Baby come back

Il y a des semaines qui vous paraisse durer une éternité. Et celle-ci avait été encore plus longue. Consciente que son état de nerf n’était pas dû à sa situation, Nadja avait essayé de tenir un profil bas au maximum. Elle ne voulait pas risquer de s’en prendre à quelqu’un par accident. L’exercice de déploiement dans la jungle fut un succès et l’urgentiste sélectionné par Mei eut droit à sa tournée avec les commandos à leur retour à bord. Il se souviendrait sans doute longtemps de la soirée, mais au moins avait-il été accepté dans l’équipe sans réserve.
Le reste du temps, elle l’occupa à rattraper son retard administratif et prévoir des entraînements pour les civils et les militaires. A son retour à la station, elle pourrait exposer ses idées au capitaine, qu’elle avait soigneusement évité jusqu’à présent.

Si elle se contrôlait à peu près en journée, les nuits n’étaient guères agréables. Ses cauchemars étaient violents et elle se réveillait deux à trois fois par nuit, malgré les sédatifs prescrit à l’infirmerie. Elle avait dû dormir par terre la nuit précédente, son lit définitivement hors d’usage.

Dès que l’Achille jaillit de l’hyperespace elle fut en salle de téléportation. Ce que lui avait appris son amie médecin lui tournait toujours dans la tête. Zander avait remonté le temps et passé plusieurs jours, la pour elle ne s’écoulait que quelques heures. Quatre jours de plus. Elle n’était pas sure qu’elle l’aurait supporté… et Zander n’avait pas sa discipline. Dans quel état allait-elle le retrouver ?

Un bref contact avec Stella l’informa que son mari dormait sur la station depuis quelques jours et elle se fit téléporter là-bas, directement devant la porte. Elle aurait sans doute pu demander à être matérialisé directement à l’intérieur mais elle ne voulait pas paraitre trop brutale.

En se retrouvant devant une porte inconnue, elle fut désorientée un instant. La chambre de Zander était à cot… Un hurlement interrompit ses réflexions et elle ne se posa plus de question. Un violent coup de pied fit voler le loquet et elle rentra dans la pièce obscure prête à en découdre !

Zander était en nage et son coeur battait la chamade. Il regarda autour de lui, perdu, le cerveau encore à moitié endormi, la dernière image du cauchemar toujours imprimé dans son esprit, pour voir où il se trouvait.

La porte s'ouvrit tellement brusquement qu'il sursauta violemment, retenant de justesse un cri, et se reculant précipitamment dans son lit jusqu'à toucher le mur. Il tenta de refreiner sa peur toujours rampante née de son cauchemar, sans grand succès, et celle-ci repris le dessus.

« Non, non ! Ne me faites pas de mal ! Laissez-moi tranquille ! Allez-vous-en ! Je n'ai rien fait, ce n'est pas moi ! » dit-il précipitamment, la panique refaisant surface dans la voix.

Il prit soudain conscience que ce qu'il venait de dire et son attitude n'allaient certainement pas jouer en sa faveur. Il devait avoir l'air d'un malade en plein délire et, vu ses antécédents, cela ne surprendrait probablement personne qu'il perde à nouveau la tête et agisse de la sorte.

« C'était juste un mauvais rêve… mais je vais bien, je vous assure. Pas de quoi s'affoler... » tenta-t-il, la panique toujours présente dans sa voix, malgré tous ses efforts pour se maîtriser.

Il ne voyait pas de qui il s'agissait, mais s'attendait à voir la sécurité s'approcher et l'embarquer manu militari, soit pour le jeter dans une cellule jusqu'à ce qu'il se calme soit pour l'emmener à l'infirmerie pour qu'on lui administre un sédatif, voir les deux. À tout bien y réfléchir, le sédatif ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. Il était certain qu'il n'arriverait pas à refermer l'œil de la nuit et se demandait s'il arriverait tout simplement à dormir le lendemain. Penser qu'il pourrait faire à nouveau ce cauchemar l'en empêcherait sans aucun doute et lui donnait déjà des sueurs froides, alors peut-être que cette solution était en fin de compte une bonne chose pour lui et pour tout le monde.

Nadja frissonna involontairement en entendant Zander paniquer complètement alors qu’elle rentrait. Qu’est-ce qui pouvait le paniquer à ce point ? Elle rentra dans la pièce obscure, prête à arracher les yeux à n’importe qui s’en prenait à son mari.

