*On en a pour longtemps?*

*J'en ai bien peur...*

Kementari avait les yeux rivés sur la tablette posée devant eux depuis un bon moment maintenant sans avoir le moindre début de piste. L'écriture lui était inconnue mais l'état de conservation du support laissait supposer qu'elle était pourtant assez récente. Le Tok'ra se massa les tempes du bout des doigts et s'adossa à son fauteuil en soupirant.

*Il faut peut-être tout reprendre depuis le début?* suggéra Anaëlle avec légèreté.

*C'est que... nous sommes au début!* lui fit-il remarquer.

Ils avaient récupéré la tablette sur la dernière planète visitée la veille pendant la matinée. Les humains qui y habitaient étaient pour le moins... sauvages mais ils s'étaient contentés de regarder l'adolescente blonde de loin. Pourtant les Goa'ulds s'étaient bien installés sur la planète des siècles auparavant comme en témoignaient encore des bâtiments en ruines érigés à leur honneur. Elle n'y avait rien trouvé d'intéressant cependant hormis cette tablette justement qui, si elle se trouvait bien dans un bâtiment Goa'uld, n'était pas rédigée dans leur écriture. La curiosité et l'absence de données concrètes sur les Tau'ris les avaient poussés à la prendre avec en quittant les lieux. Le tout en se promettant de l'étudier plus tard, ce qui était à présent le cas...

Et depuis toutes les tentatives pour traduire le texte qui y était gravé s'étaient soldées par des échecs. Même l'ordinateur de bord du Tel'tak s'y était brisé les cristaux. Ils n'étaient pas plus avancés que ça et avaient perdu une journée inutilement. Ce qui provoquait bien évidemment l'impatience d'Anaëlle et, par extension, la sienne aussi.

*Je pensais que ce serait un peu plus intéressant de chercher les Tau'ris...*

*Ne soit pas trop pressée de les retrouver...* tempéra le symbiote. *Là où il y a des Tau'ris, il y a des ennuis la plupart du temps. C'est ce qui les rends si précieux et si imprévisibles à la fois!*

Kementari sentait qu'Anaëlle sondait leur mémoire désormais commune pour consulter des souvenirs au sujet des "terriens" comme ils aimaient à s'appeler. Le symbiote ne les avait jamais rencontrés puisqu'il était toujours en mission lors de leurs échanges avec la Tok'ra. Il devait donc se contenter de récits entendus à leur sujet en gardant à l'esprit que les histoires avaient tendance à se déformer lorsqu'elles étaient transmises.

*On va les trouver!* insista Anaëlle.

Ils sourirent à cette pensée, Kem s'amusant de la remarque de son hôte. Volontaire et décidée, elle gardait en plus cette flamme qu'avait les jeunes humains et qui les poussaient à appréhender l'avenir avec sérénité et confiance. Avec la symbiose le Goa'uld avait l'impression de renaître - d'une certaine façon du moins - et pouvait à nouveau gouter à des sentiments qu'il avait depuis longtemps oubliés. Anaëlle quant à elle adorait la sensation que lui procurait trois-cents ans de souvenirs et de voyages qu'elle n'avait pas elle-même fait en tant que personne unique. Elle était émerveillée par la symbiose et la douce sensation que procurait le partage de son corps avec le Tok'ra.

"Je suis toi et tu es moi!" lâchèrent-ils doucement.

Cette phrase pouvait sembler étrange à n'importe quelle personne ne connaissant pas leur situation mais elle résumait parfaitement la situation. Mais elle n'était pas seulement pragmatique. C'était plus un moyen d'apprécier leur symbiose et de se témoigner mutuellement leur affection. Un léger sourire vint éclairer les lèvres du binôme à cette pensée avant qu'Anaëlle ne reprenne le contrôle de son corps. Cette dernière avait laissé Kementari étudier la tablette à sa guise et le Tok'ra comptait bien lui rendre la pareille.

L'humaine se leva avec énergie, bien décidée à leur dégourdir un peu les jambes après une si longue période passée assise. Ce faisant et à cause de son empressement, elle renversa la tablette qui tomba sur le sol métallique de la cabine du Tel'tak. Elle s'excusa mentalement auprès de Kem lorsqu'elle sentit l'exaspération qui les gagnait avant de se baisser pour la ramasser. Elle la saisit doucement et s'arrêta net en fronçant les sourcils. Puis elle la releva devant elle et la fit tourner doucement entre ses mains en gardant l'écriture face à elle.

*Ça ne se lit pas de gauche à droite ou de droite à gauche...*

*... mais en cercle qui va de l'intérieur à l'extérieur!* termina le Tok'ra.

Ayant trouvé la clef qui leur manquait, traduire le texte se révéla plus simple et après une heure d'essais et de réflexion la tablette livra enfin ses secrets. Une partie des mots ne voulaient rien dire et le duo ne pouvait faire que des suppositions sur leur définition mais il était clairement fait mention d'une planète du nom de Centera et de quelques indications sur sa localisation. La curiosité de l'hôte comme du symbiote fut immédiatement attisée, d'autant plus que l'ordinateur de bord du Tel'tak possédait des coordonnées pour une planète du même nom. Après un rapide regroupement des différentes infos il fut rapidement évident qu'il s'agissait de la même.

"On est les meilleurs!" fit à voix haute l'adolescente en exprimant franchement leur pensée.

Anaëlle programma les coordonnées sur le panneau de contrôle du vaisseau cargo et appuya avec un plaisir enfantin sur les boutons. Elle avait peut-être fait ça des centaines de fois dans ses souvenirs, mais ça l'amusait toujours autant de les propulser dans l'hyperespace à l'aide d'une simple pression de la main.

Une fenêtre bleutée et distordu apparut à l'avant du vaisseau qui s'y engouffra après une rapide accélération. L'adolescente étendit ensuite ses jambes sans quitter du regard le tunnel lumineux dans lequel le vaisseau se trouvait et qui les faisait franchir des distances hallucinantes à une vitesse tout aussi impressionnante.

*Tu es une gamine!* s'amusa Kem en savourant à son tour le plaisir simple de cette contemplation grâce à la symbiose.

Anaëlle ne répondit pas puisque Kem savait déjà ce qu'elle allait dire. Elle se contenta d'un léger sourire en coin tout en se demandant ce qu'ils allaient découvrir en arrivant sur Centera. Il faudrait attendre quelques heures pour le savoir...