Breaking JP1 Bad - Episode 1

Noa était assis à la table de sa cuisine, son ordinateur allumé devant lui, les pieds nus posés sur la chaise d'en face. Il portait un short en jeans noir élimé et un large débardeur rose portant l'inscription « Bearded for his pleasure ».
Il était 22h00 et il tripotait son téléphone depuis presque vingt minutes. Finalement il se décida. Il composa un numéro et se racla la gorge.

«  ..Bonsoir Nadira...euh, excuse-moi de te déranger à cette heure là. ...je euh, je voulais savoir si par hasard tu avais les résultats des tests .. tu sais ...par rapport à David... »

L'incident avait eu lieu il y a quatre jours. Quatre jours pendant lesquels il avait passé beaucoup de temps à l’hôpital entre ses horaires de travail. David devait sortir le lendemain et Noa avait promis de venir le chercher. Le néo-zélandais avait choisi de passer la soirée avec sa fille avant de la mettre au lit tôt.

«  ... euh, en fait...Si tu veux et que tu ne fais rien ce soir, tu peux passer chez moi, il doit me rester un peu de vin. »
Noa trouva cette phrase étrangement déplacée alors qu'il l'énonçait. Bien qu'il hurlait pour lui-même * c'est ta supérieur bordel ! *, il n'avait pu s'empêcher de formuler la proposition. A vrai dire, il avait besoin d'en parler. A qui d'autre pouvait t-il se confier sur cet incident et sur ce qu'il avait fait depuis ? Il n'avait pas réussi à aborder le sujet sur la station avec elle, ne trouvant jamais le moment d'intimité idéal.

« - J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce mec quelque part. »

Tranquillement installés sur le canapé du salon du médecin, Paul et Nadira regardait un film tout en terminant le pichet de margarita qu'elle avait préparé dans l’après-midi. La tête confortablement posée sur l'épaule du militaire elle ne pouvait s’empêcher de rire en regardant les aventures d'un héros obligé de garder son niveau d’adrénaline élevé sous peine de mourir… c'était totalement loufoque et improbable, mais au final plutôt réussit dans le genre n'importe quoi.

Lorsque le téléphone sonna, il lui fallut un effort de volonté certain pour se redresser.

« - Garett ! Bonsoir Noa… Oui je les ai…. »

La suggestion la fit sourire. Partager un verre de vin avec le beau néo-zélandaise lui aurait parut une suggestion des plus flatteuse il y a peu, mais elle savait à présent que le géant ne risquait pas de s’intéresser à elle et qu'il n'y avait pas le moindre sous-entendu dans son invitation.

« - Pourquoi pas. Mais sort un troisième verre, Paul est avec moi. »

Il était au courant après tout. Et vu ce qu'elle allait dire, elle aimait autant qu'il soit avec eux pour donner son avis. Après avoir raccroché, elle déposa un baiser sur les lèvres de l'anglais et se leva.

« - Noa nous invite à boire un verre chez lui. Et on doit reparler de ce qu'il s'est passé au bar l'autre soir. Ça t’embête pas de venir ? »

Rapidement, elle passa une veste et récupéra son ordinateur portable, ainsi qu'une boite de donuts initialement prévue pour demain matin. C'était plutôt adapté à la situation.

" Okay ça marche. Ne sonnez pas, Emy dors. " ajouta-il avant de raccrocher.

Il regarda un moment son téléphone, pensif. " Paul est avec moi " avait-elle dit. Bien sûr il était au courant, il le savait depuis quelques semaines à présent. Mais il ne savait pourquoi, entendre Nadira le formuler ainsi l'avait rendu ... un peu triste.

Noa se leva pour se diriger pieds nus vers le placard. Il sortit trois verres et une bouteille de vin blanc français qu'il avait laissé au frigo. Il posa le tout sur la table basse du salon et alla chercher quelques biscuits apéro. Comme d'habitude il avait dîner tôt avec Emy et à présent il se serait bien fait un second repas. Il posa le tout sur la table au moment où on frappa quelques coups à la porte.

