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Ayni continua de parler, remarquant que Plume s'était assoupie, mais ne s'arrêtant pas de peur que le silence ne la réveille. Elle poursuivit son exposé sur les nuages en parlant dans le vide pendant plusieurs minutes, diminuant le volume de sa voix pour ne pas non plus l'empêcher de dormir. Elle finit par se réveiller de sa sieste apparemment aussi peu reposante que courte. Aynira était en train d'expliquer la symbolique des nuages en psychanalyse, parlant d'interprétations de troubles ressenties dans une relation sentimentale ou encore d'obscurcissement passager de la conscience.

La jeune femme se mit à bouger, se contorsionnant sur la banquette étroite pour se mettre face à la Narisienne. Puis elle dit qu'elle voulait la voir, ce qui était impossible avec l'occulteur qui rendait Ayni invisible. Plume prit alors la décision de couper l'appareil. Aynira pensa que c'était une mauvaise idée puisqu'elle allait apparaître aux yeux des caméras dans une cellule avec une personne dont on lui avait interdit l'approche jusqu'à nouvel ordre, mais au fond elle s'en moquait. Au pire elle était déjà dans une cellule si on voulait l'enfermer pour son geste...

Une fois parfaitement visible, les deux femmes se regardèrent longuement dans les yeux, menant une sorte de conversation silencieuse uniquement avec le regard. Plume brisa le silence en disant que plusieurs personnes voulaient lui prendre quelque chose, mais qu'elle ne s'était pas laissée faire. La Narisienne se doutait de ce dont elle parlait et elle sourit :


"Tu ne te laisses jamais faire"

Elle l'enlaça délicatement, laissant l'occulteur tombé sur la banquette. Elle rapprocha son visage doucement du sien sans la quitter du regard jusqu'à s’effleurer. Puis finalement, la Narisienne s'avança pour déposer un baiser sur ses lèvres comme pour mieux dire que tout ce qui s'était passé ces derniers jours n'avaient rien changés à ce qu'elle ressentait pour Plume.

Quelques seconde plus tard, le bruit de la porte se fit entendre. Plume eut un regain de panique, s'agrippant très fermement à la Narisienne. Thaïn apparut alors et il ne fut pas vraiment surpris de voir Aynira dans la cellule de Plume. Chose encore plus étonnante, il était là pour annoncer que Plume était libre et qu'Ayni pouvait la raccompagner sur son Teltak pour veillez sur elle et que c'était elle qui lui raconterez les aventures de Plume durant ses trois jours. Puis il partit... Une scène plus que surréaliste alors que même pas deux heures plus tôt, il parlait d'attacher Plume dans sa cellule et de la faire interroger. Peut être qu'une fois la pression retombée il avait réfléchit à son geste ou alors il en avait marre et décida de faire au plus vite pour retrouver le calme et une situation normale.

Quoiqu'il en soit la Narisienne se releva avant de tendre la main à Plume pour l'aider à se relever :


"Pas le Teltak. Je crois que ni toi ni moi n'a envie de faire du ménage pour l'instant et en plus t'as besoin d'un bon lit douillet"

Elle mena Plume dans ses quartiers sur la station que la Narisienne avait entièrement remit en état après la crise initiale de la jeune femme. Par chance ils ne croisèrent presque personne dans les couloirs avant d'y arriver, fermant la porte une fois les deux femmes à l'intérieur :

"Et voilà J'ai fait un peu de rangement et tout est à sa place. J'ai aussi fait changer la literie qui..."

Elle se tut, entendant un son étrange. Un bruit d'eau et plus spécialement, un bruit d'eau sortant d'un pommeau de douche. Elle se retourna et vit que la porte de la salle de bain était ouverte et que Plume avait disparue hormis ses vêtements qui faisaient un tas sur le sol face à la cabine. Pourquoi avait elle laissait la porte ouverte alors que Plume est d'une nature très pudique ? Peut-être qu'elle voulait toujours entendre la Narisienne ou le fait qu'elle se sentait plus en sécurité sans séparation physique entre elles. Aynira sourit, s'approchant pour s'adosser contre le mur à côté de l'accès, l'attendant patiemment sans toutefois entrer dans la salle de bain. D'autres sons se firent entendre. Elle entendait Plume geindre sur certains mouvements, sans doute en raison de ses blessures et de ses bandages un peu contraignant. Elle attendit plusieurs secondes, le sons de douleurs se mêlant à une certaine frustration.

Elle finit par entrer silencieusement dans la salle de bain, refermant la porte derrière elle et d'une manière tout aussi furtive, ses vêtements vinrent grossir le tas au sol et elle rejoignit Plume sous la douche. Surprise par cette irruption en voyant le bras d'Ayni saisir le gant face à Plume et poussa un petit soupir de soulagement quand elle sentit le gant passer doucement sur son dos. Elle l'aida ainsi délicatement à se laver sans aucune autre arrière pensée que celui de rassurer et d'aider. La douche dura plusieurs longues minutes en raison de la lenteur et la délicatesse des mouvements. Elle l'aida à s’essuyer avec la même délicatesse ainsi que d'enfiler son pyjama à licorne arc-en-ciel dont la vue décrocha un sourire à Plume.

Elle rejoignirent ensuite le lit où Ayni se saisit de la trousse de premiers soins qui était là depuis la crise initiale. Elle lui refit tout les bandages qui avaient été mis à mal par l'eau de la douche si ce n'était pas tout simplement enlever. Elle conclue par l'attelle qu'elle remit d'une manière plus confortable. Comme pour ses précédentes "prise de soin" elle conclue chaque bandages par un bisou magique. Puis finalement, Plume se coucha. Elle suivit le mouvement et s’allongea à côté d'elle, enfin au calme et pouvant laisser les évènements de ces dernières heures derrières elles...

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Aynira sourit avant d'enlacer Plume délicatement. La prisonnière ne bougea pas, intérieurement soulagée de cette illusion de sécurité que cela lui procurait. Ce n'était peut-être que folle utopie mais c'était toujours ça. Lorsque la narisienne s'avança un peu plus pour l'embrasser doucement, Plume lui facilita la tâche et profita que chaque seconde. C'était peut-être la dernière fois.

