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Un Monde Pas Si Perdu Que Ca...

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Quelques semaines s'étaient écoulées depuis le repas avec Nadira. Le quotidien avait reprit son cours entre les études de Plumes sur les cours de géologie pour valider son semestre et les autres activités plus classiques. Aynira s'était prise d'amusement devant un jeu de stratégie où on créer une civilisation et où on l'amener à explorer la galaxie, colonisant de nouveaux mondes et rencontrant de nouvelles civilisations. Des rencontres bonne ou mauvaise.

Ce n'était pas si loin de la réalité pour les Narisiens. Ils avaient multipliés leurs efforts d'exploration dans la Voie Lactée, prenant officiellement contact avec la Nation Jaffa ou encore les Hebridans. Ils avaient même fait venir plusieurs Éclaireurs, ces membres du Corps Exploratoire Narisien qui, avec leur équipes et leurs vaisseaux, exploraient la bordure de la galaxie. Des régions très isolées et en dehors du réseau de portes des étoiles.

L'un d'entre eux avait découvert un système avec un monde habitable, quoique récemment dévasté par un cataclysme ayant visée l'un des principaux centres de peuplement de la planète. Oui une civilisation y vivait autrefois, mais avec le cataclysme qui s'est déroulé il y a cinq ans à peine, elle avait aujourd'hui disparue. Un cataclysme de toute évidence non naturelle, comme un bombardement massif ou une bombe unique de grande puissance, sans doute pour vaporiser cette mystérieuse civilisation.

La biosphère avait eut plus de chance, mais des centaines sinon davantage d'espèces avaient disparut et les survivants étaient dans un état critique. En résumé, c'était un monde mourant... mais pas impossible à sauver ! Il faudrait beaucoup d'effort pour y parvenir, mais redonner vie sur ce monde pourrait non seulement en faire un symbole qu'il est possible de se relever d'à peu près n'importe quelle évènement, mais aussi être une démonstration de puissance, les civilisations de la Voie Lactée n'ayant d'après les renseignements glanées ça et là, que très peu voir pas du tout d'expérience en matière de terraformation ou de "restauration planétaire".

Cela prendra des années, certes, mais c'était possible. Le gouvernement narisien était aussi d'accord car en plus d'approuver le projet et de mener des études approfondies sur ce monde agonisant, il en fit une candidate potentielle pour un futur projet de colonisation narisienne dans la Voie Lactée, leur première colonie extragalactique. Une tête de pont les représentants dans cette galaxie et facilitant les échanges avec ses peuples. Mais on en était encore très loin...

Pour l'instant l'heure était à l'étude et l'avantage d'une extinction si récente, était qu'il restait beaucoup de vestiges à étudier sur cette civilisation exterminée. Il y avait notamment des traces écrites plus ou moins bien préservées, mais impossible d'en connaître le contenu, l'écriture étant inconnue. La traduire était théoriquement possible. Ce n'était pas leur coup d'essai dans le domaine, mais il faudrait des années d'analyse et le risque d'échec était toujours possible.

C'est là qu'on en revient à Aynira. On lui avait transmise des exemples de cette écriture, partant de l'hypothèse que les Terriens ou leurs alliés avaient déjà rencontrés une écriture similaire afin d'avoir des bases pour la traduction. Elle était à côté de Plume dans le salon, et elle commença à faire ses demandes aux scientifiques du SDT pour avoir de possibles informations sur cette langue inconnue...

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Plume passait de plus en plus de temps à étudier. Elle voulait mettre à profit l'inscription qu'elle avait obtenue à l'université, même si c'était par correspondance. De plus, elle ne voulait décevoir ni Aeryn qui avait permis tout cela, ni le professeur Ramsey qui, malgré ses airs bourru passait du temps à la former, ni, évidemment, Aynira qui croyait en elle et la poussait à avancer.

Après les nomenclatures et les systèmes de conversions, le reste était assez simple. Plume avait l'habitude d'apprendre et elle l'avait toujours fait à une vitesse remarquable. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Métis l'avait choisie. Mais ce qu'il y avait écrit sur le papier était différent de la réalité. Si les notions théoriques étaient relativement simple à comprendre et retenir, la mise en application pouvait parfois s'avérer délicates. Heureusement, la géologie était bien plus facile à mettre en pratique que la vie réelle. Ses progrès dans ce domaine étaient bien plus lents, …

La jeune femme s'étira longuement en finissant de lire un chapitre sur la sédimentation et ferma son livre dans un claquement sec avant de se lever.

"Je vais me chercher un truc à boire. Tu veux quelque chose ?"

Elle revint bien vite avec deux verres de jus de fruits et en tendit un à Aynira avant de s'assoir à ses côtés, bien plus près que quelques minutes auparavant.

"Tu fais quoi ?"

Plume avala une longue gorgée de jus de fruits et posa son regard sur l'écran de l'ordinateur posé sur les genou de la narisienne. Son visage changea alors d'expression.

"Où as-tu trouvé ça ?!"

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Le peu de réponses qu'elle avait reçue était négatives. Thomas avait dit qu'il se pencherait sur la question, mais il avait beaucoup de travail à faire avant. Sa tentative d'analyse était pour l'instant au point mort.