Mei lui avait parlé d’ennemi invisible récemment…… Comment les repérer ? Ou étaient-ils ? Dans son dos ? Elle n’entendait que sa propre respiration et Zander qui continuait à parler et expliquait qu’il avait fait un mauvais reve…
Un mauvais rêve ? Comment ça un mauvais rêve ?

« - Calme toi, c’est moi ! »

Soulagée, elle s’installa sur le lit pour le prendre dans ses bras. Elle qui rêvait d’un retour romantique, c’était loupé. Mais bordel que ça faisait du bien de le tenir contre elle. Lentement, elle laissa la sensation de bien-être distillée par son bracelet l’envahir. L’artefact lui avait mis les nerfs à rude épreuve ces derniers jours, autant qu’elle en profite maintenant.

Elle le sentit aussi se calmer mais plus lentement qu’elle. Il avait du vivre un enfer ces derniers jours.

« - Ça va aller, murmura-t-elle à son oreille, je suis la. »

Elle le voyait mal, dans la chambre seulement éclairé par la lumière du couloir mais s’était finalement heureux. Inutile qu’il voit les larmes de soulagements qui lui piquait les yeux.

« - Je crois que j’ai un peu cassé ta porte, avoua-t-elle un peu piteuse après une bonne minute. »

Dernière édition par Nadja Cook le Mar 4 Sep 2018 - 9:16, édité 1 fois

« - C’est vraiment moi, répondit-elle. Je vais bien. Je vais bien. »

Etait-il dans un tel état parce qu’il s’était inquiété pour elle ? S’était flatteur mais terrifiant. Bien sûr, son histoire avec sa précédente amie penchait dans la balance. Une vague de culpabilisation passa sur elle quand elle songea à sa famille. Avaient-ils vécu dans une telle terreur au fil des années ? Bien sûr, ils avaient fini par s’y faire (et ils n’avaient pas de bracelet pour jouer avec leurs émotions) mais elle avait disparue à plusieurs reprises et même été déclarée morte une fois. Ils avaient toujours réussi à lui cacher leur inquiétude, plus ou moins, mais avaient-ils connus eux aussi de nuit de terreur ?

Les yeux définitivement humides, elle le senti lui caresser avant de l’embrasser, ce qui lui fit un bien fou, tout comme l’étreinte qui suivit. Ses pensées moroses disparurent aussi rapidement qu’elles étaient arrivées. Elle essayait de trouver quelque chose à dire, mais ne trouva rien de subtil ou de drôle à dire. Ça n’était pas son rayon. Elle se contenta de tenir Zander contre elle, totalement inconsciente du reste de l’univers.

Finalement, le détail de la porte revint la hanter. Elle lui souffla quelques mots doux avant de se décrocher de son étreinte et revenir vers le chambranle mutilé. Le pêne pendouillait lamentablement, un de ces gonds arrachés et la serrure avait disparue. Elle n’y était pas allée de main morte. Enfin de pied. Elle referma la porte comme elle put et la coinça avec une chaise. Au moins auraient-ils un peu d’intimité.

Ses chaussures et sa veste sautèrent en quelques secondes et elle se rallongea auprès de Zander avant de le reprendre dans ses bars à nouveau, la conscience maintenant tranquille.

Nadja n’avait pas aussi bien dormi depuis des jours. Pas de cauchemar, pas d’angoisse. Juste un nuage de coton noir dans lequel elle se reposa tout son soul pendant plusieurs heures.
Finalement, des coups sur lal porte la réveillèrent et, constatant que Zander dormait toujours, elle se leva pour expliquer ce qu’elle avait fait. Elle dut quasiment arracher la porte pour l’ouvrir et découvrit deux hommes de la sécurité visiblement peu satisfait de sa façon de traiter le matériel. Elle s’excusa, palabra quelques minutes, passa à deux doigts d’arracher les yeux d’un imbécile qui ne voulait rien comprendre et décida finalement de se téléporter sur Stella avec son propriétaire. Que ces idiots fassent tous les rapports qu’ils voulaient, elle s’en moquait éperdument

Le petit vaisseau les téléporta directement dans la chambre et elle se lova contre Zander après s’être totalement déshabillée. Cette fois, plus personne ne vint les déranger.