Le jeune homme s'empressa d'aller leur ouvrir et leur fit signe de rentrer.
" J'espère que je ne vous ai pas dérangé avec mon coup de fil ... "

Noa regagna la cuisine ouverte sur le séjour. Il indiqua le canapé à ses deux invités et s'installa en face d'eux sur un fauteuil. Il ne se sentait pas vraiment à l'aise avec Paul dans la confidence. Il aurait du s'en douter que Nadira s'était confié à lui sur ce qu'il s'était passé, mais il avait espérer pouvoir s'entretenir avec elle seule à seule. Il saisit la bouteille mais stoppa son geste.

" Paul, peut-être voulez vous autre chose ? J'ai du whisky ou du rhum. "

Noa n'avait jamais tutoyer Swagger, et à présent il se rendit compte que la situation allait devenir gênante s'il tutoyait uniquement Nadira, c'est pourquoi il repassa au vouvoiement. Après avoir servit tout le monde, il se tourna vers Garett.

" Alors, qu'est ce que vous avez trouvé ? Je veux dire, dans la composition ? " dit-il sur un air faussement détacher.

Il n'osa pas lever les yeux vers elle et préféra faire tourner le liquide dans son verre tout en rivant son attention dessus.

Après une courte ballade, Nadira et Paul frappèrent chez Noa. Celui-ci vint leur ouvrir rapidement et les guida vers le salon. Il semblait un peu plus nerveux que d'habitude mais elle se faisait peut etre des idées. En tout cas, il n'avait pas menti sur la bouteille et l’égyptienne regarda l’étiquette avec un petit sourire appréciateur. Comme si elle n'avait pas assez bue aujourd'hui. Elle déposa sa boite de donuts et l'ouvrit pour mettre son contenu à disposition de tous.

- Merci. Tu nous gatte.

Elle ne se posait pas de question sur l’éventuel emploi du tutoiement. De son avis, ils se connaissaient tous assez pour être un minimum familier entre eux.

- J'ai eu les résultats ce matin, répondit-elle. Celui qui a refilé ce sachet à ton copain voulait le tuer. Je pensais que la drogue avait été mal coupé, mais c'est en fait l'inverse. Elle était quasi pure. Ça ne peux pas être un hasard.

Elle avait allumé son ordinateur et montra le résultat de l'analyse, puis passa à une carte de la ville ou se trouvait plusieurs point rouge.

- J'ai recensé plusieurs décès du mime genre ces dix-huit derniers mois. Environ un par mois. Je n'ai pas accès au fichier de la police, évidemment, mais de ce que j'ai trouvé dans les journaux, c'était la plupart du temps des junkies qui n’intéressait pas grand monde. Tout ça me fait penser à une méthode d’exécution, peut être pour des clients bavards ou trop endettés.

Le Néo-zélandaise n'allait sans doute pas apprécier de voir son copain mêler à tout ça. Mais d'un autre coté, il ne devait pas l'ignorer non plus. Pas totalement en tout cas.

Le verre de vin dans les mains du néo-zélandais vacilla dangereusement. Il le posa sur la table basse devant lui et enfoui son visage dans ses mains, les coudes posés sur genoux. Il ne s'était pas attendu à cela. Il ne comprenait pas. Comment était-ce possible ?
" Tuer... David ? " murmura t-il pour lui même.

Le jeune homme releva la tête et se frotta les yeux quelques instants en soupirant. Ses nuits s'étaient considérablement raccourcies ces derniers jours et cette nouvelle surprenante le prenait de court.
Noa se concentra ensuite sur l'ordinateur que Garett tourna vers lui et écouta le compte-rendus de la jeune femme qui faisait état de plusieurs cas similaires.

* Aucun problèmes... * pensa t-il par réflexe lorsque Nadira fit une réflexion sur les fichiers de la police inaccessibles.

