Noa était assis à l'arrière d'un taxi qui roulait plein gaz vers l'hôtel. Son estomac était noué et son coeur battait à tout rompre. Il ne pouvait s'empêcher de penser à sa fille. Il sortit son téléphone et composa le numéro de chez lui. Il attendit de tomber sur le répondeur pour laisser un message, la voix serrée:
" Salut ma puce, c'est papa. Je voulais juste te dire que j'ai repris le travail aujourd'hui. On se voit ce soir ma chérie. Bisous, je t'aime. "
Noa raccrocha avec un énorme pincement au cœur et une boule au ventre. Cette dernière affirmation était une promesse qu'il fallait qu'il tienne. Il fallait qu'il rentre ce soir, quoi qu'il se passe dans cet hôtel, il fallait qu'il puisse serrer sa fille dans ses bras. Le taxi se garait devant l'hôtel Homewood Suites by Hilton. Le grand barbu resta silencieux quelques secondes avant de payer et de sortir de la voiture qui ne tarda pas à redémarrer. Le jeune homme prit une profonde inspiration pour essayer de calmer son cœur battant et avança d'un pas qui se voulait assuré. Il franchit la porte d'entrée, grimpa les deux étages et se retrouva devant la porte numéro 26.
Le néo-zélandais frappa deux coups rapides à la porte, essayant d'adopter une attitude décontractée et assurée. Pourtant il n'y avoir absolument rien de rassurant. Lorsque cette porte allait s'ouvrir, il saurait ce qu'il en était. Il saurait dans quelle sorte de piège il était tombé.
Pendant son voyage en taxi, Noa fit quelques recherches de son côté et finit par retrouver tout les dossiers des recrues du SDT potentiel pouvant coller avec la mystérieuse hackeuse.
La plupart fut rapidement écartés, car il s'agissait soit d'hommes soit d'individus ayant un emploi, souvent dans les différentes branches de leur gouvernements respects. Celui qui semblait le plus correspondre à la hackeuse était celui de Natalie Davis. Née il y a 22 ans en 1995 à Las Vegas dans le Nevada. Dans le milieu du hacking, elle est connue sous le pseudo de Bleach, un surnom octroyé en raison de sa capacité à effacer aussi bien toutes les défenses des systèmes qu'elles craquent que ses traces. Une hackeuse très douée qui a fait ses premières armes à l'âge de 10 ans en piratant le système informatique de son école. Elle est supposée disposer d'une mémoire eidétique.
Si son plus gros coup fut de craquer le système informatique du Pentagone avec pour conséquence de... détraquer la climatisation et d'afficher sur tout les écrans du bâtiment une vidéo porno avec un thème militaire. Autodidacte, bricoleuse et n'hésitant pas à s'infiltrer sur site quand nécessaire, elle ne semble rechercher que le goût du défi et non une quelconque volonté criminelle. Une recrue potentielle, mais rejetée car jugée trop défiante envers une quelconque forme d'autorité.
Noa monta à la chambre indiquée et toqua à la porte. Il ne se passa que quelques seconde avant que la porte ne s'ouvre, dévoilant une brune plutot mignonne vêtue d'un pyjama avec l'Amiral Ackbar et le Capitaine Picard assit à une table de bar :
"Salut ! T'as fait plutôt vite... Pourquoi tu fais cette tête. Me dit rien ! Elle n'a pas voulue venir ? Allez rentre, je vais pas te sauter dessus toute de suite. Je fais pas ça avec des inconnus !"
