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Un lait chaud et au lit.

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Mei ne s'attendait pas ce que Nadja lui demande pourquoi elle avait rejoint l'armée à ce moment-là. Elles n'avaient effectivement jamais abordé le sujet. Elle décida cependant de ne pas lui raconter toute l'histoire et de se contenter de l'essentiel. Le reste viendrait un autre jour.

« C'est vrai, on n'en a jamais parlé. Pour faire court, l'armée a été pour moi un moyen d'atteindre mon objectif de devenir médecin. Et si cela ne tenait qu'à moi, j'exercerai désormais dans le civil. » dit-elle en haussant les épaules.

D'où sa remarque ce matin, car son engagement arrivait à terme et qu'elle avait effectué toutes les années de service qu'elle devait à son armée d'origine et un peu plus même. Elle grimaça à la phrase suivante.


« Si tu me disais que cela ne te faisait rien de tuer, surtout pour la première fois, je m'inquièterais pour ton état mental. Il est tout à fait normal que cela soit perturbant. Ne rien ressentir en revanche l'est beaucoup moins. » fit-elle.

Elle répétait cela inlassablement à tous ceux qui venaient lui parler de ce genre de choses et qui s'interrogeaient sur les sentiments qu'ils éprouvaient dans ce genre de situations.

Elle constata qu'encore fois, le fait de dire qu'elle n'avait pas à être armée agaçait Nadja, mais il n'y eut pas de mise au point brutale comme ce matin. Elle attendit puis écouta son amie jusqu'au bout de ses explications.

« Ce n'est pas que tu ne comprends pas, mais que tu oublies un détail crucial. À ton époque, vous êtes est en guerre depuis des lustres au niveau galactique, alors qu'ici et maintenant, le monde est globalement en paix depuis un bon moment. J'entends par là qu'il n'y a pas de conflits à l'échelle planétaire et qu'aucune menace sérieuse ne plane. Ce n'est pas pour autant que tout le monde s'entend à merveille et qu'il n'y a pas de guerres, mais elles sont circonscrites à certains pays. Nous n'avons donc pas du tout le même rapport au combat que toi, ni le même impératif d'être tous formés et aptes à nous défendre en toutes circonstances et en permanence. » commença-t-elle.

Puis elle décida de lui expliquer plus précisément ce qu'il en était dans le cas particulier du personnel médical.


« En tant que médecin militaire, je suis considérée comme personnel non combattant, comme les civils, selon les règles d'engagement en vigueur dans le monde et que les pays respectent pour la plupart et de manière générale. En tant que tel, je ne suis pas obligée d'être armée et si je le suis, je ne peux me servir de mon arme que pour me défendre ou défendre mes patients. Si je le fais dans un autre cadre, je suis automatiquement considérée comme combattant, au même titre que les autres soldats et je perds la protection qu'est censée me conférer le statut de non combattant. Mais les choses changent. Les personnels médicaux sont désormais presque systématiquement armés sur le terrain et ils évitent aussi de porter des écussons les identifiant comme personnel médical dans certains conflits, car sinon, ils sont spécifiquement visés et en priorité par les belligérants qui ne reconnaissent ni n'appliquent les conventions internationales en vigueur. On pourrait d'ailleurs considérer que c'est le cas pour nos missions extraplanétaires, même si je peux porter mes écussons de médecin sans problème, puisque les peuples que nous rencontrons ignorent leur signification et me considèreront comme un ennemi, quoi qu'il arrive. »

Elle espérait que tout cela donnerait une meilleure idée à Nadja de ce qu'il se passait ici et qu'elle comprendrait ainsi mieux pourquoi les choses étaient ce qu'elles étaient.

Elle sourit à sa dernière remarque.

« Oh oui, ça promet de bons moments en perspective, vu comment ça se passe déjà pendant les entraînements sportifs... Et je n'ai pas vraiment hâte, comme tu dois t'en douter. » dit-elle en soupirant.

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La réponse sur les choix de carriere de Mei ne surprit par réellement l’ex marine. Échanger une formation médicale comme une période sous les drapeaux, cela ressemblait à ce qu’elle connaissait. Mais du coup, ce qu’elle lui avait dit un peu plus tot lui revint en mémoire. Pouvait-on vivre une vie normale après avoir vécue une telle vie ?