Puis, tout se brisa lorsque Cook fit irruption dans la pièce. Ca y était. C'était la fin. Plume resserra son étreinte autour d'Aynira, s'agrippant nerveusement à elle alors que sa respiration recommençait à accélérer. Mais le discours du militaire fut bref avant qu'il ne disparaisse. Avait-elle bien compris ? Il la laissait sortir avec pour seul chaperon Aynira ?

De toute évidence, c'était le cas étant donné que la narisienne se leva en lui tendant la main afin qu'elle fasse de même. Plume ne se fit pas prier et colla sa paume à celle tendue avant de refermer solidement ses doigts autour. Il était hors de question qu'elle la lâche. Le chemin vers ses quartiers fut rapide mais angoissant. Le peu de personne qu'elles croisèrent les regardèrent avec un visage curieux et légèrement craintif. Ils devaient se demander ce qu'il se passait à bord et ce que la jeune femme avait fait pout se retrouver dans cet état. Connaissant les bruits de couloirs, personne n'était vraiment surpris de ses blessures. Ils la savaient loin du petit agneau inoffensif.

Une fois devant la porte, Plume lâcha la main d'Aynira afin que cette dernière puisse ouvrir et elle pénétra à l'intérieur, surprise de l'ordre dans lequel se trouvaient ses quartiers. Alors qu'Ayni se tournait pour fermer la porte et commençait à parler, Plume se dirigea directement vers la salle de bain. Elle avait besoin d'une douche. Il n'y avait rien de plus important à l'heure actuelle que de prendre une bonne douche. De l'eau chaude pour délasser ses muscles et faire dissoudre la crasse. Ses dernières ablutions remontaient à plusieurs jours et elles avaient été dans un lac glacé. Cela n'avait pas suffit à la laver de façon satisfaisante. Pas après le bain de boue qu'on lui avait imposé.

Au moment de fermer la porte, Plume stoppa son geste. Et si Aynira en profitait pour partir ? Et si c'était ce moment-là qu'elle attendait pour faire venir les jaffas ? Une énième panique grandit en elle. La jeune femme voulait appeler Aynira. Lui dire de venir dans la pièce, sous ses yeux. Sa présence la rassurerait et l'apaiserait à coup sûr. Mais elle ne pouvait pas. Elle lui en avait bien trop demander ces derniers temps et ne voulait pas paraître encore plus faible qu'elle ne l'était déjà. Non. Elle devrait serrer les dents et prendre sur elle. Plume avança donc au fond de la pièce mais laissa la porte ouverte. Un compromis acceptable.

Cette réflexion n'avait duré qu'une poignée de seconde et il ne lui en fallut pas plus pour se débarrasser maladroitement de ses vêtements qu'elle laissa tomber au sol. Son attèle ne l'aidait pas et elle l'enleva rapidement aussi. Elle avait beau serrer les dents, la jeune femme ne pouvait retenir les gémissements de douleur que lui arrachait chaque mouvement de sa main droite. Bientôt, la frustration de ne parvenir à rien s'ajouta à ses bruits inconscients. Finalement, ce n'était peut-être pas une si bonne idée. Cette douche allait l'énerver bien plus qu'elle ne l'apaiserait.

Soudain, un bras passa près d'elle et une main saisit le gant avec lequel Plume n'arrivait à rien. D'abord surprise, la jeune femme retint sa respiration puis, elle se détendit en reconnaissant Aynira et en sentant le gant passer dans son dos en des gestes lents et doux. Elle laissa échapper un soupir de soulagement alors que du liquide salé se mêlait à l'eau chaude, sur ses joues. Etait-ce toute la pression des derniers jours qui retombaient maintenant ou simplement le soutien infaillible d'Aynira qui lui faisait perdre ses moyens ?

Plume resta immobile sous le jet d'eau brûlant alors qu'Aynira finissait patiemment de lui rincer les cheveux. Elle la suivit ensuite docilement après que l'arrivée d'eau fut coupée et s'emmitoufla dans une serviette de toilette sèche qui ne le resta pas longtemps. Toujours aussi peu active, Plume se laissa sécher et habiller sans protester. Elle sourit légèrement en remarquant le t-shirt choisi par la narisienne. Elle l'avait porté la première fois qu'elles avaient dormi ensemble lors de leur voyage à Hawaii. Etait-ce un leurre, ça aussi ?

Son sourire s'estompa et elle s'assit sur le lit, suivant l'impulsion d'Aynira qui s'était habillée à son tour. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle se serait couchée directement mais son médecin personnel n'était pas de cet avis. Plume grimaça lorsqu'Aynira s'occupa de sa main droite. Chaque mouvement était douloureux. Elle avait dû se casser quelque chose lorsqu'elle avait tenté de frapper Cook et avait heurté l'armature métallique du lit à la place de la mâchoire de l'amérindien.

Finalement, Plume s'allongea sous les couvertures en songeant à la décision de Cook et à l'attitude d'Aynira. Personne n'était encore venu. Elle était faible et vulnérable. C'était le moment ou jamais d'agir mais personne n'avait rien tenté. Se pourrait-il qu'Aynira dise vrai et que personne ne lui veuille du mal ici ? Les différents arguments de la narisienne ajoutés à l'attitude générale semblait aller dans ce sens.

C'est avec cet espoir inavoué que Plume ferma les yeux. Sentant la narisienne prendre place à côté d'elle, la jeune femme se tourna pour se blottir contre elle, la tête sur son épaule et le bras droit en travers de son ventre. Elle s'endormit rapidement pour un long sommeil réparateur.



∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, seuls le froid et l'obscurité enlaçaient Plume. La jeune femme se tourna pour chercher Aynira des yeux et de la main mais ne rencontra que le vide. Elle se mit à frissonner. Les couvertures étaient inutiles et une angoisse indescriptible l'emplissait sournoisement. Plume se leva en grelotant et se rendit dans la salle de bain. La pièce était toujours aussi sombre et l'interrupteur ne semblait pas fonctionner.

"Aynira ?"

Aucune réponse. La narisienne n'était pas là. Gagnant rapidement la porte, Plume l'ouvrit et sortit dans le couloir. La première chose qu'elle remarqua et qu'il y faisait tout aussi froid et sombre que dans ses quartiers. Là encore, aucune lumière ne voulait fonctionner. Puis, un autre élément la glaça sur place. Le silence. Un silence profond et pénétrant emplissait le lieu. L'alienne avait l'habitude du calme. Dans son teltak, elle avait passé de longue heures sans faire le moindre bruit. Mais il y avait toujours le son des moteurs. Le JPS, lui, était habité et il y avait toujours des équipes de gardes éveillées. Mais nul son ne lui parvenait. Ni chuchotement, ni bruit de pas, pas même le bruit des énormes moteurs de la station. Rien. Rien d'autre que sa respiration et les battement de plus en plus rapide de son coeur.

