L’anglais reprit sa place habituelle dans le cargo C-101. Chacun restait dans son coin et l’ambiance était plutôt calme. Nadira plongeait dans ses dossiers médicaux ne souhaitait surement pas être dérangée. Une fois l’entrée en hyper-espace, Paul se dirigea vers ses deux collègues et s’installa auprès d’eux.
« AA-12, Atchisson Assaut Shotgun. Sélecteur de tir qui permet de passer du mode automatique au mode semi-automatique. 300 coups par minutes à une vitesse de 320 m/s. Chargeur camembert contenant 30 cartouches. J’en ai quelques-unes de spéciales. Hale regarda Paul et Gunnar avec un petit sourire et sorti de sa poche une petite cartouche. FRAG-12, c’est son nom. Une petite grenade est stabilisée par les ailettes et explose en vol ou à l’impact. Qu’est ce qui peut résister à mon bébé ? Kedal, je réduis l’être humain en miette. » Termina le black en rigolant.
« Belle bête Ceasar. L’anglais marqua une pause, puis en fronçant les sourcils, une question lui vint à l’esprit. Ça fait un petit moment maintenant qu’on se connaît, quelques petits mois, mais je ne vous ai jamais demandé pourquoi vous vous êtes retrouvé ici. »
« Avec Hale, on devait quitter l’armée. Commença Gunnar qui se redressa et qui ensuite s’appuya sur ses genoux avec ses coudes. On en avait assez de tout ça. Notre dernière mission a été un véritable échec et trop de nos camarades sont tombés. Le suédois marqua une pause, Paul devina que cet épisode les avait marqué tous les deux. On avait des contacts pour rentrer dans un groupe de mercenaires dirigé par un type de la CIA. Le genre de missions pour régler des trahisons, des rancoeurs. Mais finalement le SDT est venu à nous. On a choisi ce qui nous semblait le plus juste et honnête.»
« En fait, notre unité était déployée en Irak pour y retrouver notre informatrice et prendre un avant-poste. Elle devait nous communiquer des informations capitales sur l'organisation terroriste. Cette informatrice était infiltrée depuis des mois. Continua Caesar en maniant sa lame de rasoir. Notre unité avait tout ce qu’il fallait pour prendre l’avant-poste. Le nombre d’ennemi, leur méthode de fonctionnement, leur entrées et sorties, leurs renforts les plus proches. Tout était là. Il faisait extrêmement chaud ce jour-là, le soleil tapait durement. Nous avons commencé à nous déployer, en respectant notre stratégie. On avait un nouveau avec nous, un sniper. On le surnommait l’écolier, c’était sa première mission. Il n’avait pas l’expérience, et le reflet du soleil s’est vu sur la lunette de son fusil. Nous étions là, prêts à attaquer quand l’alarme sonna à l’intérieur. Caesar parlait à voix basse pour ne pas déranger les autres. Paul le regardait compatissant à cette histoire. L’ambiance devenait étouffante, étrange. Les tirs fusèrent, l’informatrice paniqua et se fit repérer. Elle a aussitôt était décapitée sur la place centrale de l’ancien village. Notre sniper fut abattu dans la foulée. Je sais même pas comment on a pu s’en sortir avec Jensen. On a appelé des renforts rapidement et prit la direction de notre blindé caché derrière la colline. Nombreux de nos potes y sont restés. Cette mission nous a laissé dans un sale état. Perso, à mon retour aux Etats-Unis, je suis resté seul pendant deux mois. Je ne savais plus quoi faire, ni avec qui, ni comment. Je me demandais si j’étais vraiment fait pour ça et quel était mon but dans cette chienne de vie. C’était très difficile. Mais avec Gunnar on s’est serré les coudes, et on a discuté longtemps avec des types comme nous. Qui revenait de la guerre, qui… avait plus perdu que nous. Des vétérans quoi… Et tout doucement on s’est reconstruit. C’était un long travail. Comme l’a dit Gunnar, on aurait pu rentrer plus tard dans ce groupe de mercenaire mais… Il n’y avait pas de réelle conviction et ça ne semblait pas honnête. On ne s’y voyait pas. Et puis le SDT est venu à nous en nous proposant ce poste. On s’est dit que dans l’espace, dans ce genre d’endroit, on pouvait repartir à zéro. »
Paul regarda le sol et posa une main sur l’épaule de chacun. Cette histoire le toucha mais malheureusement ça devenait courant dans le milieu.
« Et vous Lieutenant ? Qu’est-ce qui vous a amené ici ? »
L’anglais regarda quelques instants les yeux de Gunnar en se demandant s’il allait tout lui raconter. Son regard se posa ensuite sur les parois du vaisseau, son plafond, pour ensuite revenir sur les deux soldats.
« On ne peut pas se couper en deux mais j’ai dû le faire pour ma dernière mission. La pire de ma carrière. On doit souvent faire des choix difficiles dans la vie, et il est important de connaître les répercussions derrière. Si ce choix sera bénéfique pour un certains nombres de personnes où un pays entier. Dit l’anglais en prenant son temps. On se sent sale, dégueulasse, on se demande souvent si ce choix a était le bon. Je suis parti après, et pareil… Je me suis dit pourquoi pas le SDT. M’éloigner me fera certainement du bien. »
« Vous étiez un double agent ? N’est-ce pas ? » Demanda Caesar avec hésitation.
Paul n’avait encore jamais parlé de son parcours au MI6. Personne ne lui avait réellement posé la question et il en gardait le secret. Il regarda Hale et préféra s’éloigner pour ne pas en dire plus. De toute façon, les deux armoires à glaces l’avaient deviné mais l’anglais ne voulait pas en parler. Cela le tourmentait encore. Il partit alors dans son coin, s’alluma une cigarette et tripota son bracelet porte bonheur comme à chaque fois.
Après de longues heures dans l’hyper-espace, l’équipe JP-1 arriva face à la planète. Après quelques minutes, Plume posa le cargo et la porte s’ouvrit. Nadira ordonna à Gunnar et Grey de restait sur le cargo. Paul fit un signe de tête au suédois et sortit en mettant ses lunettes de soleil.
« Ca va toi ? » Demanda Paul à l’égyptienne. Son accident ne remontait pas à si loin et même si le militaire connaissait le tempérament de Nadira, il préférait lui demander. Surement ce côté protecteur. Et puis l’accident fut tout de même assez violent et il n’avait pas eu beaucoup d’occasions d’échanger tous les deux ces dernières semaines.