« - Les psy m’ont dit la même chose, répondit-elle ensuite. Y a des nuits, je t’assure que je préférerai ne pas être normale. Mais bon j’ai croisé assez de collègues à moitié psychotique pour ne pas avoir envie de devenir comme eux. »

Mei prit ensuite le temps de l’écouter, puis de lui expliquer, en détail les règles de port d’arme pour le personnel médical. Elle l’écouta jusqu’au bout en se mordillant la lèvre. La mise au point était intéressante mais soulevait un point crucial à ses yeux.

« - Je comprend, répondit elle en s’asseyant sur le sable. Mais tu oublies toi aussi un détail crucial. Vous êtes en guerre. Pas depuis des lustres, comme moi, et la plupart de votre population l’ignore, mais ça change rien. Vous êtes en guerre, face à un ennemi qui connais rien à vos traditions et s’en moque comme de son premier sarcophage. Vos règles d’engagements traditionnelles valent plus tripette. Je te rappelle qu’a mon époque, ta planète n’existe plus et des milliard de civils sont morts pendant le bombardement. Tu peux toujours protester que c’est interdit par votre convention de… heu… Bruxelles mais je parierai pas sur les chances de survie de l’émissaire. Je sais que je suis brutale, exigeante et sans doute pas mal d’autre nom d’oiseaux… mais je veux pas qu’ils vous arrive la même chose. J’ai vu des vaisseau, des colonies, jonchés de corps. Homme, femme, enfant… et c’étaient ceux qui avaient eu la chance de pas avoir été réduit en esclavage. »

Elle leva vers son amie des yeux ou se mêlait douleur et colère à l’évocation de se souvenir.

« - Je veux pas qu’ils vous arrive la même chose. Je veux pas qu’il t’arrive la même chose. »

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Mei écouta le discours de Nadja et secoua la tête. En dépit de son attitude, elle était parfaitement lucide sur le fait que les extraterrestres n'avaient que faire des règles d'engagement terriennes.

« Pourquoi crois-tu que je me balade avec une arme sur le terrain au juste ? Parce que je sais pertinemment tout ça. Crois-moi, je ne risque pas de l'oublier. Pas après m'être fait poignardée dans le dos par un ennemi extraterrestre invisible pendant ma première mission... Il n'y a pas de leçon plus efficace pour t'apprendre que les peuples rencontrés ne respectent pas la convention de Genève, pour les raisons que tu cites. Je ne faisais que t'expliquer ce qu'il en était sur Terre et pourquoi en théorie, j'insiste là-dessus, je pourrais me balader sans arme ou ne m'en servir que dans certaines circonstances. »

Elle soupira. Elle n'aimait pas vraiment la discussion, mais visiblement, cette explication semblait nécessaire. Mais pour que cela fonctionne, elle allait devait aller jusqu'au bout en étant honnête envers Nadja... et elle-même.

« Contrairement à certains soldats ici, je n'ai jamais été au front et je n'ai jamais combattu. Mon expérience militaire se limite à des manœuvres avec des pays alliés. Concrètement, je n'ai participé qu'à des opérations humanitaires après des catastrophes naturelles. La seule chose que j'ai vraiment combattu et sur laquelle j'ai tiré avec une arme, qui m'était totalement inconnue d'ailleurs, était une sorte de réplicateurs. Je ne me suis pas beaucoup posé de questions ce jour-là. Mais ils n'étaient pas humains... À part ça, la situation la plus proche de véritables combats que j'ai vécu était lorsque nous avons évacué ces esclaves. Et encore, cela reste une opération de sauvetage à mes yeux. »

Elle s'arrêta et réfléchit quelques secondes. Elle n'était pas certaine d'arriver à expliquer clairement les choses.