L'égyptienne en vînt à la conclusion que ces "incidents" étaient des méthodes d'exécutions pour des clients bavards ou endettés. Dans quelle case se situait David ?

Bien sûr, Noa ne savait pas grand chose du jeune français. L'un de l'autre, ils ne connaissaient que les grandes lignes et ça leur convenait parfaitement jusqu'à présent. Noa n'aurait pas aimé que le jeune serveur lui pose des questions pointues sur son travail ou sa vie précédente, alors il évitait lui-même les questions. A présent, la donne avait changé, les dés étaient pipés,... .

" Putain ... " claqua t-il soudain après un long silence.

Noa attrapa son verre et le bu d'une traite avant de resservir tout le monde. Il leva les yeux vers Nadira. Elle avait vraiment bossé à fond là-dessus. A un moment, l'idée qu'elle ai proposé de faire des analyses dans le vent sans réelles intentions, lui avait traversé l'esprit. Pourtant non, elle était allé même beaucoup plus loin...
Il lui en était reconnaissant et la culpabilité sur ce qu'il avait fait pendant ces quatre jours s'effaça petit à petit.

" Je sais pas... Je sais pas pourquoi ils auraient voulu se débarrasser de David... Bon c'est vrai, il m'a taxé du fric deux-trois fois, mais jamais beaucoup et puis, il ne me semblait pas dans la dèche.... Enfin c'est vrai qu'il sortait pas mal et avec toute cette dope...  Merde ! " finit-il par dire.

" Merci Nadira " ajouta t-il ensuite.

Noa essuya ses mains qui étaient devenues un peu moites sur les jambes de son short.

" Il faut que je vous montre un truc... " finit-il par dire en regardan Paule et Nadira tour à tour.

Le néo-zélandais se leva et alla chercher son ordinateur posé sur l'ilot central de la cuisine. Il revint et l'ouvrit avant de le tourner vers le couple assis en face de lui. Dessus, plusieurs dizaines de fenêtres étaient ouverte mais la plus grande laissait voir une photo d'un jeune homme en sweat à capuche et en jogging marcher dans la rue. On aurait dit une photo prise en filature avec un téléobjectif.

" José Hernandez, 27 ans. C'est lui qui a fourni la drogue à David. "

Noa regarda les réactions de Paul et Nadira avant de continuer.

" C'est un petit délinquant qui a été arrêté plusieurs fois pour violence. Il y a deux ans, il a été soupçonné d'avoir participé au cambriolage d'une bijouterie qui a tourné au carnage, 6 otages on été tués. Il serait proche de Carlitos Gonzales, un type plus âgé avec un passif beaucoup plus lourd notamment connu pour faire partie de la Northside Mafia... "

Noa s'arrêta là pour l'instant... Il ne savait pas comment ses deux coéquipiers allaient réagir à ses recherches. C'était totalement illégal. Il avait juste eu besoin de le faire, et maintenant il avait besoin de partager ce qu'il avait trouvé.

Dernière édition par Noa Pakeha le Sam 23 Juil 2016 - 15:38, édité 1 fois

Comme elle s'en était douté, Noa n’apprécia pas réellement que quelqu'un est tenté d'assassiner son petit copain. Elle ne s'était pas imaginé le Néo-zélandais s'enticher d'un « mauvais garçon » de ce genre. Même si elle devait bien admettre que le français était plutôt mignon.

Si celui-ci avait bel et bien des dettes, les trafiquants avaient pus vouloir faire un exemple. C'était brutal mais efficace.

Elle leva un sourcil, surprise, lorsque il posa lui aussi son ordinateur pour leur montrer des photos.

« - Toi non plus, t'as pas chaumé, constata-t-elle. »

Elle observa le dealer, mémorisant ses traits, tout en écoutant les explications qu'il leur fournissait, et qui provenait probablement des fichiers de la police.