Nadja était dans le salon quand il se leva. Il avait mauvaise mine mais semblait un peu moins hagard qu’hier soir. Elle-même se sentait bien mieux elle aussi. A l’entrée de Zander, elle repoussa l’assiette devant elle. Celle-ci contenait un reste non identifiable tellement il était carbonisé.

« - Salut beau gosse, je te demande pas si tu as bien dormi… »

Elle l’enlaça pour l’embrasser avec plus de chaleur qu’hier soir, tous malaise envolé.

« - J’ai prévenu Xinan, au fait, expliqua-t-elle finalement. Il a dit que tu pouvais prendre la journée. »

Elle lui fit grâce des sourires grivois qui l’avaient profondément agacé. Ca n’était pas le moment de tout gâcher avec ses vieilles ranqueurs.

Zander sourit en voyant Nadja. Il ne doutait pas une seule seconde que peu importe où elle se serait trouvée et ce qu'elle aurait été en train de faire, Stella l'aurait avertie dans la seconde de son réveil et elle aurait débarqué quelques instants plus tard.

« Bonjour belle brune. J'ai très bien dormi. Mais pas assez. Je crois que si je ne mourrais pas de faim, je serai toujours en train de profiter du lit, d'ailleurs. » dit-il en s'approchant.

Il l'enlaça et lui rendit son baiser et resta ainsi pour profiter un peu de l'étreinte. Que ça faisait du bien...

« Tu m'as manqué, tu sais. Ça fait vraiment du bien de te revoir. » murmura-t-il.

C'était vrai aussi bien physiquement, que mentalement et moralement. Il regarda l'assiette sur la table et ne put s'empêcher de rire doucement en voyant le contenu.

« J'ai beau être affamé, je ne le suis pas au point de manger ça, peu importe ce que ça pouvait bien être à l'origine. » fit-il en désignant la chose carbonisée.

Il se dégagea pour aller chercher quelque chose à manger, même s'il serait bien rester plus longtemps comme ça, voir plus si affinités, mais il fallait absolument qu'il avale quelque chose avant. Il fronça les sourcils.

« Xinan ? Oh, tu veux dire le Dr Garett. Merci. Enfin, de toute façon, elle a dû se douter que je ne viendrais pas en apprenant que l'Achilles était rentré... Tout le monde doit être soulagé d'ailleurs. »

Il était parfaitement conscient qu'il n'était pas bon à grand-chose et que sa compagnie n'était pas des plus agréables ces derniers jours. Il savait aussi que les gens faisaient de leur mieux pour le soutenir, ou l'éviter, tout en le gardant à l'œil, guettant le moment où il disjoncterait pour de bon.

« Mais il faudra tout de même que je lui envoie un message pour m'excuser. Et j'ai quelqu'un d'autre à prévenir que je ne viendrai pas comme prévu. » dit-il, pensant à l'instructeur du JPS qu'il aurait dû voir après son service, mais cela, elle ne pouvait pas le savoir.

Un jour il faudrait qu'il lui demande pourquoi elle se référait toujours au médecin du JPS par le nom du symbiote et non celui de son hôte. Il devait y avoir une histoire là-dessous.

Il réalisa que ça allait être compliqué d'envoyer des message, vu qu'une bonne partie de ses affaires étaient en ce moment sur le JPS.

« Mon Bell doit être resté dans mes quartiers sur la station, je crois. D'ailleurs, comment j'ai atterri ici ? » demanda-t-il tout en fouillant congélateur et les placards dans l'espoir d'y dénicher quelque chose qui lui épargnerait un voyage immédiat sur la station, même si cela lui semblait inévitable à plus ou moins court terme.

Il réussit à dégoter deux portions individuelles de hachis parmentier et se demanda si son estomac capricieux le supporterait. Il verrait bien. Il dénicha aussi du jus de fruit, de la compote, une tablette de chocolat et du pain. Cela devrait faire l'affaire pour l'instant et il devait se montrer prudent de toute façon.

« Il va falloir que je m'occupe de nous faire ravitailler, sinon on va devoir aller au réfectoire pendant les prochains jours. » soupira-t-il en mettant les deux plats à chauffer, se disant qu'elle apprécierait probablement de manger quelque chose qui soit vraiment comestible.

« Café ? » lui proposa-t-il, tout en mettant de l'eau à bouillir, car lui opterait plutôt pour du thé qu'il supportait nettement mieux.

