estomac commençait à faire des bonds. Elle dressa la table à l’extérieur, bien protégé du soleil (et de la présence menaçante du ciel) par un parasol et son propre chapeau et y déposa deux nouvelles bouteilles de bière fraîche.

« - Rien de prévu pour l’instant, réfléchit-elle. Mais je n’ai pas encore eu l’occasion de vraiment visiter la ville. Et je crois qu’il y a des ballades en montagne également. Mais il nous faudra un moyen de transport. Ça me fait penser, un caporal qui habite deux rue plus loin m’a proposé de nous prêter des vélos. Ce sont des engin roulant sans moteur. J’ai pas encore pu essayer mais apparemment c’est très amusant.»

Elle avait vu plusieurs personne s’en servir depuis son aménagement et avait une envie certaine de s’y essayer.

Zander éclata de rire concernant les pommes de terre. Il n'avait pas du tout penser à cela, mais il se souvint avoir entendu quelque chose là-dessus et les corvées de latrines en guise de punition chez les militaires. S'il devait choisir, il préférait encore éplucher des pommes de terre.

« Je n'ai absolument rien à te reprocher. C'est d'ailleurs bien pour ça que je ne t'ai pas demandé de les peler. » répondit-il avec un grand sourire.

Il s'installa à la table et attaqua joyeusement son assiette tout en écoutant de Nadja sur le programme du reste de la journée.

« Je ne connais pas du tout la ville. Tout ce que j'en ai vu c'est une pizzeria et l'hôtel du SDT. Et la maison d'Ethan une fois, Mais ça s'arrête là. Et du vélo ? J'en ai déjà vu à la télé et l'un des pilotes en parle sans arrêt. Quand il n'est pas dans un cockpit, il est sur un vélo. Mais les seuls que j'ai utilisés jusqu'à maintenant, ce sont ceux de la salle de sport. Les autres… Mais ce n'est pas trop compliqué à apprendre ? »

La machine en question le laissait quelque peu dubitatif du fait de l'absence de moteur. Il se demanda comment de temps cela allait prendre pour maîtriser l'engin, car cela devait tout de même demander quelques heures pour prendre le coup au niveau de l'équilibre et de la stabilité. Quand à circuler dans une ville qu'il ne connaissait pas et dont il ignorait les règles de fonctionnement, il n'osait même pas y penser lors de leur premier essai. Ceci dit, en tant pilote, apprendre à manœuvrer d'autres engins, aussi saugrenus soient-ils, faisait partie des défis du métier. Il voulait juste éviter de passer son après-midi à cela.

« Ils ont aussi des taxis, j'imagine ? Au pire, on peut toujours en prendre un pour aller se balader en ville, si ce n'Est pas possible à vélo. J'ai aussi entendu parler d'un parc qui est l'une des attractions de la ville. Ça ne devrait pas trop être compliqué d'y aller. Enfin, je suppose. » dit-il.

Ce serait assez facile de vérifier sur Internet après le repas, en tout cas.

« - Oui il y a des grands amateurs de vélo dans le coin. J’avoue que ça m’intrigue pas mal, je ne comprend pas bien ce qu’on en retire. Mais il doit bien y avoir une raison. J’ai vu des enfants s’en servir également, donc ça ne doit pas être si compliqué à conduire. »

Elle s’arrêta, pour avaler une bouchée puis reprit.

« - En parlant de conduire, il y a les voitures aussi. Apparemment, il faut un permit pour en conduire une mais je m’y essaierai bien. Ça devrait t’intéresser aussi non ? Ca n’a pas la classe de Stella évidemment, mais si j’ai bien comprit, c’est un vrai mode de vie ici.  J’ai vu celle de Xinan hier matin, c’est une machine impressionnante.»

Zander lui proposa quelques destinations qu’elle approuva. Elle se leva et revint quelques secondes plus tard avec un livret présentant la ville.

« - Pas sur que le type qui a écris ce guide est songé aux extraterrestres. Ah j’ai trouvé ton parc... Le Jardin des Dieux. Ça me semble pas mal pour un premier après midi. Et ils disent qu’on peut y louer des vélos, justement. Au moins, personne ne nous verra nous casser la figure. »

Elle termina son assiette et retourna dans la cuisine pour récupérer un carton dans le frigo qu’elle déposa sur la table.