« J'ai du mal à concevoir que nous sommes en guerre. Probablement parce que tout ce que j'en ai vu, ce sont des combats sporadiques, aussi violents qu'ils aient pu être. Je n'ai jamais été confrontée à de vrai champs de batailles recouverts de corps, comme toi, et subi le feu de l'ennemi pendant plusieurs jours ou prit part un assaut. Tu comprends ? »

Elle pointait du doigt une différence majeure dans leur expérience réciproque sur la question. Elle n'avait d'ailleurs pas du tout envie de vivre ce genre de choses, mais elle ne devait pas être la seule dans ce cas. Elle s'assit également sur le sable, en regardant au loin, avant de reprendre sur un air dépité :

« Tu sais, je suis chirurgienne. Je suis censée travailler derrière les lignes, dans l'abri relatif d'un hôpital de campagne. J'ai bossé d'arrache-pied pour arriver là en commençant tout en bas de la hiérarchie militaire. Alors quand j'officie à nouveau en tant que spécialiste médicale de combat, j'ai l'impression de revenir en arrière, de ne pas pouvoir donner le meilleur de moi-même et de ne pas être à ma place. Et savoir qu'en plus, je suis en première ligne dans une guerre, ça n'a rien de rassurant... Si j'avais su ça avant de signer, je ne suis pas sûre que j'aurais accepté. »

C'était bien la première fois qu'elle exprimait ce sentiment à voix haute et qu'elle en faisait part à quelqu'un. Ce n'est pas tant qu'elle détestait ce qu'elle faisait, mais elle aurait voulu savoir exactement dans quoi elle mettait les pieds. Elle se retrouvait à faire deux métiers à la fois pour lesquels elle devait s'assurer d'être constamment au niveau, en plus de ses autres responsabilités à bord. Parfois, elle en arrivait à se dire qu'elle aurait préféré ne pas découvrir l'existence du SDT et de ses activités et encore moins y être mêlée pour pouvoir continuer à mener sa petite vie tranquille sur Terre.

« Ces entraînements que tu fais subir à l'équipage, je sais que ce n'est pas sans raison et que tu essaies de faire la différence pour que tout le monde soit prêt si ce qui est arrivé à ton époque devait se reproduire. Pour que nous ayons une chance de survivre et de riposter. » reprit-elle.

Elle sourit aux mots de son amie.

« Je n'ai envie de mourir ou d'être réduite en esclavage non plus parce que je n'aurais pas été correctement préparée. C'est d'ailleurs bien pour ça que je te laisse me martyriser et m'infliger tous ces exercices dans la joie et la bonne humeur tout en râlant haut et fort. »

Elle n'avait pas l'intention d'arrêter, mais pour l'instant, elle avait de sérieux doutes sur sa capacité à être un militaire efficace sur le terrain et à se voir autrement qu'en étant un danger pour les autres.

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Genève, pas Bruxelles … mais ça restait en France non ? Bon enfin Mei avait bien compris ce qu’elle voulait dire.

« - Faut vraiment que tu me raconte cette histoire d’ennemi invisible. »

Elle se lança ensuite dans une plus longue explication en forme d’aveux, sur son passé militaire et son absence d’expérience au combat, ce que Nadja avait plus ou moins déjà deviné.

« - Donc si je te suis bien, s’amusa-t-elle, je suis la seule cible vivante sur laquelle tu es tiré. Je dois me sentir flattée ou vexée ? Et regrette pas de pas avoir vu de champ de bataille. Crois-moi sur parole, c’est très moche. Mais ça facilite pas mon boulot, ce que tu m’explique. Parce que je pense que la plupart des membres de l’équipage sont comme toi. Du coup, la plupart me prennent pour une dingue d’entraiment à outrance et pour des branleurs. Va falloir que je réfléchisse à ça avant d’intensifier encore les séances. »

Elle écouta la suite, qui avait du sens, mais posait au final une question fondamentale.

« - Prend pas mal ce que je vais dire, mais… tu fais quoi sur l’Achille ? Je veux dire, je suis ravie que tu sois à bord et d’être tombé sur toi à mon arrivée. Je veux pas imaginer si ça avait été Xinan plutôt que toi. Mais si tu te considères comme un médecin qui n’a rien à faire au front, pourquoi y rester ? »

Le but de la question n’était pas de vexer le médecin mais bien d’appuyer un peu ou ça fait mal et de la forcer à y réfléchir

« - J’ai vraiment pas envie que tu partes, reprit-elle un ton plus bas. Mais je préfère te savoir loin que malheureuse… ou morte."

Elle approuva silencieusement a la conclusion sur les entrainements. Mais elle n’était pas sure que tout le monde le prenne ainsi.

