C'est bon pour le moral (Quartiers de Nadja Cook)

Arrivée devant les quartiers de Nadja, Mei s'arrêta un instant. Elle la connaissait et savait suffisamment de choses sur son passé, ou son avenir selon le point de vue, pour se douter que cela devait avoir un rapport avec la situation présente et son départ de la passerelle. Que la troisième guerre mondiale ait éclaté n'était pas vraiment une surprise, mais le reste l'était un peu plus. Elle n'était pas au courant de tout dans les moindres détails, mais elle était certaine qu'elle n'avait pas envie que les choses tournent ainsi et que c'était précisément pour éviter une catastrophe de ce genre que Nadja avait tout laissé derrière elle et venir à leur époque.

Elle n'avait jamais interrogée son sur son propre sort, mais elle ne voulait pas le savoir. Et vu comme cette dernière se comportait avec elle, elle ne devait certainement pas être quelqu'un de connu. Peut-être faisait-elle simplement partie des victimes du conflit ou n'avait-elle jamais croisé son chemin ou elle ne s'en souvenait tout simplement pas. Mais cela importait peu.

Elle finit par frapper à la porte en espérant que l'ex-marine répondrait et la laisserait entrer, car elle n'avait pas l'intention de s'imposer, mais elle savait parfaitement qu'elle se trouvait là.

« Nadja ? C'est Mei. Je peux entrer ? »


[HRP: Pour les fans de chanson : C'est bon pour le moral par La compagnie créole ]

Dernière édition par Mei-Ling Teoh le Mer 29 Mai 2019 - 14:56, édité 1 fois

En pleine spirale dépressive, Nadja se tenait la tête dans les mans, ses cheveux défaits ruisselant le long de ses bras. Elle ne pleurait plus mais ses membres étaient toujours traversés de convulsions. Devant ses yeux passaient des souvenirs confus de son passé, son arrivée sur le JPS deux ans auparavant et la série d’évènement qui avait conduit à ce débarquement en fanfare.

Finalement, un bruit à sa porte la tira de son apathie et une voix familière la fit sangloter à nouveau. La même voix avec qui elle avait une sa première conversation vaguement censée sur le JPS, et qui avait pris beaucoup d’importance dans sa vie malgré de fréquente divergence d’opinion sur la l’étiquette et discipline militaire. »

Et, a une exception prés, la seule qu’elle accepterai de voir en ce moment.

« - Ouverture… Ouverture… ah merde ! Foutu vaisseau du moyen age.»

Sa main se tendit vers la porte et appuya sur le bouton d’ouverture pour laisser entrer le médecin. L’ex marine n’était sans doute pas très belle à voir mais Mei la connaissait sans doute assez bien pour savoir ce qui lui arrivait, ou au moins en avoir une bonne idée.

« - J’ai servit a rien… tout ça pour rien. Ca va recommencer et j’ai pas pu l’empêcher... »

Tant bien que mal, elle tentait de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait mais trop de choses se bousculaient dans sa tete.

Mei ne s'attendait pas à trouver Nadja dans cet état lorsque la porte s'ouvrit. Le moral en berne, oui, mais pas autant que ça. Elle l'avait déjà vu comme ça et elle savait qu'elle faisait d'ailleurs partie des très rares personnes à qui elle acceptait de se montrer comme ça. Elle entra et referma aussitôt et laissa le temps à Nadja d'essayer de formuler ce qui lui passait par la tête. Finalement, elle la prit dans ses bras et la serra.

Malgré le peu de mots que son amie avait dit, elle sut qu'elle avait vu juste, mais c'était encore le genre de situation inédite pour lesquelles le manuel ne fournissait aucune solution.

« Nadja… Rien n'est encore joué. Les choses peuvent encore changer. Et tu ne sais pas de quelle manière ta présence a déjà eu des répercussions ou non sur la situation que tu connais ni comment cela va se terminer. Mais ce n'est certainement pas en restant là que tu pourras y faire quoi que ce soit. » dit-elle doucement.

