« Aucune idée. Quand vous m’avez donné ça j’avais d’autres priorités, désolé. »
Il savait qu’il aurait dû poser la question. Mais au moment où Sincet lui avait remis ces objets, ses coéquipiers avaient été agressés et le responsable, un Goa’uld pure souche, était en fuite. Josh était officier militaire ; pas technicien de laboratoire. Même avec la meilleure volonté du monde, il ne pouvait que parer au plus urgent. Se laisser raconter une anecdote quand autour de lui tout le monde se faisait dégommer, décidément, ce n’était pas son genre.
Le lieutenant retrouva d’ailleurs vite ce fameux instinct de militaire. Bientôt leur réunion fut interrompue par une bataille environnante qui, pour le Ranger, sortait d’il-ne-savait-où, et pire : la base sur laquelle ils étaient se trouvait désormais en alerte invasion. Comment était-ce possible ? N’y avait-il donc aucun protocole de sécurité pour pallier à ce genre d’éventualités ? Plus d’iris ? Plus d’équipes de sécurité pour intervenir en salle d’embarquement… ? Pour Josh cette situation était incompréhensible. Jamais un tel événement n’aurait dû arriver, s’ils étaient si avancés technologiquement et si expérimentés…
Bien vite, Reynolds comprit que leurs talents allaient être mis à contribution. A vrai dire il n’attendait que le feu vert de leurs hôtes pour prendre les choses en main – ou tout du moins participer activement. Cependant, ce qui pour lui était le plus inquiétant était l’identité des envahisseurs… Des « gnitars », disaient-ils ?
« Anderson. »
La situation avait beau être critique, Josh n’en oubliait pas les priorités. Leurs priorités. Le lieutenant avait des ordres du général O’Neill, et du Pentagone, en la personne du major Bartlett. Il leur restait toujours une mission à mener à bien, et ramener cette équipe en entier était l’un des principaux objectifs. Et pour cela il fallait toujours accomplir deux choses : retrouver Fett et Mallory, et bien sûr rentrer. Ce fut pourquoi pendant que les autres s’agitaient en tous sens, Josh s’entretint discrètement avec ses deux coéquipiers – ses paroles étant aussi destinées à Smith.
« Gardez un oeil sur le dispositif de voyage dans le temps. Nous on va les aider à faire le ménage, et dès qu’on peut on va essayer de retrouver le colonel et le sergent. Coopérez si vous le pouvez, mais nous avons nous aussi une mission et elle doit rester notre priorité. Compris ? »
Aucune trahison à l’horizon, mais le Ranger était lucide : ceci n’était pas leur futur. C’est juste un futur. Ils n’étaient là que de passage, et s’ils rentraient indemnes ils pourraient faire en sorte que jamais ces gnitars devinssent une menace pour la Terre. Pour Josh, ce qui arriverait à la station ne serait que de l’ordre de dégâts collatéraux.
Différents flashs lumineux ramenèrent le regard du militaire vers le centre de la pièce. Le commandant de la base avait disparu, et du matériel avait, lui, apparu. Cool. Et comme on les autorisait à s’équiper à leur tour, Josh eut tôt fait de s’exécuter. M16, Glock et trois flash-bang vinrent occuper respectivement son épaule, son holster et ses poches, vidés au moment où on les avait fouillés. Et malheureusement, aucune radio à leur fournir, et encore moins de gilet tactique…
« Vous vous foutez de nous ? Vous vous avez droit à une super armure dixième génération, et nous on doit aller au casse-pipe sans pare-balles ?! »
Étrangement cela n’avait l’air de ne choquer personne. Voilà précisément pourquoi Reynolds n’avait pas l’intention de faire plus que nécessaire : il abattrait tous les ennemis qui se présenteraient à lui, mais il était hors de question qu’il les pourchassât sur toute la base. Car si on n’avait pas eu besoin d’eux, leur aurait-on réservé une autre place que leurs cellules… ?
Déterminé mais peu rassuré à la perspective d’affronter des aliens qu’ils ne connaissaient pas sans autre protection que leurs BDU, Josh emboîta le pas du chef d’équipe improvisé – il suffisait de jeter un oeil à ses galons pour se rendre compte de cette fameuse improvisation – et se prépara dès cet instant au pire. Mais à peine sortis, changement de plan ; à peine celui-ci exposé, le trio fut téléporté.
« Qu’est-ce que… ? »
Le changement de décor et la découverte de cet ennemi, qui – soit dit en passant – les cernait, troublèrent Josh une fraction de seconde. Ou plusieurs. En tout cas il sentit une légère latence dans ses réflexes, et ce fut le cri du caporal qui le ramena à la réalité. Sachant que rester statique serait d’ici une seconde synonyme d’être abattu, il se jeta à terre juste à temps pour éviter les tirs d’énergie. Il se releva ensuite aussi vivement qu’il le put, et tout en tirant recula jusqu’au premier abri qu’il trouvât pour se mettre à couvert. Désormais pleinement concentré, toute son énergie déployée dans l’escarmouche, il n’entendit pas l’avertissement de leur coéquipier, et ne comprit que lorsque les deux boules qui passèrent dans son champ de vision laissèrent place à un dégagement d’énergie assez disproportionné vu leur taille…
« Vous les avez trouvés où ces trucs ?! Et c’est quoi ces… choses ?! »
S’il y avait bien une chose que Reynolds détestait, c’était d’être jeté dans la bataille sans avoir eu le temps de se préparer. Et en l’occurrence, ils n’avaient eu absolument aucun briefing là-dessus : ils ne connaissaient pas la station, ils ne savaient pas qui l’occupait, ils ne connaissaient rien des équipements disponibles, rien de l’ennemi, et en plus on les téléportait pile dans un guet-apens. Cela ne pouvait pas mieux tomber.
« Dites... – Josh jeta un oeil à l’uniforme du caporal – … Hunter. Sans vouloir me montrer désagréable, je n’ai pas l’habitude d’avancer les yeux fermés, dirigé par quelqu’un qui n’est même pas sous-officier. Vous avez sans doute l’expérience de ces créatures et de cette station, mais chez nous, à notre époque, on ne fonce pas tête baissée en espérant que ça va passer ! »
Avec tout le raffut qui venait d’être fait, si les autres gnitars ne convergeaient pas déjà vers eux ils auraient bien de la chance… Aussi Reynolds s’assura du regard que Smith était déjà en position près de la porte, prêt à faire feu, et reprit sa mise au point.
« Y a-t-il d’autres ponts au-dessus ? Négatif. Très bien, on va y aller méthodiquement. Smith et moi, on va vous couvrir, et vous, comme vous connaissez les lieux, vous allez fouiller les pièces annexes. Quand on aura atteint la cage d’escaliers, Smith gardera l’accès, comme ça on sera sûr que la menace est circonscrite. Et on continue de la même manière : je vous couvre, vous fouillez, jusqu’à ce qu’on atteigne la salle des machines. Pas de précipitation, c’est clair ? »