Sous observation

Alors que Noa prenait place sur le canapé du salon d'observation, Nadira fit son entrée en lui braillant son mécontentement. Le néo-zélandais se releva et s'éloigna au fond du salon alors que la jeune femme continuait lui cracher la déception de leurs retrouvailles. Noa passa une main dans ses cheveux tout en tournant sur lui-même alors qu'il ressentait cette irritation grandissant en lui.

" Qu'est ce que tu crois ? " s'emporta t-il. " Qu'on allaient tous t'attendre sagement ? Que tout resterait tel quel ? Non tu vois, les choses ont changés ici aussi. "
Noa regretta immédiatement ses paroles. Il pinça ses yeux entre son pouce et son index et resta silencieux quelques secondes tout en posant son autre main sur sa hanche. Cela lui suffit pour reprendre le contrôle.

" Excuse-moi. " dit-il finalement en laissant tomber sa main et en levant les yeux vers Nadira.
" Je suis vraiment heureux de te revoir. "
Son ton était beaucoup plus calme et posé. Il y a quelques semaines encore, il n'aurait pas réussit à reprendre le contrôle de lui-même aussi rapidement. Les séances avec De Bressignac commençaient-elle à payer ?
" Tu m'as manqué. " avoua t-il finalement en croisant son regard.

Le jeune homme croisa ses bras sur son torse et leva un instant les yeux vers le plafond avant de revenir sur son amie.
Il lui devait un semblant d'explication sur sa réaction au réfectoire, mais il ne savait pas par où commencer.

" C'est pas contre toi... ça fait un moment que je ne suis pas revenu sur la station et débarquer dans le mess avec... tout ces gens... m'a rendu un peu... claustrophobe. "
Noa balaya ensuite l'air devant lui comme pour chasser toute discussion à ce propos. Il n'avait aucune envie de parler de ces derniers mois qu'il venait de traverser. Ce que vivait Nadira n'avait rien à voir avec ses petits problèmes d'ici-bas. Comment pouvait-il être si égoïste après ce qu'elle venait de traverser ?

" Mais dis-moi plutôt... comment tu vas ? Comment tu te sens ? "
Le néo-zélandais se mordit la lèvre avant de continuer.
" Est-ce que tu es... de retour ? Pour de bon ? "

La réponse du Neo Zelandais se fit cinglante et Nadira sentit son symbiote gronder. Déjà, il analysait les forces et les faiblesses de son adversaire potentiel en vue d’un affrontement direct. Elle mit un couvercle sur l’agressivité du Tok’ra et regarda son ami laisser descendre la tension.

« - T’as pas à t’excuser, et moi aussi je suis heureuse de te revoir. »

Elle écouta son explication mais celle-ci posait plus de question qu’elle n’en résolvait. Mais que lui était-il arrivé pour le mettre dans un tel état ?

« - Je me sens bien. J’ai vu pas mal de pays depuis la dernière fois et il faudra qu’on discute de quelque chose avec Aeryn. Mais vu son emploi du temps, je suppose que ca sera l’année prochaine. Du coup, me revoilà. Je ne sais pas trop pour combien de temps. Ca dépendra de l’accueil qui m’est réservé, je suppose. »

Elle brûlait d’envie de lui demander ce qu’il lui était arrivé mais sentait qu’il risquait de l’envoyer paître. Au lieu de ça, elle regarda la terre en dessous d’eux et contempla la corne de l’Afrique qui défilait à des centaines de kilomètres plus bas.

« - As-tu pu aller voir mes parents, finalement ? demanda-t-elle tout bas. Je suis désolée de t’avoir demandé ça, c’était injuste. »

Elle lui prit gentiment le bras et lui sourit d’un air un peu contrit.

« - Et si tu me racontais ce qu’il t’es arrivé, termina-t-elle. Si tu veux bien sur. »

Nadira le rassura et lui répéta qu'elle était heureuse de le revoir. Elle évoqua alors son état brièvement en lui assurant qu'elle allait bien, mais ne s'attarda pas sur la cohabitation avec... l'Autre. Elle enchaina tout de suite sur ses récentes activités bien qu'elle resta très évasive. Elle parla d'un sujet à aborder avec Aeryn et puis avoua ne pas savoir combien de temps elle allait rester. Noa enfonça ses mains dans ses poches.
" J'aurais organisé une petite fête de retour si tu m'avais prévenu... " plaisanta t-il avec un demi-sourire.

C'était la première fois qu'il plaisantait depuis... depuis une éternité. Ce n'était même pas une vrai blague, juste une réflexion, plutôt mauvaise mais ce constat lui fit du bien.  
L'attention de Nadira fut porté sur la Terre en dessous d'eux. Cette vision devait lui avoir manquer. Il n'imaginait pas de vivre plus de quatre mois loin de la Terre, de leur planète, de leur maison. C'était effrayant.
C'est alors qu'elle lui parla de ses parents. Noa sentit son estomac se nouer et il s'approcha d'un pas de la jeune femme.
" J'y suis allé bien sûr, comme tu me l'as demandé. Je t'avoue que c'était la chose la plus difficile qu'il ne m'a jamais été demandé de faire. Tes parents sont adorables. Ils étaient effondrés. Ils t'aiment tellement, tu sais. " dit-il à mi-voix en scrutant le visage de l'égyptienne.

Noa se demanda s'il devait lui en dire plus, s'il devait lui dire qu'il avait assisté à ses funérailles. Probablement pas. La douleur que devait ressentir Nad devait être intense. Noa était persuadé qu'elle finirait par regretter sa décision, un jour ou l'autre. Rien n'était encore perdu alors, il était sûr que ses parents seraient prêts à l'entendre.
C'est alors que la jeune femme se tourna vers lui et le prit le bras, lui demandant de lui expliquer.
C'était le comble. La jeune femme qui était devenue une Tokra devait avoir vécu des moments tellement plus intéressants et forts que ses propres petits problèmes....mais c'était elle qui lui demandait de raconter.
Noa soupira. Mais il lui devait bien ça après l'accueil pathétique qu'il lui avait réservé.