Elle la fit s'asseoir sur le lit et pris place à côté d'elle. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui dire pour lui remonter le moral au juste ?

« Tu dois continuer à te battre et à essayer. Même si en fin de compte tu n'arrives pas à sauver tout et tout le monde, mais chaque vie épargnée sera déjà une victoire. Et cela finira par faire une différence et changer l'issue de la situation. Et même si les choses ne sont plus tout à fait identiques à celles que tu connais désormais, je suis certaine que tu trouveras une solution. Je t'ai vue faire contre les Hybrides. Tu as ça dans le sang. Mais tu dois y croire et ne pas baisser les bras tout de suite. »

Elle savait que ce serait une victoire en demi-teinte, mais parfois, il fallait savoir se contenter de ce qu'on obtenait, même si ce n'était exactement pas ce qu'on voulait.

Nadja était depuis toujours affectueuse avec ces proches mais avait noté que cela mettait souvent Mei mal à l’aise. Que celle ci le fasse d’elle même la surprit suffisamment pour qu’elle se détente.

« - Tu crois vraiment que je ne le sais pas ? demanda-t-elle. Normalement, la station aurait du être détruite à mon arrivée. Ce qui laissait deux années aux terriens pour réussir à s’unir et organiser au mieux leurs exodes. Seulement voila : la station est toujours la et ils ont préféré se canarder. Personne ne survivra à cet assaut, tous ces gens en bas vont mourir et c’est ma faute. Ma putain de faute ! »

Elle s’installa sur lit puis fini par basculer en arrière pour regarder le plafond, légèrement calmée.

« - Ouais, j’ai même reçu une belle médaille pour ce combat contre les hybrides. Pour avoir mené un équipage entier à la mort. Tu parles d’une fierté… Et je vais faire pareil aujourd’hui. Parce que des que j’aurai cessée de pleurer sur mon sort, je vais retourner sur la passerelle et nous ruer au milieu du combat et tous nous faire tuer. »

Elle grinça une sorte de rire avant de reprendre, amère.

« - Tu vois, il y aura bien un Cook pour défendre la Terre, finalement. Quand je dis qu’on ne peut pas changer l’Histoire. »

Toujours allongée, en train de compter les défaut du plafond, Nadja soupira.

« - Je sais pas comment tu fais pour avoir tellement foi en moi alors que j’y crois plus. Ca fait deux ans que j’espère ne jamais voir cet assaut. Deux ans que j’essaie de faire comprendre que si des gens du futur ont collé les plans des armures et sans doutes de plein d’autre choses dans la mémoire d’Emy à mon arrivée, c’est pas pour rien. Et ils ont rien fait. Rien ! Question d’éthique si j’ai bien comprit. Ben voila, aujourd’hui on y est. Tu crois que leur foutu éthique va remplir des chargeurs ? »

Elle n’avait au final toujours pas avalée d’avoir été utilisé pour ramener ces informations. Et encore moins le refus qu’elle avait essuyé quand elle avait proposé de les utiliser.

« - Si ça peut te rassurer, je compte pas me suicider. Quitte a se battre, autant emmener avec nous quelques uns de nos ennemis. »

Le maximum même. N’étant pas du genre à déprimer pendant des heures, elle passa dans le petit cabinet de toilette attenant pour se passer de l’eau sur la figure. Elle revenait quand l’annonce du capitaine retentit dans les communicateurs.

« - Ah ben, ricanna-t-elle sinistrement, finalement, ca sera pas pour ma pomme. J’en ai de la chance. » 

Elel fit un pas de plus et cette fois ce fut elle qui prit son amie dans les bras.

« - Merci, souffla-t-elle. On se retrouve au mess après la bagarre ? »

Elle sortit sur ses mots et prit la direction de l’armurerie ou son armure était entreposée. Soudain, la liaison entre Stella et son patch communicateur s’établit.