Plume s'étira longuement et se leva après avoir refermée son livre d'un bruit sec qui fit sortit la Narisienne de ses pensées. Elle déclara vouloir boire quelque chose et demanda à Aynira si elle voulait en faire de même :


"Je veux bien oui s'il te plaît... la même chose que toi. Merci."

La jeune femme disparut dans la cuisine. Le bruit des verres sur la table et de la porte du frigo se firent entendre. Elle revint avec deux verres de jus de fruit et en tendit un à la Narisienne qui la remercia d'un baiser rapide une fois cette dernière de nouveau assises, bien plus d'elle qu'à se lever. Elle demanda ce que sa compagne faisait :

"J'essaie d'obtenir l'aide des linguistes de la base pour traduire des textes, mais ils sont tous occupés pour le moment."

Aucune réaction de la part de Plume qui semblait avoir vue un fantôme quand elle jeta un œil sur les dit-textes. Elle se figea et demanda où elle avait trouvée ça d'un air des plus sérieux :

"C'est une équipe d'exploration narisienne qui l'a trouvée."

À ces mots, elle montra une image holographique du monde où les textes furent retrouvés avec différentes photos :

"Elle s'est mangée un truc particulièrement violent qui a eut raison de la civilisation qui a écrit ces textes. Et récemment en plus."

Sous l'hologramme, les mots "Restauration possible" étaient visible et une simulation était même en cours sur certaines images en mode avant/après sur quelques photos de paysages ravagés revenant à leur état originel. Sur un autre coin, il y avait des images de plantes et d'animaux avec un rapide résumé des observations sur ces derniers et des brins d'ADN changeant à chaque changement d'image. dans un cadre vert pour des espèces trouvées vivantes, rouge le cas échéant, indiquant une espèce soit disparut soit dont on a pu analyser que des dépouilles plus ou moins ancienne. Visiblement, le catalogage de la biosphère était déjà en cours, ce qui indiquait qu'il n'y avait pas qu'une seule équipe d'Eclaireur présente sur place :

"T'as déjà vue cette écriture quelque part ?"

Avec la mémoire génétique de Métis à sa disposition et sa propre expérience personnelle, Plume pouvait avoir des infos utiles à fournir... mais ça semblait beaucoup plus important ou grave que ça...

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Une équipe d'exploration narisienne. Depuis quelques semaine, une délégation de narisiens étaient arrivés dans la galaxie et aux abords de la Terre suite au traité d'alliance entre eux et les tau'ris. Si Plume avait été réticente à cette arrivée, l'absence d'Alyara dans la délégation l'avait largement apaisée. Les narisiens n'avaient pourtant pas attendu leur présence près de la Terre pour commencer leurs explorations. Et, d'après Aynira, ils étaient tombés sur une planète détruite récemment. Une planète d'où ils avaient récupéré des textes dans une écriture que Plume ne connaissait que trop bien.

Les inscriptions sur l'écran de l'ordinateur semblaient sous entendre que les narisiens comptaient réhabilité cette planète. Ils en avaient commencé un recensement biologique. Mais ce n'était pas ce qui intéressait le plus Aynira.

"Il était une fois, un royaume lointain et prospère où régnait un roi généreux et bienveillant, …"

Plume avait parlé d'un air absent avant de répéter la même phrase dans une langue qui était étrangère à Aynira. La langue qui figurait sur les textes écrits. D'un geste lent, Plume tendit la main sur le pavé tactile pour faire défiler la page jusqu'à trouver les coordonnées spatiales de la-dîte planète. Ce qu'elle supposait alors s'avéra.

"C'est chez moi, …"

Le regard fixé sur les images à l'écran, la jeune femme n'affichait plus aucune expression, le visage totalement fermé. Dans son esprit bien trop d'images et de souvenir se succédaient pour qu'elle puisse réagir autrement que par une apparente catatonie.

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Plume resta impassible quelques secondes avant de dire une phrase qui pourrait servir d'introduction à un conte de fée. Elle recommença ensuite dans une langue que la Narisienne n'avait jamais entendue. Désignant chaque symboles au son qu'elle prononçait. Elle connaissait cette langue... et même très bien vue l'accent.

D'un geste lent, elle fit défiler les informations holographiques jusqu'à trouver les coordonnées galactiques de ce monde avant de se figer et de dire impassiblement que c'était "chez elle". Plume n'avait pas de chez elle, elle n'arrêtait pas de le dire. Le seul endroit qu'elle pouvait considérer comme telle était son teltak et dans une moindre mesure l'appartement d'Ayni sur Terre.

Mais l'évidence même s'imposa et la Narisienne le comprit. C'était "Chez Elle". Sa planète... Elle coupa l'hologramme et l'enlaça. Son début de catatonie ne signifiait rien de bon, ce qui était logique. C'était Métis la responsable du cataclysme quand elle parasitait son corps. Elle s'estimait donc responsable de ce qui se passait. Ce n'était pas comme si elle avait vue un fantôme... C'était réellement le cas. Un fantôme de son passé. Du genre gros, sphérique, avec de l'eau et avec une atmosphère. Là où tout a commencer... Mais une chose la tarauder :


"Mais c'est pas possible. Tu as dit que ta planète avait été détruite. Qu'il n'en restait plus rien à part un champ de débris... Mais elle est toujours là"

Elle savait que plume tenait le mensonge en horreur. Elle savait aussi qu'elle choisissait judicieusement ses mots. Donc soit elle pensait vraiment que sa planète avait été détruite comme Alderaan dans Star Wars, soit elle avait exagérée son propos, sans doute pour éviter qu'on ne la trouve justement. La laissez tombée dans l'oubli en même temps que son ancienne vie. Ou alors elle s'était vraiment convaincue que la planète n'était plus qu'un tas de caillou... Difficile à dire.