Elle rigola et le laissa entrer. La chambre d’hôtel était classique, mais on pouvait remarquer que la douche était ouverte. Pas de fumée, c'était de l'eau froide. En jetant un œil Noa put voir que l'ordinateur était dans la salle de bain et la douche convertit en un système de refroidissement artisanale pour éviter la surchauffe de son équipement :
Lorsque la porte s'ouvrit, Noa reconnu le visage de Natalie Davis et il ressentit comme un immense soulagement. Rien n'était encore gagné mais si la personne avait été tout autre, il aurait été pris de court. Le jeune homme revit mentalement le dossier de Natalie qu'il avait survolé dans le taxi. 22 ans, mémoire photographique, hackeuse particulièrement talentueuse qui a commencé à dix ans à peine. Sévissant sous le nom de Bleach. Avait déjà pénétré le système du Pentagone. Noa détailla la fille devant lui. Elle paraissait si jeune dans son pyjama Star Trek. Natalie s'exclama alors de la tête faite par Noa et l'invita à rentrer, précisant qu'elle n'allait pas lui sauter dessus "tout de suite". Noa fit une moue et rentra. Cette fille ne manquait décidément pas d'assurance. Lorsque la porte de referma derrière lui, il jeta un bref regard dans la pièce. C'était une chambre d'hôtel classique et il constata avec un nouveau soulagement qu'ils étaient seuls. Le jeune homme pu apercevoir l'ordinateur ainsi qu'un système de refroidissement artisanal installé dans la salle de bain. La jeune femme lui demanda alors qu'il souhaitait boire quelque chose. " Je dis pas non. " répondit Noa à la proposition.
Le néo-zélandais s'assit sur le coin du lit. D'ici, il avait une bonne vue sur la salle de bain et sur l'ensemble de la pièce.
" Natalie, j'ai lu ton dossier. Il est très impressionnant. J'ai particulièrement apprécié l'humour de ta mise en scène au Pentagone. " ajouta t-il avec un sourire en coin.
" Alors dis moi, comment t'y es-tu prise ? Qui t'as aidé à rentrer dans la base pour faire ton installation ? Qui t'as aidé à en ressortir et surtout qui a déclenché l'autodestruction manuellement ? Car, ne te méprend pas, je suis conscient de ton talent, mais quelqu'un t'as aidé, ne serais-ce que pour l'auto-destruction. Un jeune civil peut-être ? Que tu aurais séduit ? Un nouveau venu, introverti, qui passe inaperçu. "dit Noa.
La gamine était très mignonne et son assurance pouvait en déstabiliser plus d'un. Était-ce ainsi qu'elle avait réussi à parvenir à ses fins ?
La jeune femme rigola et se déplaça vers le mini frigo de la chambre ou elle sortit différentes bouteilles de sodas et de jus de fruit :
"Quoi ? Ils disent "Pas d'alcool" dans le règlement"
Noa se disait impressionné par le dossier de Natalie et qu'il avait aimé la petite touche d'humour dont elle fit preuve pendant son piratage du Pentagone :
"Ils ont pas vraiment aimé eux... Faut croire qu'ils sont encore plus coincé qu'une église puritaine"
Le néo-zélandais demanda comment elle avait fait, supposant l'existence d'un complice. La jeune femme fronça les sourcils durant le passage de l'autodestruction :
"T'as lu mon dossier ? Non parce que sinon t'aurais vue le mot "Autonome". Je bosse en solo. Les gens sont faillibles, pas les machines. Je suis dans le coin depuis deux semaines. J'ai fait pas mal de randonnée autour de la montagne et j'ai trouvée la bouche de ventilation. Ensuite j'ai utilisée ça"
Elle sortit de sous le lit un véhicule télécommandé lourdement bricolé qui pourrait faire penser à un drone artisanal :
"Une fois dans le conduit, j'ai fait un peu de repérage, trouvée une tenue de militaire dans un magasin de déstockage et je me suis glissée dans la base durant la nuit avec un brouilleur. J'ai mit mon routeur en place et voila."