« - Vu l’heure qu’il est, pas étonnant que t’ai faim, s’amusa Nadja. »

Le baiser chargé d’émotion lui envoya des papillons dans le ventre. Voilà qui rappelait les premiers jours de leur relation, ce qui, a bien y repenser, n’était pas un mauvais souvenir.

« - Tu m’as manqué aussi. Et puis j’ai su ce qui t’était arrivé et je me faisais un souci de tous les diables. »

Elle rougit quand il commenta sa nouvelle catastrophe culinaire.

« - J’ai essayé de faire des pancakes, expliqua-t-elle. Même Stella n’a rien pu faire pour les sauver.
- J’ai au moins pu bloquer l’alarme antiincendie à temps, expliqua l’IA. Je dois dire que n’ai jamais vu des pancakes bruler aussi vite.
- C’est bien ma chance… »

Elle retourna s’assoir en le regardant officier dans la cuisine tout en l’écoutant. Quand il parla de prévenir quelqu’un d’autre, une pointe de jalousie s’enfonça dans son estomac. Elle s’agaçait elle-même quand elle réagissait ainsi, mais ne pouvait s’en empêcher.

« - Tu devais voir qui ? demanda-t-elle d’une voix qu’elle espérait la plus neutre possible. »

Il opta finalement pour des portions d’un plat qu’elle ne reconnut pas et elle répondit à ses questions pendant qu’il les mettait à réchauffer.

« - La sécurité du JPS a pas apprécié que je défonce ta porte cette nuit. Faudra que j’aille m’excuser d’ailleurs. J’ai senti qu’on allait se prendre la tête quand ils ont rappliqué alors je nous ai fait téléporter ici. Tu t’es quasiment pas réveillé. »

Inutile de lui rappeler ses cauchemars. Elle détestait le voir aussi vulnérable.

« - je veux bien un café oui… merci. »

Vu le désastre des pancake, elle n’avait pas osé préparer quoi que ce soit d’autre, de peur de rombre le confinement du réacteur.

Zander grimaça. Si seulement il avait juste faim à cause de l'heure. Il pensait surtout que le retour de Nadja venait de mettre fin à son régime forcé et que son organisme réclamait maintenant son dû à tous les niveaux, ce qui ne le surprenait pas. Il risquait donc de dormir et de manger pas mal dans les jours à venir pour compenser.

« Je crois que c'est aussi parce que je n'avale quasiment rien depuis une semaine. J'ai du retard à rattraper tant au niveau du sommeil que des repas. » fit-il en soupirant, conscient que ses propos ne risquaient certainement pas de la rassurer.

« Je m'inquiétais aussi pour toi. Je savais juste que tu étais en vie par le biais du Dr Garett, mais c'est tout.» dit-il doucement avant de s'éloigner.

Il ne put s'empêcher de rire à sa mésaventure culinaire. Elle était vraiment un désastre ambulant dans ce domaine et il se demandait s'il arriverait à lui apprendre quelque chose sans faire exploser son vaisseau, ou sa future maison, au passage.[/i]

« Peut-être que je devrais commencer par t'initier à l'art subtil de l'utilisation du micro-ondes et de la bouilloire. Je suis sûr que c'est à ta portée. Et même Stella peut te superviser pour ça quand je ne suis pas là. » proposa-t-il.

Il s'attendait à ce qu'elle lui demande qui il devait voir. Avec quelqu'un d'autre, il aurait probablement fait une blague sur un pseudo rendez-vous galant. Mais connaissant Nadja, il préféra éviter de mentionner une quelconque blonde pulpeuse, aussi inexistante soit-elle.

« L'instructeur du JPS. » répondit-il simplement.

Il se fit la réflexion qu'il avait intérêt à lui fournir quelques explications supplémentaires sur les raisons de cette rencontre, vu la méfiance instinctive qu'il éprouvait face aux instructeurs et le fait qu'il ne suivait plus ses classes.

« Il y a quelques jours, je m'entraînais au gymnase et j'ai failli faire un malaise. Il se trouvait là, il m'a aidé puis on a discuté. Il m'a proposé de me montrer des exercices de relaxation pour gérer le stress et me détendre. Et j'ai accepté. » fit-il, l'air de rien, vu l'aspect peu glorieux de l'histoire.