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Plume réalisa à peine qu'Aynira avait coupé l'hologramme. Elle se concentra sur la sensation de sécurité qu'elle ressentit lorsque les bras de la narisienne se refermèrent sur elle. La jeune femme se laissa aller contre elle et posa sa tête sur son épaule en tachant de respirer normalement. Au bout de plusieurs minutes, Plume ferma les yeux et enlaça fermement la narisienne. Elle aurait presque pu avoir peur de lui faire mal si elle ne connaissait pas ses capacités au-dessus de la moyenne.

Elle entendit la voix d'Aynira mais ne comprenait pas plus qu'elle.

"C'est le cas. Et pourtant ce sont les même coordonnées et la même langue. Je connais cette histoire, …"

Tout cela n'était pas logique. Elle était tapie au fond d'elle même lorsque Métis avait ordonné la destruction de la planète. Elle avait vu l'explosion et le nuage immense qui avait recouvert tout l'astre. Ce n'était pas possible.

"Ils ont envoyés des bombes. Ca a tout ravagé. Je l'ai vu !"

Et pourtant, … 

"On est parti juste après, …"

Se pourrait-il que la planète ait survécu, à défaut de ses habitants, après le cataclysme mais que Métis n'en sache rien puisqu'elle était partie trop tôt pour le découvrir ? A moins que les narisiens ne mentent, c'était sans doute ce qu'il s'était passé.

La jeune femme se recula légèrement pour croiser le regard d'Aynira.

"Remontre-moi, … s'il te plaît, …"

Etait-elle contente ? En colère ? Nostalgique ? Triste ? Frustrée ? Plume aurait été bien en peine de le dire. Elle ne savait même pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Tout cela la ramenait vers un passé qu'elle tentait, tant bien que mal, d'oublier.

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Plume pensait vraiment que sa planète avait été détruite. Métis avait ordonnée un bombardement massif, mais elle était partie avant que le nuage de débris initial ne soit retombé, ce qui pourrait expliquer pourquoi elle-même ne se doutait pas que la planète avait survécu.

Serrant fermement la Narisienne dans ses bras. Étreinte naturellement rendue, elle finit par se détacher légèrement avant de redemander à la voir. Aussitôt dit aussitôt fait, l'hologramme réapparut. Quelques notifications étaient apparus entre temps. La mise à jour de l'exploration était en temps réelle et on pouvait voir la carte gagnée en netteté. Environ un tiers de la surface émergée ressemblait à un vrai no man's land, paysage de désolation et de ruines où rien ne semblait avoir survécu, sans doute le principale foyer de peuplement d'alors et l'épicentre du bombardement massif équivalent à une chute d'astéroïde de grande taille.

Le reste fut épargnée par l'attaque, mais les ondes de chocs, les incendies planétaires et le voile de poussière masquant le soleil et rendant la respiration difficile avaient fait de sérieux ravages dans les différents écosystèmes qui étaient à l'agonie. Comme dans ces cas là, la vie aquatique semble avoir été en grande partie épargnée, mais sans la lumière du soleil, le plancton et les algues commençaient à dépérir, entraînant le reste de la chaîne alimentaire avec lui.

Une nouvelle notification indiqua la découverte d'une carte dont les contours se dessinèrent sur l'hologramme, indiquant le nom de différentes régions dans cette langue mystérieuse. Des œuvres d'art furent également découverte en plus ou moins bon état dans ce qui semblait être les ruines d'un musée. Des sculptures et des tableaux étaient même intact, protégés des éléments par les décombres même de leurs salles d'exposition. Des ruines de villes et de divers bâtiments étaient également visible :


"Au fait ? Elle a un nom ?"

Les Narisiens pourrait tout aussi bien lui donner le nom de leur choix, mais comme dans leur galaxie où ils découvrirent de nombreuses autres planètes appartenant à des civilisations aujourd'hui disparue, ils préféraient leur donner leurs véritables noms. Une sorte d'hommage et de souvenir.

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Plume observa les éléments affichés près des images de la planète. Aucun être humain n'avait survécu et la presque totalité de la faune et de la flore non plus. Rien ne pouvait survivre correctement à un nuage nucléaire. La planète en elle-même avait gardé son intégrité mais la vie y avait été ravagée. Lorsqu'une carte s'afficha, Plume inspira profondément. C'est alors que Aynira lui demanda si la planète avait un nom. La réponse de Plume était à peine audible.

"C'est si loin, …"

Il s'était passé tellement de choses après ça. Métis l'avait totalement oublié et Plume s'était forcée à en faire de même. Revenir sur tout cela était très étrange. Vraiment très étrange.

"Agadden."

Puis, la jeune femme pointa différentes régions du doigt.