" C'était une succession de choses... Je t'avoue que qu'à la suite de la mission il y a quatre mois, de la mort de Parker et de... ton ... bref... j'étais pas eu top de ma forme. "
Noa marqua une pause. Il fallait qu'il trouve les mots juste pour expliquer rapidement son ... expérience. Ce n'était pas chose aisée. Instinctivement, Noa avait attrapé le petit stylet que De Bressignac lui avait donné et qui était toujours au fond de sa poche. Il cliqua frénétiquement alors que des tas d'images lui revinrent en mémoire.

" Mais disons qu'il s'est passé quelque chose sur une planète alors que j'accompagnais une équipe archéologique. Je suis resté coincé dans une sorte de réalité virtuelle qui avait créé un monde ... différent... qui se voulait parfait j'imagine. Mon ex était là, nous nous étions mariés et avions adopté un autre bambin... Adam. Et puis il y avait aussi toi et ton mari, Peter. Un type fantastique. Mais, vu qu'il sortait de mon imagination subconsciente, il ne correspondait surement en rien à l'homme que tu as connu. "
Noa s'arrêta. Devait-il parler de Mellina ? Le jeune homme avait l'impression d'évoquer avec une mère le sujet tabou d'un enfant décédé. Ce n'était pas chose facile. Mais il se souvînt que l'enfant n'avait jamais existé pour Nadira.

" Tu avais eu un enfant. J'étais là lors de l'accouchement. C'était une magnifique petite fille, Mellina. "
Noa sourit en se souvenait du petit corps fripé du bébé à la naissance.
" Tu m'avais choisi comme parrain. " continua t-il.

Son sourire s'estompa alors qu'il devait abordé la suite.
" Et puis, je suis sorti de cette réalité virtuelle qui pour moi était bien plus que réelle. C'était très dur ensuite de faire la différence entre mes deux différents flots de souvenirs. "

En prononçant ces mot, Noa croisa le regard de Nadira.
Il se rendit alors compte qu'ils avaient peut-être un point en commun avec leurs expériences mutuelles; ils avaient en eux deux vies différentes, des souvenirs différents. Pour Nadira c'était des souvenirs qu'elle n'avait pas vécu, pour Noa c'était les souvenirs d'un mensonge. Il cligna des yeux devant ce constat puis il passa une main sur sa nuque et s'éloigna de quelques pas. Il fixa la Terre par la baie vitrée. Il voulait conclure son explication, dire à voix haute ce qui lui trottait dans la tête depuis quelques jours.

" J'ai complètement merdé. J'ai pas assuré. J'étais tombé bien plus bas que jamais je n'ai été. Sarah m'a relevé et moi, ... et moi je l'ai ruinée, je l'ai détruite. "
Noa soupira en baissant la tête, silencieux pendant de longues minutes.

Enfin, il releva la tête et tourna le regard vers Nadira.
" Encore une fois je suis désolé. Je ne voulais pas t'accueillir ainsi... mais je t'avoue que ça me fait beaucoup de bien de te raconter tout ça... car j'ai l'impression que tu étais avec moi... là bas... dans cet autre monde. J'ai l'impression d'avoir partagé cette expérience avec toi. Et t'en parler, c'est comme briser un cercle. Tu comprends ? "

La tension était finalement retombé entre eux et, même si rien ne serait sans doute jamais pareil, ils avaient retrouvé une part de leur complicité passée.

Comme elle l’avait souhaité, elle était à présent officiellement morte. Si elle voulait rester sur terre, il faudrait qu’elle demande une nouvelle identité. Couper les liens avec son passé était la meilleures choses à faire, même si cela paraissait dur sur le moment. Il valait mieux qu’ils la croient morte plutôt qu’elle disparaisse de la surface de la terre, littéralement, du jour au lendemain et qu’ils la recherche pendant des mois. Elle avait déjà combattue ce genre de barrière administrative et ne souhaitais ce cauchemar à personne.

“- Merci, répondit-elle sans chercher à cacher ses larmes. Je les adore aussi mais je n’aurais pas pu continuer à les voir. D’ici quelques années, ils se seraient aperçu que je ne changeais pas, physiquement. Enfin si je reste sur Terre ce qui n’est pas encore une certitude.”

Quand il se mit à lui raconter son histoire, elle s’installa sur un des fauteuils et le força à s'asseoir près d’elle. Elle s’était à moitié attendue à se faire envoyer paître, mais non… Il lui déballa toute l’histoire et le coeur de la jeune femme se serra en comprenant ce qu’elle avait vécue. Il lui parla de sa “vie” avec Ted, avec Peter, avec elle… Elle sentait le regret dans sa voix, le désir sous jacent de s’y replonger. Et il prononça un nom qui la fit sursauter.

“- Mellina? C’est… le prénom que nous avions choisit avec Peter, si nous avions eu une fille”

Comment pouvait-il être au courant? Ils n’en avait jamais parlé à personne. Il lui raconta ensuite qu’il avait assisté à l’accouchement et nommé parrain, ce qui la fit sourire.

“- Ha oui, là on sent bien que c’est un rêve. J’ai toujours considéré que pour ce rôle, il fallait quelqu'un de sérieux.”

Elle se serra contre lui pour bien appuyer la plaisanterie et le laissa continuer. Elle se mordit la lèvre lorsqu’il lui apprit sa rupture avec Sarah. Pourrait-elle faire quelque chose ? Les aider à recoller les morceaux? Mauvaise idée sans doute, mais elle avait vu à quel point il était attaché à l’américaine et ils méritaient tous les deux d'être heureux. Elle laissa passer le silence, la tête posée sur son épaule pour le laisser digérer en paix son histoire.

