Bureau d'Aeryn

Aeryn déposa une tasse de thé devant sur la table basse devant Marc Cross. Au vue de sa conversation, il en aurait bien besoin. L'irlandaise rejoint son bureau avec son propre mug, rempli de café, et s'assit sur son siège, devant son ordinateur. Les notes, mémos et comptes rendus financiers n'étaient pas des plus réjouissants. Il fallait faire attention à ne pas envenimer les antagonismes, marcher sur des oeufs lors des réunions internationales et compter chaque centimes avec les budgets en baisse. A dire vrai, la jeune femme était fatiguée de devoir jongler entre les différentes nations qui ne trouvaient pas mieux, pour s'occuper, que de se bouffer le nez. Dans les films, c'était face à la grande menace commune que les nations s'unissaient contre l'envahisseur. Aeryn aurait bien aimé toucher deux mots à Spielberg à ce sujet d'ailleurs, …

Laissant Cross finir sa conversation, l'irlandaise finit de répondre à ses mails et mis à jour ses informations actuelles. Le directeur avait raison. A ce rythme là, il n'y aurait plus grand chose à sauver sur la planète bleue. C'était à se demander pourquoi ils se battaient ? Mais, lorsque son regard se posa sur la photo de Thomas, elle-même, et Adam, posée sur son bureau, il y resta accroché un instant. Plus haut, sur l'un des murs, une autre photo en noir et blanc, bien plus ancienne, la représentait avec ses frères, dans une parodie d'un artiste new-yorkais, tous les sept assis sur les gréements d'un voilier. La famille. C'était ce qu'il y avait de plus important à protéger. Et c'était ce pour quoi il y avait toujours son nom gravé sur la plaque fixée à la porte de son bureau.

Les premiers mots de Cross ne furent pas du tout plaisants à entendre. Aeryn se leva de son siège et le rejoignit dans le coin de la pièce où étaient disposés deux canapés, s'asseyant en face de lui.

"Vous voulez dire abandonner la station et donc, la Terre ? Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ?"

C'était abandonner tout espoir de sauver la planète bleue de l'attaque de Tonatiuh, dans le cas où la population ne s'annihile pas entièrement toute seule. Mais cela voulait aussi dire, abandonner sa famille dans une zone de conflit, et le demander à tout le personnel. Aeryn s'arrangerait pour récupérer Adam, bien sûr, mais ses frères ? Ses parents ? Ses neveux et nièces ? C'était impensable.

Cross affirma qu'il ne baissait pas les bras mais que la situation n'était pas des plus optimistes. Il confirma une autre information qu'elle avait déjà. La présidence du SDT changeait. Aeryn savait que Karlsson était compétente et ne s'inquiétait pas de cela, mais les changements précipitaient beaucoup de choses.

"Alice White a été renvoyée chez elle. En ce qui concerne les bracelets, … leur technologie est des plus prometteuse, mais aussi très risquée lorsqu'elle n'est pas maîtrisée. Le mieux serait sans doute qu'ils soient sécurisés en zone 52. Je conseille l'étude de son fonctionnement mais ils ne doivent pas être mis ne marche à la légère !"

Il y avait également un changement de direction en zone 52. Décidément, les postes à responsabilités étaient de vrais chaises musicales.

"Il faudrait songer à pérenniser ce genre de poste. Surtout dans des moments comme celui-ci."

L'irlandaise avala une gorgée de café. Elle allait avoir beaucoup de travail.

Aeryn retint un soupire. Cette situation était loin d'être idéale et elle devrait composer avec. C'était à elle de prévoir le pire en espérant le meilleur. Mais, si les choses tournaient aussi mal que Cross semblait le dire, elle devait être prête. Elle donna son avis sur l'avenir des bracelets d'Alice White et acquiesça lentement lorsque Marc se leva et se dirigea vers la porte.

"Je ferai au mieux, monsieur."

Lorsqu'il partit, l'irlandaise s'affala sur le canapé en fixant la baie vitrée quelques instants. Puis, elle inspira profondément et saisit son communicateur. Elle prépara un message groupé qu'elle envoya aux responsables des différents services du JPS.

[Votre présence est requise en salle de réunion à 10h pour une question de sécurité. Merci]

Ce qui lui laissait un peu moins d'une demi heure avant de devoir s'y rendre elle-même. La matinée promettait d'être longue. Il faudrait que tout le monde y mette du sien mais Aeryn aussi devait faire ses devoirs. Aussitôt, elle se leva et repassa derrière son ordinateur. Elle avait des dossiers à compulser et des statistiques à mettre à jour pour préparer sa réunion. En espérant que rien ne vienne bousculer la journée, bien évidemment.

A bien y réfléchir, elle avait grand besoin d'un autre café !