Plume détacha, d'un geste vif, un morceau de ruban adhésif. Le support ne résista pas à la force de traction et suivit sa main jusqu'à être rattrapé par la gravité et échouer au sol. Loin de se morfondre sur le boitier éventré, la jeune femme le ramassa aussi sec et le porta à ses dents pour arracher un morceau collant qu'elle plaqua instantanément au mur, maintenant une feuille en place. La-dîte feuille était griffonnée à la va-vite, au stylo noir, d'équations et de schéma incompréhensibles, sauf pour elle, et les dizaines de feuilles jumelles qui comblaient chaque parcelle de béton de la petite pièce.
Les quartiers entiers de Plume croulaient sous les formules qu'elle tirait de ses manuels de géologie et de son esprit fatigué.
Aussitôt accrochée, aussitôt oubliée. Plume enchaina, sans une seconde de répit, sur la suite de ses réflexions et poursuivit son travail titanesque. Elle aurait été incapable d'affirmer le temps qu'elle y avait passé, ni même celui qui la séparait de son dernier moment de repos. Elle fuyait le repos. Elle se l'interdisait. Il ne fallait pas. La dernière fois qu'elle avait essayé, le tiroir de la commode en avait fait les frais. Elle avait cherché un t-shirt pour se changer, prévoyant une douche rapide avant un sommeil redouté. Le tiroir avait résisté, un pan de tissus s'était pris dans le mécanisme. Mais elle n'avait pas pu le supporter. L'opposition du tiroir ne lui rappelait que trop sa propre opposition au tok'ras et à son propre code de conduite qui lui interdisait de les laisser vivre. Tout comme elle s'interdisait d'agir, de peur de perdre le peu qu'elle avait au SDT. Mais, d'un autre côté, qu'avait-elle à espérait d'un peuple qui s'alliaient à des parasites ? Mais il y avait Aynira et sa promesse. Il y avait son instinct et son devoir, et il y avait son incapacité flagrante à faire ce qu'il fallait. Tout son être lui criait d'agir mais une petite voix dans son esprit, ou bien ailleurs, lui chuchotait de rester tranquille.
Cela avait été de trop et elle s'était acharné sur ce pauvre tiroir qui n'avait rien demandé.
Alors que les dégâts se répandaient à ses pieds, elle avait aperçu un t-shirt qui n'était pas à elle. Un oubli d'Aynira. A moins qu'elle ne l'ai laissé exprès. Un clou de plus, enfoncé par le marteau de la vérité à travers son crâne, lui rappelant l'absence de la narisienne et lui rabâchant encore les raisons de son éloignement. Ce fut une autre voix, bien plus sombre, qui lui chuchotait à l'oreille qu'elle ne reviendrait sans doute jamais.
Le reste du meuble y était passé avant que Plume ne retombe sur son livre et ne se remette au travail.
Pieds nus, des cernes sous les yeux, courbée sur sa liasse de papier et les doigts crispés sur son stylo noir, Plume n'entendit même pas les coups frappés contre sa porte, ni le léger grincement familier qu'elle produisait en s'ouvrant. Ses mouvements rapides lui permettaient de noircir les feuilles en un rien de temps et elle se retrouvait d'autant plus frustrée en fin de page de se retrouver à court de support. Elle s'était sérieusement posé la question d'écrire à même les murs mais le résultat n'ayant pas été probant, elle s'était résigné à se contenter de vulgaire A4.
Lorsqu'une main se posa sur son épaule, elle se dégagea en une fraction de seconde, tournant ses yeux hagards sur l'imprudent qui avait osé s'immiscer dans son espace vital. Plume s'immobilisa un instant en croisant le regard vert de la narisienne. L'Achilles était donc rentrée. Et elle avait choisi de revenir. Cela la déstabilisa un moment, avant que des images désagréables ne lui reviennent à l'esprit. Elle avait eu tout le temps d'imaginer ce qu'Aynira avait fait là-bas, en retrouvant sa compagne. La jeune femme se retourna et reprit ses gestes compulsifs.
"Va-t-en !"
Elle ne voulait pas la voir. Pas après ce qu'elle avait fait. Même si une part d'elle lui répétait que ce n'était pas juste, qu'elle n'avait pas le droit de lui en vouloir, Plume ne pouvait pas tolérer sa présence. Pas encore. Pas maintenant. Pas alors qu'elle ne parvenait pas à aligner deux pensées cohérentes, mis à part ses cours de géologie. Ca, c'était du concret. Du fixe. Il n'y avait pas de choix ou de malentendu. C'était stable. Sûr. Elle devait finir ce calcul. Elle devait clore ce chapitre. Ca c'était important. Ca, c'était rassurant.