« - Oui Stella ? Tout va bien ? Zander va bien ? » »

Mei s'abstint de répondre que remonter le moral des troupes faisait partie de son travail. Elle était autant là à titre professionnel que personnel. Mais les propos de Nadja étaient cependant justes.

« Je comprends que tu n'y crois plus. Tu as des raisons pour cela. Tout cela est désespérant, c'est vrai. Mais tu n'es pas non plus complètement démunie ni sans ressources face à l'ennemi. Et j'ai foi en toi, comme dans tous les autres, pour nous sortir de là. Mais peut-être un peu plus en toi. Je t'ai vue faire des trucs fous au nom de ta mission et je ne suis pas sûre que les autres iraient aussi loin que toi. Mais sont-ils en mesure de construire ces armures et aurais-tu eu le temps de former des soldats pour les piloter ? On n'a pas eu une discussion sur l'éthique justement ? »

Si elle se souvenait bien, cela faisait d'ailleurs partie des quelques discussions houleuses qu'elles avaient eues et qui ne s'étaient pas forcément bien terminé.

« J'espère bien que tu vas en emporter un maximum et que tu vas nous sortir de là aussi bien que tu le pourras. » fit-elle.

Elle ne dirait pas en un seul morceau. S'en sortir vivants serait déjà amplement suffisant. Le message du commandant retentit et elle soupira. Les affaires reprenaient. Elle n'avait pas été appelée, mais cela ne tarderait sans doute pas.

« J'ai intérêt à retourner à l'infirmerie pour voir si les blessés ont enfin été évacués et si nous avons reçu du ravitaillement…fit-elle en lui rendant son étreinte. Sois prudente là-bas en bas. Je n'aimerais pas avoir à t'opérer encore une fois tout en subissant tes insultes. » finit-elle avec un sourire.

Elle la suivit pour rejoindre le pont supérieur.

*****

« Oui, nous allons tous les deux bien compte tenu des événements et de ce qu'il se passe en ce moment sur la station. Et toi, tu vas bien ? » demanda l'IA.

« - Je vais bien, confirma Nadja. »

Ce n’était pas le moment d’exposer sa déprime à une IA, meme aussi bien connue que Stella.

« - Ou est Zander ? Toujours sur la station ? Que peux tu me dire sur cette attaque ?»

Voilà qui lui donnait une motivation supplémentaire, si elle en avait eu besoin, pour foncer tête baissée dans l’action.

Arrivée à l’armurerie, elle activa son armure, l’ouvrit et se glissa dedans. Cette tache était plus aisée (et rapide) à deux mais pouvait s’exécuter seul, avec quelques minutes de plus. Une fois à l’intérieur et la check-list terminée, elle s’élança vers le pont inférieur ou se trouvait le cargo.

« - Toujours la Stella ? Transfère ton canal de communication à Emy s’il te plaît. Et pas de cochonneries électronique pendant que j’ai le dos tourné.
- Techniquement, tu ne peux pas tourner le dos à Emy.
- Je constate surtout que tu ne dit pas non ! »

Les deux IA pourraient ainsi échanger des informations en temps réels ce qui serait précieux pendant l’assaut. Si Stella était connectée au réseau de la station, ils auraient un allié précieux. Rapidement les premières informations lui parvinrent et ce qu’elle vit ne lui plut pas du tout.

Elle arriva en salle de téléportation ou s’était déjà rassemblé son équipe d’intervention.

« - Bon, les gars, on a aune station à reprendre. Les niveaux supérieur sont aux mains de l’ennemi. Autant vous dire que ca va être coton. »

Un sourire de prédateur apparu sur son visage alors qu’elle les regardait un a un.

« - Mais ca veut dire qu’ils nous attendent pas non plus ! Et je compte bien frapper directement dans la salle de la porte pour leur couper leur renfort. Il ne devrait y avoir aucun des nôtres à ce niveau, donc feu maximal autorisé. On laissera les grosses têtes réparer ensuite. »

Tous le monde était la, prêt à en découdre.

« - Ici Cook. Nous sommes prêt à leur botter le derrière, Capitaine. »