"Trunt. Balem. Kamas. La mer d'Aloncor, … Le pensionnat était ici, à Elyk."

Elle fronça les sourcils et désigna un autre endroit, au sud ouest d'Elyk.

"D'après mon dossier mes parents vivaient là, à Styria."

La jeune femme prit une série de profondes inspirations en fixant ce qui était les vestiges de son passé.

"Je ne suis jamais allée plus loin qu'Elyk, … Tout ce que je sais, je l'ai appris dans les livres, …"

Et aujourd'hui il était trop tard pour connaître sa propre planète autrement. Paradoxalement, c'était celle qu'elle avait le moins visité de toute sa vie.

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Plume ne semblait toujours pas croire ce qu'elle voyait. En même temps, c'était compréhensible. Pendant des années elle avait crue que sa planète avait explosée, emportant toute trace de sa civilisation avec elle, et voilà que maintenant, elle se tenait là face à elle en hologramme.

Elle donna également le nom de la planète : Agadden. Elle commença également à traduire le nom des régions figurant sur la carte et indiqua que son pensionnat se trouvait dans la ville de Elyk avant de montrer ce qui devait être sa ville natale un peu au sud ouest de la ville.

Elle annonça qu'elle n'était jamais allée plus loin que la ville du pensionnat dans sa jeunesse, le reste de ses connaissances provenant de ses études et de ses livres.

De sa main libre, la Narisienne enlaça la jeune femme pour la rassurer et lui remonter le moral. Elle pianota quelque chose et le nom de la planète passa de "VLPPC 01" à "Agadden" et le nombre d'habitant passer de 0 à 1. Peu importe ce que pouvait penser ou dire Plume, ce petit 1 faisait toute la différence. D'ailleurs elle marqua à côté "Même la plus petite victoire peut avoir de l'importance". Une phrase pas si anodine que ça vu que c'était Plume elle-même qui l'avait dit quand elle parlait de sa chasse sans fin aux Goa'ulds... même si elle ne se doutait pas que cela pouvait s'appliquer dans son cas personnel.

Cela signifiait un double échec pour Métis : Non seulement elle n'avait pas détruit sa planète, mais elle n'en n'avait pas non plus exterminée tout ses habitants. Toute victoire est bonne à prendre non ? Elle remit l'image du texte à traduire tout en se blottissant contre elle :


"J'aimerais beaucoup entendre cette histoire..."

Un triple échec même pour le gros ver ! Après tout, comment une civilisation éteinte pourrait raconter sa culture ?

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Plume sentit un bras l'enlacer et ne lutta pas contre, se laissant même reposer contre la narisienne. Elle n'arrivait pas à quitter l'hologramme du regard et fut à la fois surprise et perplexe aux modifications d'Aynira. Elle ne savait pas vraiment si elle voulait revendiquer cette planète. Elle l'avait détruite, maudite et oubliée. Quel droit avait-elle sur cette bille de terre ? Ce qui la toucha le plus fut cette phrase qu'Aynira nota près du nom de la planète. Une phrase qu'elle avait prononcé elle-même il y avait maintenant bien longtemps. Aynira s'en souvenait. Ca c'était important.

Inspirant profondément, elle déposa un bisou sur la joue de la jeune femme et referma ses bras sur elle lorsqu'elle vint s'y blottir, réclamant une histoire. L'histoire de l'hologramme. Le texte n'était pas complet mais Plume n'avait pas besoin de le lire. Combien de fois avait-elle entendu ce conte ? Combien de fois l'avait-elle raconté elle-même aux enfants plus jeunes qu'elle, le soir, avant de s'endormir ?

C'était un conte de fée remplis de créatures imaginaires, de princes courageux et et belles princesse. Une histoire d'aventure, d'amour et d'espoir. Oui, c'était clairement une histoire pour enfants. Plume avait adoré cette histoire. Maintenant, elle la trouvait bien amère. Cependant, sa bouche s'ouvrit presque toute seule et les mots s'en échappèrent comme mus par leur propre volonté.

"Il était une fois, un royaume lointain et prospère où régnait un roi généreux et bienveillant, qui avait deux fils. Le premier, …"

Pendant presque deux heures, Plume raconta l'histoire, ajoutant des détails pour la rendre plus réelle, faisant des apartés et donnant des précisions qui ne figuraient pas dans le texte originel. Durant tout ce temps, elle fixa l'hologramme et l'image de sa propre planète alors que les lignes du texte apparaissant n'étaient, depuis bien longtemps, plus en accord avec le passage de l'histoire.

"Ainsi, il sauva à la fois son frère et le reste du royaume. Ensemble, ils regagnèrent le palais et vécurent heureux auprès de leur famille jusqu'à la fin des temps."

Un silence profond s'installa alors. Perdue dans ses souvenirs, Plume reprit petit à petit pied dans la réalité et soupira longuement. La solidarité dont avait fait preuve les deux frères, c'était ce qui avait longtemps soudé les enfants du pensionna. Plume se souvenait encore des promesses qu'ils se faisaient entre eux, à la nuit tombée ou à l'abri des oreilles des surveillants.

Des paroles jetées au vent.