« - J’ai craqué pour les donuts d’un food-truck à coté. Impossible d’en prendre qu’un seul… A chaque fois que j’y vais, je reviens avec une dizaine. »

Zander haussa les épaules à son explication. Son enthousiasme faisait plaisir à voir, mais il était plutôt terre-à-terre avec ce genre d'apprentissage. Ce n'était pas parce que des enfants s'en servaient que cela était facile pour autant. Ni lui ni elle ne savait comment ils apprenaient ni combien de temps cela leur prenait pour maîtriser un vélo.

« Même si ce n'est pas sorcier, je préférerais tout de même qu'un expert dans l'utilisation de cette machine m'explique comment ça fonctionne et les bases. Parce que quelque chose me dit que cela demande tout de même un minimum de pratique avant de pouvoir partir à l'aventure avec. Et les règles qui s'appliquent lorsqu'on se déplace avec. Il y en a toujours… »

Quand elle parla des voitures, il soupira doucement à l'idée de devoir encore apprendre quelque chose. Il venait juste de venir à bout de son programme et l'idée de recommencer le rebutait un peu. Il avait décidé d'attendre quelques mois pour réfléchir à la question et prendre une décision sur ce qu'il souhaitait faire ensuite. Mais il savait que c'était inévitable à long terme. S'il voulait vraiment obtenir une licence d'ambulancier, il devrait apprendre à conduire une ambulance à une moment donné. Alors une voiture, pourquoi pas, mais cela demanderait unc ertain temps et surtout, de le faire ici.

« Il y a des engins qui ressemblent aux voitures sur Hébrida. J'ai appris à les conduire, mais je ne sais pas si leur maniement est similaire à ceux de la Terre. Et j'en ai un à bord d'ailleurs, mais je n'ai que très rarement l'occasion de l'utiliser, en fait. Et il aurait besoin de passer entre les mains d'un véritable technicien pour une vérification générale. »

Il la regarda partir puis revenir avec une brochure de la ville. Il l'a prit et consulta la page qu'elle avait trouvé parlant du parc et hocha la tête.

« Oui, c'est celui-là. Pour les vélos, on verra. J'aimerais bien rentrer en un seul morceau. »

Quand elle repartit une deuxième et revint avec les donuts, il ne put s'empêcher de rire. Il connaissait son goût pour tout ce qui était sucré et n'était donc pas vraiment surpris.

« Oh je vois. Ça explique certaines choses. » dit-il avec un grand sourire taquin.

Nadja leva les yeux au ciel en soupirant avec emphase.

« - Tu parles d’un aventurier… Les règles, l’apprentissage… Ou est ton gout de l’adrénaline ? »

Elle le taquinait bien sûr, ayant vécue ave des règles toutes sa vie et s’y complaisant parfaitement. Et il n’avait sans doute pas tort, ça n’était pas le moment de faire des écarts. IL n’avait toujours pas de droit de résidence permanent et le sien était plutôt jeune. Inutile de se faire remarquer tout de suite.

Elle fut surprise qu’il ne soit pas plus intéressé par les voitures. Elle même avait très envie de conduire ce genre d’engin et elle aurait pensé que ca le tenterait aussi. Mais peut-être avait-il seulement besoin d’un peu de repos.

« - Ah c’est ça le truc au fond de la cale sous la bâche ? Je me posais la question l’autre jour. Faudra que tu me fasses essayer à l’occasion Et il doit y avoir des techniciens sur la station qui adorerait voir comment ça fonctionne. »

Son commentaire sur les donuts lui coupa un instant la chique avant qu’elle ne prenne un faux air outré.

« - Dis donc, si mes rondeurs te déplaisent, faut le dire hein. Je ferai un peu plus de sport et ça ira mieux. Mais tu m’accompagne, évidemment. »

Ce qui ne l’empêcha pas d’engloutir un donut gorgé de sucre, puis un second dans la foulée. Elle le paierait un peu plus tard, mais tant pis, c’était trop bon.
Une fois la table rangée et les quelques rare restes mis au frais, elle prit son compagnon par le bras et déposa un baiser sur ses lèvres.

« - On y va ? »

Zander haussa les épaules. Son goût de l'aventure avait pris du plomb dans l'aile lors de sa dernière mission qui l'avait envoyé dans le passé et il était désormais plus circonspect.