Mais cela leur avait permis à tous les deux de mettre les choses au clair concernant les motifs qui l'avaient poussés à déserter son cours. Ethan n'avait pas semblé surpris, conscient des réticences et la résistance de son élève sans en comprendre les raisons, et il avait apprécié d'avoir enfin une explication. Il avait ainsi de quoi réfléchir pour voir s'il pouvait trouver une solution.

Zander lui, avait considéré qu'il n'avait rien à perdre à dire oui à sa proposition, d'autant que rares étaient ceux qui l'approchaient en dehors de l'infirmerie, surtout à ce moment-là. Et il ne l'avouerait pas d'emblée, mais cela lui avait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler en dehors du personnel médical et pour lui changer un peu les idées une fois son service terminé.

Quand elle lui expliqua comment il était retourné sur Stella, il tressaillit et se figea quelques secondes lorsque la dernière image de son cauchemar s'imposa à son esprit, ainsi que la suite des événements lui revint.

Il prit une grande inspiration et expira lentement, aussi discrètement que possible pour dissimuler son malaise. Elle n'évoqua pas les raisons qui l'avaient poussées à agir ainsi, ce dont il lui fut silencieusement reconnaissant. Mais ce serait certainement mieux qu'il lui en parle à un moment ou un autre... peut-être... plus tard... ou pas...

« Rien n'aurait vraiment pu me réveiller, je crois. Et tu as défoncé la porte de mes nouveaux quartiers ? Ça fait à peine quatre jours que j'y ai emménagé. Y a pas que la sécurité qui ne va pas apprécier. Tu sais, tu peux entrer tout à fait normalement. Je me suis assuré que les accès te soient fournis. » dit-il en secouant la tête, même si cela l'amusait beaucoup.

Il sortit les plats du micro-ondes et les posa avec tous les victuailles sur la table avant d'aller chercher le café et sa tasse de thé.

« On devrait aussi pouvoir t'apprendre à te faire du café et je vais m'assurer qu'il y ait des choses que tu puisses manger sans avoir à les faire cuire au préalable. Si jamais tu arrives à maîtriser le micro-ondes, ce sera un grand pas en avant et cela changera pas de choses. » dit-il en souriant.

Il regarda son plat d'un air hésitant et commença à manger lentement.

Nadja fronça les sourcils en comprenant pourquoi Zander avait l’air si amaigri. S’il se laissait dépérir à chacune de ses absences, ça allait vite être un problème.

« - Il ne nous est pas arrivé grand-chose, tu sais. A part une histoire de jeux vidéo un peu malsain. C’est toi qui a sauvé le monde, si j’ai bien compris. Faudra que tu me racontes. »

Elle ne répondit rien à sa proposition d’apprentissage d’ustensiles de cuisine. Elle avait l’impression d’être une enfant sur ce sujet, c’était pénible.
Il du sentir sa pointe de jalousie car il lui expliqua qui il devait voir dans la journée.

« - Hum oui, on se connait. C’est un type bien, et il sait ce qu’il fait. On a fait quelques rounds ensemble il y a quelques mois. Il est très bon. »

Elle avait bien pensé à le rencontrer pour évoquer le cas de son mari avec lui et lui donner quelques clés pour l’aider à gérer par le sport ces moments de stress. Il faut croire qu'il avait trouvé tout seul comment faire. Elle lui devait une bouteille.
« - Je suis vraiment désolée pour ta porte… Je t’ai entendue crier et j’ai pas réfléchie. J’ai pris une bouffée de panique et de colère… J’ai pas réfléchie une seconde. Comme d’habitude je suppose. »

Elle n’en était pas très fière, évidemment, et devrait encore remplir un rapport. Un de plus.

« - Merci, dit-elle simplement en attaquant son plat avec appétit. Même sur ta planète on pas les distributeurs ou on peut commander un thé earl grey brulant en pressant un bouton ? Ça me serait bien utile. »

Il ne lui fallut que quelques minutes pour finir son plat. Elle avait une faim de loup, découvrit-elle, n’ayant rien engloutie depuis hier soir.

« - Tu sais, il y a magasin d’alimentation près du quartier de Colorado Springs. Ça serait plus sympa  que de commander à l’intendance, pour une fois, tu trouves pas ? "

Dernière édition par Nadja Cook le Mar 11 Sep 2018 - 23:50, édité 1 fois

Zander se contenta d'hocher la tête quand elle lui toucha deux mots de sa mission, même s'il ne comprit pas ce qu'elle voulait dire.