Elle prit ensuite un air plus grave :
"Ok, le coup de la grenade c'était moi, mais l'autodestruction non... je croyais que c'était moi qui l'avait activée. Une sous-routine de sécurité, mais non. La commande n'est pas venue de chez moi. Et manuellement bah... J'ai pas bougée d'ici et j'ai pas vos supertéléporteurs de la mort donc voila. Au fait c'est lesquelles qui vous l'ont donné ça ? Les petits gris tout mignon ou les sorte de vers parasite qui font briller des yeux ? Oui j'ai un peu fouiner dans la base de données"
" Dommage, j'aurais bien pris un remontant. "dit-il en tendant la main pour attraper le jus de fruit que Natalie lui tendit. Il ouvrit la bouteille et bu une longue gorgée en écoutant la réponse de la jeune femme concernant sa théorie du complice. Natalie affirmait qu'elle avait travaillé seule. Il était vrai que c'était ce qu'elle affectionnait, mais Noa ne pouvait imaginer que le zone 52 soit faillible à ce point. Mais avec l'explication de la jeune femme, le néo-zélandais tomba de haut. Elle sortit un drone artisanal de sous le lit et le regard de Noa changea instantanément. Il troqua ses craintes pour une lueur pétillante d'admiration dans les yeux. Il posa sa bouteille de jus de fruit au sol et attrapa l'objet qu'il tourna entre ses mains tout en écoutant la suite de l'explication de Natalie. Cette fille l'épatait de plus en plus. Son talent était un donc précieux. Noa affichait un petit sourire en coin tout en détaillant l'objet. Il releva soudain les yeux et son sourire fondu lorsque Natalie affirma ne pas être l'auteur de l'activation de l'auto-destruction. Le visage de Noa se raidit. Il posa le drone au sol et se leva d'un bond. Lui qui avait naïvement pensé qu'il avait mis la main sur le cerveau, qu'en arrêtant le hackeur, tout était réglé. Non, quelqu'un d'autre avait profiter de l'instant pour mettre en place un plan en action. A quelles fins ? Comment avait-il pu être aussi stupide ?
Noa composa un message rapide à Hunter. " Il y a quelqu'un d'autre ! Celui ou ceux qui ont activé l'auto-destruction, ils naviguent en solo. Rien à voir avec le hackeur ! Je ne sais pas quelles sont leurs intentions. Soyez prudents mais trouvez les ! "
Le néo-zélandais sentait la panique le gagner petit à petit. cela faisait deux fois qu'il quittait le bateau en marche. Il s'était éclipsé du JPS alors que rien n'était réglé et il avait fait de même pour la zone 52. Est-ce que son jugement était altéré ? Est-ce qu'il avait perdu la main ?
Pourtant s'il n'était pas venu, Natalie aurait probablement décampé et ils n'auraient pas pu mettre la main sur elle. Il leva un regard paniqué vers Natalie et balaya la pièce du regard, cette chambre d'hôtel paisible. Il ne pu s'empêcher de penser à ce qu'il était en train de se passer en zone 52 et pire... sur le JPS. Tellement focalisé par sa mission et l'urgence de la situation, il n'avait pas demandé de rapport à Lena et personne n'avait jugé bon de lui en faire un de son plein gré. Son cœur se serra en pensant à Sarah alors qu'il sentit les plaques de métal contre son torse. Il essaya de se calmer en prenant une grande inspiration. Il n'était question que de satellites. ils avaient probablement réglé le problème depuis.
Cette pensée réussit à le calmer et il baissa la tête vers son commutateur. " Rapport de la situation sur le JPS, SVP " écrivit-il simplement à Lena. Il rangea l'appareil dans sa poche arrière d'une main tremblante et tourna un visage grave vers Natalie.