“- J’ai des souvenirs dans la tête qui ne m’appartiennent pas, alors oui, je crois comprendre, ce que tu ressens. Un peu en tout cas. Et je n’arrive pas toujours à faire le tri. Alors si en parler avec moi te fais du bien, n’hésite pas. Je regrette de ne pas avoir été la plus tôt. Je suis désolée.”

Et elle même n'était pas contre parler un peu. Certains souvenirs de Xinan étaient… déconcertant. Elle ne s’était pas totalement remise de son rêve particulièrement érotique de la nuit précédente en compagnie de deux filles à la peau bleue.

Noa s'était assis sur l'invitation de Nadira pour conter son récit. Il avait essayé d'être court mais suffisamment précis pour être honnête. La jeune femme le coupa alors qu'il prononça le nom de sa fille fictive. Sa remarque perturba le néo-zélandais. Il fronça les sourcils et regarda devant lui, cherchant à comprendre comment c'était possible. Puis il décida de remettre cette réflexion à plus tard. Il continua et cette fois, Nadira blagua sur son rôle de parrain. Noa tourna un sourire triste vers la jeune femme qui se serra contre lui pour lui signifier qu'elle plaisantait. Elle posa sa tête sur son épaule alors qu'il terminait son récit. Comme lui, elle fit le parallèle avec sa propre expérience. La jeune femme vivait donc avec des souvenirs pleins la tête dont elle devait faire également le tri. Elle s'excusa de son absence. Noa tourna la tête vers elle et leva un bras pour le poser sur ses épaules. Il la serra un instant contre lui en lui souriant.

" Ne t'excuse pas. Tu es là maintenant. "
" Et puis... c'est moi qui aurait du être là pour toi. " Il était vrai qu'avant sa... chute. Il aurait pu retourner voir l'égyptienne, mais il avait préféré se plonger dans le travail pour tenter d'oublier.
" Mais c'était dur de te voir... " lui avoua t-il.

" Là, comme ça, j’oublierai presque l'au.. Xinan. " dit Noa en se rattrapant au dernier moment.
Il avait trop pris l'habitude de penser au Tokra comme étant "l'Autre".

" Tu as accès à tout ses souvenirs ? " demanda t-il alors, curieux en tournant de nouveau vers la jeune femme sous son bras.
" Comment le décrirais-tu ? "

Noa avait conscience que Xinan entendant cette question et quoi que Nadira dise, le symbiote saurait. La jeune femme ne pourrait donc jamais dire réellement ce qu'elle pensait de lui, mais il espérait pouvoir lire dans ses yeux sa sincérité ou non.

L’un contre l’autre, ils discutaient en observant la terre et les étoiles au-delà. Pour un peu, on aurait dit des adolescents qui n’osent pas aller plus loin.

« - J’ai rapidement quitté la chambre, tu sais. Mon corps a guéri en quelques jours et j’avais besoin de prendre l’air. Les Tok’a m’ont envoyé sur une planète à eux, à l’autre bout de la galaxie. Le genre station balnéaire de montagne ou tu n’as rien à faire d’autre que des randonnées et des bains dans l’eau volcanique. Au bout de deux jours, j’ai failli tuer quelqu’un tellement je m’ennuyais. »

Le sujet symbiote le genait apparemment et elle le laissa poser ses questions, espérant dissiper les malentendus.

« - Je ne sais pas si ce sont tous ses souvenirs ou seulement ceux qu’il veut bien montrer. Mais ça fait déjà un paquet. Xinan est vieux, très vieux. Et il a fait tellement de choses, parcouru tellement de planètes, combattu tellement d’ennemis. J’ai l’impression d’être une enfant à coté de lui. »

Elle s’arrêta un moment, cherchant ses mots. Ca n’était pas facile de qualifier un être millénaire, non humain qui plus est.

« - Xinan est un combattant, un soldat. Il n’est d’ailleurs pas forcement très bien vu parmi les siens. Pas assez… zen… chiant, si tu vois ce que je veux dire. Il fait partie de cette frange qui pousse à l’action plutôt qu’a la diplomatie et à l’attente. Au fond, je crois que ca m’arrange. T’imagine si je m’étais retrouvé avec un moine bouddhiste à la place ?

Nadira ne put s’empêcher de rire quand il lui expliqua qu’il se serait moins fait de soucis si elle avait eut un symbiote plus calme. C’était compréhensible mais terriblement amusant, de son point de vue.

- Si tu m’avais vu dans ces montagnes, au milieu de moines cherchant l’illumination dans un pétale de fleurs ou le dessin d’un nuage, je t’assure que la, tu te serais fait du souci. Y avait un mec qui regardait un bassin toute la journée. On m’a expliqué qu’il contemplait l’infini… Autant se jeter dans l’espace sans scaphandre. La au moins tu le vois l’infini.

Elle riait toujours mais sous ses paroles roulait un sentiment de profond mépris. La conversation pris ensuite un tour auquel elle ne s’attendait pas et qui la fit soupirer malgré elle.

- Paul… Moi non plus je ne sais pas comment le contacter. Il est parti trop brusquement et ne m’a rien laissé, à part des regrets. Je me demande, si les choses auraient été différentes s'il avait été la. Aurait-il pu calmer Plume avant qu’elle ne nous envoi percuter la sphère ? Ou aurais-je dû faire pour lui ce que j’ai fait pour Parker ?

Elle frissonna à cette pensée et se serra un peu plus contre son ami quelques instants avant de se relever

- Ce qui est fait est fait. Comment va Plume au fait ?

Nadira se mit alors à rire lorsque Noa lui confia qu'il se serait sûrement fait moins de soucis avec un symbiote plus zen. Elle lui raconta son expérience sur cette planète qui, selon les descriptions, ressemblait fort à un paradis bouddhiste. Il ne pu s'empêcher de rire à l'explication de son amie. Son tempérament ne collait guère avec cet univers.
" C'est peut-être moi qui aurait besoin de faire une retraite spirituelle la-bas finalement. " dit-il avec un sourire en coin.