« Oh, rien de passionnant, juste la routine. Voyage dans le temps, Paris dans les années 1900, exposition universelle, guillotine, fusillade, infiltration et Tonatiuth... Rien d'extraordinaire en somme. » répondit-il à propos de la sienne, sans s'étaler plus sur le sujet.

Il se contenta de hocher la tête quand elle parla de l'instructeur. Il n'était pas surpris qu'elle le connaisse et qu'elle ait fait quelques combats d'entraînement avec lui. Et il était toujours bon de savoir qu'il maîtrisait son sujet. Mais sa méthode n'avait pas fonctionné avec lui. Il sourit à ses excuses.

« Ce n'est pas grave. C'est plutôt rassurant de savoir que ce n'est pas une porte qui t'arrêtera pour voler à mon secours en cas de besoin. N'empêche que la maintenance ne va pas être ravie d'avoir à intervenir deux fois la même semaine dans mes quartiers. Deux différents, en plus. Ils vont finir par me jeter de la station à ce rythme. Enfin, il faudra que tu visites les nouveaux de jour, façon de parler. » fit-il.

Son sourire s'élargit à la mention de la machine. Il voyait parfaitement à quoi elle faisait allusion.

« Hébrida ne connaît pas le thé ou le café pour commencer. Mais je pourrais lancer l'idée auprès de mes parents et des scientifiques. Ils adorent ce genre de défis. Qui sait, ils arriveront peut-être à en mettre une au point. Il me semble qu'il existe un type de machine ici qui s'en rapproche, mais avec un minimum d'opérations. Il suffit juste mettre de l'eau dans un réservoir et un sachet dans un emplacement prévu à cet effet et d'appuyer sur un bouton. Je ne sais pas si tu en as déjà vu ou essayé. » expliqua-t-il.

Il finit de manger en silence, ressassant son cauchemar. Au moins, son estomac n'avait pas l'air de protester, ce qui le rassura. Il réussit à finir son plat, une tranche de pain et une compote, bien plus que ces derniers jours et qui lui suffit amplement.

« Un magasin d'alimentation ? Je ne suis pas sûr de vouloir aller explorer un tel endroit pour le moment. Et cela ne me dérange pas de passer par l'intendance. Maintenant, je suis en mesure de leur dire s'il y a des choses que je veux et ils se chargent de compléter la livraisons avec une part de surprises. Je crois qu'ils adorent faire ça. Comme ça, je continue à découvrir des aliments de la Terre. » fit-il en haussant les épaules.

Il n'avait pas envie vraiment envie de descendre sur la planète, ou du moins pas pour aller fréquenter ce genre d'endroit bruyant et fréquenté, aussi surprenant que cela pouvait paraître. Il se leva et débarrassa avant d'aller s'asseoir sur le canapé, pensant toujours à la veille. Il devait avoir l'air d'un fou bon à jeter dans une cellule. Il n'aimait pas ça et encore moins quand elle le voyait dans cette état. Et il souhaitait s'expliquer et s'excuser pour la frayeur qu'il lui avait causée.

« Je suis désolé pour hier soir. Ce n'est pas comme ça que j'espérais t'accueillir. En fait, j'ignorais même quand tu allais revenir. Personne ne m'a tenu informé... Je ne sais ce que j'aurais fait si ça n'avait pas été toi qui étais entrée dans mes quartiers. Je pensais que c'était la sécurité qui venait m'embarquer pour m'enfermer croyant que j'avais perdu la tête pour de bon après m'avoir entendu hurler. Honnêtement, je ne peux pas leur en vouloir, mais j'aurais été capable de m'en prendre à eux sur le moment. Je n'avais pas les idées très claires à cause du cauchemar que je venais de faire... »

Il sentit les mots se coincer dans sa gorge. Il n'avait pas envie de continuer, mais ce mauvais rêve l'avait particulièrement perturbé, tout autant que sa réaction. Cela faisait très longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Il fixa le sol et pris une grande et lente respiration, se tordant les poignets.

« J'ai l'habitude de faire des cauchemars et je n'ai pas été épargné depuis ton départ, loin de là. Mais celui-là... c'était différent. » fit-il, taisant le fait qu'elle connaissait une fin prématurée dans presque tous.

Il grimaça, mais il ne pouvait pas tourner autour du pot indéfiniment et il en avait trop dit pour s'arrêter maintenant. Il n'avait plus qu'à se jeter à l'eau et voir comment elle réagirait.