" Tu es très doué et je suis vraiment impressionné par ta... performance. Nous avons besoin de talents comme toi. Je veux te proposer un poste, mais je ne suis pas assez haut placé pour te le garantir. Ce que je peux te promettre, c'est que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir dans ce sens. Ce qui est certain c'est que ce que tu as fait ... dans cette zone sécurisée pourra te coûter des années de prison. Je te propose un deal. Je vais appeler un taxi qui va nous emmener tous les deux là-bas. Une fois arrivé, tu te rendras. Je serais avec toi pour m'assurer que tout se passe bien. Je téléphonerai ensuite à tous mes supérieurs pour leurs faire abandonner les charges contre toi en leur affirmant que tu acceptes de travailler avec nous. Ta démonstration les a effrayé, mais crois moi, ils préféreraient t'avoir dans leurs rangs que contre eux... surtout sachant tout ce dont tu es déjà au courant. Ces connaissances joueront en ta faveur. Je suis de ton côté Natalie et je voudrais vraiment avoir la chance de travailler avec toi. Alors ? Qu'en penses-tu ? Tu me fais confiance ? " Noa était debout et dominait Natalie de toute sa hauteur. Il était même obligé de baisser exagérément la tête pour fixer la jeune femme dans les yeux. Il espérait qu'elle puisse lire dans son regard toute sa sincérité.
Natalie rigola quand Noa affirma qu'il n'aurait pas été contre un petit remontant. La discussion passa jusqu'à la révélation que la jeune hackeuse n'était pas derrière la tentative de destruction de la base. Elle voulait juste savoir la vérité à propos de cet endroit. Elle était donc là au mauvais moment, à moins que le saboteur ait profité de l'opportunité de son hack pour passer à l'acte...
Le Néozélandais proposa ensuite quelque chose... Il voulait l'embaucher, mais avant ça, elle devrait se rendre. Pour la première fois la jeune femme perdit son sourire, prenant pour la première fois un air des plus sérieux :
"Et bien à la base, j'ai fait ça pour qu'on me remarque. Mais c'est vrai que ce que j'ai trouvée dans ces dossiers... Ouais ça serait un job sympa. Tabasser des aliens, m'amuser avec des super joujoux de l'espace mais bon... Tu dois le savoir, mais j'ai un énorme... problème avec l'autorité. Bosser en équipe, suivre gentiment les ordres comme une petite employé jetable. Avoir toujours quelqu'un sur le dos pour me surveiller et m'évaluer en permanence... Non j'aime pas du tout ça."
Elle vida d'une traite une canette de soda light sous l’œil de Noa :
"Quoi ? J'adore le gout !"
Elle rigola avant de jeter la petite boîte d'aluminium dans la poubelle :
"OK je veux bien tenter le coup, mais pas question que je me rende ou même que je subisse leur petit interrogatoire sauce secrète CIA."
Elle alla vers la salle de bains et s'installa devant son ordinateur qui passait en revue les dossiers du personnel. Noa reconnue plusieurs têtes :
"Tiens bizarre... les aliens ont réellement des tête d'humains ou c'est un camouflage ? Ils sont pas moche en plus... Au fait ta copine bosse là-dedans aussi ? Tu sais que ma proposition de petite soirée en trio tient toujours hein. J'ai jamais fait ça en apesanteur, ça doit être fun..."