Ils étaient tous partis. La laissant seule ici. Ils avaient éteint tous les systèmes et elle ne tarderait pas à manquer d'air. Elle allait mourir ici. Mais, ce qui affectait le plus Plume était qu'elle allait mourir seule. Elle n'aurait pas dû être aussi affectée. Elle le savait depuis bien longtemps. C'est une réalité qu'elle avait acceptée et même recherchée. Alors pourquoi cela faisait aussi mal ?

Plume tourna la tête à gauche et à droite. Elle se mit à courir dans les couloir obscure, se cognant partout et trébuchant. Mais elle continuait. Encore et encore. Les quartiers, les escaliers, la salle de réunion, les archives, la salle d'embarquement, … il lui manquait quelque chose. Quelque chose d'important. De primordial. Et elle ne le trouvait pas.

En ouvrant une énième porte et en pénétrant dans une énième salle, Plume sentit une texture étrange sous ses pieds. Du sable. Le bruit des vagues emplit soudain ses oreilles et elle accéléra le pas.


"Ayni ?!"

Mais une fois de plus, elle n'obtint aucune réponse de la narisienne. A la place, elle heurta une silhouette  sombre et tomba en arrière. S'appuyant sur ses coudes, Plume leva les yeux vers la personne qui l'avait fait tomber et croisa son propre regard sombre. Un regard qui s'illumina soudain d'un reflet doré en synchronisation parfaite avec un sourire narquois.

"Elle est partie. Tu es toute seule."


∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞

Plume se redressa en sursaut. Sa respiration haletante emplissait ses oreilles d'un bruit incessant et angoissant. Elle sentait la sueur perler à ses tempes et l'obscurité ambiante n'avait rien pour l'apaiser. Un froid soudain la fit frissonner. Elle était seule. Toute seule. Dans le froid et l'obscurité. Voilà ce qu'était sa vie désormais. Il fut un temps où Plume s'en serait contenter. Un temps ou solitude rimait avec sécurité. Mais ce temps était révolu. Si elle en avait la cruelle impression depuis quelques temps, ce soir, elle en était impitoyablement convaincue. Mais c'était trop tard.

Lorsqu'une main se posa sur son dos, Plume se retourna brusquement, prête à se défendre. Mais elle stoppa son geste en reconnaissant Aynira qui tentait de la rassurer comme elle pouvait. La narisienne était là, devant elle. Elle la regardait, lui parlait, la touchait doucement. Plume resta un moment immobile, comme pétrifiée, puis elle réalisa la situation et, ignorant la douleur de sa main blessée, elle attira la narisienne à elle et l'embrassa sans préavis.

Cela ne ressemblait pas à leurs précédents baisers. C'était différent, … plus brutal, … plus sauvage. Ce baiser-là n'avait rien de doux ou de tendre, il était dicté par la peur et la nécessité. La peur de la perdre, d'être seule. La nécessité de la savoir présente, de la sentir toute proche.

Plume avait passé sa deuxième main en soutien de la première, dans les cheveux de la narisienne pour la garder le plus près possible. Lorsque le contact de leur lèvres fut rompu, Plume garda le front contre celui d'Aynira, sans la laisser s'éloigner d'un millimètre. A travers sa respiration bruyante et anarchique, elle tenta tant bien que mal d'expliquer son geste pour le moins surprenant.


"Il n'y avait personne, tu … tu étais …, je sais pas tu … C'était noir, il … c'était froid … tu … j'étais toute seule. Je … J'ai besoin … Tu peux pas …"

Plume ferma les yeux un moment pour faire le point sur ses pensées mais c'était tellement difficile. Elle ne savait plus où elle en étais ni ce qu'elle faisait. Seul un point était clair.

"Ne me laisse pas… J'ai besoin de toi … J'ai besoin de toi …"

Plume était affolée. Totalement terrorisée. Elle savait qu'elle avait tort, que se liait à quelqu'un de la sorte était le pire des danger mais elle savait aussi qu'elle n'y pouvait plus rien désormais. Et elle allait devoir vivre avec. Elle se recula légèrement pour fixer son regard paniqué dans celui émeraude de la narisienne et plongea de nouveau vers ses lèvres auxquelles elle mêla son souffle et tout son être.

Sa tête tournait, sa nuque la lançait et la pression qu'elle imposait à sa main droite était un véritable calvaire mais tout cela ne comptait pas, ne comptait plus. L'important était qu'Aynira ne se défilait pas et répondait à son baiser avec la même intensité que la sienne. Cela valait bien un léger sacrifice, n'est-ce pas ?

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Parfaitement docile, accablée par la fatigue autant physique que psychologique des derniers évènements, Plume se laissa faire sans rien dire, laissant Aynira la laver, la sécher ou l'habiller. Toutefois, elle se montrait reconnaissante de l'attention que lui portait la Narisienne par des soupirs de contentement, des sourires ou des regards. Pas une parole ne vint troubler le silence presque solennel de la situation.

Elle l'accompagna ensuite vers le lit et la soutenant pour ne pas qu'elle s'écroule. Ce n'est qu'une fois Plume assise sur le matelas qu'Aynira put s'habiller à son tour. Elle était moins pudique que Plume, voir même pas du tout et ça ne l'aurait pas gênée le moins du monde de rester ainsi, mais elle savait que Plume était très timide et prude sur la question que ce soit pour elle-même pour les autres. Elle savait que pour l'instant il ne fallait pas forcer les choses et faire exactement comme si rien ne s'était. Elle était encore en état de choc et aurait put interpréter son attitude qui peut être considérer comme entreprenante comme une tentative de profiter de sa situation de faiblesse.

Revêtant un pyjama de couleurs gris qui appartenait en réalité à Plume, Aynira ayant retirée ses affaires des quartiers, elle émit un petit grognement taquin quand elle vit Plume en train de s'allonger. Elle sembla comprendre le message et se réinstalla le temps qu'Ayni ne revienne avec la trousse de premier soin pour s'occuper de ses bandages. Elle tenta de soulager la douleur de Plume en procédant lentement et avec douceur et déposant des baisers pour la rassurer, mais Plume ne put s'empêcher de grincer des dents de douleurs malgré toutes les précautions.