Noa enchaîna sur un autre sujet et il regretta aussitôt de l'avoir abordé. Il vit la jeune femme soupirer et lui faire part de ses regrets. Il réalisa alors que le sujet "Paul" était une plaie pas encore totalement cicatrisée pour Nad. Il l'a sentit se serrer un peu plus contre lui lorsqu'elle évoqua la mort de Parker et la possibilité pour que Paul eu été à sa place s'il était resté. Noa serra un peu plus ses bras autour de Nad et embrassa le sommet de son crâne comme pour la rassurer. C'était la première fois depuis deux mois que le jeune homme avait cette proximité physique à avec quelqu'un d'autre que sa fille. Il avait totalement salopé sa relation avec Sarah et était resté volontairement à distance d'elle par peur, par nécessitée. Ça avait été dur, terriblement dur. Noa était quelqu'un de tactile qui a besoin de la proximité physique de ses proches. Il constata que tenir Nad dans ses bras lui faisait un bien fou et il avait presque réussit à omettre la présence du serpent dans son corps. Il serait volontiers resté ainsi de longues heures.
Cependant quelque chose dans les propos de Nad le fit réagir et il baissa les yeux vers elle alors qu'elle lui demanda des nouvelles de Plume.

" Tu la tiens pour responsable ? "
"Calmer Plume avant qu'elle nous envoie percuter la planète" avait-elle dit. Jamais Noa n'aurait employer ces mots et il se sentit quelque peu mal à l'aise par cette formulation.
" Elle s'en veut terriblement tu sais. J'ai essayé de lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute. Que c'était ainsi, que c'était un accident..."
S'était-il trop avancé ? Est ce que Nadira n'était pas sur le même longueur d'onde que lui ? Et puis il se rappela qu'il n'avait pas vu Plume depuis trois mois. Qu'il n'avait aucune nouvelle d'elle. Il eut alors immédiatement honte et son visage s'empourpra legerement.
" Mais je dois t'avouer que je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis trois mois... Depuis... Depuis le début de mon arrêt maladie. Je ne sais pas... "
Il s'arrêta. Il ne savait même pas si la jeune femme était toujours à bord, ou si elle était partie. Il avait promis de ne jamais l'abandonne et il avait coupé les ponts du jour au lendemain, comme un abruti égoïste. Le jeune homme passa une main sur son visage pour essayer de dissiper ce sentiment de culpabilité et de regrets.

C'est alors que des pas résonnèrent derrière eux. Noa retira son bras des épaules de Nadira aussi vite qu'un adolescent pris sur le fait par ses parents. Il tourna la tête et vit Rose dans l'entrée du salon. Elle avait un casque sur les oreilles et se dirigea d'un pas assuré vers la bibliothèque. Elle effectua quelques pas de danse avant de prendre un livre. L'objet en main, elle continua à se déhancher sur la musique qu'elle seule entendait, completement coupée du monde. Pendant une fraction de seconde, une autre image se superposa à celle-ci. Le néo-zélandais vit clairement Nadira, en shorty, se déhancher de la même manière sur de la musique au volume maximum. Aussitôt, Noa mot sa main dans sa poche et cliqua sur le petit stylet que DeBresignac lui avait donné. L'image, bien que très agréable, s'évanouit aussitôt. Rose était toujours en train de danser, sans se soucier du monde extérieur. Noa croisa le regard de Nadira, un grand sourire aux lèvres.

" Je te parie un verre qu'elle va repartir sans nous voir. " dit il en se tassant un peu plus dans le canapé pour se cacher derrière le dossier et disparaître de la vue de l'IA.

Il tourna de nouveau la tête vers le spectacle. C'est à ce moment que Rose se rendit compte de leur présence. Elle se prit alors les pieds dans ses jambes et s'écroula en avant, face contre terre. Noa croisa de nouveau le regard de Nadira et fit une moue.

" Raté..."
Il se leva et alla porter secours à l'IA. En trois pas il fut à ses côtés, il s'accroupir devant elle et lui tendit une main.
" Vous allez bien Rose ? " demanda-il.

C'est alors qu'une secousse le déstabilisa et Noa fut projeté en avant. Il s'écroula sur Rose qu'il était supposé relevé. Noa se releva, confus.
" Je ... je suis désolé ... "

Dernière édition par Noa Pakeha le Lun 17 Avr 2017 - 16:03, édité 1 fois

- Je peux t’arranger ça si tu veux, mais faudra te raser, gloussa Nadira en l’imaginant dans un temple pseudo-bouddhiste

Elle sentit l’hésitation sur le sujet Plume et elle soupira. Voilà bien quelque chose qu’elle n’avait pas envisagé d’aborder si vite.

- Si tu cherches un responsable, tu le tiens dans les bras. C’est moi qui n’ai pas réussit à souder l’équipe. C’est également moi qui n’ai pas su vous pousser à me faire suffisamment confiance dans les moments critiques. Tu t’es mis en boule, Plume a paniqué, on s’est crashé. Et plutôt que nous aider, elle est partie pour terminer la mission seule. Pas d’esprit d’équipe, juste des individualités qui travaillait vaguement ensemble, mais ont craqué à la première vraie difficulté. Si les choses avaient été différentes, j’aurai donné ma démission en rentrant. Il faut être lucide, je sais diriger une équipe médicale, mais pas un groupe d’intervention.

Le constat était amer, mais elle l’avait fait depuis plusieurs semaines déjà. L’influence de Xinan avait aidé pour observer les faits en faces. Elle avait à présent une bonne idée de ce que devait inspirer un chef militaire. Et ca n’avait jamais été son cas.

Le moment de vérité fut interrompu par Rose qui fit son entrée en écoutant de la musique. Voilà quelque chose uqi lui avait manqué, mais elle n’avait plus dansé depuis bien son accident.