Pour la première fois depuis que Noa était arrivé, Natalie prit un air plus sérieux. Elle avoua qu'un tel poste lui plairait mais qu'elle avait un problème avec l'autorité. Noa pencha la tête sur le côté. Bien entendu, c'était la raison de son recalage, mais le néo-zélandais était quelqu'un d'optimiste et il espérait que la jeune femme puisse changer. Mais en était-elle vraiment capable ? Natalie finit sa canette d'une traite et la jeta avant de se lever pour rejoindre son ordinateur. Elle affirma pourtant qu'elle refuserait de se rendre et de subir un interrogatoire. " Ce sera moi qui mènerait l'interrogatoire. Et je peux te jurer que j'assurerai ta protection.... "
Avait-il vraiment ce pouvoir ? Il y a quelques moins peut-être, mais aujourd'hui, rien n'était sûr.... Mais Natalie ne l'écoutait pas et préféra repartir dans l'humour en regardant les dossiers personnels de la base de données. Elle s'étonna de l'aspect des "aliens" et recommença son rentre-dedans ouvert et sans gêne. Cette fois-ci, Noa ne rentra pas dans son jeu, il fit les deux grands pas qui le séparait d'elle et l'attrapa par le poignet. Il la tira légèrement pour la forcer à lui faire face. Son visage était grave et on ne peut plus sérieux, mais sa voix restait douce, malgré sa prise ferme autour de son poignet. " Natalie, s'il te plait. Soit tu me suis et tout se passe bien, soit je serais obligé d'appeler des renforts pour t'arrêter... et là je ne pourrais plus rien contrôler. Je suis venu seul, comme tu me l'as demandé, preuve de ma bonne foi. Mais s'il te plait, ne me fais pas faire quelque chose que je ne veux pas. Viens avec moi, maintenant. Je m'occuperai de tout et ... je peux gérer ton problème d'autorité. Fais moi confiance, s'il te plait. "
Noa informa que c'était lui qui mènerait l'interrogatoire, mais l'attitude de la jeune femme commença à l'exaspérer. Il commença à employer des menaces de renforts ou jouer sur la corde sensible en parlant de confiance. Tout cela ne fit que la faire rire aux éclats :
"Je crois que t'as mal compris champion. J'ai dis que j'acceptais de t'aider et même de postuler. Mais si je bouge d'ici avec toi : pas de menottes, pas de renforts, pas de cellules et pas de waterboarding. Enfin... les menottes ça dépend, mais j'en ai pas amenée. Tu pourras pas m'attacher au lit et me faire tout ce qui te passe par la tête. Dommage."
Elle commença alors par bouger dans la chambre, commençant manifestement à faire ses valises. Ranger son véhicule téléguidé dans un sac dédié et démontant son installation sous la douche :
"Au fait tu m'as toujours pas répondu. On fait ça maintenant ou on attend de savoir si madame veux se joindre à la fête ? T'es pas si pressé que ça de retourner dans ton tupperware de l’espace quand même non ?"
Natalie dégagea son poignet de la prise du néo-zélandais et se mit à rire tout en réitérant ses conditions. Le visage sérieux de Noa se mit alors à se détendre et la gratifia d'un sourire.
" Okay deal ! " déclara le néo-zélandais en tendant la main pour que Natalie la serre." Pas de renforts, pas de cellules, et pour les menottes, j'en ferais livrer dans tes quartiers de fonctions. Un petit cadeau de bienvenue. " osa t-il. Noa était tellement soulagé d'être arrivé à un arrangement qu'il n'avait pas pu s'empêcher de rentrer dans le jeu de la jeune femme.
Celle-ci enchaina d'ailleurs volontiers, tout en préparant sa valise et ses affaires. Elle n'abandonnait pas son rentre-dedans et s'inquiétait même de savoir s'il était prêt à le faire ici-même et maintenant. Noa ria nerveusement, légèrement mal à l'aise en se frottant l'arrière du crâne.
" Tu ne lâches pas prise toi. " dit-il." Tu es très attirante mais il faudrait mieux éviter, si nous sommes amenés à travailler ensemble. "continua t-il sur le ton de la plaisanterie. Bien entendu, ce n'était pas la seule raison...
Le jeune homme composa un numéro sur son téléphone et commanda un taxi en donnant l'adresse de l'hôtel. " Le taxi sera là dans une dizaine de minutes. " dit-il à Natalie en raccrochant.
C'est alors qu'il se rendit compte qu'il n'avais toujours pas eu de réponse de Lena. Son silence n'annonçait rien de bon et l'inquiétude le gagna de nouveau. Son visage s'assombrit tandis que ses pensées fusaient vers le JPS...et le regard de Sarah lorsqu'elle lui passa ses plaques autour du cou... Il sentit son cœur manquer un battement.