Après quelques minutes de "tortures" nécessaires Ayni fit glisser la trousse de premier soins à côté du lit et laissa enfin Plume s'allonger sur le lit, la rejoignant rapidement avant de se border sous la couette avec elle. La jeune femme se blottit ensuite contre la Narisienne et rejoignit le monde de Morphée sans attendre. Aynira n'était pas fatiguée, alors elle veilla sur Plume. Une situation qu'elle ne pensait jamais revivre il y a quelques heures encore. Elle resserra son étreinte comme pour mieux se convaincre de ne pas imaginées tout ça avant de finalement se rassurer et de la regarder dormir.

Au bout de quelques heures, la Narisienne, qui était en train de lire, sentit Plume commençait à s'agiter d'abord doucement, puis de plus en plus violemment. Elle l'entendit prononcer son nom à plusieurs reprises d'une voix emplit de peur comme si elle la cherchait quelque part. Ce n'était pas la première fois qu'Ayni assistait à un des violents cauchemars de Plume et c'était un des aspects de leur relation qu'elle n'aimait pas du tout. Elle ne pouvait rien faire pour l'aider et la réveiller brutalement pour interrompre le rêve n'était pas une bonne idée. Elle pourrait réagir violemment et se faire blesser davantage. Sans parler du risque à ce qu'elle s'en prenne à elle dans un geste de défense instinctif découlant de son cauchemar.

Elle posa une main sur son bras, essayant de la réconforter, mais c'est là qu'elle se réveilla d'un coup, se redressant d'un bond avec l'énergie du désespoir. Elle respirait bruyamment, tentant de reprendre son souffle et de se calmer. Aynira se redressa doucement, posant une main sur son dos pour la rassurer. Elle se retourna brusquement dans un geste de défense, mais interrompit son geste quand son regard croisa celui d'Aynira :


"Hé ! Calme-toi C'est fini. C'était un cauchemar. Je suis là. Tout va bien"

Ses paroles semblaient faire effet puisque Plume eut l'air de se calmer peu à peu. Puis soudainement, elle attira la Narisienne à elle pour l'embrasser. Un baiser violent, sauvage et fougueux, très loin de la douceur et la tendresse de leurs précédents baisers. D'abord très surprise de voir Plume agir ainsi, Aynira répondit au baiser avec plus de mesure. Quand leurs lèvres se quittèrent après plusieurs longues et langoureuses secondes, Plume colla son front contre celui de la Narisienne, la fixant dans les yeux et parlant d'une voix hésitante, racontant son cauchemar.

Elle était dans l'obscurité et le froid et surtout toute seule, insistant bien sur ce dernier point. Elle essaya de souffler avant de reprendre d'une manière plus compréhensible. C'était... la chose qui pouvait ressembler le plus à une déclaration d'amour pour Plume. Elle lui demanda, non la supplia de ne pas la laisser seule, qu'elle avait besoin d'elle... Complètement affolée et paniquée par ce qui semblait être une révélation soudaine à ses yeux, elle se recula un peu sans la lâcher du regard avant de l'embrasser à nouveau d'une même ardeur que le baiser précédent.

Parfaitement prête cette fois-ci et touchée par les paroles de Plume, la Narisienne répondit au baiser avec la même fougue, avec la passion dans son état le plus brut et sauvage sans la moindre trace de douceur ou de délicatesse. Elle l'enlaça fermement, s'allongeant sur le lit avec elle. Elle fit en sorte à ce Plume se mette sur le dos avant qu'elle ne vienne à califourchon au dessus d'elle, le tout sans rompre ou diminuer l'ardeur de leur baiser. Moins douloureux pour Plume et illustrant son intention de ne pas la lâcher d'une manière on ne peut plus clair. Pas besoin de parler pour dire qu'elle n'allait jamais la lâcher et qu'elle voulait la même chose, leur baiser était une réponse plus que compréhensible.

Emporter par leur élan, une escalade commença dans leurs gestes, chacune ne sachant pas quand et comment l'arrêter avant finalement de conclure d'un commun accord tacite de ne pas entraver cette marche. Ce n'est que plus tard, une fois les premiers signes de fatigues de leur fougue apparut que chacune commencèrent à montrer quelques réticences à poursuivre. Pour Plume, elle devait se dire que ce genre de comportement ne lui ressemblait pas et qu'il lui rappelait certains sales souvenirs. Pour Aynira, elle ne voulait que Plume ne soit amenée à penser qu'elle n'est avec elle rien que pour partager son lit, surtout pas après tout ce qui s'était passé et la dernière déclaration de Plume. Ces impressions firent redescendre l'escalade pour finir dans une phase plus douce et tendre, chacune rassurant les inquiétudes de l'autre comme lors de leurs précédentes expériences. Finalement les deux femmes furent emportées par la fatigue et s'endormirent blottit l'une contre l'autre.

Le lendemain, Aynira fut la première à se réveiller. Plume était toujours blottit contre elle, semblant dormir sereinement. Elle la regarda dormir plusieurs minutes avant de bouger doucement pour ne pas la réveiller et mieux la coller contre elle. Non, étrangement, elle n'avait pas envie de se lever...

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Ce n'était qu'un cauchemar. Tout cela n'était qu'un cauchemar. Mais ça avait semblé tellement réel, … Lorsque Plume se réveilla, elle était totalement paniquée. Sa respiration était rapide et saccadée, elle avait froid et, paradoxalement, des gouttes de transpiration dévalaient ses tempes. Elle ne savait plus où elle était ni pourquoi… jusqu'à ce qu'une main se pose doucement sur son dos. La main d'Aynira.

Quelques mois plus tôt, Plume aurait juré ne jamais pouvoir agir de la sorte. C'était impensable, impossible. Et pourtant, c'était elle qui, de plein grès, s'était jetée sur Aynira pour capturer ses lèvres dans un baiser illustrant la violence de son désespoir. Elle tenta d'expliquer son geste, son cauchemar, mais les mots s'embrouillaient dans son esprit et elle avait l'impression qu'une purée inintelligible sortait de sa bouche au lieu de phrases et de réponses claires. C'est pourquoi elle cessa de parler et recommença à embrasser Aynira. La narisienne dut parvenir à la comprendre par un étrange moyen dont elle avait le secret puisqu'elle répondit à l'étreinte exactement comme Plume en avait besoin.