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Aynira écouta sans un bruit l'histoire de Plume. Un conte racontant les aventures de deux frères à la loyauté indéfectible. Il y avait plusieurs apartés fait par la jeune femme, expliquant certains aspects culturels de son peuple afin de rendre l'histoire plus compréhensible. La Narisienne sourit, sans le savoir, Plume était en train de ressusciter son peuple, le faire sortir de l'oubli sidéral et l'inclure dans la grande Histoire de la galaxie :

"C'est une très belle histoire"

Elle déposa quelques baisers pour la remercier et la réconforter avant que son appareil ne bip encore. Un message apparut "Colonisation impossible : présence de civilisation - Population : 1". La petite modification de la Narisienne venait d'être prit en compte et forcément elle ne passa pas inaperçue :

"Oui... Nous avons plusieurs lois qui régissent notre expansion spatiale. L'une d'elle interdit la colonisation d'un monde où une civilisation se développe, peu importe son niveau technologique. On n'est pas des envahisseurs. Du coup, comme cette civilisation existe toujours et bien la colonisation à été annulée... mais le projet de restauration est toujours en cours."

Ce n'était pas très important. La Voie Lactée possède 400 milliards d'étoiles. En trouver une dans sa bordure avec une planète habitable, inhabitée et hors du réseau de porte était théoriquement simple... Il suffisait juste de la trouver. D'un autre côté, Plume peu trouver cette nouvelle réconfortante : Les Narisiens ne viendront pas squatter sur SA planète, même si elle avait l'air d'y être indifférente. Ayni savait que ce n'était pas si simple...

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Plume sourit à Aynira. Evidemment qu'elle aimait cette histoire ! La jeune femme aurait pu le parier sans ciller. Elle profita quelques instants des attentions de la narisienne avant que celle-ci ne soit coupée par un bip provenant de son appareil.

Les narisiens renonçaient à la colonisation sous prétexte qu'il restait un survivant. Elle. Plume fronça les sourcils.

"C'est ridicule. Je n'y vis pas. Cette planète est vide."

La jeune femme prit le temps de la réflexion avant d'affirmer brutalement.

"Et je ne veux plus jamais y aller."

D'un autre côté, savoir que cette planète ne servirait pas de terre aux narisiens avait un côté cruellement satisfaisant. Plume ferma les yeux à cette pensée, détestant raisonner de cette façon-là. Surtout que les narisiens lui avaient déjà sauvé la vie par le passé. C'était injuste et méchant. mais c'était ce qu'elle ressentait. Elle soupira bruyamment.

"Tu me trouves méchante ?"

Elle était toujours surprise de constater qu'Aynira n'avait pas la même vision d'elle qu'elle-même. C'était à la fois rassurant et déstabilisant. Pour s'occuper et focaliser son attention ailleurs que sur ses sombres pensées, elle glissa sa main dans celle de la narisienne et y fixa son regard en jouant avec leurs doigts entrelacés.

"Je n'ai jamais voulu y retourner. J'ai même toujours évité la zone. En fait, … je crois que j'ai peur de la façon dont je pourrai réagir là bas, …"

Ce n'était pas chose facile à admettre ni à verbaliser mais cela avait un côté apaisant de l'avoir formulé à voix haute.

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Plume trouvait la loi narisienne ridicule sur ce cas précis. Elle disait se moquer de ce qu'il advenait de la planète et qu'elle n'y remettrait jamais les pieds :

"Que tu le veuilles ou non, ça reste TA planète. On ne va pas s'installer là bas si tu ne le veux pas..."

Elle demanda rapidement après si elle l'a trouvée méchante. C'est vrai que Plume avait un comportement bizarre quand le peuple d'Ayni était dans le sujet de discussion du moment. Comme si ses "griefs" contre une seule d'entre eux se répercutait sur l'ensemble de la population. "Si ça leur nuit à tous, alors ça lui nuira forcément à elle aussi" quelque chose dans le genre.

L'histoire de Nadja et de la non-assistance des Narisiens dans le futur quand les Terriens en avaient le plus besoin n'a pas vraiment fait en sorte de leur donner une meilleure image. Ayni savait que pour Plume, les Narisiens étaient des traîtres potentiels et des lâches qui déguerpiront au moindre problème... Tenter de lui expliquer que la visiteuse du futur ne devait avoir qu'une version fragmentaire de l'histoire, si elle n'était pas complètement faussée par la propagande militariste de l'époque ne servirait pas à grand chose...


"Non tu n'es pas méchante... Tu es très suspicieuse, un peu jalouse, mais pas méchante"

Elle la conforta en la gardant dans ses bras, les doigts de sa main libre enlacés à ceux de la jeune femme alors qu'elle disait qu'elle n'avait jamais voulue y retourner par peur de ce qui pourrait se passer là bas. Une réaction légitime : Voir son propre monde détruit, savoir qu'on était la seule survivante pouvait en être trop que ce que la plupart des gens pourrait supporter... surtout si c'est un parasite vous contrôlant et donc indirectement vous qui a appuyé sur le bouton...

Un nouveau bip se fit entendre, montrant une nouvelle découverte. Une sorte de grand carton divisée en plusieurs colonnes elles mêmes divisées en plusieurs lignes se répétant :


"On dirait... une sorte de calendrier... comme celui des vestiaires du gymnase avec les filles en bikini..."