- Tenu, répondit-elle en se cachant comme une collégienne.

La suite aurait pu figurer dans un fil d’Harold Lloyd. L’IA s’effondra en s’ammélant dans ses pas, ce qui fit éclater de rire la Tok’ra.

- Désolée, s’excusa-t-elle en s’avançant pour aider Noa.

Elle faillit finir elle aussi par terre quand une secousse fit trembler la station. Que se passait-il encore ? Elle porta machinalement la main à son communicateur pour demander des informations, avant de se rappeler qu’elle n’en avait plus. Se retrouver simple spectatrice était décidément frustrant.

Elle ne put s’empêcher de rire à nouveau en constatant que Noa s'était affalée sur Rose.

- Vous voulez peut être que je vous laisse? demanda-t-elle en souriant de toute ces dents.

Sans qu'il ai le temps de comprendre ce qu'il se passait, une secousse propulsa Noa vers l'avant et il se retrouva allongé sur Rose, son corps contre le sien et son visage décidément bien de trop près de celui de l'IA. Il ne mit pas longtemps avant de poser ses deux mains à droite et à gauche de la jeune femme pour se redresser. Il se releva sous les moqueries de Nadira et s'excusa alors que son visage se mit à s'empourprer. Cette scène était décidément bien de trop clichée.
Rose se redressa également et assura que la situation n'était en rien gênante pour elle, accroissant la malaise de Noa. Il se racla la gorge et envoya un regard à Nadira, regard qui signifiait quelque chose du genre: "s'il te plait, n'enfonce pas le clou."

Rose se proposa alors de laisser Nadira et lui tranquille et d'aller aux nouvelles concernant la secousse.
Noa se frotta la nuque décidément bien gêné entre l'IA qui mettait clairement les pieds dans le plats et ses insinuations troublantes. Il ne pu s'empêcher de lâcher un petit rire nerveux et gardait les yeux exagérément levés pour éviter qu'ils croisent malencontreusement la poitrine de Rose. Pour une non-humaine, ses formes étaient décidément bien réalistes.

" Partez devant, on vous suit Rose... " dit-il alors. " .. mais vous devriez vous couvrir un peu. " ajouta t-il en faisant un geste au niveau de sa propre poitrine, histoire de lui faire comprendre la situation.
L'IA sortit de la pièce et Noa se tourna vers Nadira.

" Non mais c'est pas possible, elle le fait exprès, quoi ! " murmura t-il à son amie avant de rire de nouveau en se moquant de lui-même. " C'est forcément des mecs qui l'ont conçus... " ajouta t-il toujours aussi bas.

" Bon, je crois que je te dois un verre..." dit-il avec un sourire en coin, se souvenant de son pari.
" Je ne sais pas toi, mais je n'ai pas vraiment envie de courir après le danger. Cette secousse n'était probablement pas grand chose sinon, les alarmes auraient été déclenchées... Tu connais un bar sympa dans le coin ? " demanda t-il en plaisantant.

Hilare, Nadira observa son ami se dépêtrer, au sens propre du terme, de l’IA sous forme humaine. Le néo-zélandais était cramoisi et elle eut bien du mal à ne pas en rajouter. Mais ça aurait sans doute été tirer sur l’ambulance.

- Elle doit vouloir tester les réactions chez les humains. Sinon, elle aurait pris un corps normal, pas celui d’un top model. Ou alors son créateur était un sacré pervers.

Avec un sourire malicieux, elle se mit à fredonner un air, tout en se déhanchant de façon outrancière.

« I've been making a woman
With blond hair and a tan
And she's good for relieving my... tension »

Comme de juste, elle avait appuyé sur le dernier mot de façon suggestive. Tim Curry n’avait qu’à bien se tenir.

Beau joueur, Noa lui proposa un verre, qu’elle accepta avec plaisir.

- Pas plus que toi, non, répondit-elle en ignorant les grognements de Xinan. Mais vu que je n’ai pas le droit de descendre sur Terre, j’ai bien peur que nos choix soit limités.

Et Noa n’avait sans doute pas envie de retenter l’expérience du mess. Les bouteilles qu’elle avait dissimulées dans un des tiroirs mortuaires réfrigérés étaient elles toujours en place ? Probablement pas si son successeur était un minimum consciencieux.

- Au fait, tu sais qui nous a remplacé à nos anciens postes ?

Nadira enfonça encore une fois le clou mais Noa ria pour essayer de faire disparaitre la gêne.
" J'opte pour la seconde option..."

La jeune femme se mit à fredonner un air, appuyant fortement sur la dernière phrase du couplet. Noa leva les yeux au ciel en souriant avec un air qui signifiait faussement "Encore ??? Mais c'est pas vrai !".
Nadira lui répondit à sa boutade sur le bar en lui rappelant qu'elle n'avait pas le droit d'aller sur Terre. Brusque retour à la réalité. Noa haussa les épaules en enfonçant ses mains sans ses poches.
" De toute façon, il est un peu tôt pour un verre. Je ne sais pas de quel fuseau tu viens, mais ici il est.. " Noa jeta un regard à sa montre à son poignet. " 9h30.. Un café serait plus adéquat. "

Noa vit la mine de Nadira et ne pu s'empêcher de sourire.
" Mais si vraiment tu as besoin d'un remontant, il doit m'en rester dans mes quartiers. " dit-il en levant le pouce par dessus son épaule, désignant implicitement la direction des quartiers quelques mètres plus loin.

La décision fut prise de s'y rendre et Noa franchit la porte du salon et de la baie d'observation.