Sentir les bras d'Aynira l'enserrer fermement rassura la jeune femme qui se laissa basculer sur le dos, accueillant sans réticence la narisienne au-dessus d'elle. Elle était incapable de s'arrêter, le contact d'Aynira était indispensable et, de toute évidence, sa partenaire était sur la même longueur d'onde. Contrairement aux fois précédentes, leurs gestes étaient brusques et rapides mais, après quelques minutes, cela provoqua un malaise croissant chez Plume. Sans toutefois rompre le contact, elle calma l'ardeur de ses actions et Aynira suivit docilement le mouvement pour s'adapter à son nouvel état d'esprit, lui prouvant, une fois de plus, qu'elle ne cherchait que le bien être de la jeune femme.

L'étreinte se poursuivit bien plus tendrement. Plume avait encore de nombreux souvenir désagréables qu'Aynira s'appliqua à gommer un à un. Finalement, les deux jeunes femmes s'endormirent dans les bras l'une de l'autre dans un sommeil sans rêve.

Plume n'était pas totalement éveillée lorsqu'elle roula sur le côté et cala sa tête sur un oreiller. Mais celui-ci était différent du précédent. Il lui manquait quelque chose. Un son sourd et régulier avait disparut au profit d'un silence paradoxalement assourdissant. Cela n'allait pas. En plus, elle avait froid. La jeune femme grogna dans sa semi-conscience et se tourna de nouveau pour retrouver sa position initiale bien plus confortable.

Son oreiller retrouvé se mit à trembler en même temps qu'un petit rire emplissait la pièce. Cela permit à Plume de finir d'émerger et de se rendre compte que ce qu'elle prenait pour un oreiller n'était autre qu'Aynira que son petit cirque avait visiblement amusé. La jeune femme compta patiemment dix sept battements de coeur avant d'ouvrir la bouche.

"Ne te moque pas, … il fait trop froid là-bas, …"

Elle agita faiblement l'extrémité d'un doigt dans la direction qu'elle avait prise un peu plus tôt avant de se repentir et resta immobile de longue minutes supplémentaires, chassant les dernières traces de fatigue de son corps. Finalement, elle roula sur le dos à côté d'Aynira et bailla à s'en décrocher la mâchoire avant de se passer les mains sur le visage. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle se souvint qu'elle était nue et, mal à l'aise, elle vérifia que la couverture était toujours présente. C'est d'une voix mal assurée qu'elle reprit la parole, n'osant pas regarder du côté d'Aynira.

"J'ai faim."

C'était ridicule. Elle le savait parfaitement. Ce n'était pas la première fois que la narisienne la voyait ainsi et, pas plus tard que la veille, Plume s'était laissée laver, sécher et habiller par elle sans aucun état d'âme. Sans parler de la nuit qu'elles venaient de passer. Alors pourquoi agir ainsi ce matin ? La jeune femme n'en avait aucune idée mais s'empressa de récupérer ses vêtements afin de les enfiler. Le t-shirt licorne lui extirpa un sourire et elle finit par soupirer en se tournant finalement vers la narisienne.

"Pardon, …"

Quelques secondes plus tard, elle était assise sur le lit à côté d'Aynira et se penchait vers elle pour un rapide mais non moins tendre baiser.

"Bonjour."

Elle attendit quelques secondes de plus avant de baisser les yeux et poursuivre en murmurant.

"Et merci, …"

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Ayni sentit Plume bouger légèrement. Elle roula de l'autre côté, quittant la chaleur du corps de la Narisienne pour se poser sur l'oreiller avant de grogner et de reprendre sa position initiale sans demander son reste. Son geste fit lâcher un petit rire à Aynira qui referma doucement son étreinte, rigolant de nouveau quand Plume lui dit que l'oreiller était glaciale.

Elles restèrent ainsi sans bouger blottit l'une contre l'autre pendant plusieurs minutes avant que Plume ne bouge à nouveau, se couchant sur le dos et baillant généreusement. Elle eut un geste vif, comme pour s'assurer qu'elle était recouverte d'une couverture et non pas exposée à la vue de tous. Elle sembla avoir une petite crise de panique et inventa un prétexte pour se rhabiller promptement.

Puis elle sembla se calmer, se rappelant qu'il n'y avait qu'elle et Aynira dans la pièce et vue les relations et la nuit qu'elles venaient de passer, sans parler des autres, Elles n'avaient techniquement plus rien à se cacher à ce niveau. Elle s'excusa avant de s'asseoir au bord du lit et de tout reprendre à zéro, la saluant avec tendre baiser avant de la remercier dans un murmure.

Ayni ne répondit pas, se contentant de sourire :


"Juste un merci ? Tu sais que tu peux être méchante parfois ?"

C'était un ton taquin et joueur et nullement un reproche et d'ailleurs, alliant le geste à la parole, elle profita de la position de la Plume pour l'attirer subitement à elle, la faisant rallonger sur le lit pour l'enlacer avant de l'embrasser tendrement et longuement. D'abord surprise, Plume se laissa prendre au jeu et y participa en retour :

"Ça c'est beaucoup mieux comme remerciement !"

Elle lâcha finalement son étreinte quelques très longues secondes plus tard, laissant Plume se redresser avant de s'asseoir à côté d'elle :

"Bon par contre tu sais qu'il va falloir reprendre une douche et refaire les bandages ? Ça veux dire qu'il va falloir encore le retirer ce pyjama"

Le ton était de nouveau taquin et elle ponctua ses paroles de quelques baisers sur l'épaule et le cou de Plume avant de se lever. Elle tendit une main à Plume qui la saisie pour enfin quitter le lit pour prendre le chemin de la douche après avoir aidée la jeune femme à retirer sa tenue.

Comme le soir précédant, la Narisienne ne profita pas de la situation, aidant Plume à se laver, même si cette fois-ci, elle était un peu moins "professionnelle" dans ses gestes qui étaient en retour plus doux et tendres. L'eau chaude eut pour effet de réveiller complètement les deux femmes et après plusieurs dizaines de minutes, le robinet se coupa et les deux femmes quittèrent la cabine. Une fois sécher, elles revinrent vers le lit ou Aynira s'occupa des bandages et de l’attelle de Plume qu'elle retrouve sous le lit. Notant les réactions de Plume lors de la dernière opération de ce même genre, dont notamment ses gémissements de douleurs malgré les précautions d'Ayni, elle s'appliqua davantage à rendre la pose matinale de bandages moins douloureuse.

