Quoi de mieux qu'une bataille pour ouvrir l'appétit ?

Après s’être changée, et avoir noté les regards gênés de la plupart des gens autour d’elle, Nadja rejoint ses deux guides. Elle ne comprenait pas ou était leur problème. Les douches et dortoirs mixtes des marines lui avaient appris qu’il n’y avait pas d’homme et de femmes dans les marines. Juste des soldats. Mais, se souvint-elle un peu tard, i y avait aussi des civils sur cette station… Oups.

Pas comme si elle avait été particulièrement sexy de toute façon, vu ses grimaces et ses multiples bandages.

Qu’ils aillent se faire téter un œil. Elle avait faim.

La réfectoire lui sembla petit mais la nourriture encore exposée lui mit des étoiles dans les yeux.

« - Merde, c’est des vraies fruits ?

Nadja prit le plateau tendu et commença à le charger, les mains légèrement tremblantes. Elle aurait voulu croire que seul son épuisement expliquait son état, mais l’anticipation y était pour beaucoup. Elle en prit trop, elle le savait, mais voulait tout goutter, tout essayer.

Alors qu’elle allait s’asseoir, elle contempla la bataille spatiale autour d’elle qui secouait la station. Les boucliers tenaient bon pour l’instant. Elle ne pouvait de toute façon rien faire et, sans son armure, mourrait en quelques secondes si une brèche s’ouvrait dans une cloison. Autant en profiter. Elle mordit à pleines dents dans une pomme et faillit recracher sa bouchée tellement la sensation était étrange. Elle passa de longues seconde à analyser l’explosion de saveurs dans sa bouche avant d’avaler et d’en reprendre une bouchée.

Alors qu’un étrange musique retentissait, elle goutta à la viande et se figea à nouveau… Elle combattait une vague d’émotion qui menaçait de la submerger. La main tremblante elle reposa son couteau et goutta la mousse au chocolat.

« - oh... »

Cette fois, elle ne put retenir les larmes qui ruisselèrent sur son visage alors qu’elle prenait une deuxième, puis une troisième cuillère.

« - Pardon… je suis désolée… »

Son estomac se souleva soudain et elle eut a peine le temps de se ruer vers les toilettes qu’elle avait repéré en rentrant. Les jambes un peu flageolantes, elle ressorti après quelques instants et revint à la table, décidée à manger plus calmement. Elle jeta un œil a l’extérieur, pour constater que la horde s’éloignait vers la Terre.

« - Nous sommes tirés d’affaire, je suppose… Ils vont cibler les plus grandes capitales du monde pour désorganiser la résistance le plus possible. Washington, Moscou, Paris... Des dizaines de gens vont mourir.»

Leyva lui expliquait qu’il existait quasiment deux cents nation sur la planète et qu’il serait difficile aux envahisseurs de savoir à qui s’en prendre.

« - Sauf votre respect madame. Ciblez les principaux nœuds de communication qui se trouve aussi être les plus peuplés et vous obtiendrez le même résultat. »

Paralyser les communications ennemies était une doctrine militaire bien connue et qui avait fait ses preuves. C’était rageant de ne rien pouvoir faire, mais elle n’était ni pilote ni médecin. Dans ce contexte, la chair a canon ne servait à rien. Pas comme si elle aurait ete utile sur un champ de bataille dans son état, de toute façon

Elle se concentra donc sur son assiette et choisit d’éviter pour l’instant le chocolat. Elle se concentra sur la viande et les spaghettis (délicieux) et entrepris de manger lentement. En face d’elle l’infirmière, dont elle ignorait toujours le nom, engloutissait une quantité phénoménale de nourriture à toute vitesse. C’était… impressionnant.

Un nouveau début de nausée la fit s’arrêter de manger et elle regarda par la fenêtre. La horde à l’extérieur semblait réagir à la musique et perdre de sa cohérence. Ça semblait impossible mais après tout pourquoi pas. Si le voyage dans le temps était possible, pourquoi pas faire danser un essaim de chasseur sur de la musique retro ?

Nadja contemplait elle aussi le combat, sans se lever. Elle regarda la nuée aller et venir puis se détourner de la terre. Quelqu’un avait dû trouver un moyen efficace de repousser l’essaim. Un croiseur passa soudain dans le champ de vision et elle sursauta.

« - C’est l’Agamemnon ? J’aurai jamais cru le voir de mes propres yeux ! »

Des étoiles plein les yeux, elle contempla le vaisseau qu’avait commandé son grand-père ouvrir le feu sur les Tatungs. Peut-être aurait-elle la chance de monter à bord ?

Le retour de l’amie du Général la tira de sa rêverie et elle chercha des réponses dans ses souvenirs d’écoles.

« - Ils se font appeler Tatung. Ce sont des raiders sans imagination ni finesse, mais ils restent dangereux quand ils prennent une cible par surprise, ce qui est leur tactique préférée. A mon époque, ils n’existent quasiment plus. La flotte humaine s’en est chargée un peu avant ma naissance. »

Comment les détruire. Elle n’avait pas étudié la stratégie de combat spatial en tant que marines et n’avait pas de réponse précise.

« - Si je me souviens bien, Adam Sincet avait fabriqué une sorte de bombe qui désorganisais leur formation. Les croiseurs n’avaient ensuite plus qu’a faire le message. Je crois qu’il leur en voulait pour la mort de son père, dans le bombardement de Colorado Springs. »

L’Achille. Le nom lui disait quelque chose. Elle prit quelques secondes, ainsi que deux bouchées, pour réfléchir, puis la lumière se fit.

« - L’Achille était amarré à la station, c’est ça ? Lorsque la météorite a frappé, il a été très endommagé. Son successeur a été lancé quasi immédiatement après, en orbite et a vampirisé toutes les pièces qu’il pouvait. Ça a permis de le terminer plus rapidement. Je ne sais pas pourquoi le nom a été changé par contre. Pour rester dans la même thématique, je suppose. »

Elle fit la grimace lorsque le général évoqua les alliés de Tonatiuh. Il y en avait eu plus d’un pendant les décennies de guerre. La plupart avait fini assimilé au sein de l’empire tentaculaire du goa’uld mégalomane.
En un éclair, littéralement, la bataille fut terminée et Nadja réalisa que Leyva avait raison.

« - J’ai donc changé le cours du temps ? Je suis contente que la Terre soit sauvée, évidemment… Mais je me demande ce que cela veut dire pour moi. Vous croyez que je vais disparaitre ? Si ça arrive, ça aura été un honneur de vous rencontrer. »

Elle regarda fixement la paume de sa main, s’attendant d’un instant à l’autre à la voir devenir transparente. Mais rien ne se produisit et elle garda sa substance. Pour l’instant tout du moins.

Etre servie par le général lui semblait toujours aussi étrange mais elle accepta l’offre avec empressement. Qui refuserait un jus de fruit frais ?

L’infirmière continuait à manger et avait déjà engloutie l’équivalent de trois repas normaux. Elle releva soudain la tête et lui promis de la soigner rapidement.

« - Je vous remercie. Le pire est passé mais ça n’est pas de refus. »

Si elle ne s’était pas évaporé d’ici-là, évidement.