« C'était celui de la mort de Leila, sauf que ce n'était pas elle qui mourrait, mais toi. Et encore une fois, je ne pouvais que regarder... » murmura-t-il.

Il ravala la douleur qui le tenaillait comme à chaque fois qu'il évoquait cet événement et tenta de le repousser le plus loin pour le renfermer dans sa boîte.

Le regard de Nadja s’agrandit en entendant les quelques explications, plutôt lapidaire de son ami.

« - Tonatiuh ? Tu veux dire… en personne ? Comment… pourquoi… sérieux comment vous vous en êtes sorti en vie ? »

De ce qu’elle en savait, le Goa’uld possédait tellement de pouvoir qu’il pouvait tuer d’un seul regard, faire fondre le métal à volonté et déplacer des soleils. Certains rumeurs étaient peut être un rien exagérées cela dit.

« - Il n’y a pas grand-chose qui m’empêchera de voler à ton secours, tu sais ? Répondit elle sérieusement. Et je me suis arrangé avec l’intendance, mais c’est vrai qu’ils n’étaient pas jouasse. Il est arrivé quoi a tes anciens quartiers au fait ? "

Elle n’avait jamais entendu parler de la machine que décrivait Zander mais ça semblait assez simple pour que même elle puisse s’en servir sans trop de risques.

Elle fut surprise qu’il n’ait pas envie d’aller sur Terre. En général il était toujours partant pour ce genre d’excursion. Mais il avait autre chose en tête comprit-elle quand il recommença à parler depuis le fond du canapé. Elle le laissa vider son sac en serrant les dents pour ne pas le prendre immédiatement dans ses bras comme pour réconforter un enfant.

« - Il était temps que je revienne constata-t-elle finalement. Je sais pas ce que ta tête essayait de dire ou si c’est juste que tu avais peur pour moi. Si j’avais su que c’était si dur pour toi, je me serait débrouillé pour rentrer plus tôt. Je suis désolée. »

N’y tenant plus, elle se rapprocha et le prit contre elle fermement. Tant que l’effet des bracelets serait aussi fort, il lui faudrait limiter ses absences au maximum. Pas comme si elle n’avait pas fait de cauchemars elle non plus de toute façon.

Nadja se mit à lui poser plusieurs questions sur sa rencontre avec Tonatiuth. Zander lui répondit de bonne grâce, même s'il se serait bien dispenser d'évoquer la mission.

« On l'a croisé deux fois même. La première fois, il nous a fait prisonniers dans son palais, parce que c'est lui qui dirigeait la France et je crois qu'il avait d'ailleurs changé complètement l'histoire. Ils nous a condamnés à être décapités, mais on s'est échappés avec l'aide de la résistance locale. Puis on est remontés une deuxième dans le passé où on l'a retrouvé et mis en échec son plan. Mais lui a réussi à fuir. Et tout ça, tu dois t'en douter, pour prendre le contrôle de la Terre. » expliqua-t-il.

Il sourit à la suite. Lui aussi ferait tout ce qu'il pourrait pour lui venir en aide, même s'il n'était pas un expert en la matière.

« Oui, je sais. Mais il y a une différence entre savoir et te voir faire. Et pour mes anciens quartiers, un problème de canalisation qui a inondé les autres. Ils doivent faire des travaux pour réparer les dégâts. Du coup, j'ai récupéré ceux d'à côté. Tu verras, comme ils font le coin, ils sont un peu plus grands avec une plus grande fenêtre pour admirer la vue. Même le lit est un peu plus large. »

Il se contenta de rester là sans bouger une fois qu'il eut terminé de dire ce qu'il avait dire. Cela n'avait pas été facile, mais il était allé jusqu'au bout, plutôt de mettre ça dans un coin en espérant qu'ignorer le problème suffirait à le faire disparaître. Au moins, elle l'avait laissé parlé et maintenant, il écoutait sa réponse.

« Ça oui, je m'inquiétais un peu pour toi, mais c'est normal, non ? Surtout qu'il est presque impossible d'avoir de tes nouvelles quand tu es mission. Je sais juste que tu es en vie par les bracelets, c'est tout. Et oui, tu commençais sérieusement à me manquer. »

Il était fort probable que son bracelet n'avait fait qu'amplifier les choses ou trouver un moyen de se servir ce qu'il ressentait contre lui. Mais ça, il n'en saurait jamais complètement sûr, pas plus que quelle part de ce qu'il éprouvait venait de lui et quelle part du bracelet, comme d'habitude. Il le découvrirait au fil du temps, au fur et à mesure où les effets se réduiraient et qu'il ne resterait que ses propres sentiments. Mais il était certain qu'une partie au moins lui appartenait bel et bien.