Noa accepta l'accord et rigola sur les menottes, disant qu'il en ferait livrer dans ses nouveaux quartiers, ce qui fit rire Natalie :
"Je vais en faire mon donjon et tout le monde m'appellera "Maîtresse""
Elle rigola en rangeant le reste de ses affaires, profitant de lancer encore quelques piques à Noa qui sembler bien plus nerveux à l'idée de faire ça en sachant qu'ils allaient maintenant travailler ensemble :
"Alors on se dégonfle ? Boarf dommage... J'attendais à ce que tu fasse sortir la bête qui est en toi. Je crois que t'en a besoin "Mr congé maladie pour stress au boulot". Ou alors tu tiens vraiment à ce plan à trois avec ta miss qui botte des culs."
À partir de cette instant, la démarche de la hackeuse devint plus chaloupée, taquinant par quelques mouvement des plus suggestifs alors que Noa appela un taxi et une fois tout son attirail, il ne restait plus que les deux personnes dans la chambre au milieu de plusieurs sacs et valise... et elle était toujours en pyjama :
"10 minutes... C'est vrai que c'est court pour s'envoyer en l'air. Je te proposerai bien une gâterie, mais tu vas encore faire ton timide parce que je demanderai une contrepartie en même temps. Oui y'a pas de raison qu'il y ait que moi qui joue de la langue... Tant pis ! Tu sais pas ce que tu loupes"
Il restait une dernière chose pour qu'elle puisse sortir : se changer. Elle commença donc à retirer son pyjama sans gène avant de s'habiller. Une tenue classique, un jean avec un t-shirt et des baskets. Rien de plus passe partout. Elle se retourna vers Noa avec un grand sourire :
"Quoi ? T'as jamais vue une femme se changer ? Ou t'es en train de te maudire sur 78 générations pour avoir loupé l'occasion de t'amuser avec moi ?"
Elle rigola avant de prendre plusieurs de ses sacs... mais il faudrait plusieurs voyages. À moins que...
"Dis tu pourrais m'aider à embarquer tout ça... s'il te plaît ?"
Elle mima le rôle de la gamine demandant quelque chose à ses parents en usant de tout son capital sympathie avant de rigoler en quittant la pièce.
Ce fut Natalie qui le tira de ses pensées en affirmant sa déception de ne pas s'envoyer en l'air avec lui et en ajoutant qu'il en avait peut-être besoin. Le jeune homme rit jaune intérieurement. Peut-être qu'elle avait raison, peut-être que cette solitude douloureuse dans laquelle il s'était enfermé ces derniers mois n'était pas bonne pour lui, peut-être que ça avait trop duré. Depuis combien de temps n'avait-il pas ... ? Oh.... Il se revit complètement saoul, au lit avec David, puis Sarah et son regard... Il passa une main sur son visage pour chasser ces souvenirs troubles et douloureux. Noa ne préféra pas répondre. Il enfonça ses mains au fond de ses poches et releva les yeux vers Natalie. Celle-ci était toujours en train de faire ses affaires mais avait adopté une démarche plus chaloupée très suggestive. Noa la regardait faire, le visage grave et fermé. Cette dernière réitéra de nouveau sa proposition, choisissant alors quelque chose de plus rapide, vu leur temps limité. Le jeune homme dû détourner les yeux pour essayer de chasser l'image troublante que Natalie voulait lui imposer tandis qu'il sentait des picotements dans son bas ventre. C'est alors que Natalie commença à se déshabiller. Noa se racla la gorge en détournant encore une fois les yeux. Il se demanda un instant ce qui lui prenait de se mettre nue tout à coup... Allait-elle... ?