« - Ce n'est pas un petit délinquant, Noa. C'est un meurtrier. Il n'en ai sûrement pas à son coup d'essai. Ses clients lui font confiance pour acheter leur dose, et il les assassine pour montrer l'exemple et prouver qu'on rigole pas avec lui. Ce fumier doit être arrêté rapidement."

Elle regarda les deux hommes en se mordant les lèvres, nerveuse à ce qui allait suivre.

« - La question est : par qui ? Nous pouvons envoyer ce que nous savons à la police et le laisser faire leur job… ou nous en occuper nous même. Nous avons les compétences et le matériel à disposition. Mais il faudra en assumer les conséquences si nous sommes découvert. »

Difficile de se tromper sur ce qu'elle pensait, et elle se doutait que Noa serait d'accord. Mais Paul ? Son appuis leur serait sans doute indispensable, si les choses tournaient mal.

Nadira semblait persuadée de l'implication du jeune dealer et le fit savoir. Noa secoua la tête.

«  Je pense que ce n'est qu'un pion dans tout ça. » ajouta t-il en se passant une main dans la barbe.

L'égyptienne enchaîna et Noa se redressa lentement sur son siège, une lueur passa dans ses yeux. Il serra les dents et tourna le regard pour éviter que ses coéquipiers ne décèlent son trouble. Paul enchaîna ensuite avec un entrain qui fit bondir Noa. Celui-ci claqua son ordinateur pour le refermer et se leva rapidement. Il posa une main sur sa hanche et passa une main sur son visage, tournant le dos au couple. Il souffla un instant avant de se retourner brusquement et de tendre un index accusateur vers Nadira et Paul.

«  Non mais de quoi vous parlez là ? Vous vous entendez ? » rugit-il d'un voix un peu trop forte.

Il se souvint que sa fille dormait dans la chambre d'à côté et baissa d'un ton après avoir chasser l'air devant lui d'une main énergique.
Il était réellement inquiet par ce qu'il venait d'entendre malgré son soudain éclat de voix et ses yeux le transmettaient bien.

« ... " Le sale boulot ? ",... " une mort certaine ? " Nan mais vous me faites marcher j'espère ! On parle de quoi là ? J'ai raté un truc ?! Vous avez trop regardé Taken ou quoi ? Vous parlez d'assassiner des gens, là, merde ! » dit-il sur un ton toujours aussi sec, mais à voix plus basse.
« Putain, non mais je rêve ! » ajouta t-il en se massant le front entre son pouce et son index.

Nadira avait craint que Paul ne soit la voix de la raison, ce soir, mais elle s'était trompé. Au contraire, celui-ci approuva la proposition de prendre les choses en main et évoqua un partage des taches, en oubliant un petit détail au passage.

« - Si tu penses que je vais rester à la maison pour faire des cookies, tu te trompes lourdement, lacha-t-elle d'un ton sec. »

Mais c'est Noa qui protesta et s’énerva rapidement avant de se se souvenir de la présence de sa fille à l'étage. Sans un mot, l’égyptienne entra une commande sur son ordinateur, faisant apparaître une carte de la ville avec une bonne vingtaine de points rouge dessus.

« - Voila toutes les victimes de ces types ces derniers mois. Essentiellement des types qui n’intéressent pas la police. J'ai côtoyé un certain nombres de dealers il y a quelques années. Ils comptent sur cette impunité et prospèrent dessus. »

Sur le coup de la colère, elle en avait un peu trop dit, mais le mal était sans doute fait. Autant continuer.

« - Je ne sais pas toi, mais je n'ai pas envie d'avoir ce genre de sale type vendant leur merde devant ma porte. Ni d'avoir un membre de l'équipage avec les même symptôme dans mon infirmerie. Ou pire un membre de leur famille. Maintenant je te dis pas qu'on va tuer tous le monde façon Taxi Driver. Mais si on peux mettre un terme à leur opération en ville, je trouverai ça plutôt pas mal. Et si pour ça il faut casser quelques œufs pourris, ça ne m’empêchera pas de dormir.»