« - Oui j’avais noté cette tendance chez toi à râler, rit-elle franchement. Mais je suis ravie que finalement tu le prennes si bien, on va pouvoir durcie un peu. »

Finalement, elle passa son bras autour des épaules de l’asiatique pour une étreinte d’ours familière.

« - Je te promet qu’il ne t’arrivera rien tant que je serai en vie, conclut-elle. »

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« Un jour peut-être. Ce n'était pas très glorieux… Cinq minutes d'action et retour à l'infirmerie grièvement blessée. »

Elle passa sous silence sa guérison miraculeuse et l'absence de séquelle, que personne n'avait jamais pu expliquer, tout comme l'origine de l'objet extrait de la blessure.

Elle serra les poings à la question de Nadja et hocha la tête à sa question. Oui, c'était la première fois qu'elle tirait sur quelqu'un, ce qui n'était déjà pas facile, mais en plus, c'était quelqu'un de son propre camp.


« Certains ont probablement déjà combattu. Tout dépend de leur pays d'origine. Mais c'est peut-être effectivement un élément dont tu devrais tenir compte. Et je ne suis pas sûre que les civils apprécient d'être traités comme des militaires, le jour où tu t'occuperas de leur cas. Il te faudra peut-être revoir légèrement ton approche si tu ne veux pas tous te les aliéner en cinq minutes. »

Sa question suivante ne la surprit pas tant que ça. Elle se posait la même et elle y réfléchissait régulièrement, mais depuis l'incident, l'envie de quitter son poste était bien plus forte qu'avant.

« Parce que je peux être utile et sauver des vies. Et contrairement à ce que mes paroles peuvent laisser penser, j'aime ce que je fais. Veiller sur le bien-être de l'équipage, soigner les bobos, être à leur écoute et surtout les remettre sur pied en cas de une blessure grave, ça me plaît. Mais je suis beaucoup plus efficace dans un bloc qu'en première ligne. C'est surtout une question de ce que je peux faire ou pas. Sur le terrain, le travail consiste principalement à garder les gens en vie pour atteindre l'hôpital. Au bloc, je répare les dégâts et ces vies, je les sauve vraiment. C'est pour ça que je suis devenue chirurgienne, car je peux faire bien plus qu'en étant au front. Imagines-tu à quel point ça peut être frustrant de savoir précisément ce que je dois faire pour sauver mon patient, mais d'en être incapable parce que je suis en première ligne et que je n'ai ni le matériel ni le temps nécessaire pour ça puis de voir ledit patient mourir sous mes yeux sans avoir pu essayer ? » lui demanda-t-elle.

Elle sourit doucement. Cela faisait très, très longtemps qu'elle n'avait pas eu ce genre de discussion avec quelqu'un. Du moins en dehors du bureau d'un psy, qu'elle évitait. Peu de gens osait l'approcher en dehors d'un cadre professionnel et elle savait qu'elle ne leur facilitait pas forcément la tâche. Mais c'était le revers de la médaille à être médecin et officier.


« Je ne suis pas malheureuse… Je n'ai encore pris aucune décision à ce sujet. Mais je m'interroge sur ma place et mon avenir à bord actuellement. Et ce tir me fait douter de l'opportunité de rester militaire et donne envie de partir, loin, très loin de tout ça. J'ai remboursé ma dette à mon armée et je pourrais retourner à la vie civile si je le voulais. Mais je ne suis pas sûre que ce soit aussi simple que ça maintenant que je travaille ici. » dit-elle en soupirant.

Elle ne s'était pas renseignée à ce sujet. Est-ce qu'elle serait simplement renvoyée chez elle ? Quelles seraient les conséquences concrètes de son passage au SDT sur sa vie quotidienne une fois partie ? Ou lui proposerait-on un poste sur Terre dans un endroit toujours dans le giron de l'organisation ?

Elle leva les yeux au ciel lorsque Nadja parla d'entraînement.


« Ne te sens surtout pas obligée d'augmenter la difficulté de ton entraînement. Il l'est déjà bien assez comme ça. Mais il est certain que je n'en ferais jamais autant si je n'avais pas quelqu'un pour me botter les fesses comme tu le fais. » répondit-elle en riant.