Mais plus important encore, elle ne voulait pas qu'Aynira la voit comme ça. Quelle image devait-elle donner d'elle-même ? Du coin de l'oeil, elle vit la narisienne s'éloigner. Aurait-elle toujours envie de revenir ?
Les quartiers entiers de Plume croulaient sous les formules qu'elle tirait de ses manuels de géologie et de son esprit fatigué.
Aussitôt accrochée, aussitôt oubliée. Plume enchaina, sans une seconde de répit, sur la suite de ses réflexions et poursuivit son travail titanesque. Elle aurait été incapable d'affirmer le temps qu'elle y avait passé, ni même celui qui la séparait de son dernier moment de repos. Elle fuyait le repos. Elle se l'interdisait. Il ne fallait pas. La dernière fois qu'elle avait essayé, le tiroir de la commode en avait fait les frais. Elle avait cherché un t-shirt pour se changer, prévoyant une douche rapide avant un sommeil redouté. Le tiroir avait résisté, un pan de tissus s'était pris dans le mécanisme. Mais elle n'avait pas pu le supporter. L'opposition du tiroir ne lui rappelait que trop sa propre opposition au tok'ras et à son propre code de conduite qui lui interdisait de les laisser vivre. Tout comme elle s'interdisait d'agir, de peur de perdre le peu qu'elle avait au SDT. Mais, d'un autre côté, qu'avait-elle à espérait d'un peuple qui s'alliaient à des parasites ? Mais il y avait Aynira et sa promesse. Il y avait son instinct et son devoir, et il y avait son incapacité flagrante à faire ce qu'il fallait. Tout son être lui criait d'agir mais une petite voix dans son esprit, ou bien ailleurs, lui chuchotait de rester tranquille.
Cela avait été de trop et elle s'était acharné sur ce pauvre tiroir qui n'avait rien demandé.
Alors que les dégâts se répandaient à ses pieds, elle avait aperçu un t-shirt qui n'était pas à elle. Un oubli d'Aynira. A moins qu'elle ne l'ai laissé exprès. Un clou de plus, enfoncé par le marteau de la vérité à travers son crâne, lui rappelant l'absence de la narisienne et lui rabâchant encore les raisons de son éloignement. Ce fut une autre voix, bien plus sombre, qui lui chuchotait à l'oreille qu'elle ne reviendrait sans doute jamais.
Le reste du meuble y était passé avant que Plume ne retombe sur son livre et ne se remette au travail.
Pieds nus, des cernes sous les yeux, courbée sur sa liasse de papier et les doigts crispés sur son stylo noir, Plume n'entendit même pas les coups frappés contre sa porte, ni le léger grincement familier qu'elle produisait en s'ouvrant. Ses mouvements rapides lui permettaient de noircir les feuilles en un rien de temps et elle se retrouvait d'autant plus frustrée en fin de page de se retrouver à court de support. Elle s'était sérieusement posé la question d'écrire à même les murs mais le résultat n'ayant pas été probant, elle s'était résigné à se contenter de vulgaire A4.
Lorsqu'une main se posa sur son épaule, elle se dégagea en une fraction de seconde, tournant ses yeux hagards sur l'imprudent qui avait osé s'immiscer dans son espace vital. Plume s'immobilisa un instant en croisant le regard vert de la narisienne. L'Achilles était donc rentrée. Et elle avait choisi de revenir. Cela la déstabilisa un moment, avant que des images désagréables ne lui reviennent à l'esprit. Elle avait eu tout le temps d'imaginer ce qu'Aynira avait fait là-bas, en retrouvant sa compagne. La jeune femme se retourna et reprit ses gestes compulsifs.
"Va-t-en !"
Elle ne voulait pas la voir. Pas après ce qu'elle avait fait. Même si une part d'elle lui répétait que ce n'était pas juste, qu'elle n'avait pas le droit de lui en vouloir, Plume ne pouvait pas tolérer sa présence. Pas encore. Pas maintenant. Pas alors qu'elle ne parvenait pas à aligner deux pensées cohérentes, mis à part ses cours de géologie. Ca, c'était du concret. Du fixe. Il n'y avait pas de choix ou de malentendu. C'était stable. Sûr. Elle devait finir ce calcul. Elle devait clore ce chapitre. Ca c'était important. Ca, c'était rassurant.
Mais plus important encore, elle ne voulait pas qu'Aynira la voit comme ça. Quelle image devait-elle donner d'elle-même ? Du coin de l'oeil, elle vit la narisienne s'éloigner. Aurait-elle toujours envie de revenir ?