« Et ne sois pas désolée. Aucun de nous ne pouvait savoir ce qui allait se passer et comment nous réagirions à cette séparation. Je ne veux pas que ce fichu bracelet t'empêche, enfin nous empêche, de faire notre travail… Oui, ça a été difficile, mais ça aurait pu être bien pire. »

Surtout pour lui, mais il ne jugea pas utile de le préciser.

« De toute façon, ce genre de désagrément devaient aller en diminuant au fil du temps. Enfin, c'est ce qu'on nous a dit en tout cas. Et tous les effets ne sont pas forcément désagréables… » fit-il avec un petit sourire avant de l'embrasser et de profiter largement de l'étreinte.

Deux fois ? Se rendait-il compte de la chance qu’il avait eut ? Sans doute oui, mais elle frémissait en songeant aux danger qu’il avait affrontés. Avec sa partie de jeu vidéo, elle se sentait un peu ridicule en comparaison.

« - Du coup, tu vas les garder ces nouveaux quartiers ? Ça a l’air plutôt sympa. »

Comparé à sa petite cabine à bord de l’Achille, c’était presque un palais. Et un grand lit avait ses avantages, même si elle se sentait plutôt bien à bord de Stella.

« - Je ne pensais pas que cette mission durerait si longtemps. Mais nos scientifiques étaient comme des gosses dans cet hôtel pour extraterrestre. Faire du babby sitting me rend dingue. Si ça n’avait été que moi, on aurait piqué les E2PZ et nous serions rentré il y a une semaine. Mais je ne suis qu’une pauvre bosco que personne n’écoute. Ca va avec le job. »

Leur étreinte dura un long moment. Elle avait les larmes aux yeux une fois de plus, ce qui l’agaçait un tantinet. Ces bracelets qui jouaient avec ces émotions faisait-elle en nounours en sucre. Parce que c’était bien la faute des bracelet… quoi d’autre ? Finalement elle l’attira sur elle et lui sourit pour confirmer qu’elle était d’accord sur la dernier partie de ces explications.

« - Des bon moments ? roucoula-t-elle, je me demande de quoi tu peux bien parler. »

Zander avait posé exactement la même question quand on lui avait annoncé qu'il allait devoir déménager. Il aurait pu faire le choix de décliner leur proposition et de rester sur Stella en permanence et en temps normal, c'est peut-être ce qu'il aurait fait. Mais il appréciait malgré tout avoir un logement sur la station pour différentes raisons.

« Oui, je vais les garder. Ils n'étaient pas attribués et la maintenance ne sait pas quand elle sera en mesure d'effectuer les travaux nécessaires pour réparer mes anciens quartiers. Ils se sont occupés de la canalisation et de tout ce qui était indispensable, mais le reste, c'est une autre histoire… »

Tout était une question d'argent, comme souvent. C'était au moins quelque chose de constant, peu importe le coin de la galaxie dans lequel on se trouvait. La réfection des quartiers n'étaient pas une urgence, car il y en avait d'autres de disponibles, et donc, pour le moment, ces travaux figuraient tout en bas de la liste des priorités.

Il hocha la tête concernant la durée imprévue de sa mission. Mais cela faisait partie des impondérables de ce qu'ils faisaient et ils n'avaient absolument aucun moyen de prévoir la tournure que prendraient les événement lorsqu'ils partaient.

« Personne ne peut savoir comment une mission va se dérouler et combien de temps elle va durer. Et ce qui vient de se passer en est un bon exemple. À un moment donné, nous avons pensé que nous allions rester coincés dans le passé pendant plusieurs années avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Et je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il me serait arrivé dans ce cas-là, ni à toi d'ailleurs. Et cela m'a fichu une trouille bleue rien que de l'imaginer… » fit-il.

Il la laissa faire avant d'éclater de rire à sa dernière remarque.

« Eh bien, je crois qu'il va falloir que je te fasse une démonstration en bonne et due forme pour te montrer ce que je veux dire dans ce cas… » fit-il avec un très large sourire avant de l'embrasser.