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Comme à son habitude, Aynira rassura Plume qui se demandait de plus en plus souvent ce qu'elle ferait sans elle. La jeune femme se laissa bercer doucement sans répondre aux affirmations de la narisienne et reporta son attention sur l'image nouvelle qui s'affichait à l'écran. Plume acquiesça à la supposition d'Aynira et grimaça à la fin de sa phrase. Elle n'aimait pas ce calendrier et ne comprenait pas pourquoi on mettait de telle image sur un document pratique. Mais il y avait de nombreuses choses qu'elle ne comprenait pas chez les terriens. Et les humains en général.

"C'en est un, mais sans les images superflues."

Il y en avait de nombreux dans le pensionnat où elle avait grandit. Comme s'il était toujours primordial de savoir exactement le jour qu'il était. Pourtant, il n'y avait jamais aucun changement dans leur emploi du temps d'un jour sur l'autre. Ils travaillaient autant toute la semaine, tout le mois et toute l'année. Seules quelques dates étaient sujettes à des manifestations différentes au pensionnat. Des dates importantes dans l'histoire de la nation. Le jour où les sauvages de l'est avaient été repoussés, à Kamas, plusieurs siècles avant la naissance de Plume. Le jour où le roi Darnel avait renversé la dictature de Febus et qui était devenu un jour de fête pour tout le peuple d'Agadden, … Des évènements marquant dans une année qui s'écoulait de loin. Plume n'avait jamais porté une grande attention aux calendriers. Elle ne le faisait pas plus aujourd'hui.

"Ce n'est qu'une succession de jours, … pas de quoi en faire toute une histoire, …"




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Plume confirma l'hypothèse d'Aynira : le document trouvé était bien un calendrier, bien qu'il était plus sobre que celui des vestiaires avec ses pinups. Elle rajouta également qu'il ne servait à rien de s'attarder dessus :

"Ça dépend... Il y a toute l'année de visible sur l'image ou seulement une partie ?"

Elle confirma que tout était là. Neuf mois de 53 jours chacun. Une année de 477 jours donc. Une comparaison avec le calendrier terrien serait facile. Il suffirait de diviser par 1.31. la durée de la journée était à peu près la même que celle de la Terre, ce qui rendait la conversion plus facile :

"On apprend beaucoup de chose avec un "banal" calendrier. Le nombre de jour dans l'année, la durée des saisons, les dates importantes pour la civilisation l'ayant mit en place. Par exemple... Tu es née quel jour ?"

Plume avait toujours dit qu'il n'y avait pas d'anniversaire au pensionnant, c'était un jour comme un autre sans festivité ou évènement particulier. Sauf que chez les Terriens et chez les Narisiens, c'était une date importante avec fête et cadeau. Plume s'était donnée une date arbitraire "pour faire plaisir" à Ayni, mais sa véritable date de naissance était inconnue.

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Aynira affirma qu'un calendrier était important pour bien comprendre une civilisation. Elle évoqua les saisons, le nombre de jours, de mois, … autant d'information que Plume aurait pu fournir sans efforts si on lui avait demandé. Elle haussa les épaules éteignant soudainement l'hologramme.

"Je sais pas, …"

Et c'était vrai. Aucun surveillant ne lui avait jamais parlé de son anniversaire et elle-même n'avait jamais demandé. De toute façon, cela n'aurait rien changé à sa situation ou à ses journées. Au pensionnat, on ne fêtait pas les anniversaires. Etait-ce le cas de tous les habitants de la planète ou seulement d'eux, parce que tout le monde se fichait du jour où ils étaient nés ? Plume n'aurait su le dire. Elle avait bien trouvé son dossier. Le jour devait certainement y être noté mais elle n'y avait jamais fait attention.

"Je suppose que ça doit être dans mon dossier, …"

La jeune femme grimaça. Le problème était que son dossier était présentement éparpillé dans la soute du tel'tac, avec des dizaines d'autres documents. Plume avait elle-même saccagé son vaisseau, de frustration et de colère, après sa dernière mission avec JP-1. Il n'allait pas être facile de tout rassembler mais, cela semblait tenir à coeur à Aynira et puis, … il faudrait bien qu'elle s'y mette un jour.

"Est-ce que tu veux que j'aille le chercher ?"

Si la narisienne répondait par l'affirmative, elle devrait la prévenir qu'elle risquait de prendre un peu de temps avant de revenir. Faire le tri dans tous les documents ne se fera pas en quelques minutes.

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Plume avoua qu'elle ne savait pas sa date de naissance, mais qu'elle devait figurer dans son dossier scolaire qu'elle était parvenue à récupérer et elle demanda si la Narisienne voulait qu'elle aille le chercher :

"T'es pas obligée. Si tu veux pas..."

Elle savait que le Teltak de Plume avait encore une fois subit une crise de nerfs de sa propriétaire. C'était il y a quelque temps déjà. Elle cherchait la jeune femme pour lui proposer une promenade. N'étant pas dans ses quartiers à étudier, elle alla vers le Teltak voir si elle était là. Pas de traces de Plume, mais un sacré foutoir. Elle reconnue même son instrument de musique fracassé en morceaux...

Elle était passé quelque fois à essayer de remettre de l'ordre, mais ce n'était que quelques minutes de rangement à chaque fois. Donc il restait encore beaucoup de travail et puis Plume l'aurait mal prise si la Narisienne avait tout nettoyée, disant que c'était pas à elle de le faire.