Ce n'est que là où elles purent s'habiller. Les deux femmes piochèrent dans les affaires de Plume pour s'habiller, la Narisienne ayant plus ou moins le même gabarit que la jeune femme. Ayni se contenta d'un jogging noir et d'un tee-shirt de même couleur. C'était suffisant même si le pantalon était un peu court et que le tee-shirt laissait une petite bande de peau découverte ceinturant sa taille.

Elle récupéra son communicateur Bell et mit un peu de musique :


"Toujours faim ?"

Plume hocha la tête. La Narisienne sourit et sans couper la musique, elle tapota un message à envoyer :

"Je suppose qu'aller aller au mess toute seule ne sonne pas comme une bonne nouvelle à tes oreilles et avec un bras immobilisé ça va être dur de porter un plateau... surtout vue comment on les remplit. Je vais arranger ça."

Elle envoya son message à l'un des membres du personnel de cuisine, lui demandant d'il pouvait bien lui faire apporter deux petits déjeuners complets à la mesure de l'appétit des deux femmes et demandant quelques petits plus dont Plume était friande. Quelques minutes plus tard, l'appareil vibra et la jeune femme lue la réponse :

"Bon. On va nous apporter de quoi grignoter. Le souci c'est qu'il va falloir attendre une petite heure le temps que le service se termine. En attendant..."

Elle vint s'allonger sur le lit, invitant Plume à la rejoindre :

"Il faudrait trouver un truc à faire... Hum et si tu me racontais ce qui s'est passé pendant ces trois jours ? Comme ça on en finit une bonne fois pour toute avec cette histoire et on pourra se concentrer sur le moment présent."

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Plume avait eu un moment de panique mais était parvenu à l'endiguer et à se reprendre, s'excusant auprès de la narisienne et la remerciant par la même occasion. Mais cela ne fut pas au goût d'Aynira qui l'accusa d'être parfois méchante. Plume releva rapidement un regard peiné vers la jeune femme alors qu'une boule se formait déjà au creux de sa poitrine. Ca elle le savait. Elle pouvait se montrer extrêmement froide, cassante et distante mais l'avis d'Aynira à ce sujet était l'un des seuls qui lui importait et le fait de l'entendre dans sa bouche l'avait comme paralysée.

Mais la peur et la peine furent de courte durée. Le sourire d'Aynira démentait ses paroles et son étreinte subite finit de persuader Plume que la narisienne n'en pensait pas un mot. Rassurée, la jeune femme profita du moment en effaçant son angoisse dans les tendres baisers. Elle finit par sourire avant de s'assoir de nouveau au bord du lit. Aynira l'imita rapidement en lui affirmant que sa tenue n'était pas des plus indiquées pour l'activité suivante. Elle allait devoir reprendre une douche et changer ses pansements. Rien de très réjouissant en repensant à la douleur qu'elle avait ressenti la veille à ces mêmes moments. De plus, sa main recommençait à la lancer sérieusement. Retirer l'attèle et la manipuler le lui disait absolument rien.

Plume grimaça à l'idée de ce qui l'attendait mais le comportement d'Aynira lui suggéra qu'elle ferait son possible pour limiter la douleur au maximum ou, du moins, tenter de la lui faire oublier. C'est pourquoi, lorsqu'elle lui tendit la main, Plume la saisit et ôta les vêtements qu'elle venait d'enfiler avec l'aide de la narisienne.

La douche fut longue. Les premières minutes servant à accomplir la fonction première d'une telle situation alors que le long moment passé sous l'eau chaude ensuite permit à Plume d'oublier quelque peu la douleurs des derniers évènements. Elle aurait voulu ne jamais sortir de cette cabine. Le liquide brûlant et les caresses légères d'Aynira occultaient la brûlure de sa main droite. Mais il fallut se résoudre à éteindre l'eau.

Une fois de plus, Plume laissa Aynira l'aider à se sécher. Le moindre mouvement lui arrachant une grimace de douleur. La narisienne se montra encore plus douce que la veille pour refaire ses bandages mais, lorsqu'elle s'attaqua à sa main droite, Plume dut serrer les dents davantage. Il fallait vraiment qu'elle aille passer ses examens complémentaires. Son infirmière personnelle lui étala une généreuse couche de crème anti-douleur avant de refaire son bandage et de l'aider à remettre l'attèle correctement. Tout de suite, ce fut moins douloureux. La main était maintenue dans une position favorable, les mouvements parasites et déplacements réflexes douloureux étaient impossibles.

Les deux femmes s'habillèrent ensuite. Plume choisit un t-shirt noir portant un dessin du robot R2D2 de Star Wars en bleu foncé et un jean. Elle s'habillait rarement avec ses tenues terriennes mais elle sentait qu'elle devait faire des efforts d'intégration après sa fuite soudaine. Lorsqu'elle se tourna vers Aynira, elle ne put cacher un sourire.

"C'est officiel. T'es bien plus grande que moi !"

Aynira mit de la musique et envoya un message pour que quelqu'un apporte de quoi manger. Elle avait deviné que Plume aurait du mal à rester sereine si elle la laissait seule le temps d'aller chercher de quoi combler son appétit. Loin de s'en offusquait, elle avait trouver une solution de rechange.

"Merci."

Puis, se souvenant de sa dernière remarque sur le simple "merci", Plume sourit et, distrayant la narisienne de son message quelques secondes, elle vint l'embrasser doucement et se répéta.

"Merci."

Aynira confirma la commande et s'allongea sur le lit. Au moment où Plume allait la rejoindre, elle la questionna sur les trois derniers jours. Sa façon de demander sonna faux aux oreilles de la jeune femme qui s'immobilisa, un genou sur le lit et l'autre pied au sol, fronçant les sourcils.

"Qui le demande ? Toi ? Ou Cook ?!"

Plume savait qu'elle devrait raconter sa fuite à un moment ou à un autre mais Aynira semblait expédier ça comme une formalité afin de répondre aux exigences de la hiérarchie alors que, pour Plume, ces trois jours avaient été décisifs. Elle y avait fait des découvertes sur elle, des choses dont elle se croyait exclue. Contrairement à tous ces principes, elle était revenue. Et ce n'était pas pour Cook.