« La Terre semble avoir un goût immodéré pour les règles, tout comme l'armée. Et mieux vaut s'y conformer pour éviter les ennuis de toutes sortes. Et j'ai beau aimer l'aventure, ça ne veut pas dire que je suis téméraire pour autant. Prudence est mère de sûreté, comme on dit ici. »

Il hocha la tête pour confirmer que c'était bien son véhicule terrestre qui se trouvait sous la bâche et sourit à la mention des techniciens de la station pour le faire vérifier.

« Ça, je n'en doute pas. Mais j'aimerais autant qu'il reste en un seul morceau et le récupérer vite. Cela me semble un peu difficile vu la tendance des techniciens, sans parler des scientifiques, à tout vouloir démonter et analyser dans les moindres détails, ce qui pourrait prendre un certain temps. Après, pour le conduire, il suffit de se poser sur une planète tranquille et de le sortir. Je suis sûr qu'on pourra faire ça un jour. » fit-il.

Il rit à son air faussement outré. Par contre, la mention du sport le fit lever les yeux au ciel. Il en avait assez fait pour le moment et Ethan l'attendait de pied ferme sur la station pour continuer son programme.

« Je vais passer pour le sport pendant quelques jours. Mais après pourquoi pas. Enfin, tout dépend de ce que tu veux me faire faire… Et je t'aime telle que tu es, défauts, qualités et rondeurs incluses. Non pas que tu en es d'ailleurs. Tu es très bien comme ça. » fit-il en souriant, ce qu'il pensait sincèrement.

Il se leva et l'aida à débarrasser puis lui rendit son baiser.

« Allons voir ton caporal qu'il nous initie aux joies du vélo. »

Il la suivit dans le quartier jusqu'à destination. Le caporal leur expliqua comment se servir du vélo et leur fit une démonstration avant de les laisser apprivoiser leur nouvelle monture, sous sa surveillance et en leur donnant des conseils au fur et à mesure.

Il fut vite évident qu'il leur faudrait plus d'une séance pour maîtriser les vélos. Il avait compris assez vite la théorie, mais la mise en pratique s'avéra nettement plus laborieuse et il se retrouva plus d'une fois par terre. Au bout d'environ une heure, il décida que cela suffisait.  Il déposa le vélo et fut assailli par deux enfants du quartier qui les observaient depuis le début, son charme fonctionnant aussi bien sur les enfants que les adultes.

Il leur fit un grand sourire et les suivit en prenant un air fasciné lorsqu'ils lui montrèrent une trottinette et lui firent essayer. C'était nettement plus facile que le vélo, mais il n'était pas certain d'en voir l'intérêt pour se déplacer. En revanche, les rollers attirèrent un peu plus son attention, mais il n'eut pas l'occasion de les essayer, faute de paire à sa pointure. Il remercia tout ce petit monde et le caporal avant de rejoindre Nadja.

« C'était… intéressant et instructif, mais je ne crois pas que nous soyons prêts à visiter le Jardin des Dieux à vélo pour l'instant. On va devoir se contenter de nos pieds pour cette fois. On appelle un taxi pour y aller ? » lui demanda-t-il.

Consciente qu’Emy était encore entière uniquement grâce à l’intervention du docteur Sincet, Nadja ne put qu’approuver.

« - Ils veulent comprendre tout nouveaux jouets qui passe à leur portée. Je suppose que c’est… humain. Faut être honnête. Présente-moi un nouveau flingue et je n’aurai qu’une envie, l’essayer. »

Elle sourit quand le pilote freina des quatre fers au sujet du sport mais ce sourire se figea à la suite. Avait-il vraiment dit ça ? Ou son imagination lui jouait-elle des tours ? Il ne s’en était visiblement pas aperçu, comme si c’était totalement banal. Ça l’était peut-être pour lui d’ailleurs, ça n’était pas la première fois qu’ils avaient une différence culturelle. Mais ça n’était pas son cas et… et…

Son cerveau était définitivement congelé, ces jambes en cotons et son estomac retourné par une vielle terreur née de son manque d’assurance et de sa propre histoire.
N’empêche qu’il venait de lui dire qu’il l’aimait… comme ça, entre deux bouché de dessert ! Et elle était totalement incapable de lui répondre, sauf par des bafouilles ridicules qu’elle parvint à retenir à grand peine.