Pour l'instant, elle restait blottit contre elle, la dorlotant doucement :


"Dit ? Tu connaît d'autres histoires ? J'aimerai bien les entendre... si tu veux bien"

D'habitude, c'était Aynira qui racontait des choses, Plume trouvait ça très reposant, mais la réciproque était vrai aussi...

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Aynira n'exigea pas une réponse immédiate et Plume décida que cela pouvait attendre.

"J'irai demain."

De toute façon, elle devait bien se résoudre à aller ranger tout ce bazar un jour ou l'autre. Elle ne pouvait pas continuer à l'ignorer indéfiniment. C'est alors que la narisienne demanda d'autres histoires. Plume réfléchit un instant et finit par lui sourire doucement. Elle se détacha complètement d'elle pour se lever et alla chercher un coussin sur un fauteuil. Elle se cala dans un coin du canapé et posa le coussin sur ses genoux avant de regarder la narisienne.

"Viens par là."

D'un geste de la main, la jeune femme désigna le coussin, invitant Aynira à y poser la tête. Une fois la brune installée, Plume joua distraitement d'une main dans ses cheveux et prit délicatement sa main de l'autre. Elle lui sourit.

"Ferme les yeux."

Plume avait l'impression de revenir des années en arrière. Elle faisait souvent ça pour les plus jeunes du pensionnat. Elle attendit qu'Aynira s'exécute. Elle continua ses gestes dans la chevelure brune et commença à jouer doucement avec ses doigts dans les siens.

"Imagine un petit ruisseau. L'eau est claire et calme. Il dévale doucement le pan d'une montagne verdoyante et pénètre dans une forêt dense. Au-dessus, le ciel est légèrement mauve et la végétation d'un vert tirant vers le bleu."

Elle parlait d'une voix calme et basse.

"Tu suis la rivière à travers la forêt jusqu'à arriver à un lac circulaire. Il doit faire deux cent mètres de diamètre et une bande de terre et d'herbe l'entoure sur une dizaine de mètres avant que la forêt ne reprenne ses droits.

A première vue, tu pourrais croire l'endroit désert, mais, si tu regardes bien, tu verras que, non loin des arbres, un groupe d'animaux dort. Ils sont tout près les uns des autres. Ils ressemblent à des loups mais leurs griffes sont rétractables et leurs museaux plus larges. Mais ce n'est pas le plus intéressant. Le plus étrange, c'est la jeune fille qui dort parmi eux."

Plume raconte l'histoire d'un débit lent, sans cesser ses gestes.

"Cette jeune fille est une fée et elle est prisonnière. Le roi, un homme cruel, ne voulait pas qu'elle puisse intervenir sur sa gestion du royaume mais, comme chacun sait, tuer une fée apporte quinze ans de malheur au royaume. Le roi ne voulait pas risquer la famine et la sécheresse et demanda à un génie à sa solde de jeter une malédiction à la fée. Sa vie est restreinte au lac et sa bande de terre. Si elle pose un pied dans la forêt, elle sent ses forces la quitter peu à peu et, si elle y reste trop, elle meure.

Eléa, car c'est son nom, n'a pas quitté les alentours de ce lac depuis plus de trois ans sans se faire voir par les voyageurs de passage jusqu'à ce qu'un jeune homme la surprenne en pleine sieste un matin de printemps."

Plume continua son récit, détaillant la rencontre des deux jeunes gens, l'histoire de la fée et les efforts que fit Axel pour adoucir sa punition. Chaque jour, il revenait près du lac et lui racontait une histoire de l'extérieur.

"Un beau jour, Eléa s'aperçut que sa captivité n'était pas si terrible, … tant qu'Axel venait chaque jour, comme il l'avait promis, …"

L'histoire ne s'arrêtait pas là, mais Plume cessa de parler. Aynira avait gardé les yeux fermés tout du long et Plume avait continué ses gestes lents durant son récit. Elle resta de longues secondes en silence. Finalement, elle brisa celui-ci dans un chuchotement à peine perceptible.

"Tu es ce qui m'est arrivé de mieux, …"

Etrangement, elle ne souriait pas, se contentant de la fixer en respirant calmement. Au contraire, son visage était étonnamment grave.

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Plume annonça qu'elle irait chercher ce dossier le lendemain. En attendant, elle invita la Narisienne à la rejoindre, la tête sur un coussin posé sur ses cuisses. Elle raconta une nouvelle histoire, celle d'une fée sous les coups d'une malédiction l'empêchant de s'éloigner des abords d'un lac sous peine de mourir. Une véritable prison sans barreaux.

Mais au lieu de vivre dans l'isolement le plus complet, un jeune homme la rencontra et il fit la promesse de venir la voir tout les jours. Elle stoppa son histoire et resta silencieuse. Ses mains glissant doucement dans la chevelure d'Ayni, toujours les yeux fermés, ou jouant avec ceux de sa mains. Puis elle brisa le silence en disant qu'elle était la meilleure chose qui lui était jamais arrivée.