" Lena Fawkes a prit ma place, mais pour le nouveau responsable médical, je n'en sais rien... " répondit Noa en sortant de la pièce. Mais à peine il eu fait deux mètres qu'un soldat à l'entrée leur emboita le pas.
Le néo-zélandais s'arrêta et tourna un visage interrogatif vers le jeune militaire. Celui-ci pencha la tête vers Nadira pour lui faire comprendre que sa mission était de lui coller aux basques. Noa reprit sa marche. Il aurait du se douter qu'une telle mesure aurait été prise. Il l'aurait sans doute prise s'il avait été en poste. Lena s'en sortait bien. Arrivé devant la porte de ses quartiers, Noa fouilla dans ses poches pour en sortir un trousseau. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas remis les pieds dans ses quartiers. Il ne savait même pas si ils lui étaient toujours attribués. La serrure s'ouvrit et il su en poussant la porte que personne ne les avaient occupé depuis son départ. Tout était à sa place; c'est à dire le peu d'affaires qui y était rangé dans l'espace très étroit. Ces quartiers étaient probablement les plus petits du JPS. A l'entrée, l'espace était occupé par un petit bureau sur lequel était posé quelques romans et essais scientifiques. Il y avait également une étroite armoire qui ne contenait pas grand chose à part un ou deux rechanges. Noa entra et enleva sa veste qu'il jeta sur le lit. Son regard s'attarda sur la table de chevet où reposait deux cadres. Dans le premier, il y avait inséré la photo de sa fille prise un an auparavant lors d'une balade au parc. Dans le second, il y avait une photo de Sarah et lui au restaurant. Ils étaient souriant et leurs yeux brillaient du bonheur qu'ils étaient en train de vivre. Le souvenir se rappela à lui et il ressentit un douloureux pincement au cœur tandis que sa gorge se noua. Il attrapa le cadre et le posa face contre le métal de la table de chevet. Enfin il tourna la tête vers l'entrée de ses quartiers avec un sourire un peu triste.

" Assieds toi " invita t-il Nadira.
" Caporal, vous pouvez vous joindre à nous si vous le souhaitez..." dit-il avec un sourire en coin en regardant le militaire qui refusa, l'air gêné.
Noa haussa les épaules.
" Comme vous le souhaitez..." dit-il en fermant la porte.

Une fois celle-ci close, il se retourna vers Nadira et se dirigea directement vers l'armoire. Il l'ouvrit et sortit une bouteille de whisky entamée.
Il la tendit à Nadira, l'invitant à boire directement à la bouteille.
Le jeune homme s'assit sur son lit alors que des tas de souvenirs se succédaient dans sa tête. Il avait passé beaucoup de temps dans ces quartiers durant l'année qui s'était écoulée en compagnie de Sarah. L'endroit était imprégné du souvenir de la jeune femme et il se demanda si c'était vraiment une bonne idée d'être venu ici.

" Ce pauvre Caporal doit vraiment se faire des idées. " lâcha t-il finalement avec un sourire en coin en regardant son amie assise à ses côtés.

Noa récupéra alors sa veste jetée sur le lit et en tira un paquet de cigarettes et un briquet. Il pencha la tête et alluma une cigarette avant de lever les yeux vers le détecteur de fumée au plafond. Le jeune homme se leva et ouvrit un des tiroirs de son bureau avant d'en sortir un rouleau de scotch noir. Il coinça sa cigarette entre ses lèvres, coupa un morceau de scotch et grimpa sur le lit pour obturer le capteur. Enfin il se laissa retomber sur le lit et continua à fumer avant de tendre le paquet à son amie.

Lawrence avait traversé les quelques ponts au pas de course. Elle était talonnée par une paire de garde armé de fusils et destinés à sa protection. Elle avait aisément repéré d'où venait l'alarme qui s'était déclenchée au centre de commandement. Au détour d'un virage elle attrapa un petit extincteur et poursuivit sa course. L'alarme venait des quartiers de Noa. Ce n'était pas possible, essaya-t-elle de se convaincre. Noa n'était pas là, aux dernières nouvelles il essayait encore de se remettre chez lui. Elle ne l'avait pas vu depuis un moment. Au bout du petit recoin menant aux appartements exigües du grand barbu elle aperçut un caporal en faction. Elle fronça les sourcils et s'arrêta dans une espèce de dérapage au niveau du jeune homme.

" Mais qu'est-ce que vus faites planté là vous ? "

La réponse du caporal chargé d'accompagner Nadira à bord arracha une mine perplexe à l'officier. Elle secoua la tête, se retourna vers les deux hommes qui l'avait suivi et fut accueillie par un haussement d'épaules.

" Qu'est-ce qu'elle fabrique dans des quartiers qui ne sont pas les siens ?! "

Le jeune sous-officier bégaya une réponse pleine d'incertitudes. Il était visiblement intimidé par l'américaine qui se tenait devant lui, même armée d'un simple extincteur. Il s'écoula quelques secondes et il émit une supposition sur ce qui devait se passer à l'intérieur en se basant sur le peu qu'il avait vu. Le regard que lui jeta l'officier le fit reculer jusqu'à plaquer son dos contre le mur. De la sueur perlait sur son front. Derrière Lawrence la paire de soldats étouffèrent un gloussement, ils étaient plus qu'amusés par la situation délicate dans laquelle se trouvait le pauvre jeune garçon. L'un d'eux en profita alors pour proposer au capitaine de vérifier lui-même. Le second garde hoqueta de rire à cette proposition et se proposa de fournir une arme à l'officier. Cette dernière ne répondit pas et approcha sa main de la porte sans la toucher.

" C'est froid. " Elle marqua un temps de pause. " C'est froid donc pas d'incendie. " Dit-elle comme pour expliquer.

L'un des soldats laissa échapper un commentaire quand à la potentielle localisation d'un incendie à l'intérieur de la pièce faisant échos à une scène aussi imagée qu'obscène. Lawrence vint taper du plat de la main sur l'avant du casque du garde ce qui fit rire son binôme et même ricaner le caporal. Le soldat remit son casque en place sans se départir de son sourire.
La brunette toucha la porte et quand elle fut certaine de ne pas se brûlée elle utilisa le passe du caporal pour ouvrir la porte.