Quand il l’embrassa quelques minutes plus tard, elle se serra contre lui un peu plus que d’habitude avant de s’éclipser aux toilettes pour calmer sa crise d’anxiété. C’était idiot, elle le savait parfaitement, mais ses relations ne s’était jamais bien finie, et puis c’était le futur président et puis il y avait les bracelets et puis, et puis, et puis… Et merde !
Dans ses circonstances, c’était souvent Mei qui venait lui botter le cul, mais cette fois ce fut le fantôme de Naomie qui vint la secouer. Telle qu’elle l’avait vu la dernière fois, en uniforme de capitaine, du sang qui lui coulait d’une profonde coupure sur le front, les yeux injectés de sang, belle, froide et sure d'elle.

« - Tu vas profiter de ce que t’as, bordel de merde ! la secoua-t-elle. T’as la chance d’avoir une seconde vie. Tu fais quoi dans ces chiottes ? Sors de la, maintenant.»

Après s’être passé de l’eau sur le visage, le sergent-chef obéit aux ordres et revint vers son mari, sourire retrouvé.

« - Ok allons-y. »

Monter sur vélo se révéla bien moins facile qu’elle ne l’avait imaginé et elle se retrouva cul par-dessus tête dans des massifs de fleurs à plusieurs reprises, au grand dam de l’épouse du caporal mais à la grande joie de leurs enfants.

Finalement, ils décidèrent d’aller au parc en taxi, ce qui semblait la sagesse même et elle passa le trajet, la tête sur l’épaule de Zander, les yeux fermés, un sourire doux sur le visage.

Zander dut se faire violence pour ne pas montrer, ou trop, que c'était l'une des premières fois qu'il voyait la ville, et la Terre d'ailleurs, en plein jour. Jusqu'à présent, il était surtout venu la nuit en étant limités à des lieux très précis ,et de jour, il n'avait vu que le quartier résidentiel du SDT. Alors il se contenta d'observer silencieusement le paysage qui défilait, sans faire de commentaire, même s'il en mourrait d'envie, un bras autour des épaules de Nadja, un sourire content sur le visage.

Une fois arrivés au Jardin, ils se rendirent au centre d'information et récupérèrent un plan du site avec la carte des sentiers. Ils optèrent pour un sentier d'environ 5 kilomètres de difficulté modérée moins fréquenté, car moins accessible, qui faisait le tour du parc en passant par le centre d'intérêt majeur, les pics jumeaux.

« Des cailloux, des montées et des descentes… » râla-t-il doucement un bout d'un moment.

Il grommela des choses du même acabit à plusieurs reprises au cours de la balade, sans pour autant perdre sa bonne humeur. Il avait des courbatures partout en raison de son stage et le terrain sur lequel ils évoluaient ne manquait pas de le lui rappeler avec insistance. Sauf qu'il ne portait pas son barda et que le paysage était autrement plus joli, sans parler de la compagnie. Et il pouvait avancer à son rythme pour prendre le temps de tout apprécier, ce qu'il ne se priva pas de faire.

Une fois revenu à leur point de départ, ils décidèrent de se rendre dans le centre commercial que Nadja connaissait pour remplacer le pot brisé de la cafetière. Une fois à l'intérieur, il s'arrêta quelques secondes pour regarder autour de lui. Au final, cela ressemblait assez à n'importe quelle station spatiale qu'il avait fréquenté, en beaucoup plus lumineux et avec un choix de produits totalement différents. Il la regarda avec un air interrogateur :

« Tu sais où il faut aller exactement ? » lui demanda-t-il tout en continuant à observer avec une grande curiosité l'activité des les lieux et les différents magasins autour.

[HRP : Il y a deux photos des fameux rochers dans ce RP libre : https://sgz-rpg.forumactif.org/t2237p25-visite-a-domicile]

Nadja aurait voulu que le trajet en taxi dure plus longtemps. Les mot de Zander tournait toujours dans sa tête et elle en savait toujours pas comment réagir, si tant est qu’elle devait réagir. A présent que son insécurité lui lâchait un peu la grappe, elle se sentait un peu sur un nuage et appréciait cette sensation comme il se doit.