* - Merde, c'est une gosse ! - Hypocrite, elle a le même âge qu'un certain serveur français. Voire même plus âgée, vu qu'il doit certainement mentir sur son âge. * Non... elle se changeait... tout simplement. Bien sûr, c'était logique, elle était en pyjama. Natalie se retourna alors vers lui avec un immense sourire. Elle du surprendre le regard de Noa car celle-ci enchaina aussitôt sur des potentiels regrets de la part du néo-zélandais. * Peut-être... *répondit-il intérieurement tout en déglutissant. Mais il était en mission après tout... il ne pouvait pas... Noa se demanda alors pendant une seconde ce qu'il aurait fait dans un autre contexte. Il eut la réponse immédiatement, comme une évidence; Rien. Rien ? Mais pourquoi ? Il y a un an, il ne serait certainement pas passé à côté d'une occasion pareille surtout après les nombreuses demandes explicite de la fille ! Alors quoi ? Pourquoi ?
Encore une fois la réponse lui apparu nettement, sans hésitation... * Je ne peux pas faire ça à Sarah... * A cet instant, l'esprit de Noa sembla complètement déconnecté de l'espace-temps. Ses yeux fixait un point vague que lui seul pouvait voir. Il ne semblait plus rien voir d'autre et ne plus rien entendre.
* A Sarah ? Mais vous n'êtes plus ensemble, tu te souviens ? C'est toi-même qui l'a chassé ! Tu l'as fait souffrir, tu t'es servi d'elle et tu l'as jeté ! *
Ce rappel de cette dure réalité le frappa en plein ventre aussi sec qu'un réel uppercut. Noa sembla alors reprendre conscience du monde alentour. Natalie avait commencé à trainer une partie de ses valises en dehors de la pièce et attendait visiblement qu'il en fasse de même. Quelques secondes à peine semblait s'être écoulé. Le regard hagard, Noa prit les valises et les tira derrière lui, claquant la porte de la chambre en sortant.
Il descendit sans un mot et chargea les valises dans le taxi qui les attendaient en bas. Lorsqu'il monta à l'arrière avec Natalie, il donna l'adresse au chauffeur et regarda le paysage défiler par la fenêtre, pensif. Ce fut la sonnerie de son commutateur qui le tira de ses rêveries. Il le sortit de sa poche et écarquilla les yeux en lisant le message de Lena.
" Nom de d... " Son ancienne assistante venait de lui faire un rapport rapide de la situation sur le JPS. il comprit aisément pourquoi elle n'avait pas trouvé le temps de lui en faire un avant. Ils venaient d'essayer une attaque de grande ampleur. Tout semblait terminé maintenant, mais ce qui fit tripler le rythme cardiaque de Noa fut la mention aux nombreux blessés et certains morts.
Aussitôt, Noa composa le numéro de Sarah et porta le combiné à son oreille. Les sonneries étaient longues et déchirantes. " Décroche... décroche... " murmura t-il. Lorsque la sonnerie cessa pour laisser place à des crépitements, Noa se pencha en avant. " Sarah ? Sarah ! Tu vas bien ? Je... Lena vient de me dire... dis-moi que tu vas bien ! " lâcha t-il sur un ton complètement paniqué et embrouillé. A l'autre bout du fil, il entendit la jeune femme prononcer son prénom, visiblement surprise de son appel. Ce seul mot eut pour effet de calmer le néo-zélandais. Elle parlait, elle était consciente, elle allait bien ! Puis se fut le silence entre eux deux pendant de longues secondes. Noa fixait bêtement l'arrière du siège en face de lui, cramponné à son téléphone. Celui-ci se mit alors à vibrer trois fois dans son oreille. Agacé, il n'en tînt pas compte. Enfin Sarah répondit un "Je crois" incertain. Puis son ton changea et Noa reconnu la manière caractéristique de la jeune femme d'éluder les questions par l'humour. Elle prit des nouvelles de ses plaques avant de lui demander comment se passait les choses en zone 52. L'estomac de Noa se resserra alors.