L'étreinte la surprit. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de démonstration d'affection. Elle ne doutait pas de la sincérité des mots du sergent, mais elle avait du mal à croire que cela suffirait à ce qu'il ne lui arrive vraiment rien.

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« - Revoir légèrement mon approche, grommela-t-elle. Si ça tenait qu’a moi, y aurai pas le moindre civil à bord. Mais surtout, il y a certains exercices qui devraient être fait avant leur monté à bord. C’est comme si pour vos marins, on était obligé de leur apprendre à nager avant qu’ils embarquent. »

Elle s’était à moitié attendu à ce que Mei prenne mal sa question mais ce fut le contraire et elle lui donna une explication plutôt convaincante.

« - Je comprend mieux. Mais tu es aussi notre meilleur doc. Tu seras toujours appelée sur le terrain à un moment ou un autre. Je veut pas imaginer ce qu’on doit ressentir devant une telle impatience. Marc m’avait parlé un jour du triage qu’il avait du faire après une mission particulièrement difficile. Séparer les blesse sauvables, et bourré les autres d’anesthésiques en attendant la fin. Je voudrais pas avoir a faire ce genre de boulot. »

Les doutes de l’asiatique sur son avenir professionnel faisait étrangement écho aux siens, ce qui la fit sourire.

« - J’en suis un peu la aussi, pour tout te dire. Ma troisième période était censée être la dernière mais mon arrivée ici à évidemment tout changé. Dix huit ans de guerre ininterrompue, de blessures, de douleur à voir mes amis mourir… ca commence à faire beaucoup. Mais j’ai pas la moindre idée de quoi faire ensuite. »

Elle en avait déjà parlé à Zander mais les semaines passaient et l’idée de quitter l’armée la travaillait de plus en plus. Elle se donnait encore quelques mois, jusqu’à la fin de l’année peut être.

Elle se leva soudain, fit rouler ses épaules et passer sa chemise par dessus sa tête.

« - Inversons les rôles ce coup-ci. J’ai envie d’aller à l’eau mais j’y arriverais jamais toute seule. »

Casquette vissée fermement sur la tête, elle contemplait les vagues devant elle avec un mélange d’envie et de peur. Elle pouvait y arriver, elle en était sure. Enfin presque sure.


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Mei était d'accord sur une partie du discours de Nadja quant aux civils, mais pas nécessairement sur leur exclusion intégrale du programme. Peut-être que cela pourrait se justifier sur les bâtiments tel que l'Achilles vu qu'il s'agissait en fin de compte de bâtiments militaires.

« Tu penses à quoi comme type d'exercices au juste ? Dans l'absolu, je suis d'accord avec toi. Ils devraient au minimum être formés sur toutes les mesures de sécurité et d'évacuation à respecter avant de partir. Et personnellement, je suggérerais aussi une mission de deux semaines avant de confirmer leur nomination à bord pour s'assurer qu'ils supportent bien les conditions de vie très particulières auxquelles nous sommes soumises. Parce que découvrir que tu es claustrophobe quelques jours après le départ et alors qu'il reste trois semaines avant de rentrer sans possibilité de faire demi-tour, c'est vraiment pas terrible. »

Elle soupira encore une fois concernant son affectation dans les équipes de terrain avant de sourire au compliment.

« Il y a une différence entre aller sur le terrain de temps en temps derrière les lignes pour dispenser des soins chirurgicaux d'urgence pour stabiliser les patients jusqu'à ce qu'ils puissent être envoyés au bloc et être en première ligne, Nadja. Je n'ai aucun problème avec la première option. En tant que traumatologue, je suis spécifiquement formée pour ça d'ailleurs. La deuxième option, c'est totalement différent. Et j'ai beaucoup plus de mal avec celle-là. Si je suis la meilleure, ne serait-il pas logique d'éviter de m'exposer à l'ennemi au lieu de vouloir me nommer à la tête d'une équipe d'exploration ? Je sais que dans l'équipage, certains adorent être en première ligne et foncer dans le tas, mais ce n'est pas mon cas... » fit-elle dans une allusion à peine voilée à leur commandant.

Elle grimaça en l'entendant parler de ces choix que tous les médecins avaient un jour à faire et détestaient par-dessus.