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Plume avait vite apprise la leçon et remercia Aynira de l'attention qu'elle lui portait pour aller jusqu'à demander à apporter à manger pour ne pas la laisser seule par un baiser. Patientant la petite heure de délai avant de manger, la Narisienne s'allongea sur le lit et invita Plume à la rejoindre. En même temps, elle demanda ce qu'avait faites Plume pendant ses trois jours avec un ton neutre pour mieux montrer que ce n'était pas une réprimande ou un ordre, mais Plume se bloqua dans la course, demanda pourquoi ou plutôt pour qui elle posait cette question. Pour elle ou pour Thaïn ?

Ayni la fixa avec des yeux mêlant surprise et incompréhension :


"Qu'est ce que viens faire Thaïn dans cette histoire ? Ooooh..."

Elle se rappela des dernières paroles du chef de base par intérim disant que c'était à elle de lui faire un rapport sur ce qu'avait faites Plume pendant son escapade. Aynira avait mise cette partie de côté. Elle corrigea le tir :

"Au pire on s'en fout de Thaïn non ? Je veux dire qu'il t'as déjà posé cette question et tu l'as envoyée promener. Si tu veux rien lui dire moi je lui dirai rien. Non c'était pour moi. Moi pendant ces trois jours j'étais en mode épave partagée entre dégout total d'avoir tout fait capoter entre nous à cause d'un petit message et la peur de plus te revoir ou qu'il t'arrive quelque chose. J'avais plus envie de rien faire et à part Aeryn tout le monde dans cette station s'en foutait royalement. Et puis après ça, le SDT a assigné, à moi et tout les aliens de la station, une sorte de gratte papier muet comme une tombe qui noté tous mes faits et gestes et juste avant ton retour ils nous ont convier dans une salle pour dire qu'en résumé on servait à rien à part abuser de leur hospitalité et qu'on était tous des traîtres qui allaient leur mettre un couteau dans le dos bon a enfermer et que ta fuite était une preuve flagrante de cette aspect. Je te parie que dès qu'ils retrouveront une porte ils vont sans doute tout faire pour nous expulser bien gentiment sauf si on se montre utile... et part "utile" ça doit sans doute dire se mettre à genoux devant eux pour implorer leur pardon, obéir à tous leurs ordres sans discuter et donner tout ce qu'on a. Trois jours de rêves en somme..."

La dernière phrase était parfaitement ironique. Elle se redressa un peu pour être face à Plume qui n'avait pas bouger :

"Si tu veux rien me dire, ne dis rien, c'est pas grave. Je voulais juste savoir. J'ai eut si peur de te perdre pour toujours. Tu disais que tu revenais jamais en arrière et pourtant tu es là"

Elle posa une main sur sa joue et déposa un tendre baiser sur ses lèvres :

"Et depuis hier soir je sais pourquoi... Et c'est tout ce qui compte."

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Tout d'abord, Aynira ne sembla pas comprendre. Puis, elle fit le rapprochement et justifia sa question en avouant qu'elle avait passé trois journées désagréables, c'était donc le temps où Plume avait été absente, et que des hommes avaient été envoyés pour surveiller les aliens et les accuser de traitrise.

"C'est à cause de moi ?"

C'était une question réthorique étant donné que le lien était évident. Voilà qui n'allait pas arranger le sentiment de culpabilité de la jeune femme. Surtout après être sûre d'avoir été à l'origine d'un mal être chez Aynira. Plume était figée dans sa position grotesque, un genou sur le lit et le pied opposé par terre, et laissa la narisienne se redresser sans bouger. Elle lui rendit un regard perdu et ferma les yeux le temps du baiser. Elle les garda clos par la suite, cherchant à reprendre une certaine contenance et à prendre une décision.

"D'accord."

Lorsqu'elle releva la tête, elle fixa de nouveau son regard sur Aynira et s'assit en tailleur sur le lit, face à la narisienne. Plume lui prit doucement une main et fixa son attention dessus lorsqu'elle commença à raconter ses trois jours d'errance.

"Je suis partie au hasard. Je n'étais plus en sécurité ici, j'étais menacée, je devais partir loin, …Mais je n'avais rien, … ni eau, ni nourriture, … et je n'arrivais pas à dormir. J'avais cette boule, là, …"

Elle plaça l'une de ses mains sur sa poitrine quelques secondes avant de la reposer sur celle d'Aynira, continuant de faire courir ses doigts entre ceux de la narisienne.  

"J'ai croisée une planète viable et m'y suis posée. Il me fallait des vivres. J'ai trouvé des fruits et un ruisseau mais, en rentrant au vaisseau je suis tombée dans un piège. Deux hommes avaient placé un piège pour capturer des animaux. Ils m'ont attachée et on voulu me prendre le collier."

Inconsciemment, elle lâcha la main d'Aynira et saisit le pendentif avant de se mettre à jouer avec.

"Je ne pouvais pas les laisser faire. je ne pouvais pas les laisser me le prendre. Je, … je n'ai as réfléchi. Je suis parvenue à assommer l'un des type, et l'autre a pris peur. Je l'ai assommé lui aussi. Je me suis détachée et j'ai récupérer le collier. Je suis partie en laissant tout le reste."

Plume avait les yeux perdu dans le vague et sa voix était étonnamment calme.

"Je ne sais pas combien de temps j'ai avancé ensuite. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux du pendentif et, … je pensais à toi tout le temps, … J'étais persuadée que tu voulais me livrer à un goa'uld quelconque mais, … tu me manquais."

La jeune femme inspira profondément avant d'expirer de la même façon.

"Il me fallait un objectif. De quoi arrêter de penser. Je suis allée sur un spatio-port. C'est là bas que j'obtiens des informations sur les goa'ulds en activité. Je voulais un tuyau, j'avais besoin d'action. Mais c'est un enfant que j'ai vu, avec son père. Il lui a demandé d'où venaient les nuages. Le père a répondu une bêtises en lui disant de se taire et de continuer à avancer. J'ai encore pensé à toi. A ce que tu aurais répondu, à tout ce que tu aurais expliqué, … c'était trop dur, …"

Elle se mordilla la lèvre inférieur, le regard toujours dans le vague, puis, tourna les yeux pour fixer leurs homologues émeraude.