" Tes plaques sont en sécurité. " Il marqua une pause avant de continuer. " Je... je ne sais pas, je n'y suis plus... " Cette réponse vague devait paraître des plus étranges. Et puis il se souvînt tout à coup du mail qui devait être envoyé à Sarah au cas où il ne rentrait pas à temps. Le jeune homme jeta un coup d’œil à sa montre. Merde.... le mail avait été envoyé il y a 10 secondes. Noa se souvînt du vibrement de son téléphone quelques secondes auparavant, programmé pour l'avertir de la fin du temps imparti. Il l'avait oublié,... ou ignoré inconsciemment... " Tu as dû recevoir un mail maintenant, n'en tient pas compte, tout va bien. Je t'expliquerai. "enchaîna t-il. Noa jeta un coup d’œil à Natalie à ses côtés. Il ne pouvait décidément pas en dire plus devant elle.
" Je dois y aller, content de savoir que tu vas bien. " conclu t-il dans un murmure en tournant la tête vers la vitre à sa droite pour que Natalie n'entende pas.
Noa raccrocha et composa aussitôt le numéro de Angelika Karlsson. Il lui fallait assurer ses arrières en zone 52, s'assurer que quelqu'un de poids serait de son côté et il n'y avait personne de mieux désigné pour cela que Karlsson. Il du passer par son assistante avant d'avoir la cinquantenaire. Cet appel n'allait pas être facile, entre le chauffeur et ses oreilles qui trainaient et Natalie qui mémorisait chaque parole. Il comptait sur l'esprit brillant de Karlsson pour le comprendre sans qu'il ai besoin de tout dire.
" Madame, suivez-vous les dernières informations sur Z-5-2 ? "dit-il. Cette première phrase étrange devait lui mettre la puce à l'oreille. " Pakeha. Vous n'êtes pas libres de vos paroles ? Les miennes sont-elles sécurisées ? " " Non et Oui " " Alors oui, bien entendu, je suis tenue informée de ce qu'il se passe en zone 52 par Smith. "répondit Karlsson. " J'ai trouvé le premier oiseau, c'est en fait une oiselle très jeune et inoffensive. C'est une espèce rare en voie de disparition. J'aimerais l'adopter pour en prendre soin. Je suis sûr que ça nous sera bénéfique. " Noa se tourna vers Natalie et lui adressa un petit sourire avant de faire un léger mouvement de tête vers le chauffeur, indiquant ainsi qu'il parlait en métaphores seulement pour le chauffeur du taxi. " Pakeha, voyons, après tout ce qu'elle a fait ! C'est impensable. " " Madame, j'y tiens beaucoup. C'est une espèce très intelligente mais très sauvage, je vous l'accorde. L'adoption sera difficile, mais je préfère la savoir auprès de nous que auprès de zoologues moins respectueux. J'aimerai savoir si j'ai votre soutien de principe avant d'arriver sur zone. Bien entendu, nous en reparlerons de vive voix, mais je vous demande de me faire confiance. " Noa serra les dents. Ça passait ou ça cassait... Demander à lui faire confiance n'était pas chose aisée, sachant qu'il n'était pas encore réintégré officiellement après une période de presque quatre mois de dépression. Un long silence se fit sur la ligne, puis Karlsson continua:
" D'accord, nous en reparlerons. En attendant, estimez que je ne suis pas contre l'idée et comptez-moi parmi vos soutiens. " " Je vous remercie infiniment Madame ! " La connexion fut interrompue et Noa adressa un nouveau sourire à Natalie. Il composa alors un SMS à l'intention de Karlsson avec les informations qu'il n'avait pas pu donner au téléphone; le nom de Natalie, un résumé de son parcours,...
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent alors en vue de la Cheyenne Mountain qui abritait la Zone 52. Le taxi les déposa devant les grilles où était installé le checkpoint pleins de militaires. Quelle ne fut pas leur surprise de voir descendre Natalie et ses énormes valises. Noa n'eut pas de mal à les faire rentrer. Karlsson avait déjà du leur préparer le terrain.
Noa posa une main sur l'épaule de Natalie comme pour lui assurer de son soutien alors qu'ils franchissaient toutes les barrières de sécurité pour pénétrer en zone 52.