« Et pour le triage, oui. Faire ce genre de choix ou savoir quand arrêter d'essayer de sauver un patient, c'est la partie la plus dure de ce métier… Qui était Marc ? » lui demanda-t-elle, ne se souvenant pas qu'elle lui en ait parlé un jour.

Elle écouta Nadja lui faire part de son questionnement sur son propre avenir. Elle n'avait pas spécialement envie de la voir partir, mais elle comprenait ses raisons et n'avait aucun droit d'interférer ou de l'en empêcher. Elle trouvait d'ailleurs incroyable que son amie soit toujours en vie et en relativement bonne santé après tout ce qu'elle avait traversé.

« Ce n'est pas surprenant que tu veuilles raccrocher après autant de temps à combattre. Je ne dis pas que cela me fasse plaisir de te voir partir, mais je comprends. Je te conseille juste de penser à ta reconversion et de la préparer avant de partir, pour éviter de te retrouver à tourner en rond à ne rien faire chez toi. Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à venir me voir pour en discuter. En tout cas, tu as intérêt à bien préparer ta relève et t'assurer de me coller quelqu'un à la hauteur pour surveiller mes arrières et me supporter. Pour ma part, je ne crois pas que cela changerait grand-chose si je restais à bord tout en abandonnant mon statut de militaire. Cela me libèrerait juste des règles militaires et je pourrais dire tout haut ce que je pense tout bas. » fit-elle avec un sourire.

Son sourire s'élargit à la proposition d'aller se baigner. Elle se leva à son tour et enleva son T-shirt avant de se rattacher les cheveux et d'ajuster son chapeau.


« Tu as déjà réussi à mettre les pieds dans l'eau avec Zander, il me semble, non ? Comment tu as besoin que je t'aide au juste ? Par contre, ne compte pas sur moi pour t'embrasser en guise de récompense... » dit-elle en riant, après avoir faire quelque pas en direction de l'eau transparente.

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Quel genre d’exercice ? Nadja sourit en réfléchissant à tout ce qu’elle pourrait infliger à des bleus.

« - On pourrait les lâcher dans al nature, à trois ou quatre jour de toute civilisation sans nourriture ni eau… un désert, ca serait pas mal… ou une île déserte… »

Elle éclata de rire en voyant le regard désapprobateur de son amie et reprit.

« - Il faut d’abord s’assurer qu’ils en péterons pas un plomb une fois isolé dans une boite de conserve suspendu au milieu du néant. Ça arrivait de temps en temps à mon époque, ça doit être bien plus courant ici. Ensuite, il faut mener des exercices d’évacuation, d’abordage, de 0G, savoir revêtir un scaphandre rapidement. Et je te parle même pas des exercice spécifique a chaque poste. Dans un croiseur comme l’Achille, tu peux pas te contenter de prendre les meilleurs dans leur spécialité et les mettre ensemble en espérant que tout ira bien. »

Le sujet plus personnel des raisons de leur présence à toute deux à bord avait décidément tourné à l’introspection mais ca n’était pas un mal. Elle haussa les yeux au ciel quand le sujet effleura le capitaine. C’était une discussion qu’il faudrait qu’elle est en tête à tête avec Lawrence un jour ou l’autre.

« - Oui, ça serait sans doute plus logique de te conserver en cryogénie et ne te sortir du frigo qu’en cas de blessure critique. Mais la vérité, c’est que t’assure bien ton boulot sur le terrain. Je t’ai vu pendant l’évacuation du chantier. Tu garde la tête froide et tu sais prendre des décisions difficile. Il te manque qu’une chose : ne pas t’accrocher une cible sur le dos et je te lâcherai la grappe. »

Surprise qu’elle en lui ai jamais parlé de son premier petit ami, elle sourit tristement comme à chaque fois qu’elle repensait à lui. Que ce serait-il passé s’il avait survécu ? Ou en serait-elle aujourd’hui ?

« - Un infirmier qui s’est occupé de moi quand j’avais perdu ma jambe et qui a su enflammer le cœur de la môme que j’étais. Je suis pas sure que je marcherai aussi bien sans lui.  »

Elle hocha la tête quand Mei lui recommanda de bien réfléchir à son départ à la retraite. C’est une réflexion qu’elle s’était déjà fait.

