« Rien ne nous dit que le reste du labo ne s’écroulera pas sur nous ! »
Il fallait crier pour se faire entendre. Les tirs nourris des deux côtés se répercutaient contre les parois de la structure, le bruit des balles revenait en écho, et finalement Josh en avait plein les oreilles. Les villageois avaient atteint le laboratoire de Janus ; ne restaient plus que les trois militaires du SGC à barrer la voie aux troupes d’Anubis. Alors il fallait tenir, tenir le couloir, faire gagner du temps à Anderson, empêcher coûte que coûte que son travail soit mis à danger : l’archéologue était en fait leur ultime espoir pour s’échapper de ce lieu. Les explosifs étaient inenvisageables ; ils risqueraient de tous y passer. Non, il fallait se battre, résister. Tous trois se relayaient du mieux qu’ils le pouvaient, mais Josh sentait qu’ils reculaient. Face à une telle puissance de feu, ils n’avaient pas le choix. Les Goa’ulds avaient cet avantage qu’ils semblaient avoir une armée infinie, et qu’importait le nombre de Jaffas morts, il en arrivait toujours plus. Qu’importait l’espace obstrué par ces corps, l’ennemi progressait. Qu’importait l’efficacité des armes anti-Kulls, à trois ils ne pouvaient pas espérer tenir la position bien plus longtemps. Aussi l’ordre du repli donné par le colonel était le plus logique. Mais à peine eut-il donné ses directives qu’il tombât, touché par un tir d’énergie. Josh jeta un coup d’oeil rapide sur son supérieur, tout juste suffisant pour voir ses yeux se refermer. Ils n’étaient plus que deux.
« ANDERSON !... ANDERSOOON ! »
Leur archéologue venait de leur annoncer avoir trouvé la solution, mais pour le lieutenant il y avait un poil plus urgent : protéger la vie du colonel.
« Tirez-le de là, et faites traverser tout le monde ! Dans une minute on est parti ! »
Indirectement, l’ordre s’adressait aussi à Smith ; ils devraient se replier d’un instant à l’autre, et il devait être prêt à réagir dès que Reynolds en donnerait l’ordre. Mais pour le moment, ils devaient encore tenir, gratter encore quelques dizaines de secondes pour qu’Anderson eût le temps d’évacuer tous les villageois qu’ils avaient pu amener jusqu’ici, et tous les blessés.
Les murs se dégradaient sous les balles, les lumières explosaient sous les tirs. Josh tenait fermement son fusil, maintenait son doigt sur la gâchette, et sentait les vibrations se répercuter dans ses membres. Lorsque la situation se calmerait – si elle se calmait un jour – il en tremblerait sans doute pendant des heures. D’ailleurs, il était temps.
« Go ! »
Reculant à vive allure, ils se relayèrent par deux fois pour atteindre le laboratoire en se couvrant l’un l’autre. Mais avant de traverser, le lieutenant avait besoin que Smith protégeât une dernière fois l’accès… Sortant les deux pains de C4 de son gilet tactique, il en colla un sur la console en pierre, et l’autre à côté de l’entrée. Il ordonna ensuite à son coéquipier de partir et recula vers l’anneau tout en continuant à tirer. Il arrêta deux derniers Kulls, activa les charges d’explosifs et passa la Porte des Étoiles…
Il ne sut pas si c’était dû au voyage ou à l’explosion qui accompagna son entrée dans le vortex, mais dans sa rematérialisation il fit un vol plané comme il en avait rarement connu. Dans sa chute il roula sur lui-même, et ne dut la fin de sa course qu’à la chose qu’il percuta dans sa lancée.
Il dut ouvrir et fermer les yeux plusieurs fois pour prendre conscience de ce qu’il se passait. Tout son corps était endolori, son M16 coincé sous lui appuyait contre son bras, ses oreilles bourdonnaient. Quand celles-ci se calmèrent un peu, il sentit dans le brouhaha qui l’entourait que les choses n’étaient pas tout à fait comme il aurait pu s’y attendre – comme il en avait l’habitude. Sans écouter les conversations qui avaient lieu, il percevait dans la voix de certains une inquiétude particulière, qui ne l’alerta pourtant réellement que quand, après maintes difficultés, il se releva enfin.
Des armes les braquaient dans tous les sens. Premier réflexe : lever son arme, lui aussi. Et puis il dévisagea ceux qui leur faisaient face, un à un. Il ne s’agissait que de têtes qu’il ne connaissait pas. L’environnement, lui aussi, était différent. C’était bel et bien une salle d’embarquement, mais elle n’était pas pareille qu’au SGC. D’ailleurs, les autres l’avaient apparemment bien remarqué. Les yeux de Reynolds parcoururent alors les blessés qu’il y avait dans son groupe, et il repensa à ce qu’il s’était passé à peine quelques minutes auparavant : il y avait tout d’abord l'équipe du futur, ce cristal et ce dispositif qu’on lui avait confiés, l’attaque d’Anubis, les Anciens et Janus, la mort de Groff et de ses hommes… Et Fett qui était inconscient…
C’était donc à Josh d’assurer le commandement. Alors, baissant son arme, le lieutenant prit – ou reprit, il n’avait pas écouté – la parole :
« Ne tirez pas ! Nous sommes terriens ! Équipe SG en mission ! Nous ne vous voulons aucun mal ! »
Il regarda un instant ceux qui l’entouraient : bon, en fait, ils n’étaient pas vraiment tous terriens… Sans doute leurs hôtes feraient la différence entre ceux qui portaient un uniforme et les habitants de P3X-127.
« Je suis le lieutenant Reynolds, U.S. Rangers. Et voici Smith, et le docteur Anderson, chef du département scientifique du… de notre base… Nous avons de nombreux blessés, dont notre chef d’équipe ; nous avons besoin d’aide… »
Devaient-ils dire qu’ils venaient du passé ? Pour avoir été quasiment à leur place plusieurs heures avant, Josh savait que ce n’était pas forcément évident à comprendre et accepter… La chance qu’eux avaient, contrairement à l’équipe du futur qu’ils avaient rencontrée, était que, s’ils avaient bien atterri où ils pensaient, l’administration de cette base pourrait retrouver les dossiers de chaque membre de l’équipe, et déduire ce qu’il s’était passé… S’ils arrivaient à comprendre eux-mêmes la situation sans qu’on leur donnât de réelle explication et qu’on les influençât, sans doute qu’ils seraient moins suspicieux.