Noa n'en revenait pas de ce qu'il entendait. Nadira et Paul parlaient clairement d'assassiner des personnes, et ils semblaient sur la même longueur, se chamaillant même sur leur futur degré d'implication. Son cœur battait la chamade, tellement il était terrifié que ses collègues puissent avoir ce genre d'idées. Nadira lâcha une phrase qui déclencha une alarme dans son cerveau, mais celle-ci s'éteignit tout aussi vite qu'elle était apparue et Noa en ressentit une gêne incompréhensible.

" Je crois qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde là... Je n'ai jamais voulu ça. Et si vous croyez que je vais vous suivre là-dessus, vous me connaissez mal. " dit-il en tendant un index accusateur vers eux.
" Et que ces mecs soient pourris jusqu'à la moelle ou pas ne change rien ! "

Noa était toujours debout face à eux et son regard était sombre et lourd. Sa mâchoire était serrée et ses poings posés sur ses hanches. Son tee-shirt rose avec son inscription légère contrastait avec son état d'esprit.

" Je ne compte pas ne rien faire... Moi non plus Nad je ne veux pas que ça recommence. (le surnom était partit tout seul sans qu'il s'en rende compte) Mais pas comme ça. On ne va pas faire les choses comme ça. Contrairement à vous, je crois encore en la justice. Bien entendu que les flics vont se taper de la petite vermine des bas-fonds. Mais par contre, si on remonte le courant et qu'on rassemble assez de preuves pour faire tomber les têtes de cette putain de mafia.... là, là je vous jure qu'on trouvera un lieutenant de police avec assez de morale et de hargne pour les faire tous tomber. "
Noa fit une pause en regardant ses deux collègues en soupirant.

" Je sais parce que je l'ai déjà fait... Et à l'époque j'avais 19 piges et j'étais seul. "

Le jeune homme campait sur ses positions et il n'allait rien lâcher tant qu'il ne convaincrait pas le couple de la bonne marche à suivre.

Nadira pris une seconde pour respirer. Paul la prenait-elle vraiment pour une négociatrice ? Ne l’avait-il à ce point jamais compris. Pourtant, il était le seul, sur la station, à savoir à quel point elle pouvait être dangereuse.

« - C’est justement parce que c’est dangereux que je ne te laisserai pas y aller seul ! »

Elle laissa ses derniers mots planer dans l’air un instant, avant de reprendre mais Noa l’empêcha de le faire, montant sur ses grands chevaux.

« - Moi aussi je crois en la justice. Mais pas dans la police de cette ville. Ni dans son système judiciaire. Si tu veux envoyer ce dossier aux services du Distric Atorney, libre à toi, mais je doute de l’efficacité de la méthode, à moins de tomber sur la perle rare qui ne soit pas arrosée par l’argent de la drogue. »

Elle noircissait le tableau volontairement, consciente que Colorado Springs n’était pas Gotham. Mais elle savait aussi parfaitement que les plus gros criminels ne sont que très rarement arrêtés.

« - Nous faisons partie du groupe de défense de la Terre. Mais si nous ne sommes même pas capables de nous occuper de notre propre jardin, nous ne valons pas tripette. »

Elle se leva sur ces derniers mots, le visage fermé.

« - Demain, c’est le barbecue chez moi. Nous pourrons en reparler et prendre une décision plus sereinement. »

Sans un mot de plus, elle referma son ordinateur et ressorti sans attendre Paul, qui l’avait décidément rendu furieuse ce soir.

Noa ferma les yeux en soupirant lorsque Nadira lui répondit. Elle ne croyait pas à ses méthodes. Il hocha la tête au fur et à mesure qu'elle exprimait son désaccord. C'est alors qu'elle attrapa son ordinateur et décida de s'en aller. Lorsqu'elle passa à côté de lui, Noa l'attrapa par le bras.