« - C’est le nœud du problème, au final. Que faire après avoir connu tout ça ? Peut-on vivre une vie normale quand on s’est baigné sur la plage de rêve d’une planète qui n’a même pas de nom ? J’ai du mal à me voir tenir un petit commerce dans un de vos centre commercial ou bosser derrière un bureau pour un petit chefaillon médiocre. Enfin, toi au moins, t’as un métier que tu pourrais exercer en tant que civil. C’est déjà pas mal, même si je plains ta future hiérarchie. »

Elle éclata de rire quand elle refusa de l’embrasser pour la récompenser. Ceux qui les observaient depuis le vaisseau allaient être sûrement très déçu.

« - Même pas un petit bisou ? Rhalala. »

Elle lui tendit la main et se dirigea vers l’eau en essayant d’ignorer la sueur froide qui la recouvrait doucement. Quand l’eau toucha ses orteils elle sursauta et fit une pause en essayant de calmer son coeur affolé.

« - Merde, j’adore nager. A l’école militaire fallait me brailler dessus pour me sortir de la piscine… Ca devrait pas être si différend que ça ici, bordel. »

Avec un véritable effort, elle fit un pas de plus, puis un second, un troisième et se retrouva avec de l’eau à mis cuisse. La sensation n’était pas désagréable mais sa terreur ne voulait pas la lâcher et lui labourait les tripes.

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Mei secoua la tête à la première réponse de Nadja. Les civils restaient des civils et on en pouvait pas les soumettre au même régime d'entraînement que les militaires, ni attendre d'eux qu'ils agissent pareil. La suite correspondait peu ou prou à ce qu'elle envisageait.

« Oui, je suis tout à fait d'accord avec la deuxième partie de ce que tu proposes. Mais ce sont les huiles qu'il faut convaincre de la nécessité de faire ce genre de choses, surtout pour la 0g. Et s'il fallait obtenir la mise en place d'une seule de ces mesures, ce serait effectivement de s'assurer en priorité qu'ils supportent la vie à bord. Le reste peut être fait par le biais de formations obligatoires au cours des premières semaines suivant leur intégration. Et il faut aussi leur apprendre à travailler avec les militaires et créer un esprit de groupe, tu as raison. Et ça, ce n'est pas gagné. » fit-elle.

Elle n'avait pas ce genre de problème à l'infirmerie. Le personnel médical travaillait de concert sans aucun problème, peu importait qu'ils viennent de l'armée ou du civil.

Elle sourit à la suite.

« Je n'irai pas jusqu'à me faire conserver en cryogénie tout de même. Mais en tant que médecin, je ne peux pas me permettre de perdre mon sang-froid et de paniquer, pas plus qu'en tant que militaire, si je veux pouvoir prendre les décisions qui s'imposent. Le bloc opératoire, c'est un peu un champ de bataille où tout peut aussi aller de travers. Mais je préfère laisser les décisions tactiques à ceux dont c'est vraiment le travail, comme toi, pendant que je me concentre sur les blessés. Parce que soyons lucides, je ne peux pas faire les deux en même temps. » dit-elle.

Elle ne faisait que dire des évidences. Et elle avait tenu un discours similaire au commandant lorsque celle-ci avait suggéré de lui confier la direction d'une équipe. Mais honnêtement, elle serait beaucoup plus tranquille si cette tâche échoyait à Nadja. Dans ce cas précis, elle n'avait aucun problème à suivre les ordres d'un subordonné, d'autant qu'elle lui faisait totalement confiance.

Elle se contenta d'hocher la tête concernant Marc. Peut-être qu'elle lui en avait déjà parlé, mais sans mentionner son prénom.

« Ces infirmiers… rouages indispensables d'une infirmerie. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas sans eux... Mais j'ai deux mots à dire à mon chef-infirmier au retour… Je trouve qu'il prend un peu trop de libertés. Et j'aurais bien aimé le rencontrer, ce Marc. » fit-elle doucement en souriant.

Elle rit franchement à imaginer Nadja derrière un bureau sous la férule d'un patron qui lui chercherait des poux dans la tête.