Il y eut un déclic et moins d'une demi seconde après elle faisait irruption dans le petit espace des quartiers de Noa. Elle se figea l'extincteur dans les mains en découvrant Noa, une cigarette entre les lèvres et une bouteille de whisky entre les mains de Nadira. Un flash soudain assailli la jeune femme qui se revoyait au même endroit il y a ce qu'il lui semblait être une éternité de ça. La scène était exactement là même ou presque. Elle leva les yeux et vit le scotch grossièrement mit sur le capteur. Lawrence émit un grognement avant de laisser retomber son regard sur le pauvre homme tatouée.
Le temps parut se suspendre pendant quelques secondes. Elle fixait Noa en essayant de ne pas se laisser influencer par les commentaires déplaces des soldats.
" Est-ce qu'il fait plus chaud dedans capitaine ? " Demanda un des deux soldats provoquant ainsi l'hilarité de son binôme.
Elle garda le silence et soudainement le regard de glace de l'officier de l'Achilles changea. Il se réchauffa au point de pétiller, un sourire en coin passa sur ses lèvres pendant une micro seconde. Son extincteur se leva et un bruit de goupille retentit. Elle ne laissa pas le temps à Noa de réaliser ce qui allait suivre avant de l'asperger de deux bonnes pressions de mousse. Elle prit soin de ne pas toucher Nadira. Elle laissa retomber la bombonne de métal dans un *Klong* sonore sur le sol de la pièce.

" Centre de contrôle de Lawrence. Vous pouvez couper l'alarme, l'incendie est maîtrisé. "

Elle se tourna soudainement vers Nadira et prit sa main entre les siennes. Elle s'adressa à elle d'une voix presque mielleuse mais pas moins dénuée de sincérité.

" Je suis contente de vous voir doc'. J'espère que votre retour sur la station est pour de bon. Est-ce que vous allez bien ? "

Lawrence se figea l'espace d'un instant. Elle fronça les sourcils.

" Vous partagez encore votre corps avec le serp...Tok'ra ? " Elle avait ressentit la présence du symbiote.

Elle se redressa et reprit un ton un peu plus professionnel.

" Il se passe quelque chose de pas net. Tous les individus pouvant nous aider à éclaircir les choses sont les bienvenus. Ça inclut les hackeurs et les experts médicaux. "

Se faisant Lawrence tourna les talons pour rejoindre son escorte hilare et avec l'intention de retourner au centre de contrôle.

Nadira avait brièvement croisé Lena lors de son dernier briefing. Joli fille, un peu timide. Pile comme elle les aimait… Non. Comme Xinan les aimait. Voilà qu’il lui jouait des tours lui aussi. Sans doute parce qu’ils se dirigeaient tous deux vers les quartiers de Noa, ce qui n’était pas sans rappeler des souvenirs à l’égyptienne. Paul et elle s’étaient retrouvé pour partager une bouteille dans un moment de déprime… La nuit qui avait suivi avait été torride.

Et un peu avant, il y avait eut… inutile d’y penser.

Elle sentit le symbiote s’agiter à ses réminiscences, ce qui la fit sourire. Un prêté pour un rendu.

Une fois à l’intérieur, elle nota le geste que fit son hôte pour masquer la photo de Sarah et elle se demanda si c’était une bonne idée de venir ici. Il lui tendit la bouteille et elle sirota une gorgée avec un plaisir non dissimulé.

- Monsieur sait recevoir… Merci, ça fait un bien fou. J’ai bu un truc vaguement similaire la semaine dernière dans un bouge d’une planète bizarre. Mais l’haleine de mon voisin n’arrivait pas à masquer l’arrière-goût. Ni les tentacules... Tu veux pas savoir. Enfin, tout ca pour dire que je suis contente d’être rentrée. Plus que je ne le pensais. Merci de ton accueil

Elle sursauta soudain en entendant la porte s’ouvrir et sa main se porta instinctivement à son poignard de botte. Mais ça n’était que Sarah, ce qui lui fit craindre une autre sorte de réaction. D’autant qu’elle était armée d’un extincteur qui avait déjà servi de punching-ball. Celui-ci se déclencha soudain et arrosa Noa. Le tir était précis et ne lui laissa pas la moindre chance de l’éviter, tout en épargnant le médecin. Si ça n’était pas une vengeance en règle…

- Ravi de vous revoir également, lieutenant. Je vois que vous n’avez pas changée. Enfin sauf niveau look, ca vous va très bien. Pour ma part, je vais bien je vous remercie. Et oui, Xinan est toujours la. Il vous salue.

Elle passa dans le minuscule cabinet de toilette pour prendre une serviette qu’elle tendit au Néo-zélandais.

- Tiens, avant que tu nous fasses une imitation de Frozen.

Mais le lieutenant avait d’autres idées en tête. Il se passait bel et bien quelque chose.

- C’est si gentiment demandé, murmura-t-elle avant de faire signe au propriétaire des lieux de venir avec elles. S’il l’osait.

Et puis suivre le lieutenant n’avait rien de désagréable…

" L'univers de Georges Lucas paraitrait presque fade à côté de ce que tu me racontes là..." dit-il avec un petit rire.
" Je t'en prie... c'est ce que font les amis. " répondit-il au remerciement de Nadira.

Oui Nadira était toujours son amie, le symbiote à l'intérieur d'elle non, mais s'il se tenait toujours à l'écart de leur conversation ainsi, il allait peut-être finir par l'oublier, comme un mauvais rêve.

C'est alors qu'un message vocal passa dans les hauts-parleurs de la station. Noa se figea en reconnaissant la voix de Sarah. Son estomac fit un salto arrière en se rendant compte à quel point cette voix lui avait manqué. Il était question de satellite suspect et de manœuvre brusque ce qui expliquait la secousse précédente. Sarah était donc sur le JPS. Le néo-zélandais imagina un instant le moment où ils se croiseraient de nouveau. Comment cela se passerait-il ? L'éviterait-elle ?