" Fais moi confiance... S'il te plait... Réfléchis-y ", glissa t-il à demi-voix avant de laisser partir Nadira.

Noa se laissa tomber sur son siège et croisa ses mains sur lesquelles il posa son front. Alors qu'il pensait la tempête passée, Paul s'adressa à lui sur un ton alors inconnu. Le néo-zélandais leva les yeux vers lui, surpris.
Alors que l'anglais haussait la voix et partait dans une colère noire, Noa tenta de se défendre, mais ses paroles se noyaient dans celles de Paul.

" Mais je ne t'ai jamais traité d'assassin ! .... Et puis merde ! C'est toi qui as dit "je sais où planter ma lame pour une mort certaine !"... Bien sûr que non je ne veux pas négocier avec eux qu'est ce que tu crois ? ... Je veux juste jouer la ruse plutôt que l'attaque ! ... Je veux les piéger ces connards ! ... Je te juges pas ! Je ne juges personne ! Je m'en fout de ce que tu as fait avant, ce qui compte c'est ce qu'on va faire maintenant ! Et je veux faire ça bien ! ... Bordel je ne veux pas négocier ! Je n'ai jamais dit ça ! Tu m'as écouter au moins ? Est-ce que tu as au moins essayé de comprendre mon plan ?! "

Tout ceci était vain. Les paroles s'entrechoquaient. Les deux hommes étaient face à face sans vouloir lâcher du terrain.

Finalement Paul partit et Noa ne le retînt pas.
Éreinté et hors de lui, le néo-zélandais se laissa tomber sur son siège en soupirant.

" Papa ? " fit alors une petite voix cassée entre deux sanglots.

Noa leva la tête et vit Emy en pyjama dans l’embrasure de la porte. Elle était en larmes, serrant son ours en peluche contre elle. Le néo-zélandais ressentit comme un coup de couteau en plein coeur. Il se leva, couru vers elle et la serra dans ses bras à genoux devant elle.

" Ma puce, Je suis désolée de t'avoir réveillé ! Il ne faut pas pleurer ! " dit-il en l'embrassant et en lui séchant les joues avec ses grandes mains.
" Tu vas pas partir, hein ? " sanglota t-elle.
Noa la regarda avec des yeux ronds.

" Quoi ? NON ! Non bien sûr que non ! Pourquoi tu dis ça ? Jamais de la vie ! " dit-il.

Pourquoi ? Bien sûr... Ted était partit en pleine nuit.

Noa serrait sa petite tête entre ses paumes et ne cessa de l'embrasser.

" Je ne partirai jamais ! Jamais tu m'entends ? Je te promets ! Je t'aime ma chérie ! Je t'aime ! "

Le néo-zélandais se sentit tout à coup extrêmement mal à l'aise. Comment pouvait-il tenir cette promesse alors que son job consistait à voyager à l'autre bout de l'univers pour se battre contre un ennemi quasi-invincible ?
Emy cessa de pleurer et serra son père très fort dans ses bras.
Noa la porta jusqu'à son lit où ils s'allongèrent tous les deux entre les peluches et les livres. Le jeune homme lui raconta une histoire pour la distraire et lui faire regagner le sommeil. Emy s'endormit rapidement dans les bras de Noa alors que celui-ci lui caressait les cheveux.

Le néo-zélandais resta une heure ainsi, puis quand il fut certain que Emy dormait pour de bon, il s'éclipsa doucement de la chambre pour regagner le séjour.

Il regarda l'heure. 23h30.
Demain, ils étaient invités à 12 heures pour le barbecue chez Nadira. Il avait un peu plus de 12 heures pour peaufiner son plan.
Noa fit couler du café et posa son ordinateur sur l'ilot central de sa cuisine où il était beaucoup plus à l'aide pour travailler.