Le parc se révéla bien plus grand qu’elle ne l’avait imaginé et la ballade fut longue et des plus agréable. Zander rallait pour la forme mais elle voyait bien qu’il prenait un réel plaisir à être en extérieur. Pour sa part, elle remerciait le chapeau à large bord posé sur sa tête, ce qui ne l’empêchait pas de se régaler également.

Une fois au sommet, elle fut surprise d’y découvrir des formations de roches étranges qui donnaient leur nom au parc. Elle n’avait jamais rien vu de semblable évidemment et resta un long moment a observer le paysage, ce qui permit à Zander de la rejoindre.

« - Ben alors, le taquina-t-elle, avec tout ton entrainement de ces derniers jours, j’aurai cru que tu me laisserai loin derrière. »

Ils redescendirent finalement et plutôt que de rentrer de suite firent un crochet par le centre commercial ou elle était venue plusieurs fois afin de remplacer la machine a café. Comme à chaque fois, elle fut surprise par le monde et la profusion de marchandise. Zander semblait plus habitué, mais pas moins perdu qu’elle a sa première venue.

« - Par-là, il me semble, répondit-elle. Je crois avoir vu une boutique de café la dernière fois que je suis venue. »

Elle le guida vers la boutique en question, qui, étonnement, s’avéra être juste a cote d’un chocolatier.

Zander arriva au sommet et grimaça, amusé, à la remarque de Nadja qui l'attendait au sommet.

« Oh, j'aurais pu sans aucun problème si j'avais su que c'était une course, mais j'ai décidé de prendre mon temps pour profiter du paysage. » fit-il avec un grand sourire.

Il en profita pour utiliser une fonction de son bell qu'Ethan lui avait récemment montrée et prit une photo d'eux deux au pied des formations rocheuses du parc et l'envoya à Nadja. L'instructeur avait été surpris lorsque son protégé lui avait demandé comment faire pour obtenir ce genre d'images et il s'était fait une joie de lui expliquer.

Une fois dans le supermarché, il la suivit, naviguant entre toutes les personnes présentes. Quand ils arrivèrent devant la boutique, il vit qu'elle était beaucoup plus intéressée par sa voisine, une chocolaterie. Il leva les yeux au ciel, connaissant son amour immodéré pour le chocolat. Il posa une main sur son épaule et la guida vers le magasin dans lequel ils devaient aller.

« D'abord la corvée et ensuite, la gourmandise. » lui souffla-t-il à l'oreille, anticipant ses protestations et sachant qu'il n'échapperait de toute façon pas à une visite à côté. Mieux valait se débarrasser de ça d'abord, sinon ils risquaient de ne pas le faire s'ils ne commençaient pas par ça.

Alors qu'il venait de mettre la main sur le fameux pot pour la cafetière, il fut alpagué au détour du rayon par une démonstratrice qui lui proposa de lui montrer leur dernière nouveauté en matière de machine à café à capsule. Quand il comprit de quoi il s'agissait, il attira Nadja vers la table, au grand désarroi de la vendeuse, qui tentait de le charmer sans vraiment se cacher.

« Regarde, ça va t'intéresser. C'est ce genre de machine dont je t'ai parlé. » dit-il, totalement imperméable à l'attitude de la vendeuse. À vrai dire, il s'en contrefichait royalement et l'ignorait superbement depuis le départ, en dehors du minimum de politesse requis et de la discussion concernant la machine.

Il ne savait plus quand il avait évoqué le sujet, mais maintenant qu'elle, enfin ils, avaient un domicile sur Terre, ils pouvaient s'intéresser à la question et y réfléchir plus sérieusement.

La machine se contentait d'ailleurs pas que de faire du café, mais aussi du thé et du chocolat et le fonctionnement était relativement simple. Il suffisait de mettre de l'eau dans le réservoir, d'insérer la dosette et d'appuyer sur un bouton, puis la machine se chargeait du reste. Même Nadja devrait être en mesure de faire ça sans faire exploser le quartier. Enfin, il l'espérait en tout cas. Il restait à savoir la qualité des produits proposés, lui préférant le thé au café.

« Alors, tu en penses quoi ? » lui demanda-t-il une fois la démonstration terminée.

« Et on n'est pas obligés d'acheter tout de suite, mais si ça t'intéresse, on peut y réfléchir. » ajouta-t-il avec un sourire.