Noa haussa alors les épaules comme pour masquer son trouble et regarda Nadira.
" Je suis toujours en arrêt maladie. " dit-il en faisant signe à la jeune femme de continuer à se servir et de ne pas tenir compte de l'appel.
Noa coinça de nouveau sa cigarette entre ses lèvres pour tirer le tiroir de sa commode et sortir un cendrier qu'il posa sur le petit meuble. Il fit ensuite tomber les cendres dedans et continua à fumer tranquillement.

Il continuèrent à discuter comme si de rien n'était. Il y eu alors de l'agitation dans le couloir et quelques personnes semblaient parler non loin de ses quartiers. Noa voulu tendre l'oreille mais les voix furent couvertes par les paroles de Nadira qui lui apportaient un peu de détails sur un de ses voyages. Il sourit à l'histoire de son amie.

C'est alors que la porte de ses quartiers s'ouvrit à la volée dans un claquement sourd. Noa tourna la tête brusquement pour découvrir Sarah debout dans la pièce, un extincteur dans les mains. Son regard se posa sur lui, puis sur la bouteille de whisky dans les mains de Nadira pour remonter sur le détecteur de fumée. Lorsque les yeux de la brune retombèrent sur Noa, ils lui envoyaient des pics de glace que Noa pouvaient presque voir se diriger vers lui. Le barbu blêmit à vu d'oeil, soudain terrifié par Sarah, par ce qu'elle pouvait penser, par ce qu'elle pouvait s'imaginer. La configuration de la scène était tellement similaire à leur... premier moment d'intimité.

Noa ouvrit la bouche sans savoir exactement ce qu'il allait dire. Probablement s'excuser comme il le faisait en permanence. Mais Sarah ne lui en laissa pas le temps, son regard changea soudain et une fraction de seconde plus tard, le jeune homme fut aspergé de mousse. Noa plia légèrement en arrière sous l'impact et il se mit à tousser alors que le produit rentrait dans sa bouche ouverte. Ses yeux clos se mirent à le piquer et il essaya de les essuyer d'un revers de manche, mais celle-ci était pleine de mousse également et ne faisait qu'empirer la chose. Il resta figé, comme paralysé par ce qu'il venait de se passer. Il ressentait de la honte d'avoir été humilié de la sorte mais ce sentiment était doublé d'une sorte de soulagement. Il savait qu'il méritait tout cela. Recevoir cette "correction" de la part de Sarah était totalement justifié. Il entendit un *klong* qui signifiait que Sarah avait lâché l'extincteur. Elle passa ensuite un message en parlant d'"incendie maitrisé" pendant que Noa se mit à tousser de plus belle. Ses yeux étaient toujours clos et le piquait terriblement. Il entendit Sarah discuter avec Nadira comme si de rien n'était. En silence, Noa s'essuya les yeux du bout des doigts et réussit cette fois à dégager sa vision. Il les ouvrit alors que le picotement s'intensifia.
Il vit Nadira, floue, s'approcher de lui en lui tendant une serviette. Le jeune homme la saisit et s'essuya le visage mais il suspendit son geste un instant. " Une imitation de Frozen " ? Noa se souvînt alors d'une soirée karaoké où Ted et lui avait chanté en duo la chanson ultra connue de Disney sous les yeux de Nadira et Peter. Cette coïncidence le déstabilisa et il enfonça sa main dans sa poche pour ressortir le gadget de De Bressignac et cliquer dessus. Aussi rapidement que s'il avait utilisé la télécommande d'une télé, les images s'évaporèrent.

Le visage toujours enfoui dans la serviette, il entendit Sarah parler d'un problème et demanda qu'ils se joignent à l'équipe, proposition à laquelle Nadira répondit favorablement. C'est alors que Sarah tourna les talons pour quitter la pièce. Noa entendant les pas s'éloigner, se leva d'un bond. Elle ne pouvait pas partir comme ça, non ! Il fallait qu'il lui parle, qu'il lui explique, qu'il s'excuse - comme d'habitude, car c'était ce qu'il faisait. Le jeune homme se précipita alors à l'entrée de ses quartiers et attrapa le bras de Sarah qui avait fait deux pas à l'extérieur.
" Sarah ! " dit-il avec une voix plaintive.

Noa constata alors qu'il était toujours plein de mousse, qu'il venait d'appeler le second de l'Achille par son prénom et qu'il était entouré par trois militaires hilares de la situation.
Il lâcha le bras de Sarah et se mit à bégayer comme un gosse en reculant de quelques pas.
" Je .. je vais me ... me changer... et je ... vous rejoins... Capitaine Lawrence... " ajouta t-il.

Le néo-zélandais tourna alors les talons alors que ses joues commencèrent à s'empourprer. Il évita le regard de Nadira et entra dans ses quartiers qu'il referma derrière lui.

Seul, Noa souffla pour faire descendre la pression.
Après avoir reprit ses esprits, il enleva ses vêtements et les jeta au sol à l'entrée. Le jeune homme fit un tour rapide dans la douche pour se débarrasser de la mousse qui lui collait la peau avant de se retrouver, perplexe, devant son armoire.

" Ah nan... c'est pas possible... "

Lorsque Noa ressortit de ses quartiers, il portait un jean noir et un tee-shirt rose avec une grosse inscription blanche sur le torse: "Don't piss me off, my girlfriend will kick your ass !". C'était le seul tee-shirt qui restait dans son armoire, et il n'avait même pas réussit à récupéré sa veste de la mousse pour le dissimuler en dessous.
Non, il était condamné à porter ce souvenir d'une après-midi avec Sarah, où elle lui avait acheté ce tee-shirt qui l'avait fait bien rire.