A présent dénué de tous remords, il se plongea dans l'antre d'internet afin de percer les secrets de cette mafia si terrifiante.

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A 6h30, Noa, les yeux plissés et injectés de sang, composa un numéro sur son téléphone.
" Madame Wellington ? Oui c'est Noa. je suis désolé de vous déranger si tôt... Pourriez vous venir garder Emy de 7 heures à 8 heures ce matin ? Je sais, c'est une urgence, je suis désolé... Ah bon ? Merci alors ! A tout de suite."

Noa rangea son ordinateur, prit une feuille et écrivit un mot pour Emy. On était samedi. Elle ne se levait jamais avant 8 heure ou 8h30, et il espérait être de retour avant son réveil, mais au cas où, il nota: " Parti cherché le petit déjeuné. A tout de suite ! Bisous "

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Noa entra dans l’hôpital à 7h10 et monta directement à l'étage à la chambre 210. David dormait encore, mais Noa entra sans frapper. Le jeune français ouvrit les yeux et le regarda, surpris.

" J'ai toujours rêvé ma faire réveiller par un beau barbu. " dit-il, la bouche pâteuse. " Il est quelle heure ? "

Le néo-zélandais ne répondit pas et s'assit doucement sur le lit à côté de David. Il le regarda d'un air grave avec ses petits yeux fatigués.

" Hé ben ! Tu es allé en boîte sans moi hier ? Tu as fait nuit blanche ?! J'espère qu'il était beau gosse ! " plaisanta David en lui mettant une tape sur l'épaule.

" Combien tu leur dois ? " répondit simplement Noa d'une voix douce.

David fronça les sourcils, ne saisissant pas. Puis son regard se figea et se fit fuyant au fur et à mesure qu'il comprenait la question de Noa.

" Combien ? " répéta le néo-zélandais d'une voix tout aussi calme.

David serra la mâchoire puis déglutit.

" Environ 3000 " dit-il d'une voix faible et grave qui était inconnue de Noa.

Le néo-zélandais leva la tête et les yeux en ciel en inspirant.

" Okay. Je les rembourserai. "
" Non ! " s'emporta brusquement David.

Noa lui attrapa les épaules et se plaça à quelques centimètres de son visage. Il planta son regard dans le sien.

" Ils ont essayé de te tuer David ! Elle était pure ! Ils voulaient que tu meurs ! "

David ne répondit rien, choqué, puis il fondit en larmes et Noa le serra contre lui pendant de longues minutes en lui soufflant des mots de réconforts.

Lorsqu'il se ressaisit, Noa déserra son étreinte et chercha de nouveau son regard.
" Je vais payer tes dettes, mais en échange, tu dois faire quelque chose... "
" ... Oui oui bien sûr ! Quand tu veux... Autant que tu veux... " dit-il en s'essuyant les joues.

Noa fit une moue.
" Je ne parle pas de ça gros bêta ! Et puis d'ailleurs on devrait arrêter..."
" Quoi ? Arrêter ? "
David renifla.
" Oui, ce serait... malsain. Je ne veux pas que tu crois que tu me doives quelque chose. "

David resta pensif, méditant la phrase mais Noa reprit.

" Je voudrais que tu ailles en cure de désintox. Je payerai également ne t'en fait pas. Je veux juste que tu y ailles avec l'envie d'arrêter et de passer à autre chose. Tu peux faire ça ? "

David fronça les sourcils et hocha la tête.

" Je .. je vais essayer. "

Noa sourit.
" Super, merci."

Le néo-zélandais attrapa le visage de David et l'embrassa sur le front, puis il lui sourit de nouveau et lui vola un dernier baiser.

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Noa rentra à 8 heures chez lui avec des oeufs, du pain frais et des croissants trouvés dans une boulangerie française. Il s'effondra sur le canapé et s'endormit immédiatement.
Madame Wellington récupéra les courses fraichement achetées et s'empressa de préparer le petit déjeuner.