"J'ai fait demi-tour. Il fallait que je te revoie. Même si c'était faire une croix sur ma liberté, … Je ne veux plus de cette vie là, … Je veux être avec toi, …"

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Plume se figea devant les paroles de la Narisienne qui lui avait expliquée comment elle avait vécue ces trois jours d'absence. À son tour, elle raconta son histoire après s'être assise en tailleur sur le lit. Elle raconta qu'elle n'avait pas de destination précise en mémoire et qu'elle avait opté pour une planète au hasard, ne pouvant dormir à cause de cette boule à la poitrine.

Sur ce monde, elle tomba sur deux locaux qui la capturèrent et tentèrent de lui voler son collier. Elle ne pouvait pas les laisser le prendre, s'apercevant à quelle point la Narisienne lui manquée malgré son apparente trahison. Elle se défendit et quitta la planète pour en rejoindre une autre plus familière où elle avait l'habitude d'apprendre des informations sur les Goa'ulds, voulant recommencer son ancienne vie. C'est là qu'elle aperçue un petit garçon qui demandait à son père d'où venait les nuages, une anecdote qui fit sourire Plume.

C'est cet évènement qui provoqua un déclic qui fit revenir Plume sur Terre... pour être avec Aynira, peu importe ce qui se passerai.

Les yeux de la Narisienne brillèrent, prenant délicatement Plume dans ses bras, essayant de calmer bruyamment la crise de larmes qui approchait, ne pouvant taire quelque sanglots. Elle avait été touchée par ce qu'avait dit Plume avant de s'approcher pour l'embrasser de la manière la plus tendre et amoureuse qu'elle pouvait. Plume n'aimait pas qu'on lui dise qu'on l'aime, lui rappela la trahison initiale qui l'avait livrée à Métis, mais il y avait d'autre manières de dire ce genre de choses sans prononcer le moindre mot.

Elle joignit ses mains aux siennes, y enlaçant les doigts en prenant garde à ne pas lui faire mal à sa main blessée. Elle planta ensuite sa regard dans le sien sans rompre le baiser qui s'arrêta peu à peu de lui-même pour laisser place à un sourire franc et une série de baisers. Une forme de discussion visuelle se mit en place, les deux femmes ne se quittant pas des yeux pendant de longues minutes.

Ce n'est qu'une série de toc à la porte qui les fit sortirent de cette sorte de transe. À regrets, la Narisienne quitta sa position et alla ouvrir la porte avant de revenir avec un chariot roulant de cuisine remplit :


"Le petit déjeuner est arrivé !"

Elle invita Plume à rester sur le lit tandis qu'elle prépara un plateau fait d'un bol de chocolat chaud de croissants d'un verre de jus de fruit et d'un bol de fraise à la chantilly avec la bonbonne de la dite crème, connaissant le goût de Plume pour celle-ci. Elle s'approcha ensuite, déposant le plateau sur les jambes de Plume :

"Tout le monde adore les petits déjeuners au lit !"

Elle rigola avant de se faire un plateau identique pour elle et de s'installer à son tour sur le lit. En mangeant et discutant, Aynira observa le poignet blessé de Plume. Il était enflé, chaque mouvements lui faisaient mal et leur nuit disons agitée n'a pas dû arranger les choses. Effectivement après un bref passage en rayons X des ses implants, elle remarqua une fracture. Elle termina son repas et laissa Plume en faire de même avant d'aborder le sujet :

"Ça a pas l'air de s'arranger le poignet. En fait il est même cassé ! Je sais que tu vas pas aimée, mais je vais appeler l'infirmerie. Il faut s'occuper de ça rapidement sinon ça peut empirer et t'handicaper et je veux pas qu'il t'arrive ce genre de chose ni te voir souffrir. Tu préfère y aller ou je fais venir quelqu'un ?"

À contrecœur, Plume accepta de voir un médecin, mais elle refusa d'aller à l'infirmerie, laissant la Narisienne appeler un médecin pour venir :

"Appel à l'infirmerie. Un médecin est demandé dans les quartiers de Plume pour s'occuper d'une fracture du poignet."

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Plume avait eu du mal à raconter son périple et, surtout, les implications que cela avait engendré pour elle et sa façon de percevoir sa vie. De toute évidence, Aynira était aussi troublée par son récit. Ce fut les yeux humides qu'elle enlaça la jeune femme. Plume la laissa faire et se blottit contre elle, répondant à son baiser et son étreinte tendres.

Aynira lui souriait, ce qui soutira quelques timides sourires à Plume mais la peur lui nouait encore l'estomac. Une peur indicible et incompréhensible mais une peur bel et bien présente. Malgré tout, ce moment était reposant et rassurant et la jeune femme l'aurait brisé pour rien au monde.

Cependant, des coups à la porte perturba le silence. Aynira alla ouvrir pour réceptionner le petit déjeuner en disant à Plume de ne pas bouger. Elle se décala légèrement pour s'adosser au mur, les jambes étendues devant elle sur le lit. Elle grimaça légèrement lorsque l'appui sur sa main droite lui envoya une vague de douleur vive, mais ne dit rien.

Aynira lui déposa un plateau garni sur les genoux avant de s'installer avec un repas identique à côté d'elle. Plume la remercia d'un baiser et s'appliqua à vider le plateau, en commençant par les fraise et la chantilly qu'elle savoura. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas aussi bien mangé. Lorsque son repas fut terminé, la narisienne amena sur le tapis le sujet de sa main, l'obligeant à voir un médecin.

Plume grimaça et détourna le regard. Elle n'avait nulle confiance en ces gens-là. Elle s'était toujours débrouillée seule mais Aynira insistait et lui décrivait des séquelles qui l'handicaperaient toute sa vie. Elle devrait prendre sur elle mais hors de question de se jeter dans la fausse aux lions. Pour l'heure, elle ne se sentait relativement bien qu'ici.

"Qu'ils viennent, …"

Il était visible que cela ne lui plaisait pas, mais elle acceptait tout de même, ne serait-ce que pour contenter la narisienne. Et elle ne pouvait nier la douleur que cela lui procurait en permanence.

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Un médecin et une infirmière arrivèrent. Ils auscultèrent Plume avec délicatesse et après un long débat réussirent à la convaincre de les accompagner à l'infirmerie le temps de passer aux rayons X. Le médecin lui promis qu'elle ne resterait pas plus d'une heure là bas et que Aynira pourrait rester en permanence avec elle.

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