La conversation avec la mère du jeune homme ne donnait pas grand chose. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il faisait le jour, qui il fréquentait, où il allait. Le vieil homme fixait son interlocutrice avec un air apaisé, presque neutre, ses yeux étaient mi-clos et il battait lentement des cils. Un petit sourire était figé sur son visage. Ce même sourire s'élargit quand la dame mentionna le fait que les jeunes ne vivent plus dans le même monde que la génération précédente. Il acquiesça imperceptiblement :
" Les ordinateurs, les marsphones et autres médias sociaux les coupent de nous en effet madame. Je vais tout de même insister madame... " Il marqua une pause et l'observa avec la même expression calme et assurée " Réfléchissez bien. Je vous en prie, fermez les yeux, inspirez profondément et repensez à Pavel. Il n'a rien mentionné ? Même dans le peu de chose qu'il vous dit il a bien dû mentionner un élément ? N'importe quoi, un nom un lieu, je reviens de tel endroit, je pars à tel endroit, je dois retrouver untel ? " Sa voix était calme et régulière.
Il écouta les réponses de la jeune femme avec la plus grande attention, restant immobile à l'exception de ses battements de paupières.
Puis l'attitude du britannique changea quand elle répondit à sa question sur l'origine de son bleu. Son sourire s'estompa légèrement et ses yeux se plissèrent. Il avait l'air soudainement plus concentré, comme si l'échange précédent n'avait été qu'un échange de courtoisie.
" Ils... "
Répéta-t-il pensivement. Puis le jeune sergent Azarov intervint derrière lui en expliquant ce qu'il s'était passé. Son éclairage avait de quoi être des plus surprenant mais pour ne pas perturber la mère de Pavel il fit son possible pour conserver une expression neutre. Il resta assis en silence pendant de longues secondes en attendant que le café de la dame lui soit servi.
" Je vous remercie madame. Voudriez-vous bien m'excuser un instant. " Dit-il d'une voix douce avec un aimable sourire.
Cotridge se leva et se retourna lentement. Quand son visage se tourna vers le sergent il était froid. Un masque rigide s'était emparé du vieil homme qui fit deux pas en claudiquant vers Azarov. Il scruta le visage du policier russe comme s'il s'attaquait à une énigme sans pour autant éprouver le moindre passion. Cotridge se dirigea ensuite vers la sortie et ouvrit la porte qu'il conserva ouvert pendant quelques instant pour que le sergent aille dans le couloir et que Cotridge le suive. Il voulait par ce simple geste prendre l'ascendant psychologique sur son interlocuteur en prenant l'initiative. Dès qu'ils furent dans le couloir et que la porte fut délicatement fermée fixa à nouveau en silence le sergent. Juste assez longtemps pour que la situation devienne dérangeante. Puis il s'exprima sans bouger d'un pouce :
" Sergent. Ces hommes cagoulés étaient-ils armés ? De quel matériel disposaient-ils ? Comment votre intervention s'est déroulée et de quelle manière ces trois malfaiteurs ce sont-ils éclipsés ? "
Cotridge extirpa son communicateur Bell en soupirant. Il pressa maladroitement quelques boutons et finit par sortir une paire de lunettes pour distinguer les icônes. A nouveau il soupira et tapota quelques fois sur son écran. Il lui fallu bien vingt bonne minutes pour rédiger son message. Minutes pendant lesquels il observait les sergent de temps à autre par dessus ses lunettes.
" Madame Leyva, il est de mon devoir de vous informer qu'un trio de malfaiteurs cagoulé est intervenu tôt ce jour au domicile de la mère de Pavel. Je vais tâcher de vous tenir au fait de mes découvertes avec la plus grande diligence. Je ne doute pas que le caporal Elijah et vous-même serez parfaitement apte à vous défendre. Bien a vous, William Cotridge. "
Il émit un petit son satisfait quand il eu confirmation de l'envoi du message et rangea l'appareil en revenant à Azarov.
" Bien sergent, vous me confirmez bien que vous avez été alerté d'en haut ? Pourrais-je vous demander de recontacter la personne qui vous a appeler. Dites-lui que monsieur Cotridge de l'équipe d'enquête spéciale a besoin des analyses adn avec la plus grande urgence. S'il sait ce qui est en jeu il fera le nécessaire pour que le laboratoire se mette au travail dans l'immédiat. Et ce que nous soyons le week-end ou non. "
Le vieil homme marcha à la suite du sergent et s'arrêta au niveau d'une carte de la ville. Il s'en approcha pour analyser l'architecture urbaine.