La Narisienne sourit et ouvrit les yeux, mais le visage de Plume était des plus sérieux. Elle se redressa doucement, approchant lentement son visage du sien, les yeux dans les yeux. Une main se posa délicatement sur la joue et les derniers espaces furent franchis. Pas besoin d'en dire plus, leur contact visuel et leur baiser équivalaient tous les discours du monde...

Quand Ayni ouvrit les yeux, elle était toujours sur le canapé, Plume blottit contre elle. Elles avaient dormit quelques heures. D'un geste lent, elle jeta un coup d’œil à son appareil, prenant bien soin à ne pas déranger sa compagne. Une pléthore de mise à jour dont la découverte d'animaux semblable à des furets, mais faisant preuve d'une plus grande intelligence, un peu comme Silver. D'ailleurs ce dernier dormait lui aussi, roulé en boule sur le fauteuil en face.

Elle finit par couper l'appareil, se concentrant de nouveau sur Plume, la dorlotant délicatement et attendant patiemment le réveil qu'elle incitait doucement en laissant ses doigts dessiner des arabesques sur sa peau et sa chevelure...

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Aynira sourit à la dernière phrase de Plume, contrairement à la jeune femme qui arborait un visage des plus grave. Elle ne parvenait toujours pas à définir si cette dépendance qu'elle avait développé pour la narisienne était une bonne ou une mauvaise chose. Une partie d'elle appréciait cette quiétude qui l'habitait en présence d'Aynira. L'autre partie lui criait qu'endormir sa méfiance était un gros risque et qu'elle pouvait tout perdre. Mais c'était trop tard. Bien trop tard. Elle ne pouvait qu'accepter les faits qui ne laissaient plus aucun doute.

Aynira ne prit pas la peine de répondre quoi que ce soit. Elle savait qu'il n'y avait rien à dire de pertinent. A la place, comme bien souvent face à la dualité de Plume, elle préféra l'action. Soutenant le regard de Plume, elle se redressa lentement. La jeune femme la laissa faire, faisant glisser une main sur la hanche de la narisienne et l'autre allant se perdre dans sa chevelure. Elle ne rompit le contact visuel que lorsqu'elle sentit des lèvres sur les siennes, profitant du tendre baiser.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, une larme solitaire dévala la joue de Plume en silence. Elle regarda la narisienne un instant avant de l'attirer à elle pour un second baiser.

De fil en aiguille, Plume finit allongée sur le canapé, blottit dans les bras d'Aynira. Elle réfléchissait aux implications de la non destruction de sa planète en écoutant le rythme régulier des battements du coeur de la narisienne. Petit à petit, elle s'endormit.

Son sommeil fut rempli d'images fugaces. Des dessins et photos qu'elle avait vu dans les livres, des souvenirs de ce qu'elle voyait au-delà du pensionnat lors de ses soirées sur le toit, des paysages vu sous le contrôle de Métis. Des images de son monde, avant sa destruction. Avant qu'il ne devienne le monde de cendre qu'il était aujourd'hui.

Plume remua légèrement durant son sommeil. Les souvenirs n'étaient pas forcément agréables mais un contact léger l'apaisa rapidement. Doucement, les images s'estompèrent pour laisser place à un noir profond. La jeune femme soupira d'aise en se calant davantage contre la narisienne. Elle finit par ouvrir les yeux pour croiser le regard émeraude de la narisienne. Elle resta longtemps à la fixer sans bouger, profitant simplement du moment, avant de devoir se lever. La soirée commençait à tomber et le repas n'allait pas se préparer tout seul.

Le reste de la journée se passa dans le calme. Comme toujours, la narisienne parvint, sans trop de mal à rendre le sourire à Plume en racontant des bêtises ou faisant des pitreries uniquement destinées à lui faire oublier sa trop grande méfiance et son pessimisme à toute épreuve. Elles se couchèrent tard cette nuit-là, Plume, plus du tout fatiguée, avait proposé une balade. Même s'il faisait encore froid en cette nuit de mars, la ballade fut agréable et leur permit de s'endormir mieux par la suite.

Le lendemain matin, Plume se réveilla tôt. Elle regarda Aynira dormir un moment avant de se lever sans faire de bruit et de se préparer rapidement. Elle laissa une note avant de quitter l'appartement.

[Je suis allée tenir ma promesse. A toute à l'heure.] 

Elle hésita longuement sur la fin de son message. Elle savait ce qu'elle aurait dû écrire mais ces mots-là étaient encore synonyme de traitrise pour la jeune femme, elle ne parvenait pas à se résoudre à les écrire, ni même à les dire. Alors elle signa simplement "Ta Plume", seul signe personnel qu'elle arrivait à retranscrire, puis, sortit pour rejoindre le JPS.

Une fois sur le JPS, la jeune femme prit directement la direction du cinquième pont et se figea un instant devant son teltac. Lorsqu'elle trouva la force d'y pénétrer, elle remarqua les quelques traces de rangement qui avait été fait. Plume ne put retenir un sourire. Aynira n'avait pas pu s'empêcher de venir ranger. Sans doute voulait-elle l'aider. Cela lui donna l'impulsion nécessaire à se mettre au travail.

Plume commença par trier les éléments à garder de ceux brisés, à jeter. Puis, elle s'occupa des documents qu'elle rassembla au même endroit, sans trop y faire attention. Elle s'occuperait de les classer en dernier.

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