« Je crois que le chefaillon en question n'y survivrait pas. Mais oui, c'est toute la question, surtout pour toi. Je ne te vois pas derrière un bureau honnêtement. Mais tu pourrais facilement travailler dans un centre de conditionnement physique ou te reconvertir dans un autre secteur, par exemple dans la rééducation, notamment auprès du personnel militaire. Enfin bref, lorsque tu auras pris ta décision de raccrocher ou non, tu devrais aller voir l'un des conseillers du SDT sur la question. Il t'aidera à déterminer si ce que tu veux faire est réalisable et comment, ou t'aider à trouver quoi faire puis à établir un plan de reconversion en fonction de cela. Mais c'est vrai que pour moi, mon travail resterait grosso modo le même, moins le côté exotique. Et qui te dit que ce n'est pas moi qui serai au sommet de ladite hiérarchie ? »

Elle secoua la tête négativement pour le bisou et rit avec elle avant de lui prendre la main et de marcher tranquillement vers l'eau. Celle-ci était un peu trop fraîche à son goût et surtout plus froide qu'elle ne le pensait.

« Au cas où tu ne l'aurais pas vu de différence, ceci n'est pas un bassin dans un bâtiment. Mais je suis certaine qu'une fois que tu y auras pris goût, il faudra aussi te brailler dessus pour t'en faire sortir. » fit-elle remarquer, amusée.

« Mais il y a quand même quelques précautions à prendre. Quand tu te sentiras à l'aise, tu devrais songer à demander à suivre une formation spécifique. Tu as déjà essayé la plongée sous-marine ou le surf ? Remarque, ce genre d'activités pourrait t'occuper lorsque tu quitteras l'armée… »

Elle s'arrêta aussi aux côtés de Nadja, mais elle voyait que celle-ci devait vraiment faire un effort pour avancer.

« Attends, nous ne sommes pas obligées d'aller plus loin. On peut reste là et s'asseoir dans l'eau pour l'instant, puis on pourra continuer plus tard. » dit-elle en joignant le geste à la parole et en s'asseyant dans l'eau. Elle regrettait vraiment que celle-ci ne soit pas un tout petit peu plus chaude.

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« - Comme si on était difficile a vitre, irascible et buté… pas du tout notre genre, maugréa Nadja, se faisant l’écho de nombreuse plainte de civil à l’égard de l’encadrement militaire du bord. Mais merci de ton soutient, si on est deux à proposer ça au capitaine, ça aura plus de poids.»

Nadja ricana lorsque le médecin évoqua son chef infirmier et le savon qu’il allait recevoir.

« - Réserve moi une place, j’ai deux mots a lui dire moi aussi. Marc, j’aurai bien aimé te le présenter. C’était un type bien, très à l’écoute de ces patients. Mais bon, s’il avait survécu, je ne serais sans doute pas ici aujourd’hui, pas vraie ? »

Inutile de refaire le passé. Son histoire avec le jeune infirmier, n’avait finalement duré que quelques semaines, même si elle l’avait marqué profondément.

L’ex marine découvrit donc l’existence de conseiller en reconversion. Voilà qui était intéressant.

« - J’irai peut être en parler, oui. J’ai eu un projet de boutique de tatouage à une époque, mais je ne suis pas sure qu’a ton époque, cela soit réalisable. Bon et puis je ne suis pas sure que le SDT laisserai une voyageuse temporelle aller et venir comme bon lui semble. »

Nadja avait une bonne idée d ce qu’était al plongée sous marine et elle réalisa que ca lui plairait beaucoup d’essayer. Apres tout, cette activité se pratiquait en scaphandre, ce qui était proche de son armure. Peut être que son agoraphobie la lacherait dans ses conditions.

Une fois assise, de l’eau jusqu’à la taille, elle laissa la houle la calmer doucement. C’était apaisant, agréable même, mais elle ne pouvait que regarder ses pieds ou le visage de son amie prés d’elle. Des que ces yeux passaient sur l’horizon, son cœur recommençait à sonner.

« - Bon ca ira pour cette fois, lâcha-t-elle après plusieurs minutes. C’est déjà un progrès, je vais m’en contenter. On s’accorde quelques minutes de bronzette avant de remonter ? »

Rien ne les pressaient et Zander apprécierait sans doute son teint halé.

C’était sans compter sur un monumental coup de soleil, bien sur.

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